--Vers le Menu Ruperti _______ Vers le chapitre 2--

[Source : Alexander Ruperti, La roue de l'expérience individuelle : Les Maisons astrologiques,
éditions universitaires, 1983, chapitre 1]

CHAPITRE PREMIER : ANALYSE SPATIALE DES MAISONS

I.Axes du thème et fonctions jungiennes

Introversion - Extraversion

Jung considère deux attitudes fondamentales, mais complémentaires, à la vie : l'introversion et l'extraversion. Ni l'une ni l'autre n'existe à l'état pur, pas plus qu'il n'y a un Yang ou un Yin pur. Mais il existe une prédominance relative d'une de ces deux attitudes en chacun de nous. Il y a, entre les deux, une différence essentielle : pour l'extraverti, il y a mouvement vers le dehors, intérêt pour l'objet et les relations ou valeurs objectives ; tandis que, pour l'introverti, l'intérêt s'éloigne de l'objet et va vers le sujet qui s'intéresse surtout à ses propres processus psychologiques. L'extraverti voit tout en fonction de sa conscience de ce qui arrive. Chaque attitude a une valeur relative. L'introverti, centré dans sa propre subjectivité, possède une base aussi sûre, permanente et valable, que l'extraverti qui dépend de l'objet. Cependant, l'extraverti ne comprend pas comment un point de vue subjectif peut être plus important que la situation objective ; de même, l'introverti ne comprend pas pourquoi l'objet devrait toujours être l'élément décisif.

Jung a trouvé ces deux types à tous les niveaux sociaux et chez les femmes aussi bien que chez les hommes. Il en a conclu qu'une distribution aussi universelle ne pouvait être le résultat du choix conscient et délibéré d'une attitude, mais qu'elle avait une cause instinctive inconsciente. Puisque les enfants, même dans une même famille, montrent une attitude typique évidente dans l'un ou l'autre sens, on ne peut pas dire que cette attitude vienne soit de l'influence des parents, soit de la lutte pour l'existence.

Pour établir, de façon générale, l'introversion ou l'extraversion dans un thème, on peut regarder la prédominance des planètes soit au-dessous, soit au-dessus de l'Horizon. L'Horizon, psychologiquement parlant, symbolise la conscience née du sens des différences. Pour la conscience humaine il y a, en premier lieu, ce que j'appelle "je" ou "moi" et, ensuite, tout ce qui, chose ou gens, n'est pas "moi". Il y a donc opposition constante entre "moi" et toutes les entités qui se trouvent en dehors de "moi". Cette opposition est la signification de base des deux pôles - Ascendant (AS) et Descendant (DS) - de l'axe horizontal du thème. Le travail de la conscience consiste à lier, d'une manière ou d'une autre, le moi et tout ce qui n'est pas le moi. La conscience naît de l'interaction constante entre le moi et le non-moi, entre la perception de ce qu'on est - qui et quoi - et la perception de ce que sont toutes les autres personnes et choses.

- L'approche subjective de la conscience, la voie introvertie, se voit à l'Ascendant et se développe à travers les six Maisons sous l'Horizon.

- L'approche objective de la conscience, centrée sur l'objet, la voie extravertie, se voit au Descendant et se développe à travers les six Maisons au-dessus de l'Horizon.

Par suite, dans le cas où les Maisons sous l'Horizon sont particulièrement chargée en planètes, il y a accent sur le développement de la perception individuelle, sur tout ce qui est conditionné par le moi et son caractère propre. Par contre, quand les Maisons au-dessus de l'Horizon contiennent la grande majorité des planètes, l'intérêt principal et le développement de la perception objective, de la conscience sociale, de toutes les choses qui sont conditionnées par le non-moi : le monde des sensations et des relations interpersonnelles. Nous comprenons donc que l'Horizon est le symbole de toute espèce de différenciation. Il établit la différence entre ce qui est visible et invisible, entre ce qui est au-dessus et ce qui est au-dessous, entre le ciel et le sol de la terre, entre la vie objective et la vie subjective.

Axe de l'Horizon

Appliquons maintenant ces idées générales à un thème particulier. Puisque l'Horizon symbolise la conscience qui naît du sens de différence, nous pouvons dire que l'Ascendant se réfère essentiellement à tout ce qui différencie une personne de la moyenne humaine. On trouve ici sa véritable individualité, ce qui la rend unique, tous les facteurs - physiques, psychologiques et spirituels - qui la distinguent. Le Signe sur l'Ascendant nous dira quelles qualités - physiques, psychologiques et spirituelles - la personne devrait mettre en évidence pour trouver sa voie distinctive. Le pôle complémentaire, le Descendant, montre essentiellement comment la personne rencontrera le monde extérieur en général et, plus particulièrement, les personnes avec lesquelles elle s'associe de manière intime ou étroite.

