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CALENDRIER DE LA RÉPRESSION ET DE LA RÉSURGEANCE DU PAGANISME




La christianisation des pays celtiques débute curieusement en Grande-Bretagne à partir de la Méditerranée, Nice, Marseilles, Îles de Lérins, Alexandrie (Égypte) par voie maritime (avec un saut dans la péninsule Ibérique Galicie) et par voie fluviale en passant par le Rône (Lyons).


Donc, - 52 E.V. (ère vulgaire) avec Jules César et la reddition de Vercingétorix, Jules César comprend très rapidement que pour subjuguer la Gaule il doit détruire les classes druidiques et guerrières qui encadrent globalement la société celtique.
Le jeu du pouvoir romain sera de couper les classes inférieures de l'élite et de remplacer la dévotion celtique par celle du culte à l'Empereur.

Dans un premier temps, Rome encouragera une dévotion païenne populaire en accord avec sa politique impériale.
Les divinités locales sont alors réinterprétées selon cette vision,: c'est l'interprétation romaine.


Malgré tout, les druides vont continuer à jouer un rôle plus religieux, moins politique, les libérant ainsi des lourdes tâches administratives auxquelles ils étaient jusqu'alors contraints.
Donc, la résurgence des théonymes et des anthroponymes celtiques dans la Gaule des IIe et IIIe siècles ne sont pas fortuites non plus.

Comme disent Guyonvarc'h et Leroux (La civilisation celtique, p. 117), il ne s'agit pas là d'une renaissance ou d'un "revival", mais d'une survivance tenace, signe que les celtophones de Gaule s'étaient adaptés, ou résignés, à un nouvel état des choses.
Comme en témoigne ce tableau, cette survivance, bien plus que tenace, est une volonté affirmée et décidée à résister à l'imperium étranger.

L'Irlande, terre d'accueil des druides étrangers, échappa à la loi romaine et pu maintenir le druidisme jusqu'à l'arrivée de Saint-Patrice au Ve siècle.

Cependant, même christianisée, la structure de la société celtique classique était toujours en place et les druides purent conserver sous la protection de certains rois un semblant d'indépendance.

La majorité des druides n'eurent d'autre choix que se convertir à la religion du Christ et le druidisme fut alors rapidement absorbé, plus rapidement d'ailleurs, que sur le continent où en Gaule le paganisme romanisé perdurait.

Certains druides convertis vont devenir les premiers évêques, abbés et moines irlandais et grâce à leur piètre connaissance de la nouvelle religion sauverons de l'oubli la tradition druidique en la consignant par écrit.

En Gaule, à la même époque, le christianisme, un phénomène urbain avant tout lié à l'occupation romaine, va mettre un temps fou d'usure patiente avant de s'infiltrer dans les campagnes longtemps considérées païennes, c'est-à-dire "paysannes et non-judéo-chrétiennes". Il faut dire que le christianisme au temps du crépuscule de l'empire n'est qu'une secte orientale parmi tant d'autres. Les cultes, Isiaque Ptolémaïste Égyptien des riches, Mithraïste persan glorifié par la soldatesque romaine et messianistes Mosiaque et Christique de la diaspora juive, pauvre et urbaine, ne sont que quelques unes des sectes qui affligent l'Empire d'Occident.
Malgré l’aspect « historiquement vraisemblable » des débuts du christianisme, il ne peut s’agir là d’Histoire au sens où on l’entend de nos jours. Il est vrai que les Romains avaient tendance à historiciser leurs mythes. Ceci est aussi vrai pour les chrétiens.
En fait, le christianisme a été littéralement construit sur un amalgame de mythes ; en premier égyptiens, ensuite hébreux et par la bande, de tout ce qui était en cours dans l’Empire Romain d’alors. Les premières églises et les hagiographies des premiers « saints ( ?) » sont des légendes épiscopales dont les mythes fondateurs servent à combler les silences de l’histoire et à légitimer l’ancienneté des Églises.
Elles sont nées aux IVe et Ve siècles, surtout, d’un besoin d’affirmation et de légitimation du christianisme auprès des ignares et des illettrés. Et où, surtout, il fallait souligner l’antiquité des Églises face aux rebuffades habiles des savants païens qui la réfutait. À cette lumière, on comprend que l’histoire des villes épiscopales ait puisé dans les fausses chroniques et les compilations hagiographiques de quoi reconstituer le passé. En effet, presque toutes les histoires des villes ont été écrites sur base de fausses chroniques qui attribuaient à des évêques et à des saints des actions fabuleuses, voire magiques.
Disons aussi, que le christianisme va longtemps n'être que l'opium, l'ultime cause, des esclaves, des serviteurs et des opprimés… mais gare au jour où il va devenir la lame des guerriers.

Ce jour va venir quand un ex-cavalier romain va se convertir à la cause du Seigneur. 313 e.v. marque un point tournant pour la secte avec l'édit de Milan et la promulgation du christianisme comme religion de l'empire.


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Calendrier de la répression et de la résurgence païenne :



- 58 à - 51, Jules César envahit la Gaule. La majorité des druides soutiennent Vercingétorix en appelant à la résistance à l'occupation romaine. Après la victoire de Rome sont exécutés les druides les plus compromis avec la résistance gauloise.

