Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!

21 septembre 1999

We are drowning in information and starved for knowledge.

Cette phrase résume très bien toute une époque de ma courte vie. Il fût un temps où vous n'auriez pas pu trouver une jeune fille plus informée que moi sur les grands enjeux de la société, sur les débats importants auxquels l'humanité faisait face. Je lisais avidement les journaux quotidiens et écoutais religieusement les journaux télévisés; à 18h en français et à 23h en anglais. Je débatais systématiquement avec quiconque osait se mesurer à moi avec une rigueur intellectuelle peu commune pour une fille de mon âge.

Quelle désolation s'emparait de moi quand je constatais encore et encore que mes copines avaient plus d'intérêt pour le dernier disque de "Depeche Mode" que pour les conséquences historiques de la chute du mur de Berlin. Je me suis souvent brûlée les ailes. On a dit de moi que je me pensais meilleure que les autres et que je voulais épater la galerie avec mes connaissances et mes grands mots savants. Mes idoles n'étaient pas des stars du rock mais bien mes professeurs de sciences humaines qui pouvaient m'expliquer comment le passé façonne le présent et l'avenir. Souvent nous nous lançions dans des débuts qui laissaient mes collègues la langue pendante puisqu'ils n'avaient pas idée de ce à quoi nous référions.

Et puis un jour, cette passion s'est éteinte. Éteinte? Non!!! Plutôt transformée en quelque chose de beaucoup plus personnel, de beaucoup plus intime. M'étant retrouvée seule dans un pays dont je ne parlais pas la langue avec des gens qui pensaient que le Canada était un état des États-Unis, j'étais seule face à moi-même pour la première fois de ma vie. Je pouvais décider de ce que je voulais être sans personne pour me dicter ce que je devais faire, sans attentes parentales pour me faire sentir coupable et sans envie d'être meilleure que les autres ou d'épater la galerie. Un changement important a alors pris place en moi. Je me suis laissée "ÊTRE" pour la première fois de ma vie; être faible, ignorante, vulnérable, triste, imparfaite, médiocre même. Après ce périple dans un monde où ni ce que je savais ni ma fausse perfection ne pouvaient me définir aux yeux des autres je suis "DEVENUE".

Je suis devenue une femme capable d'aimer, de pleurer, d'avoir besoin des autres. Une femme capable de se tenir debout et de se battre pour des idées qui sortaient de mon imaginaire et non pas de ce que j'avais entendu ailleurs. Je suis devenue une femme qui se connaissait et qui, pour la première fois avait envie de connaître d'autres êtres humains.

Avec le recul j'en suis venue à penser que je préférais entrer en contact avec les autres à un niveau très intellectuel parce que j'avais peur de ce que je trouverais si je me dirigeais du coté émotionnel. J'avais peur de pleurer, peur de me montrer faible, peur que l'on que sous mon aspect de roch j'étais aussi fragile qu'une rose. J'avais peur de montrer que sous mon aspect de roseau qui plie dans le vent j'étais aussi cassante que le cristal alors imaginez-vous la trouille incroyable que j'avais juste à penser que je pourrais trouver ces émotions chez les autres...

Maintenant, je sais que loin de me fragiliser, être vulnérable au grand jour me permet non pas de savoir mais de connaître, connaître intimement, connaître humainement. Cette connaissance est, aujourd'hui, mon plus grand trésor.

***

J'ai réfléchi et le couperet est tombé... Je vais continuer cette page en travaillant mieux, en travaillant plus vite et en dormant peut-être quelques minutes de moins.

retour à la page d'accueil
jour précédent
jour suivant

Email: promeneuse@angelfire.com