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Critiques de Romans Star Trek


Critiques de Romans Star Trek, par Cat Ilina  


Un roman..., une critique : Devil in the sky  

J'ai un peu hésité à acheter ce roman après en avoir lu la couverture. Le Commandant Sisko contraint de jouer les mères-poules aux petits soins d'une horde de bébés Hortas affamés, cette histoire n'allait-elle pas tourner rapidement au ridicule de mauvais goût ? Que nenni ! John Gregory Betancourt et Greg Cox ("Assignment Eternity", c'était lui !) offrent ici une histoire savoureuse où se mêlent habilement humour et suspense.

Résumé
Pour rétablir une industrie minière bajorane rongée par l'occupation cardassienne, quelques sociétés privées de Bajor ont demandé l'aide des mineurs les plus efficaces de la Galaxie : les Hortas, originaires de Janus VI.

Depuis leur rencontre avec Kirk, on sait que ces extraterrestres sympathiques et pacifistes ont de remarquables capacités à détecter les minerais et à percer rapidement des passages dans les entrailles de n'importe quelles mines. Bajor attend donc l'arrivée d'une famille Horta. C'est la navette Puyallup qui se charge d'amener les Hortas sur Deep Space Nine où ils seront officiellement accueillis par Benjamin Sisko.

Mais la mauvaise nouvelle interrompt cette mission routinière : la navette a été attaquée par des Cardassiens. Bilan : Ttan, la maman Horta, a été enlevée et ses futurs enfants (des oeufs sur le point d'éclore) sont seuls sur Deep Space Nine. Sisko a donc deux missions : retrouver Ttan et offrir aux futurs bébés Horta un asile à leur goût. Et Deep Space Nine, nantie d'une superbe structure toute en minerais, est un peu trop à leur goût.

Chacun sait que les Hortas mangent n'importe quoi et détruisent tout sur leur passage. Sisko envisage de les envoyer sur Bajor. Mais les autorités de cette planète refusent de les accueillir sous prétexte qu'ils ont été engagés par des sociétés privées. Officiellement, les Hortas n'ont rien à faire sur cette planète. En attendant une solution, Sisko confie les oeufs à Bashir qui les place sous stase de façon à ce qu'ils n'éclosent pas. Reste à retrouver rapidement Ttan.

Sisko confie cette mission à Bashir (qui pour l'occasion a potassé une étude écrite par Leonard McCoy sur les Hortas), Dax (dont des ancêtres auraient vécu sur Janus VI) et Kira, prête à donner une bonne leçon à ces Cardassiens barbares. Sisko a d'ailleurs un peu hésité à laisser partir Kira. La haine de la Bajorane envers ces Cardassiens qui furent ses bourreaux n'a aucune limite. Mais Benjamin décide finalement de lui faire confiance.

Pendant ce temps, les kidnappeurs soumettent Ttan à un odieux chantage : si elle refuse de coopérer, ses oeufs seront détruits les uns après les autres. Ttan ignore que ses bébés sont sains et saufs sur Deep Space Nine et se soumet aux caprices de ses bourreaux. Le travail qu'ils lui assignent est un jeu d'enfant : repérer des traces de minerais dans des galeries souterraines. La Horta se met donc à l'ouvrage.

Sur la Promenade, Jake et Nog préparent le coup le plus fumant de toute leur carrière de garnements chevronnés. Furtivement, ils se rendent dans le laboratoire du Docteur Bashir. Un coup d'oeil à droite, une coup d'oeil à gauche... Pas de personnel médical en vue. Et encore moins d'Odo... Quoique, avec Odo, on n'est jamais sûr de rien et ce n'est pas tonton Quark qui dira le contraire ! Vingt oeufs Hortas reluisent doucement sous les yeux des gamins. Vingt...

Comment Bashir pourrait-il se rendre compte qu'il en manque un ? Jake désactive la stase et avec mille précautions saisit un oeuf au hasard. Les deux complices filent aussi vite que possible. Nog exulte ! Le coup du siècle ! Mais une sombre inquiétude interrompt le triomphe de Jake. Et s'il avait oublié de réactiver la stase ? L'oeuf posé sur ses genoux est superbe.
Il n'est guère étonnant que dans leur ignorance les mineurs de Janus VI les aient utilisés comme bibelots. Soudain la surface de l'oeuf devient brûlante. Elle fond et un bébé Horta sort de son cocon. Jake le laisse fuir et sous les yeux médusés des deux gamins, le Horta traverse le sol et file au niveau inférieur de la station. Jake donnerait vraiment n'importe quoi pour être sûr d'avoir réactivé le champ de stase...