Nous devons toujours garder à l'esprit la réciprocité de l'Ascendant et du Descendant en tant que deux pôles de l'axe horizontal du thème. Nous ne pouvons jamais séparer ce que nous sommes individuellement de la façon dont nous rencontrons les autres et le monde extérieur. Chaque pôle de l'axe horizontal doit être vu comme une forme de compensation psychologique pour les valeurs révélées à l'autre pôle. L'individu n'existe pas dans le vide ; il se voit constamment modifié par ses rapports avec le non-moi. Quelquefois le moi est le pôle positif, d'autres fois ce sera le non-moi. Les échanges constants, dans lesquels le moi est tantôt actif, tantôt passif, sont les forces motrices nécessaires au développement de la conscience.

Quand, en regardant le thème dans son ensemble, nous trouvons que les planètes gravitent surtout autour de l'axe horizontal (en particulier dans les Maisons XII et I, ainsi que VI et VII), nous pouvons en déduire que la personne devrait s'occuper surtout du développement de la conscience. Si la majorité des planètes se trouve près de l'Ascendant, l'effort principal devrait viser le développement de la conscience de soi : si elles se trouvent près du Descendant, le problème principal de la vie sera le développement de la conscience d'autrui, du monde extérieur et de ses lois, de toutes les entités sur lesquelles la personne n'a aucun contrôle inhérent mais auxquelles la vie exige qu'elle se rattache. Nous avons donc la naissance de la conscience subjective de soi à l'Ascendant et la naissance de la conscience objective de l'univers et des autres au Descendant. Les deux pôles de l'Horizon sont les points de départ d'un processus qui doit se développer à travers les Maisons suivantes.

Axe du Méridien

Nous avons dit que la signification des Maisons dépendaient en premier lieu de la croix fondamentale établie par l'Horizon et le Méridien. En effet, c'est cette croix, et non seulement l'Ascendant et le Descendant, qui définit notre approche particulière à la vie. Elle constitue le cadre fondamental immuable, au sein duquel il faut placer tous les autres facteurs astrologiques. Elle centre l'univers dans la personne et concentre son approche à la vie, dans le temps et l'espace. L'axe du Méridien lie ses pôles Zénith (qui correspond au Milieu du Ciel (MC)) et Nadir (qui correspond au Fond du Ciel (FC)) et se trouve toujours à angle droit, par rapport à l'axe de l'Horizon. C'est le fil à plomb, la ligne de gravitation, l'épine dorsale de l'homme debout qui, prolongée vers le haut, atteindrait un point du ciel exactement au-dessus de sa tête et, vers le bas, passerait à travers le centre de la terre, pour atteindre un point du ciel exactement opposé au point Zénith.

Le symbolisme essentiel du point Nadir vient du fait qu'en prolongeant le fil à plomb vers le bas, le long de l'épine dorsale de l'homme debout, nous arrivons au centre de la Terre. L'homme atteint - ou peu atteindre - le centre de sa personnalité globale au point Nadir de son thème. À ce point, l'homme peut se sentir entier, centré, enraciné, sûr de lui. Ici il établit ses fondations à tous les niveaux possibles, non seulement du point de vue foyer et famille, mais aussi psychologiquement et spirituellement. À l'Ascendant, l'homme dit "je" ; mais au Nadir, il dit "je suis" parce qu'il y atteint une forme de fondation concrète. Autrement dit, le Nadir nous montre le genre d'intégration individuelle concrète que la personne peut atteindre.

Si nous appliquons au Méridien le même genre de raisonnement que celui que nous avons appliqué à l'Horizon, et puisque c'est aussi un axe, il y a également un échange entre ses deux pôles, Zénith (MC) et Nadir (FC). Le Zénith est le point culminant de l'hémisphère qui débute au Descendant. Au Descendant, nous disons "nous" et ce sera au Zénith que nous pourrons dire "nous sommes", parce que le Zénith représente notre pleine participation à la vie de notre groupe, de notre communauté et aussi le pouvoir que nous tirons de cette participation sociale. Autrement dit, l'axe Méridien se réfère au pouvoir à otre disposition : pouvoir personnel au Nadir, pouvoir social au Zénith. Le Méridien, symbole de l'homme debout, représente l'homme capable de manier activement le pouvoir et d'assumer ses responsabilités dans la vie. Au Nadir, fermement établi dans son moi et dans son foyer, il assume les responsabilités sociales et démontre de quelle manière il est capable de manier le pouvoir qui lui vient de ses rapports avec des groupes de tous genres.