-12 : 1er août –12 : Rassemblement des Gaules sur l’Autel de Rome et d’Auguste au Confluent à Lyon sous la direction du prêtre gallo-romain C. Julius Vercondaridubnus. Rome tente déjà de remplacer les druides dans les grandes cérémonies celtiques. Recensement de la Gaule par Drusus. Doublement du tribut de la Gaule. Irritation en Gaule.

1er siècle è.c. : suite aux édits de Tibère (-42 à +37) et de Claude (-10 à +54), le droit d’enseigner, de devenir fonctionnaire, est retiré aux druides. « Il abolit entièrement, dans les Gaules, la cruelle et atroce religion des druides, qu'Auguste avait seulement interdite aux citoyens. Il tâcha, au contraire, de faire passer de l'Attique à Rome les mystères d'Éleusis ; et il proposa de reconstruire en Sicile, aux frais du trésor public, le temple de Vénus Erycine, qui était tombé de vétusté. » (Suétone - Vie des Douze Césars – Claude)
Rome, cependant, tolère officieusement le druidisme en tant que religion laïcisée, plus ou moins clandestine, dans la mesure où ses membres ne troublent pas l'ordre public et ne sont pas citoyens romains. Donc, sous Tibère, Claude, puis Néron, les druides sont pourchassés et tués par milliers. Selon Albert Grenier (Les Gaulois), « Les druides se trouvaient, dès ce moment, réduits à l’état de magiciens, devins ou médecins; du moins étaient-ils considérés comme tels et, au titre de magi, ils tombaient sous le coup du décret de Tibère contre les astrologues, les magiciens et, en général, les cultes étrangers qui commençaient à envahir l’empire romain. » Malgré tout, le culte druidique proscrit ne se maintint que dans les campagnes où il gardait des racines profondes. De là le nom païen, du latin pagus : district de campagne de Gaule et Germanie.

Vers 49 ? 53-54 ou 56-57 : Saint Paul évangélise les Galates d’Asie Mineure. Leurs druides, dits semnothées par les Grecs, dénoncent ces Galates qui se soumettent à la loi juive et se font circoncire. Dans deux de ses lettres aux Galates, Paul s’insurge contre ces païens superficiellement convertis et leur reproche de ne pas comprendre que l’accomplissement de la loi (juive) n’est pas un plus pour leur foi première païenne, mais au contraire, son anéantissement.

178 : Celse, philosophe grec écrit sa critique Le discours contre les chrétiens ou le discours vrai. Ironiquement, seules les citations de la contrepartie du théologien Origène ont survécu. Celse est l’un des rares penseurs de son époque à voir la menace que représentaient ces sectes nées du judaïsme messianique. Sa critique est l’un des ouvrages les plus révélateurs sur le raisonnement la résistance païenne face au christianisme exclusiviste et dogmatique. Celse oppose le pragmatisme relativiste polythéiste et moniste des religions classiques aux prétentions des sectes judéo-chrétiennes qui prétendent détenir la seule Vérité en s’appropriant l’Être suprême de façon exclusive. Celse perçoit justement la politique révolutionnaire judéo-chrétienne qui cherche à miner le pouvoir politique et social de Rome et détruire sa religion. En effet, les chrétiens refusent d'accomplir leurs devoirs civiques et respecter la religion civile du culte impérial. Il s’insurge contre la prétendue supériorité morale du christianisme par rapport aux religions païennes, en déclarant, à juste titre, que la morale chrétienne, vulgaire et stupide, manque d’originalité et qu’elle n’est qu’une pâle imitation de la morale des philosophes. Selon lui, le Christ ressuscité n’est qu’un simple mortel, un chef de bande, glorifié par la légende inspirée des mythes païens.
Voici quelques unes de ses citations :
"Il est un Logos d'une haute antiquité, toujours respecté par les peuples les plus sages, les villes, les sages. Les Égyptiens, les Assyriens, les Indiens, les Perses, les Odryses, les habitants de Samothrace et d'Éleusis, les Hyperboréens (sont) parmi les peuples les plus anciens et les plus sages. Les Galactophages d'Homère, les Druides de la Gaule, les Gètes sont des peuples antiques et de haute sagesse qui professent des doctrines apparentées à celle des Juifs. (Les) sages anciens qui ont bien mérité de leurs contemporains et, par leurs écrits, de la postérité, Linos, Musée, Orphée, Phérécyde, le Perse Zoroastre et Pythagore ont traité de ces questions, et leurs doctrines sont consignées dans des livres et ont été conservées jusqu'à ce jour." (I, 14 et 16)

"Ce fut le cas, dit-on, en Scythie de Zamolxis, esclave de Pythagore, de Pythagore lui-même en Italie, de Rhampsinite en Égypte. Ce dernier, chez Hadès, "jouant aux dés avec Déméter", obtint d'elle "une serviette lamée d'or" qu'il remporta comme présent. Ainsi encore Orphée chez les Odryses, Protésilas en Thessalie, Héraclès à Ténare, et Thésée. Mais ce qu'il faut examiner, c'est si un homme réellement mort est jamais ressuscité avec le même corps. Pensez-vous que les aventures des autres soient des mythes en réalité comme en apparence, mais que vous auriez inventé à votre tragédie un dénouement noble et vraisemblable avec son cri sur la croix quand il rendit l'âme, le tremblement de terre et les ténèbres ?" (II, 55)

