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Critiques de Romans Star Trek


Critiques de Romans Star Trek, par Cat Ilina  


Un roman..., une critique : L'Appel du Sang  

Il y a des auteurs qui ont une certaine idée du titre qui accroche... C'est un peu le cas de J.M. Dillard et de son titre un tantinet racoleur. Ceci dit, pas de panique, les coeurs sensibles peuvent lire ce bouquin sans craindre des effusions d'hémoglobine. Par contre, les impatients doivent s'abstenir : il faut littéralement lutter pour ne pas aller jeter un oeil vorace aux dernières pages de ce suspense tant il est prenant.

Journal de bord du capitaine, résumé de la situation...
L'Enterprise reçoit un appel de détresse de Tanis, un petit avant-poste de la Fédération, perdu au milieu de nulle part. Le temps que StarFleet ordonne à Kirk d'ignorer cet S.O.S., il est trop tard : McCoy et Stranger (officier de la sécurité) s'y sont déjà téléportés...

Surprise, cet avant-poste sans prétention est en fait une base médicale secrète où des expériences sur les virus sont pratiquées en toute discrétion. Et les scientifiques de la base y sont morts, vidés de leur sang... Le docteur Adams, gravement anémique, y est retrouvé et est soupçonné de meurtres... StarFleet ordonne à Kirk de transférer le "coupable" dans une base stellaire éloignée du secteur. Mais Adams crie son innocence et Kirk commence à se poser des questions sur le bien-fondé des directives de l'amiral Mendez.

Pourquoi lui a-t-on ordonné d'ignorer l'appel au secours ? Pourquoi transférer Adams (condamné quasi sans procès) dans une base isolée du reste de la galaxie ? Que faisaient ces scientifiques dans un laboratoire médical financé par StarFleet en toute discrétion ? Et, surtout, de quelle étrange maladie souffre Adams, anémique au point de nécessiter une transfusion sanguine continue?

Tandis que Kirk se surprend à soupçonner Mendez de financer la fabrication d'une arme biologique mortelle, Adams s'échappe du laboratoire, contaminant Christine Chapel. Il tue en vidant ses victimes de son sang... Quand, enfin, Kirk réussit à l'arrêter, il se prétend malade... Dit-il la vérité ou n'est-il qu'un assassin sans humanité ?

Reste une seule solution : découvrir la nature de cet étrange virus afin d'en trouver l'origine et le but. Ainsi, seulement, Chapel sera sauvée, Adams innocenté et Mendez condamné... Vlad l'Empaleur version oreilles pointues "L'appel du sang" fait référence à une vieille légende terrienne : Dracula. Revisiter ainsi une tradition de terreur datant d'il y cinq dix siècles (enfin, huit !) donne évidemment une certaine profondeur à l'intrigue.

Facile, diraient certains... Pas tant que cela, leur répondrais-je... Il s'agissait ici de faire allusion aux vampires en les intégrant parfaitement dans le cadre hyperrationnaliste de l'univers Star Trek. J.M. Dillard y arrive sans problème par un petit tour de "passe-passe": il évoque les vampires le temps d'éveiller en nous de vieilles superstitions puis bascule dans un autre thème plus moderne mais tout aussi sensible : les manipulations de virus, la fabrication d'armes biologiques...
Et les armes biologiques dans l'univers de la science triomphante, cela ne pouvait que faire mouche. L'auteur montre en quelque sorte l'envers d'un décor somptueux : la médecine au service des hommes... On a vu l'Enterprise apporter les soins médicaux nécessaires à une planète en danger (cf. "la chanson d'Uhura")...

On sait que StarFleet répond toujours présent à une demande d'aide médicale... On voit ici que la Fédération sait occuper ses scientifiques à quelque chose d'un peu moins avouable : la fabrication d'une arme bactériologique vendue au plus offrant. Au docteur McCoy correspond un Mister Hyde. Un sujet aussi sensible (et aussi actuel, il faut bien le dire...) a de quoi passionner le lecteur. L'explication du fonctionnement de ce fameux virus est un peu nébuleuse mais cela ne gâche en rien la crédibilité de cette histoire.

Pour doser le suspens, Dillard nous offre aussi un huis-clos policier dans les coursives de l'Enterprise. Kirk est obligé de faire route avec un passager dangereux et peut-être criminel qui sème la terreur où il passe. Et notre fugitif connaît à fond tous les moyens de passer inaperçu dans les dédales du vaisseau. Finalement, ce sont les cadavres qui jonchent sa route qui permettront à Kirk de le retrouver. Quand Kirk arrive à cloîtrer Adams dans l'infirmerie, il s'agira de jouer franc-jeu pour rétablir la vérité et la justice.

Comme faiblesses de cette intrigue, on peut épingler le thème récurrent (au point d'en devenir banal) de la trahison d'un Amiral de Starfleet. Apparemment, si on en juge par le nombre de couleuvres que la Fédération nourrit en son sein, la politique du 23ème siècle est aussi peu relisante que celle du 20ème...