Le Zénith est le point de plus grande dépense de pouvoir, le point d'activité créatrice dans le monde objectif et concret de la société. Le nadir est le point de la plus grande concentration du pouvoir, la fondation ou la racine d'où tout se lève vers une manifestation objective éventuelle. Comme dit Rudhyar, "personne ne trouvera son étoile au Zénith avant d'avoir trouvé au préalable le centre de sa personnalité globale".

Le Zénith est le pôle d'emploi conscient ou objectif du pouvoir ; le Nadir le pôle d'emploi inconscient ou subjectif du pouvoir. Et, quand je dis "emploi", je veux aussi dire abus ou défaut d'emploi du pouvoir à sa disposition, à cause de la peur. L'ajustement particulier entre ces deux genres de pouvoir dans un thème détermine à tout moment le niveau spirituel d'une personnalité. Il ne faut cependant pas oublier que la participation d'un homme ou d'une femme à l'oeuvre du monde est toujours conditionnée, en premier lieu, par l'atmosphère de son enfance, ses peurs et complexes et par sa capacité d'arriver à une véritable maturité psychologique. C'est pourquoi l'aptitude à atteindre est une position de prestige et de pouvoir social est profondément liée au genre de rapport qu'on a eu avec ses parents. Ce rapport est la source du pouvoir organique personnel, la source de ce qu'on peut donner plus tard à la société.

Donc, si nous trouvons, dans un thème, que les planètes gravitent autour des pôles du Méridien (surtout dans les Maisons IX-X et III-IV) plutôt qu'autour des pôles de l'Horizon, nous pouvons présumer que la personne devrait s'intéresser surtout à l'obtention du pouvoir. Si la majorité des planètes se trouvent plutôt au Zénith, il devrait y avoir recherche du pouvoir social, un fort désir de jouer un rôle public, quels que soient les obstacles et en dépit des barrages ou des oppositions que l'on peut rencontrer dans cette recherche.

1. QUARTS DU THÈME ET FONCTIONS JUNGIENNES

Regardons maintenant de plus près cette croix du Méridien et de l'Horizon. Par exemple, il y a des thèmes où la majorité des planètes se trouve soit à l'Est, soit à l'Ouest du Méridien. Si cette majorité se trouve à l'Est, il y a accent sur le Zénith et l'AS et, psychologiquement, sur le moi, la recherche du pouvoir et l'emploi de la Pensée. Cet accent permet donc à la personne d'être plus facilement maîtresse de sa vie ; elle peut décider plus librement ce qu'elle veut faire, dans la mesure où la Pensée permet une liberté relative. En tout cas, la vie exige qu'elle prenne l'initiative en toutes choses.

Par contre, quand toutes les planètes (ou une grande majorité) se trouvent à l'Ouest du Méridien, l'accent est sur le Nadir et le Descendant et, psychologiquement, sur les Sentiments et les relations humaines. Pour cette raison, la personne qui a cet accent dans son thème n'a pas la même liberté de choix que la personne qui a toutes les planètes à l'Est. Elle doit toujours prendre en considération les conditions extérieures et les désirs d'autrui, tels que la vie les lui présente. L'accent sur les Sentiments suggère aussi que ses choix sont conditionnés par des facteurs extérieurs, puisque les sentiments naissent, la plupart du temps, de l'interaction du moi et du non-moi.

Selon la psychologie jungienne, il y a quatre modes d'être de base, quatre opérations fondamentales dans la façon individuelle de vivre sa vie. Ces quatres opérations ou fonctions sont :

L'INTUITION
LE SENTIMENT (ou sentir)
LA SENSATION
LA PENSÉE (ou penser)

Rudhyar a fait le rapport entre ces quatre fonctions et les quatre Angles du thème, entre :

L'AS et la fonction INTUITION
LE FC et la fonction SENTIMENT
LE DS et la fonction SENSATION
LE MC et la fonction PENSÉE

L'attribution de l'Intuition à l'AS et de la Sensation au DS est tout à fait logique. Pour Jung, l'Intuition est la faculté de la conscience par laquelle nous percevons des faits extérieurs. La Sensation, elle, toujours selon Jung, est la faculté qui nous permet de prendre conscience du non-moi et des autres ; or le DS est le point de départ de l'hémisphère au-dessus de l'Horizon où l'on trouve tout ce qui peut être perçu par les sens. Dans la psychologie jungienne, Intuition et Sensation sont des fonctions opposées et complémentaires, tout comme l'AS et le DS en astrologie.

Jung qualifie l'Intuition et la Sensation d'irrationnelles, simplement parce que la conscience, qu'elle soit de moi ou des autres, n'implique aucun raisonnement ; c'est un fait direct de la vie ; elle est, tout simplement. Ce n'est que parce que nous avons fait de la raison notre dieu que nous avons aujourd'hui tendance à donner au mot "irrationnel" un sens péjoratif.