"On pourrait en citer bien d'autres de même genre. (Votre) culte pour ce prisonnier mis à mort est pareil à la vénération de Zamolxis au pays des Gètes, de Mopsos en Cilicie, d'Amphilochos en Acarnanie, d'Amphiaraos à Thèbes, de Trophonios à Lébadia." (III, 34)

"Quel malheur vous est donc survenu, mes compatriotes, que vous ayez abandonné la loi de nos pères, et que, séduits par celui avec qui je discutais tout à l'heure (Jésus), vous ayez été bernés de la plus ridicule façon, et nous ayez désertés pour changer de nom et de genre de vie ?" (II, 1) "Si tous les hommes voulaient être chrétiens, les chrétiens ne le voudraient plus. A l'origine, ils étaient en petit nombre, animés de la même pensée ; à peine se propagent-ils en multitude, ils se divisent et se séparent, et chacun veut avoir sa propre faction : ils y aspiraient dès l'origine. Séparés (diistamenoi) de nouveau par l'effet de leur multitude, ils s'anathématisent les uns les autres ; ils n'ont plus de commun, pour ainsi dire, que le nom, si tant est qu'ils l'aient encore ! C'est du moins la seule chose qu'ils aient eu honte d'abandonner ; pour le reste chacun a embrassé une secte différente." (III, 9-12)

"(C'est) aux plus incultes, aux esclaves, aux moins instruits que l'on divulgue les secrets de la sagesse divine. Imposteurs, (ils fuient) en désordre les gens distingués, non disposés à être dupes, mais (prennent) au piège les rustres." (VI, 13-14)

"(Les chrétiens ressemblent) à ceux qui croient sans raison aux prêtres mendiants de Cybèle et aux devins, aux dévots de Mithra et de Sabazios, à tout ce qu'on peut rencontrer, apparitions d'Hécate, d'un autre ou d'autres démons. Car, de même que souvent parmi eux des hommes pervers prennent avantage de l'ignorance de gens faciles à tromper et les mènent à leur guise, ainsi en va-t-il des chrétiens. Certains, ne voulant pas même donner ni recevoir de raison sur ce qu'ils croient, usent de ces formules : "N'examine pas, mais crois ; la foi te sauvera. La sagesse dans ce siècle est un mal, et la folie un bien." (I, 9)

200: Débute, selon la légende méiévale, la christianisation de la Grande-Bretagne.

248 - 251 : Sous le règne de l'empereur Dèce, contrairement aux prétentions légendaires des martyrs de saint Marcel et de saint Anatase, aucun signe de présence chrétienne n'est décelable en Gaule et aucun signe chrétien n'a été observé sur des objets gallo-romains.

250: Autour de 250 E.V., l'effort de la christianisation de la Gaule païenne débute dans la clandestinité. L'Église s'organise autour de la ville de Lyon utilisée comme base missionnaire.
Saint-Ciprien envoie ses missionnaires d'Afrique: ceux de saint Paul à Narbonne, de saint Trophime à Arles, de saint Saturnin à Toulouse, de saint Martial à Limoges, de saint Denis à Lutèce (Paris), de saint Austremoine à Clermont-Ferrand, et de saint Gratien à Tours.


Conversion de la Dacie à partir de 255 : À l'inverse de l'Empire romain où le christianisme s'est d'abord installé dans les villes, en Dacie, la conversion se serait faite à partir des campagnes. Suite au vide institutionnel créé lors du retrait romain en 255, les missionnaires chrétiens tentent d’encadrer la population païenne. Entre le IIIe et le XIe siècle, l’hagiographie mentionne la présence des horepiscopi dans les villages sous le contrôle des perihoreti (missionnaires). Aucune présence urbaine significative n'est décelable car les Goths arianistes occupant le territoire étaient farouchement contre tout clergé et particulièrement méfiants à l'égard des moines missionnaires inféodés aux églises.

258 : La Gaule fait sécession avec à sa tête Postimus qui se nomme Empereur des Gaules. Il rompt avec Rome et bat monnaie. Le christianisme est sévèrement réprimé dans tout l'Empire romain mais ceci n'empêche pas les missionnaires de tenter d'évangéliser la Gaule et de fonder des évêchés.

260: La christianisation de Grande-Bretagne est bien en cours autour de Glastonburry.

270 : Arles, haut lieu du savoir païen, voire druidique, depuis au moins 2000 ans av. l'ère vulgaire, fut mise à sac par les bandes chrétiennes détruisant temples, bibliothèques et sanctuaires. Les chrétiens n'hésitèrent pas à violer l'ancienne loi de l'inviolabilité des sanctuaires convenu dans le monde païen et en Gaule.

271 : Aurélien, devenu Empereur, réunifie l'Empire et rétablit la domination de Rome sur toute la Gaule. Rome demeure très méfiante de la secte chrétienne.

275 : Rome assouplit ses positions face aux chrétiens qui continuent de troubler l'ordre politique.

297 : L'Empereur Dioclétien procède à une profonde réforme administrative de l'Empire en concédant officiellement aux chrétiens le droit de se regrouper en diocèses. L'Empire est divisé en douze diocèses gouvernés par des vicaires. La Gaule comportera deux diocèses : Galliae au nord de la Loire et de la Saône; le Viennesis au sud. Après l'édit de Milan, la hiérarchie chrétienne de Rome organisera les évêchés sur ce modèle.