Ici encore, dans la pure tradition du combat Bien/Mal, Kirk a tôt fait de châtier le Malin. C'est le genre de chose qu'on subodore après trente pages. On pardonnera aussi à l'auteur la mort et la résurrection de Chapel (parce que vous pensiez qu'elle allait mourir pour de vrai ?).

Visiblement Dillard a voulu jouer à fond la carte de l'émotion en faisant de Christine Chapel la victime innocente d'une contamination stupide... Ceci dit, cette manoeuvre devient intéressante par les réactions de McCoy face à cette perte...
Dillard nous offre en prime quelques conversations confidentielles entre le médecin et son assistante, conversations durant lesquelles cette dernière évoque ses sentiments pour Spock avec une délicatesse que les épisodes classiques ne renieraient pas...

Ajoutons que cette intrigue est un peu embrouillée et que la fin est un peu bâclée. Mais elle tient la route, sans le moindre doute.

"Capitaine Kirk à tout l'équipage", les personnages puisqu'ils sont un peu, il faut bien le dire, une des raisons majeures pour laquelle je lis des romans trek (n'est-ce pas le cas de nombreux fans ?), je me suis attardée sur la façon dont l'auteur les intégrait dans l'intrigue.

Commençons par la colonne vertébrale de l'équipage : le triumvirat Kirk/Spock/ McCoy. Rien à redire, tout me semble parfait. Les chamailleries entre le Vulcain et ce bon vieux docteur sont présentes.

Chacun analyse la situation avec sa propre logique, ce qui donne lieu, on s'en doute, à des divergences intéressantes clairement exposées lors de quelques briefings. Dillard fait ici coup double : il restitue une ambiance très "classique" et clarifie la situation au moment où elle s'entortille... Quand Kirk réunit ses associés pour faire le point, l'action s'éclipse, on résume les faits, le temps de rassembler les pièces du puzzle.

Pris séparément les personnages du trio sont fidèles à eux-mêmes. Là où ils deviennent intéressants, c'est dans la façon dont ils font face à un problème qui les touche personnellement. Kirk devra affronter la mort d'un ami qui recherchait des informations secrètes à sa demande expresse. De plus, lui qui croit en le bien-fondé des actes de StarFleet doute bientôt de l'autorité supérieure : Mendez.

McCoy doit bien avouer que la mort de Chapel le touche en plein coeur. Quant à Spock, il doit envisager la possibilité que l'un des siens ait menti et laissé tomber la logique pour des préoccupations moins honorables... Chacun n'ose avouer que la résolution de cette enquête est une affaire quasi personnelle qui dépasse de loin leur ordre de mission.

Si Uhura et Scotty sont quasi absents de cette histoire, Sulu et Chekov se plaisent à échanger leurs opinions, sur la passerelle, en l'absence du Capitaine. Doublement intéressant ! Pour une fois, on a un autre point de vue du poste de Commandement et de l'ambiance qui y règne en plein travail. En effet, on ne compte pas le nombre de fois où on voit la passerelle du fauteuil de Kirk ou de la console de Spock ! D'autre part, l'amitié et la complicité qui régissent les rapports Chekov/Sulu est bien rendue - et cela aussi a tendance à être oublié des écrivains trek !

Les invités du bouquin ne sont pas indignes d'intérêt non plus. On s'attache à deux officiers (une Andorienne et une Terrienne) qui se prennent d'amitié l'une pour l'autre au-delà de bien des préjugés. Aller vers l'autre, encore un thème très "Star Trek". Plus banal, par contre, le personnage de Stranger, officier de la Sécurité. Cet homme est responsable de la mort de plusieurs personnes et semble condamné à errer dans des postes peu reluisants jusqu'à ce que Kirk, qui croit en lui, lui offre une place au sein de son équipage, malgré la désaprobation générale. Stranger s'empressera de lui donner raison, endossant sans complexe le rôle de l'officier qui mérite une seconde chance.

Quant au "méchant", il brille par son absence. Son ombre plane tout au long du roman et toutes les pistes de l'enquête mènent directement à lui. Mais sa personnalité nous est malheureusement très peu dévoilée. Dommage que Kirk ne l'affronte pas directement, cela aurait donné lieu à des scènes intéressantes....

Chronologie et localisation
L'action a principalement lieu dans les coursives de l'Enterprise où, en la présence d'un criminel, on se sentirait presque à l'étroit... Autre lieu tout aussi sinistre, la base stellaire (soeur jumelle de Regula One ?) où les scientifiques jouent aux apprentis-sorciers. Dillard se cantonne dans des lieux qu'il connaît et que nous connaissons. Peut-être peut-on lui reprocher d'oublier le côté "to bodly go" propre à Star Trek... Peut-être...

Quant à la chronologie, elle n'est aucunement précisée. Mais on s'en passe bien ! Cette histoire pourrait sans complexe se glisser entre "un tour à Babel" et "les mines du Horta". Elle se situe sans nul doute durant la série "classique", façon première et deuxième saisons.

En conclusion
Que voilà un roman trek qui se défend pas mal du tout ! Il propose un bon suspens, habilement mené, une ambiance très "Star Trek", des personnages dont on reconnaît sans peine l'exactitude, le tout dans un style agréable. Mission accomplie, M. Dillard !

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