Le Méridien est l'axe du pouvoir ou de l'expérience concrète. Autrement dit, au FC et au MC, nous trouvons ce que nous incarnons réellement en nous, à la suite de l'emploi de l'Intuition et de la Sensation. Les sentiments, liés au FC, sont les résultats concrets de notre intuition de ce que nous sommes. Ils sont les fruits de l'intégration personnelle, accomplie entre une âme, une psyché et un corps. De même, la Pensée, liée au MC ainsi que le pouvoir social, résultent de notre expérience extérieure, sociale et raciale, après que nous l'ayons rationalisée. La Pensée et ce que nous appelons la science sont une rationalisation des expériences fournies par nos sens et par des instruments qui en sont une extension.

Sentiment et Pensée sont des facultés rationnelles car c'est grâce à nos sentiments et à nos pensées que nous pouvons donner une raison à nos intuitions et à nos sensations, les expliquer, les communiquer, les utiliser de manière plus concrète.

Une majorité de planètes dans un des quadrants du thème, correspondant à l'Angle qui en est l'origine, suggère un accent sur la fonction jungienne correspondante :

- Un accent sur le quadrant Sud-Est fait ressortir la fonction PENSÉE. La personne vit objectivement et, comme elle est relativement libre de doutes subjectifs, elle peut contrôler plus facilement les circonstances de sa vie.

- Une majorité de planètes dans le quadrant Nord-Est accentue la fonction INTUITION, fonction inconsciente et irrationnelle. La personne vit donc subjectivement, tout en maintenant un certain contrôle des circonstances. Mais, comme elle vit surtout en elle-même et concentre son attention sur le plan subjectif, elle peut souvent douter d'elle-même et de ses possibilités.

- Une majorité de planètes dans le quadrant Sud-Ouest révèle une vie objective et un accent sur la fonction SENSATION. La Sensation est aussi une fonction irrationnelle, donc non soumise aux lois de la raison ; mais, par contraste avec l'Intuition, la Sensation est une perception consciente. La personne vit donc objectivement mais ne contrôle pas les circonstances de sa vie. Elle est dominée par sa destinée objective et par ses rapports humains ; elle aura peu d'occasions de voir sa vie sous son vrai jour.

- Une majorité dans le quadrant Nord-Ouest met à nouveau l'accent sur la vie personnelle subjective et sur la tendance à être obligé d'accepter les choses telles que la vie les présente. Psychologiquement, la fonction SENTIMENT prédomine : fonction rationnelle, comme la Pensée, mais entièrement subjective, qui consiste à émettre des appréciation, des jugements de valeur sur choses, gens, etc., dans le but soit de les accepter, soit de les refuser.

Mais cela ne veut pas dire que quelqu'un qui a beaucoup de planètes dans le quart Nord-Est (Maisons I, II, III) par exemple, sera forcément très intuitif. On ne peut compartimenter aussi facilement une personne, malgré le désir qu'en a l'astrologue moyen. Un tel accent indique simplement que la personne devrait faire l'effort de développer ses facultés intuitives, dans le but de saisir le "ton" de son ipséité et de l'incarner concrètement en IV, au moyen des expériences des Maisons I, II et III. Chaque fois que ces Maisons et les planètes qu'elles contiennent seront accentuées par les progressions ou les transits, les événements ou expériences vont obliger la personne à développer l'intuition, ainsi que les éléments "uniques" de sa nature, dans le but de se réaliser plus concrètement, plus pleinement.

De même, l'absence de planètes dans un hémisphère ou un quadrant ne signifie nullement que la fonction correspondante n'existe pas. Nous possédons tous les quatre fonctions, de même que l'extraversion et l'introversion ont un poids relatif dans notre comportement. Il n'est jamais question dans la vie de ceci ou cela, mais toujours de plus ou moins. Regarder le thème pour y trouver les différents accents dans le dessin planétaire global, devrait nous aider à développer une attitude esthétique, au lieu de l'approche éthique habituelle. Nous pouvons commencer à nous rendre compte que certains éléments ont une signification particulière uniquement à cause de leur position par rapport au thème tout entier. Comme dit Rudhyar : "Dans un dessin à l'encre, ce qui est en noir est tout aussi significatif et nécessaire que ce qui est en blanc ; sans l'un d'eux, il n'y aurait aucune forme et, de ce fait, aucune signification."