IVe siècle : Après qu’il eurent corrompu l’État de Rome, dès leur arrivée au pouvoir, les autorités chrétiennes créent le délit d’opinion religieuse et promulguent des lois interdisant la liberté de culte aux païens.

Vers 300 : Selon Alexander Wilder, « des hommes comme Irénée, Épiphane et Eusèbe (apologistes connus des débuts de l’expansion chrétienne) ont transmis à la postérité une telle réputation de mensonges et de pratiques malhonnêtes que le cœur se soulève devant le récit des crimes de cette période ». Dire que toute la doctrine religieuse chrétienne de cette période repose sur ces menteurs invétérés. Et selon Gerald Massey, « la thèse chrétienne, comme la qualifie judicieusement le Nouveau Testament, est une imposture. »
Eusèbe, surnommé Pamphile, célèbre évêque de Césarée (en Palestine), « le père de l'histoire eccléssiastique » (né vers 270, mort vers 338) fut fait évêque de Césarée en 315. Se méfia de l'empereur Constantin et refusa le siège d'Antioche qu’il lui offrait. Il assista au concile de Nicée (325) et eut part à la rédaction du symbole qui y fut rédigé. Il contribua en effet avec les évêques ariens à faire déposer Eustathe au concile d'Antioche (330) et sollicita de Constantin, dans les conciles de Césarée et de Tyr (334), l'exil de saint Athanase et le rappel d'Arius.
Un autre « saint », Épiphane, écrivit contre la Gnose antique « La réfutation de la fausse science » qu'on appelle aussi « Adversus hœreses » (Contre les hérésies). En fait, il s’agit d’une inversion car la fausse science était celle d’Épiphane. Il s'excusait de son mauvais style grec sur le dos des Gaulois : « Nous vivons chez les Celtes, et dans notre action auprès d'eux, usons souvent de la langue barbare. » Mais le contact avec ces barbares, qui portaient, gravé dans leur cœur par l'esprit, le message du salut, était salutaire. Pour vaincre les novateurs, il suffisait presque de révéler leurs doctrines. L'emploi de l'ironie, à propos de tous ces enfantements d'éons était facile. En fait, Irénée par ruse cherchait surtout à convertir les gnostiques grecs : « De toute notre âme, nous leur tendons la main, et nous ne nous lasserons pas de le faire. » En face de ses adversaires sophistiqués, sa théologie au cynisme morbide apparaît malveillante, démagogique et détournée : « Le Verbe de Dieu, poussé par l'immense amour qu'il vous portait, s'est fait ce que nous sommes afin de nous faire ce qu'il est lui-même. » Il pensait le contraire!
Saint Epiphane de Salamine, Juif hellénisant, converti, originaire de Palestine, fut évêque de Salamine dans l'île de Chypre durant trente-six ans. Pami ses nombreux écrits, son "Panarion" est largement cité par les historiens de l'Église. Il y pourfend quatre-vingt hérésies, dont certaines sont issues de son imagination. C'est un polémiste plein d'aigreur, jamais de bonne humeur, et avec cela, mauvais rédacteur. Et tout cela ne l'empêcha pas d'être considéré comme un saint. Beaucoup d'entre nous ne doivent donc pas désespérer de le devenir…

Vers 301-304 (selon L’Histoire d’Arménie de Moïse de Khorène) : L’action de Grégoire l’Illuminateur, fils d’un seigneur parthe selon la Chronique d’Agathange (milieu du Ve siècle), aboutit à la conversion au christianisme du royaume arménien. Selon la tradition, le roi Tiridate a été puni et transformé en sanglier pour avoir fait martyriser plusieurs religieuses, puis guéri après avoir accepté la foi chrétienne. Dans ce cas, la conversion officielle de l’Arménie aurait précédé la promulgation, en 313, de l’édit de Milan par lequel Constantin a décidé de tolérer le culte chrétien dans tout l’Empire. Cette conversion éloignait l’Arménie de la Perse sassanide et la rapprochait du monde romain. Tiridate décide la destruction des temples païens et Grégoire reçoit à Césarée de Cappadoce la consécration épiscopale des mains de l’archevêque Léonce. Le premier patriarche arménien dépend ainsi de Césarée. À son retour, il baptise dans les eaux de l’Euphrate le roi et sa suite et entreprend l’évangélisation du pays. Celle-ci s’effectue difficilement et Grégoire doit souvent, dans un premier temps, s’appuyer sur la force armée pour imposer la nouvelle religion. Il fonde des évêchés à Vagharchapat, à Artachat et à Dwin.

