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Christopher observa Érika et médita quelques secondes. Ils allaient mourir tous les deux.
- Je t'aime aussi. Bonne chance, Érika.
L'avion connut une nouvelle secousse qui les fit dériver vers la gauche. Presque tous les archéologues et les assistants de l’équipe, soit près d’une trentaine de personnes, s'étaient assis à la droite de l'appareil. Une décision qui sauverait peut-être plusieurs vies...
« Nous allons devoir atterrir immédiatement. S'il vous plaît, mettez les masques d'oxygène et placez-vous en position de secours. Enlevez lunettes, prothèses dentaires, bijoux, poussez tous les bagages sous les sièges. »
Ça non plus, Christopher ne l'avait jamais expérimenté. Les masques d'oxygène tombèrent du plafond comme des pendus se jetant dans le vide, et tout le monde en saisit un. La moitié restèrent à se balancer car l'avion n'était rempli qu'à demi-capacité.
Avant de se pencher et de se placer la tête entre les jambes, Christopher observa un court instant sa copine et jeta derrière lui un regard plein de regrets. Il avait bien peur que ce soit la fin pour lui et pour tous les membres de son équipe. Que s'était-il soudain passé pour que l'oiseau de métal ait des problèmes techniques alors qu'ils étaient, eux, dans cet appareil d'Air France? Il devait avoir fait des centaines de voyages partout dans le monde avant celui-là!
L'avion commença à descendre tranquillement, le côté gauche toujours plus bas que le droit. Christopher était convaincu que sa vie se terminerait là, quelque part entre Paris et Séville. Quarante autres personnes, comprenant les membres de l'équipage, allaient périr avec lui. Le pire, c'était qu'il ne possédait aucun moyen de survivre, de revoir sa fille juste un instant pour lui dire combien il l'aimait, combien elle allait lui manquer... Lui dire qu'il prendrait soin d'elle d'une autre façon... De ne pas abandonner son rêve de devenir géologue ou archéologue...
La panique l’envahit tout entier. Une boule qui naît dans le creux de l'estomac et qui monte, grandit jusqu'au moment où elle explose enfin dans la gorge. Coupé du reste du monde, empêtré dans ses souvenirs, dans ses peurs, dans l’idée de sa propre mort, Christopher ressentit à peine les secousses terribles de l'avion qui se posait au sol. Une douleur abominable le déchira et le fit hurler avant qu’il ne sombre dans un grand trou noir.
Quand l'avion s’immobilisa complètement, des branches d'arbres avaient envahi la carlingue, un silence sinistre régnait et personne ne bougeait.
Le vol 642 d'Air-France venait de se terminer tragiquement.
Pages indéterminées pour l'instant.
Premier extrait de Destinées
Destinées
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