Donc, l'absence d'accent planétaire n'a pas une signification négative. La santé, bien que ce soit la plupart du temps un état inconscient, doit être prise comme base de toute existence organique. On fait l'expérience consciente de la santé sous forme d'absence de maladie, après une maladie. Par exemple, le fait qu'il n'y a pas de planètes en Lion ne veut pas dire que la personne n'a pas de coeur ; cette absence suggère pas non plus une déficience cardiaque. Un manque de planètes en Maison II ne vetu pas dire que la personne n'a ni argent, ni possession. Tout accent est relatif dans tous les domaines de la vie ; nous devons d'abord accepter une norme pour nos fonctions et les circonstances, si nous voulons établir ce qui est anormal.

Un manque d'accent dans un thème n'est qu'un manque d'accent. L'absence de planètes dans un hémisphère ou un quadrant est tout aussi significative que la présence de toutes dans l'autre hémisphère ou l'un des autres quadrants. Il y a une forme d'accentuation négative possible, utile à l'astrologue pour son interprétation. Néanmoins, la différence entre un accent positif par la présence de planètes et un accent négatif, par suite d'un manque de planètes, n'est pas simplement un renversement d'accent. Quand toutes les planètes, ou une grande majorité, se trouvent à l'Est du Méridien, la personne est appelée à utiliser sa capacité à prendre des décisions, si elle veut réussir sa vie. Si toutes les planètes, ou la majorité, se trouvent au Sud, donc au-dessus de l'Horizon, la personne doit faire l'effort de développer consciemment une attitude objective et de concentrer volontairement son attention sur les moyens de devenir socialement puissante et efficace. Le thème ne dit pas si la personne fera cet effort : si peu de gens concentrent leur attention sur quoi que ce soit de particulier !

Ainsi, le Signe et le degré du Zodiaque qui se trouvent sur les quatre Angles vont nous indiquer la manière la meilleure et la plus naturelle de fonctionner intuitivement (AS), par les Sensations (DS), par les Sentiments (FC) ou par la Pensée (MC). Ils indiquent ce qui existe en nous essentiellement, mais qui, dans beaucoup de cas, n'a jamais été exprimé consciemment, puisque notre égo, notre moi existentiel et social, s'est façonné en fonction de pressions extérieures et ne représente nullement notre ipséité. Pour cette raison, le fait de connaître les degrés et Signes sur les quatre Angles de nos thèmes nous permet de pénétrer, par-delà les traits superficiels acquis, jusqu'aux qualités fondamentales qui sont vraiment nôtres.

Cette meilleure manière d'utiliser les quatre fonctions de base - Intuition, Sensation, Sentiment et Pensée - aurait été spontanée si notre instinct, notre intuition n'avaient été atrophiés par la famille ou la société. Mais, dans l'état actuel des choses, ce qui est le plus naturel pour nous n'est pas du tout aussi évident. La force de l'astrologie humaniste réside dans sa capacité d'aider ceux qui le veulent, à en prendre conscience et à vivre consciemment, seule façon d'arriver à l'accomplissement de sa personnalité.

2. DIVISION TRIANGULAIRE

Nous devons maintenant répondre à la question : "Qu'est-ce qu'une Maison ?" On peut aborder la signification de tous les éléments astrologiques de deux points de vue : spatial et temporel. Les deux façons sont justes et chacune apporte des éléments que l'autre ne révèle pas. En science on parle d'espace-temps, parce qu'on ne peut plus les séparer si l'on veut comprendre l'univers.

Du point de vue spatial, le cercle des Maisons est une structure ou un symbole statique. Il y a tout d'abord la croix fondamentale établie par le méridien et l'horizon, qui correspond, au niveau du Zodiaque, à la croix formée par l'axe des solstices et celui des équinoxes. On établit ainsi quatre triangles équilatéraux, avec leurs sommets qui correspondent chacun à un Angle. Cela nous donne les douze Maisons, avec un rapport spatial particulier entre les Maisons I-V-IX, IV-VIII-XII, VII-XI-III et X-II-VI. On a ainsi la division traditionnelle en Maisons dites Angulaires (I, IV, VII, X) qui forment la croix de base, Succédentes (II, V, VIII, XI). Les Maisons succédentes et Cadentes de chaque triangle tirent leur signification de la Maison Angulaire qui sert de point de départ.

Les rapports entre Maisons, établis par l'inscription de triangles équilatéraux, sont une expression du chiffre V, puisque la Maison suivante de chaque sommet du triangle est la Vème, par rapport à la Maison antérieure. Le chiffre 5 se rapporte toujours, en symbolisme, au facteur "expression de soi", dans n'importe quel cycle. L'analyse au niveau du trigone est aussi importante que l'analyse basée sur II, IV ou VIII. Le trigone se réfère essentiellement à ce processus d'expansion ou, de manière plus juste, de transcendance au moyen duquel une personne élève sa conscience d'un plan ou d'un niveau à un autre. Chaque triangle représente donc un genre particulier de transcendance - un chemin défini conduisant à un genre particulier de réalisation de soi.