306 : Dans la péninsule ibérique, le concile d’Elvire, près de Grenade, réuni 19 évêques et vingt-quatre prêtres, venus des provinces d’Hispanie (Tarragone, Galice, Lusitanie, Carthagène et Bétique) pour tenter de régler les problèmes soulevés par l’expansion du christianisme et de la vitalité croissante du christianisme ibérique à une époque proche de l’édit de Constantin (313).
Les conciles d’Hispanie et de Gaule ont épuisé en vain la liste des mesures de précaution propres à garantir l’observance de la loi de la continence Outre cette thématique à caractère disciplinaire, c’est la lutte contre les cultes polythéistes et contre les juifs qui retient l’attention des évêques rassemblés à Elvire (cf. sur l’idolâtrie, par exemple, le canon 41 et sur les Juifs et leurs rapports avec les chrétiens.
À travers les canons qui concernent le paganisme, on s’aperçoit que le problème de sa propagation n’était pas considéré par la hiérarchie comme un problème pastoral, mais avant tout comme un problème politique, qui, menaçant l’ordre public, touchait directement la res-publica chrétienne. L’action missionnaire était d’ailleurs effectivement marquée par ce combat.
Elvire nous ouvre ainsi le thème de la confrontation des cultures provoquée par l’évangélisation où l’évêque agit en “colonisateur spirituel”. Comme chef de la militia christi, il avait pour rôle fondamental le combat de l’idolâtrie et des forces du mal.

312 : Sous Constantin, l'Église adopte le symbole de la croix emprunté aux païens celtes, grecs, persans, égyptiens, mithraïstes et à Tammouz. L'Église se structure et se hiérarchise: le premier pape (père) est mis en place ce qui est contraire d'ailleurs à la Bible: Matthieu 23-9: "Et n'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ.

313 : L'Édit de Milan décrété par Constantin Ier, au lendemain de sa victoire du Pont Milvius en 312, proclame la liberté de culte dans tout l'Empire. Cette libéralisation va profiter largement à l'expansion du christianisme.

314 : En août, se tient le premier Concile des Gaules à Arles, incluant la Belgique. Le but du Concile est de définir une stratégie face à l'hostilité des païens des Gaules. Celui-ci marquera un tournant important dans son histoire, car il constitue le premier reniement d'un principe évangélique : "tu ne tueras point" et le premier pas, par son officialisation, vers l'alliance du spirituel avec le pouvoir temporel, militaire et politique.
Désormais, les chrétiens pourront porter les armes et ceux qui se refuseront au service militaire seront excommuniés.

324 : Juste avant 324 E.V., interdiction des rites domestiques et sacrifices païens. Après 330, restriction de dévotion publique pour les non-chrétiens. Il est interdit aux fonctionnaires de sacrifier aux dieux dans les cérémonies officielles, et ils doivent s'abstenir de toute participation publique aux cultes païens.

325 : Aristakés, fils cadet et successeur de Grégoire, représente l’Église d’Arménie au concile de Nicée. Il sera assassiné ensuite par un seigneur demeuré païen. Son aîné, Vertanès, le remplace et échappe de peu au même sort dans l’église édifiée à la place du temple de Vahagn à Achtichat. Le fils de celui-ci, Grigoris, devenu patriarche des Ibères (Géorgiens) et des Albans est martyrisé par un prince arsacide resté fidèle au paganisme.

Vers 330-340 : Le christianisme arménien réussit à s’imposer.

Vers 350 : Le patriarche Nersès réunit à Achtichat un synode qui organise l’Église arménienne, condamne les survivances païennes et impose aux communautés religieuses une discipline inspirée de la règle du Grec saint Basile.

Seconde moitié du Ve siècle : Selon Zosime, un historien byzantin très attaché au paganisme et auteur d'une Histoire de l'Empire romain, en quatre livres (depuis Auguste à la prise de Rome par Alaric en 410) le déclin de Rome est dû à l'abandon des anciens dieux.
Voici ce que Zosime a à dire sur la conversion de Constantin au christianisme :
II, 29, 1-5 Lorsque tout le pouvoir fut aux mains de Constantin seul, il ne cacha désormais plus la méchanceté qui lui était naturelle, mais prit la liberté d'agir dans tous les domaines selon son bon plaisir; il célébrait encore les rites ancestraux, non pas par respect, mais par intérêt; c'est pourquoi il obéissait aussi aux devins, dont il avait éprouvé qu'ils avaient prédit la vérité au sujet de tout ce qui lui avait réussi; lorsqu'il arriva à Rome tout plein de jactance, il crut nécessaire d'inaugurer son impiété dans ses propres lares.
En effet son fils Crispus, qui avait été jugé digne du rang de César, comme je l'ai dit auparavant, et avait été soupçonné d'avoir une liaison avec sa belle-mère Fausta, il le fit mourir sans aucun égard pour les lois naturelles; comme Hélène, la mère de Constantin, s'indignait d'une telle violence et ne pouvait admettre le meurtre du jeune homme, Constantin, comme pour la consoler, porta remède à ce mal par un mal pire; après avoir en effet ordonné de chauffer outre mesure un bain et y avoir placé Fausta, il ne l'en ressortit que morte.
Comme il avait ces crimes sur la conscience, et qu'en outre il n'avait fait aucun cas de ses serments, il alla trouver les prêtres et leur demanda des sacrifices expiatoires pour ses méfaits; ceux-ci lui ayant répondu qu'il n'existait aucune sorte d'expiation assez efficace pour purifier de telles impiétés, un Égyptien, arrivé d'Espagne à Rome et devenu familier des femmes du palais, rencontra Constantin et affirma fortement que la croyance des chrétiens détruisait tout péché et comportait cette promesse que les infidèles qui s'y convertissaient étaient aussitôt lavés de tout crime.
Ayant accueilli très favorablement cet exposé, s'étant détaché des rites ancestraux et ayant admis ce que l'Égyptien lui proposait, Constantin entra dans la voie de l'impiété en concevant de la défiance envers la divination; comme en effet, grâce à elle, beaucoup de succès qui lui avaient été annoncés s'étaient effectivement réalisés, il craignit que l'avenir ne soit une fois révélé à d'autres aussi qui s'enquerraient de quelque point dans un sentiment hostile à son égard et en vint, sur la base de ce préjugé, à faire cesser ces pratiques. Lorsqu'arriva la fête traditionnelle au cours de laquelle il fallait que l'armée monte au Capitole et accomplisse les rites coutumiers, Constantin craignit les soldats et participa à la fête; mais l'Égyptien lui ayant envoyé une apparition blâmant sans réserve cette montée au Capitole, il se tint éloigné de la sainte cérémonie et excita la haine du Sénat et du peuple. ZOSIME (trad. F. PASCHOUD)