Kira, Bashir et Dax ont réussi à localiser l'endroit où les Cardassiens retiennent Ttan en otage. Il s'agit d'un camp de prisonniers. Pour Kira, la situation est claire : il faut libérer tous ces prisonniers et éliminer un à un tous ces porcs de Cardassiens (sic). Même si sa mission prioritaire est de sauver Ttan, l'équipe décide de libérer les autres otages et de neutraliser les Cardassiens. Bientôt, ils tentent d'entrer en catimini dans le camp...

Sur Deep Space Nine, des incidents techniques viennent compliquer la tâche de Sisko. Bientôt l'armement de la station est non opérationnel. L'intégrité de la "coque" est également menacée. Des explosions se succèdent et rendent la vie à bord de plus en plus précaire. Les Hortas ont établi leurs quartiers dans la station toute entière.

Tout a commencé par l'un des holodeck de Quark où un rejeton Horta a surpris un enseigne de Starfleet en très fâcheuse position avec une Vulcaine holographique à qui le Pon-Far est loin de suffire... Puis, les bébés de Ttan envahissent tout : la salle de classe de Keiko O'Brien, le bar de Quark (déserté par Morn, c'est dire si la situation est grave), la boutique de Garak.

Distrait, Jake n'avait pas réactivé le champ de stase... Et le change-forme Odo se fond (dans le sens littéral du terme) dans son nouveau rôle de maman-Horta pour éviter le pire...

Avis
Après en avoir lu quelques-uns j'en suis arrivée à la conclusion qu'il y a deux types de romans trek (tout comme il y a deux types d'épisodes trek, d'ailleurs). Premier type : le roman sérieux. "Sarek", "Shadows on the sun" en sont de bons exemples.
Chacun tente d'enrichir l'univers du space-opera, soit par une étude du personnage (en approfondissant nos connaissances sur ce personnage comme le fait Friedman pour McCoy dans "Shadows on the sun") ou encore en racontant un événement qui prend place sans difficulté dans la chronologie trek et en comble même les lacunes (jusqu'à preuve du contraire, il faut lire "Sarek" pour savoir ce qu'il advient d'Amanda après "Star Trek IV, the voyage home").

Et puis il y a les autres. Ceux qui profitent de la vasteté de l'univers Star Trek pour raconter une histoire plus anecdotique. Exemples : "The Vulcan Academy murders" et ce "Devil in the sky". Les auteurs ont, semble-t-il, campé une histoire criminelle et une comédie dans les plaines sablonneuses de Vulcain ou dans les coursives de Deep Space Nine. "Devil" a avant tout des airs de comédie, dans la droite lignée de "The forsaken" ou "fascination".

La trouvaille géniale de ce roman est évidemment de nous offrir une histoire de Hortas (et qui plus est une histoire où les Hortas ont un vrai rôle). Le titre du roman, écho au "Devil in the dark" de la série classique, annonce d'ailleurs la couleur. Depuis "Trial and Tribble-ations", on sait que les Trekkers aiment que se mêlent habilement éléments de la série classique et des séries nouvelles. Grâce à Ttan et ses enfants, les auteurs parviennent à évoquer la glorieuse époque où Kirk et Spock étaient les premiers à rencontrer ces extraterrestres.

On se rend compte d'ailleurs que les Hortas sont loin d'être aussi connus que les Andoriens. La description que Bashir en fait à Dax est assez gratinée. De plus, la présence de Ttan est un bel exemple d'intégration d'extraterrestres dans la Fédération.

Considérés jadis comme des objets de décoration, les bébés Hortas prendront part 80 ans plus tard à une mission ayant pour but d'aider d'autres membres de la Fédération. Un humanisme que Roddenberry n'aurait sans doute pas renié. Encore une fois, les Hortas servent à propager une certaine idée de tolérance.

Soulignons aussi que pour une fois, Deep Space Nine est menacée par un "fléau" qu'elle n'attendait pas. Quoi de plus inoffensif que quelques oeufs Hortas ? Quoi de plus pacifique, aussi. Pour une fois, la station n'est pas à la merci d'un espion introuvable, d'un ordinateur récalcitrant ou des redoutables Founders.