TRIANGLE I-V-IX

Le rapport entre Maisons d'un même triangle a été conçu de plusieurs façons justifiées philosophiquement. Ainsi, pour le triangle I-V-IX, l'accent est toujours sur la I, Maison Angulaire ; mais on peut envisager la IX, Maison Cadente, comme représentant des éléments du passé qui conditionnent la conscience d'identité personnelle en I, et comme constituant des éléments de compréhension future, plus inclusive, à la suite d'expériences d'expression (V) et de relation (VII) dans la vie.

Regardons cela de plus près avec le triangle I-V-IX qui se forme à l'Est (l'Ascendant ou cuspide de la I représente toujours en astrologie le point de départ de ce que symbolise le thème). Dans le thème d'une personne, l'AS représente sa conscience initiale d'elle-même, son identité véritable, qu'elle va chercher à révéler au monde. L'AS symbolise cela parce que tous les phénomènes célestes se lèvent et deviennent visibles pour la première fois à l'Est. Mettre le point Est à gauche de la ligne qui désigne l'horizon est une convention généralement acceptée, du moins, comme le dit Marc Jones, pour les gens qui lisent et écrivent de gauche à droite.

Comme nous l'avons dit, la Maison V se rapporte à l'expression de tout ce qui a son origine à l'AS et en Maison I : telle conscience d'identité en I, telle expression personnelle en V. De même, la I est la cinquième Maison de la neuf, de sorte que la conscience en I est une expression des valeurs abstraites existantes et qui servent de base au moi en I. La IX se trouvant au-dessus de l'horizon, se rapporte à des facteurs collectifs, donc, dans un premier temps, préexistant par rapport au nouveau-né. C'est la compréhension que l'on a de soi qui, au début, se base sur les sensations et sur les concepts abstraits que les hommes codifient en religion, philosophie, morale, science et justice, et qu'on accepte. Plus tard, la IX, comme cinquième Maison de la V, devient la nouvelle compréhension possible, à travers les expériences dues à l'effort de s'exprimer (V) en relation avec d'autres personnes et la société en général (VII). En IX, des voyages, physiques ou mentaux, élargissent les horizons, peuvent donner un meilleur sens de la perspective. Le fait d'avoir à s'adapter aux exigences d'autrui, à un idéal de réciprocité, d'échange mutuel, de partage (VII et VIII) modifie la compréhension de départ, les croyances et la foi personnelles ou pousse à mieux étudier les lois qui régissent l'homme, l'univers et les relations que l'on a avec eux. L'amour peut transformer et rendre plus inclusif, faire accepter des valeurs jusque-là étrangères ou même hostiles.

TRIANGLE IV-VIII-XII

Le triangle qui a son sommet au Fond du Ciel (FC) lie à la IV les Maisons VIII et XII. C'est en IV qu'on établit ses fondations concrètes et réelles pour l'expression de son ipséité, conçue en I. Nous trouvons ici sur quelles bases l'identité individuelle de l'AS peut s'exprimer concrètement en V. Sur un plan, cette base est le "home". Sur un autre, c'est l'âme, le fruit de notre accomplissement subjectif et aussi ce qui donne l'impulsion naturelle à l'ipséité.

Chaque naissance est un nouveau départ, sur la base d'une synthèse, d'une semence, établies à la fin d’une vie antérieure. La XII symbolise le genre de ressources spirituelles établies dans le passé et qui vont nous soutenir subjectivement pendant cette vie. C’est pourquoi on exprime en IV, sous forme de personnalité totale concrète, ces facteurs de la XII dont on est devenu conscient en I et qu’on a cherché à ré-assimiler à soi, à ré-individualiser dans les trois premières Maisons. En XII, on peut, par l’introspection et la méditation, entrer en rapport avec ce soutien spirituel ou faire preuve de connaissances profondes déjà acquises.

Les significations négatives de la XII résultent de la possibilité qu’il y ait manque de contact avec ce soutien spirituel inconscient ; on ne se sent pas à la hauteur de ce que la vie exige de nous ou bien l’on se croit soumis aux conditions sociales, collectives, raciales, qui prédominent là où on vit.

Jusqu’à maintenant, nous avons parlé de la XII en tant que passé qui conditionne la IV – tout comme on a pu interpréter la IX comme le passé qui conditionne la I. La XII est aussi la cinquième de la VIII, de sorte qu’on y trouve tous les fruits des accords, associations et contrats établis en VIII, ainsi que les résultats (succès ou échec) de l’effort de participation harmonieuse à la vie de la société, en X. Si nous vivons de manière à vouloir transformer l’emploi initial des ressources de notre ipséité, en acceptant le défi de la coopération, de l’amour et du sacrifice, nous sommes prêt, en XII, à nous préparer activement pour une renaissance en I. Mais, s’il n’y a eu, en XIII, ni régénération, ni désir ou effort de modifier notre comportement égocentrique, en vue d’une participation productive à la vie en société, alors nous faisons face en XII aux résultats de nos erreurs, lacunes, peurs ou de notre égocentrisme, qui occasionnent des heurts avec « l’Establishment ».