355 : Un décret impérial du 1er décembre 355, de Constantin, ordonne la fermeture de tous les temples païens de l'Empire et punit de mort tout manifestant à un culte païen. Saint-Martin de Pannonie, se porte bénévole à la milice volontaire chrétienne pour renforcer le décret impérial romain. Des bandes de voyous citadins désœuvrés, surtout chrétiens, sèment la terreur par leur banditisme en mettant le feu aux temples et en lapidant les païens. La ville de Tours servira de base à ces exactions.

380 : Theodose Ier (379-395) renouvelle l'interdiction des sacrifices païens et répand la terreur "divine". Gratien (367-383) confisque les revenus des temples et des prêtres païens. En 392, la dévotion païenne sous toute ses formes est strictement interdite.



385 : Théophile est nommé patriarche d'Alexandrie. Avec le consentement tacite de l'empereur Théodose, il entreprend une violente campagne de destruction de tous les temples et sanctuaires non chrétiens en Égypte : à Alexandrie, les temples de Mythriade et Dyonisius puis en 391, la destruction du temple de Sérapis et de sa bibliothèque.

386 : Saint Jean Chrysotome écrit : "Que chacun s'attache à gagner son frère, fallut-il user de violence (...) N'épargner rien pour l'arracher des filets du démon". Et selon les dires de Saint Augustin : "C'est la charité qui impose de sauver les gens malgré eux, qui impose la chasse à l'hérésie et donc l'intolérance".

389 : Après avoir détruit Alésia, les bandes chrétiennes détruisent la cité sainte de Bibracte, un des derniers grands retranchements des druides de Gaule,. Bibracte abritait un collège druidique sacré qui offrait à quarante mille étudiants du monde païen des cours de philosophie, de religion, de littérature antique, de grammaire, de droit celtique, de médecine en plus des sciences naturelles, d'astronomie, d'astrologie et de traditions hermétiques ou ésotériques.

391 : défense de se promener autour des temples, de les regarder.

392 : défense de culte aux « idoles », d’honorer le lare par le feu, le genius par le vin, les pénates par des parfums, d’allumer des lumières, de brûler de l’encens, de suspendre des couronnes.

395 : La défense d’approcher un temple est réitérée.

399 : Ordre de détruire tous les autels, y compris ceux qui appartiennent à des particuliers et de détruire toutes les statues qui ont été l’objet d’un culte païen.

401 : Le philosophe païen Augustin, après avoir considéré la religion chrétienne comme une religion d'incultes, s'être tourné vers le manichéisme puis finalement après être nommé évêque de Carthage, Docteur de l'Église, est considéré comme le plus grand penseur de l'Église antique. Pourtant il passera une bonne partie de sa vie à détruire temples et statues antiques. C'est Saint Augustin qui introduit l'idée du "péché originel" et a commencé sérieusement la chasse aux hérétiques.

410 : Fondation d'un centre missionnaire chrétien sur l'île de Lérins au large de Cannes consacré à la conversion de la Gaule et des pays Celtes. L'aristocratie païenne résiste à l'intégrisme en frappant des pièces de monnaie dédiés aux empereurs païens, un signe de dérision à l'hypocrisie de l'empereur chrétien décadent. Renouvelant ainsi, l'habitude très ancienne d'offrir en cadeau, le jour de l'An, de vieilles pièces de monnaie ("contorniates"), notamment en 356 - 359 et en 395 - 410 ; ces pièces représentent des empereurs païens restés populaires, ou Alexandre le Grand, le conquérant victorieux, moquant ainsi le faible empereur chrétien. On en trouve jusqu'à Anthémius (467 - 472), représentant l'empereur régnant, avec des allusions politiques. Malgré la résistance organisée de l'élite païenne, les villes de l'empire sont rapidement gagnées aux Chrétiens, de là le terme péjoratif païen = "paysan" pour désigner les fidèles des fois autochtones.



412 : Cyril devient patriarche d'Alexandrie et exacerbe les rivalités entre juifs et chrétiens. Quelques années plus tard de violentes émeutes serviront de prétexte à la christianisation radicale de l'Égypte.