C'est tout simplement l'inconscience de deux gamins (et un malheureux concours de circonstances) qui amène DS9 au bord du gouffre. Pourquoi pas ? Les Klingons redoutent bien des êtres aussi doux que les Tribbles. Les humains peuvent bien craindre des créatures aussi sympa que les Hortas?

Il faut tout de même souligner une faiblesse du roman. Quand Bashir place les oeufs sous stase, qui aurait parié qu'ils y resteraient tout au long du roman ? Il était certain qu'un élément viendrait les en ôter. Mais que cet élément perturbateur soit Nog flanqué de Jake est une bonne surprise.

La façon dont ils volent un oeuf Horta est décrite avec une bonne dose d'humour et le remords de Jake est très touchant. Et cette fois, leur chapardage ne déclenchera pas que la colère d'Odo. Les gamins se retrouvent bien vite face aux conséquences de leurs actes. Les Hortas se propagent partout et causent des dégâts comiques (la scène de l'enseigne dans son holodeck, le bar de Quark) ou inquiétants (la salle de classe de Keiko). De plus, les Hortas pensent. Etant donné leur nature, ils pensent différemment, ce qui rend leurs commentaires amusants d'autant qu'ils paraissent souvent judicieux.

Autre raison de remercier les Hortas : grâce à eux, nous nous promenons inlassablement dans tous les recoins de Deep Space Nine et nous y surprenons chacun dans ses occupations quotidiennes.

Ttan est évidemment le point central d'une importante partie du livre : son enlèvement et sa séquestration par les Cardassians. Et là, on bascule dans le tragique. Ttan n'est plus une Horta rampante, c'est une mère inquiète pour ses enfants. Désespérée, elle n'en est pas moins déterminée et ne manque pas de caractère. Ses réactions face aux Cardassiens sont celles de n'importe quel autre otage, ce qui la rend très humaine. Qu'importe sa forme, Ttan est un être pensant en détresse.

Le troisième élément qui forme l'intrigue du roman est l'expédition commandée par Kira. C'est peut-être la plus grande faiblesse du livre. Alors qu'ils jouaient la carte de l'originalité jusque-là, les auteurs se sont coulés dans le moule habituel des épisodes classiques où les membres de Starfleet doivent infiltrer le camp ennemi.

Pourtant, le lecteur est sauvé de l'ennui. D'abord parce que le suspense est rondement mené malgré tout. Ensuite et surtout parce que les auteurs donnent de belles descriptions de la personnalité de Kira, Bashir et Dax et des rapports qu'ils entretiennent. Bashir, par exemple, tente désespérément de séduire Dax en toutes circonstances, chose qui a l'art d'énerver Kira. Nerys, justement, n'a pas encore abandonné sa cuirasse de Bajorane luttant contre les Cardassiens.

Qui pourrait le lui reprocher ? La haine et la colère qu'elle ressent en apercevant des prisonniers rappellent la souffrance qu'elle a dû endurer. Mais Kira est aussi un officier de Starfleet qui obéit aux ordres comme elle en avait fait le serment. Elle justifie amplement la confiance que Sisko a mise en elle.

Qu'on se rassure, outre Nog, Jake, Kira et compagnie, les autres membres du personnel de Deep Space Nine ont aussi un rôle à jouer. Odo en particulier... Les O'Brien font leur apparition, Miles étant sollicité à la section Ops, Molly apprivoisant carrément un bébé Horta. Quark fait ses affaires malgré l'invasion Horta et on pardonnera à Morn d'avoir déserté son bar habituel vu les circonstances...

Terminons par la chronologie. Ce roman se situe durant la seconde saison de la série. Certains détails, dans le comportement des personnages notamment, le confirment bien.

En conclusion
En toute subjectivité, je n'hésite pas à recommander ce livre aux amateurs de Dep Space Nine. Il est facile à lire, passionnant et amusant. Il a en plus le mérite de sortir des sentiers battus. Et surtout, il offre une ambiance toute particulière, plus légère et primesautière que les romans habituels. Une bouffée d'air frais en somme. So, Commander Sisko. Don't count the Hortas before they've hatched !
Références : COX G., BETANCOURT J. G., Devil in the sky, Pocket Books, Star Trek Deep Space Nine, n°11, 280 pages.

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