La Maison VIII, cinquième de la IV, montre les modifications qui doivent être apportés à notre être concret, établi en IV, pour mieux l’adapter aux réalités du monde et aux exigences de nos relations intimes. C’est pourquoi la VIII comporte le sacrifice de possessions, de certains traits ou aspects du moi existentiel. La IV montre ce que nous pouvons être personnellement et la VIII, ce que nous pouvons être socialement ou selon les besoins ou désirs des autres.

TRIANGLE 7-11-3

Le Descendant (DS) et la Maison VII constituent la source du triangle qui les lie aux Maisons XI et III. Le DS est la source de toutes les expériences objectives et sociales, de la conscience de relation au monde et aux autres.

Tandis que la IX montre les valeurs intellectuelles pré-existantes, sur lesquelles le moi se base subjectivement en I, la III montre les valeurs intellectuelles pré-existantes et les conditions extérieures de l’environnement qui déterminent en grande partie notre façon de rencontrer le monde et les autres en VII. C’est pourquoi la III se rapporte à tous les membres d’une famille exceptés les parents ou les enfants – aux liens du sang et aussi tous les gens que l’on rencontre dans les activités de tous les jours. Elle se rapporte à tous les moyens de communication, à toutes les connaissances et informations pratiques et concrètes – le savoir-faire – qui aident à agir pour le mieux. Nous rencontrons le monde extérieur en VII, en premier lieu en utilisant les moyens concrets, pratiques et expérimentés, mis au point en III.

En tant que cinquième Maison de la VII, la XI devient l’expression concrète des valeurs et expériences de la VII : la conscience objective d’autrui et des occasions offertes par la vie d’ensemble. Mais cette expression est modifiée par la X, c’est-à-dire par les résultats concrets de notre participation sociale, professionnellement ou dans les groupes. Si tout se passe bien en X, on a des amis et de l’influence dans son milieu en XI. Puisqu’on veut progresser, on envisage en XI des buts ou des objectifs nouveaux qu’on tente de réaliser ou bien on se contente de vouloir, d’espérer, sans la volonté de réaliser ses vœux.

La III, en tant que cinquième de la XI, révèle que tout ce qu’on y trouve se rapporte à des facteurs déjà établis à la naissance, au niveau collectif et social. Ce qu’on étudie en III a déjà été établi socialement et culturellement, sous forme de concepts, traditions et préjugés ; c’est l’héritage social et intellectuel qui est à la disposition de l’ipséité en I, pour pouvoir agir de manière intègre en IV.

TRIANGLE 10-2-6

Le Milieu du Ciel (MC) et la X constituent la source du triangle qui les lie aux Maisons II et VI. En X, nous rencontrons la société dans son sens collectif, tandis qu’en VII nous rencontrons des gens ou des groupes particuliers. Cette Maison indique notre place, notre fonction possible au sein de la société, ainsi que l’attitude de la société vis-à-vis de nos prétentions ou de nos efforts. Elle révèle le rôle que nous pouvons jouer socialement, en fonction de nos capacités ou des limitations sociales inhérentes. Elle révèle notre autorité, notre prestige ou bien ceux qui ont de l’autorité sur nous, qui sont des « supérieurs ».

Ce que nous pouvons devenir en X dépend en premier lieu de la VI. En VI, nous sommes obligés de nous adapter aux autres, selon une hiérarchie sociale établie : ou on est maître, patron, employeur ou bien on est employé, salarié, disciple, selon ses capacités personnelles. Mais il y a toujours possibilités d’améliorer sa technique, de prendre conscience de nouvelles possibilités intérieures, de mieux utiliser tout ce dont on a hérité potentiellement en II. Toutefois, ce que nous faisons, ou ne voulons pas faire, en VI conditionne inévitablement notre statut social ou professionnel en X, notre façon de nous lier aux autres en VII et nos ressources en II. La VI est une expression de la II. Ce qu’on fait en VI dépend de notre attitude vis-à-vis de nos possessions et de leur emploi. Si l’on emploie mal ses ressources physiques, psychiques ou matérielles, il faut en payer le prix en VI, sous forme de maladies, de soumission aux autres et diverses formes d’inadaptation psychologique. On est aussi poussé à s’améliorer, à chercher des techniques nouvelles, à se discipliner ou à être obligé de suivre une routine de travail.