Hypatie d'Alexandrie


415 : Hypathie, la dernière grande mathématicienne de l'école d'Alexandrie, par ailleurs fille de Théon d'Alexandrie, directeur de la bibliothèque, est mise en pièces et tuée par une foule de moines chrétiens inspirés par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que l'Église canonisera. Selon un rapport, la prêtresse païenne Hypatie sera brutalement assassinée par les moines Nitrian, une secte de chrétiens fanatiques, qui soutenaient Cyril. Selon un autre récit (de Socrates), elle fut tuée par la foule d'Alexandrie sous la menée de Pierre le précheur Son assassinat marque un tournant : Après sa mort, de nombreux chercheurs et philosophes quittent Alexandrie pour l'Inde et la Perse, et Alexandrie cesse d'être le grand centre de l'enseignement et de la science du monde antique. Désormais, la science régressera en Occident, et ne retrouvera un niveau comparable à celui de l'Alexandrie antique qu'à l'aube de la révolution industrielle. Les travaux de l'école d'Alexandrie concernant les mathématiques, la physique et l'astronomie seront préservés, en partie, par les Arabes, les Perses, les Indiens et aussi en Chine. L'occident, pour sa part, plonge dans l'obscurantisme et ne commencera à en sortir que plus d'un millénaire plus tard. À l'instar de l'Islam, à chaque période d'essor de la religion chrétienne, correspondra une régression de la condition de vie du peuple et réciproquement. Ces querelles provoquèrent des rumeurs et des litiges parmi les religieux et parmi le peuple byzantins, qui ne voulaient pas laisser ravir à Marie ce titre honorifique. Dans les débuts, la lutte fut anodine. Mais elle s'envenima le jour où Cyrille, patriarche d'Alexandrie, intervint. On sait que ce fougueux tyran, prêtre fanatique et sanguinaire, fut l'instigateur du meurtre d'Hypathie, une jeune femme remarquable par sa beauté et son esprit. Deux attributs qui manquaient à Cyrille.

415 :Suite aux efforts de Saint-Cyrile, Alexandrie, dernier bastion païen d'orient tombe suite à la destruction de la grande bibliothèque d'Alexandrie et du meutre d'Hypatie (370 - 415).

418: un édit d'Honorius (395-423), contre-signé par les évêques gallo-romains Rennes et de Nantes, ordonne la démolition de tous les sites païens, sanctuaires et oratoires, ainsi que tous les emblèmes populaires. Valentinien III (425 - 423) réitère l'ordre du décret de la destruction des temples païens.



432 : Débute la christianisation de l'Irlande du nord par Saint-Patrice et ses sbires déguisés en druides. Création d'écoles pseudo-druidiques qui sont en fait des centres de conversion chrétienne. Le 1er Mai, lors de la fête dédiée au dieu Bel, déguisés en druides, Patrice et ses disciples se rendent à Tara, haut lieu druidique et siège d'Irlande, afin de déjouer les druides et de leur ravir la primauté sacrée. Tôt la veille, juste avant le levé du soleil, il allume un feu "de Pâques" dédié au Christ rendant ainsi caduques les feux sacrés dédiés au temples, à la cour et aux autels du foyer. C'est donc par la tricherie et la ruse que le "saint homme" fera tomber les druides érigés dans leurs codes d'honneur, de rectitude et de vérité. Des tours comme celui-là, Patrice en fera beaucoup, au point où selon ses propres aveux (Confessions), troublé par sa conscience, il aura du mal à dormir et priera son "Sol Invictus". Il se consolera en concluant que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins; et pour juger un arbre à ses fruits, Patrice usera de la naïveté des idolâtres et des superstitieux afin d'amener plus d'âmes au Seigneur. D'après sa biographie (Vie chrétienne de Saint-Patrice), l'anachorète aurait "brûlé au moins quatre-vingts livres druidiques. Détail intéressant, car, contrairement à ce qu'affirme César, les druides avaient des livres écrits. Il s'agit d'un de ces rares témoignages prouvant que les druides de la basse Antiquité finirent par lever l'interdit sur la transcription des textes sacrés.


435 : Ordre de démolir tous les temples ou édifices païens qui seraient encore debout. Si quelqu’un ose se jouer de cette loi, il sera puni de mort !

451 : Attila, roi païen des Huns (le fléau de Dieu) entre en Gaule en semant la terreur chez les chrétiens.

452: Le Concile d'Arles (canon 23) déclare coupable de sacrilège tout évêque tolérant en son diocèse les feux sacrés, l'allumage des flambeaux, la vénération près des pierres, des fontaines et la dévotion aux divinités de la nature.

461 : Mort de Saint-Patrice et achèvement de la conversion d'Irlande à l'exception des îles isolées et des régions montagnardes.

Fin VIe : Théodose Ier proscrit le paganisme et les autres les hérésies. Son succeseur, Théodose II, promulgua le code "théodosien" qui a expressément banni trente six hérésies et jeté l'anathème sur le paganisme, les temples païens et les astrologues.

506 : Au concile d'Agde et au Concile d'Orléans en 511 on criminalise la consultation et la pratique des pythonisses. Ce sont en fait les premières chasses aux sorcières.

515 : Vers 515 - 520, Saint-Césaire (470 - 543), évêque d'Arles, fulmine dans un sermon (NO 129), contre les coutumes du jour de l'an ("… les uns ne revêtent que la peau d'un animal, d'autres en prennent la tête, d'autres se déguisent en femmes…") et contre les pratiques de la fête des Morts du 22 février ("… ils portent des mets et du vin sur les tombeaux des défunts…").