La II est une expression de la X. La participation sociale conditionne, matériellement parlant, les ressources personnelles révélées en II. Ainsi, la mère, qui peut être symbolisée par la X biologiquement parlant, lègue à son enfant tous les moyens qui serviront à l’expression de son moi dans la vie. Le père, qui peut être symbolisé par la IV, ne fournit pas la substance de la vie (II) à son enfant, mais la substance de sa participation sociale (VIII), la Maison VIII étant la cinquième Maison de la IV. Nous voyons ainsi que la II, tout comme la III, se rapporte aux facteurs raciaux, collectifs, sociaux, déjà établis à la naissance, et qui servent de « nourriture » à la nouvelle conscience de soi en I.

IDENTITÉ – RELATION – POUVOIRS

-Le triangle qui se rapporte à l’IDENTITÉ : 1-5-9
-Le triangle qui se rapporte aux RELATIONS : 7-11-3
-Le triangle qui se rapporte au POUVOIR SUBJECTIF : 4-8-12
-Le triangle qui se rapporte au POUVOIR OBJECTIF : 10-2-6

[...]

EN RÉSUMÉ

On peut dire que c’est l’inscription des quatre triangles équilatéraux, à partir des quatre Angles, qui nous donne la division en Maisons Angulaires (I, IV, VII, X), Succédentes (II, V, VIII, XI) et Cadentes (III, VI, IX, XII). Les quatre Maisons Succédentes indiquent comment la personne peut ou veut utiliser ou exprimer ce dont elle est devenue consciente et maîtresse dans les quatre Maisons Angulaires. Les quatre Maisons Cadentes sont, pour ainsi dire, des réservoirs d’éléments où la personne peut puiser ce qu’elle veut ou peut concrétiser dans les Maisons Angulaires.

Cela découle de la conception selon laquelle, dans chaque triangle :
-la Maison Cadente représente le PASSÉ
-la Maison Angulaire, le PRÉSENT
-la Maison Succédente, le FUTUR

On peut aussi exprimer cela en disant que les Maisons Angulaires se réfèrent à la forme, les Maisons Cadentes à la substance, les Maisons Succédentes à l’activité.

- Mais si l’on considère les Maisons liées par un triangle selon leur suite de I à XII, l’idée de base, le point de départ est établi dans les MAISONS ANGULAIRES qui portent, selon Rudhyar, le mot-clé : ÊTRE. La I révèle donc la réalité subjective de l’être ; la IV, la réalité concrète, objective de l’être ; la VII, comment se lier aux autres : « l’être » (ou l’état) des relations ; la X, la réalité sociale de l’être.

- Ensuite viennent les MAISONS SUCCÉDENTES où il faut UTILISER ce qu’on a à disposition dans les Maisons Angulaires. En V on exprime donc, avec les moyens à sa disposition, ce dont on est, en IV, devenue conscient de l’être subjectif de la I. En VIII, on utilise ce qu’on est devenu concrètement en IV, après que ce moi existentiel et conscient se soit modifié par l’expérience des relations humaines en VII. En XI, on utilise les fruits de ses relations humaines, après qu’elles aient été stabilisées en X. Ici on s’exprime socialement, selon sa place dans la communauté. Enfin, en II, se trouvent exprimées – ou prêtes à l’emploi – les possessions que nous avons à la suite de nos activités publiques et professionnelles. On y trouve aussi ce qui est au service du moi subjectif de la I, pour se manifester, le legs d’un passé social et racial.

- Les MAISONS CADENTES nous permettent, selon Rudhyar, de COMPRENDRE, donc de TRANSFORMER ensuite ce qui s’est passé dans les Maisons Angulaires et Succédentes. Ce sont les Maisons de synthèse des quatre façons d’être (Maisons Angulaires) combinées aux quatre moyens de les substantifier (Maisons Succédentes). En III, on comprend comment on peut manifester son moi subjectif au moyen de son corps et de sa psyché, dans son environnement. En VI, on comprend la portée des efforts que l’on a faits pour s’exprimer et on est poussé, soit à se transformer, soit à modifier sa façon de s’exprimer. En IX, on doit comprendre comment s’insérer valablement dans la vie sociale des relations humaines, en prenant conscience des valeurs plus-que-personnelles qui régissent le rapport homme-à-homme et homme-à-univers. En XII enfin, il faut comprendre non seulement les résultats de ses activités publiques et professionnelles, mais aussi de tout de ce qu’on a vécu à partir de la I ; il faut en faire la synthèse et ne prendre avec soi (com-prendre) que ce qui sera valable et utilisable pour recommencer, en I, un nouveau cycle à un nouveau niveau de la spirale.

--Vers le Menu Ruperti _______ Vers le chapitre 2--