516 : Entre 516 et 537, Saint-Vigor, évêque de Bayeux, demande la protection du bras séculier pour faire interdire le culte païen qui était célébré par le seigneur du lieu sur le Mont-Phaunus (= Saint-Vigor-le-Grand, Calvados), brise les idoles et s'empare du territoire.

520 : Vers 520 - 525, aux environs de Cologne, subsistait un temple ayant conservé les statues de ses dieux auxquels les habitants continuaient à offrir des libations ; Saint-Gall (486 - 551) l'incendia.

524 : Le Concile d'Arles condamne les rites observés lors des éclipses de lune, lors des fêtes de Jupiter et au jour de l'An.

529 : Fermeture de l'académie de Platon. Le savoir antique, violemment critiqué par les Pères de l'Église tel Saint Augustin, disparaît des esprits. Un voile tombe sur les sciences antiques. C'est que l'empereur Justinien, au nom de Jésus Christ, décide de fermer les portes de la fameuse académie de Platon à Athènes et de forcer les philosophes à fuir en exil (vers la Perse puis l'Inde) et d'imposer le baptême ou la mort à ceux qui ne pouvaient pas s'échapper. À ces derniers on offrira la "sainteté" postume.

533 : Le deuxième Concile d'Orléans stigmatise ceux qui régressent en retournant au culte des idoles et mangent de la chair sacrifiée aux dieux.

532 : L'empereur Justinien fait fermer l'école de philosophie d'Athènes, considérée comme le dernier bastion du paganisme. Désormais, l'obscurantisme et l'ignorance règnent en maîtres dans tout le bassin méditerranéen.

541: Au quatrième concile d'Orléans, ancienne capitale sacrée des Druides, on réitère l'interdiction formelle sous peine de mort à tout culte païen de même que les serments faits aux dieux. Saint-Paterne (mort en 560) est réputé avoir dit d'avoir dit empêcher une cérémonie druidique à Chaussey où il avait renversé les contenus des derniers chaudrons sacrés connus.

Vers 550 : Les druides de Grande-Bretagne continuent dans la clandestinité sous le nom de gwyddoniaid, "les savants". À la cour du roi Maelgwn de Gwynedd (Pays de Galles) il se tient des concours de bardes et on mentionne des druides. Ce sont ces bardes de cours royales qui transmettront la "matière bretonne" qui servira à la rédaction du cycle arthurien ou de la Table Ronde.

554 : Le roi Childebert 1er (511-558) renouvelle l'ordre de détruire les idoles et les mégalithes païens.

563 : Saint-Colomban quitte l'abbaye de Durrow pour fonder une abbaye à Iona, un des retranchements des druides.

567 : le deuxième concile de Tours ordonne de chasser de l'Église ceux qui honorent certaines pierres, arbres et fontaines en des lieux sauvages et cachés au fond des bois. Il interdit les fêtes du jour de l'an (auxquelles il substitue un jeûne solennel et la fête de la Circoncision), demande aux prêtres de ne point manquer de corriger par censure ecclésiastique (excommunication) ceux qui, retenant encore des restes de paganisme, offriront des viandes aux morts, ou mangeront la chair de ces animaux offerts en sacrifice ou encore feront des cérémonies inconnues de l'église auprès des lieux païens.

573 : Devant la résistance des cultes païens, Grégoire le Grand, Pape et Préfet de Rome, recommande au clergé : "Retrancher tout à la fois dans ces esprits incultes est une entreprise impossible. Gardez-vous de détruire les temples : détruisez seulement les idoles, remplacez-les par des reliques".

574 : Saint-Colomban intervient en faveur des filidhs (poètes païens) à l'assemblée de Druim Ceta pour leur maintenir partiellement sous le couvert du christianisme quelques uns de leurs privilèges traditionnels.

578 : au Concile d'Auxerre est réitérée l'interdiction aux paysans de se déguiser en peaux de vaches et de cerfs à l'occasion des festivités du jour de l'an et d'allumer des cierges devant les fontaines, les arbres et les pierres érigées, de consulter les devins, de se livrer à la divination avec du bois ou du pain.

580 : Vers 575 -580, dans le pagus Cabalitanus (l'actuel Gévaudan), entre Margeride et Aubrac, se réunissait annuellement, aux bords d'un lac, une foule de paysans qui durant trois jours faisaient des libations et offraient aux divinités de ce lac des sacrifices en y jetant, pans d'étoffes, toisons de laine, fromages, gâteaux de cire et pains. Tout au long de ces journées se déroulaient fêtes et orgies que venaient interrompre les orages. Grégoire de Tours, affirme qu'après remontrances, un Saint prêtre mit fin à cette superstition. Étrangement, on notera en 1872 ! aux abords du lac Saint André, la pratique annuelle de rites et d'offrandes strictement identiques à celles décrites par Grégoire de Tours, avec toutefois pour les offrandes l'adjonction de pièces de monnaie.

581 : Le synode d'Auxerre interdit aux laïcs de danser dans les églises, d'y faire chanter des jeunes filles et d'y donner des festins.

585 : au Concile de Mâcon on condamne aux coups de verge tous ceux qui persistent à chômer le jeudi, jour consacré au Jupiter gallo-romain. À saint-Éloi, 588 - 660, évêque de Noyon près de Limoges, fut adressé ce message par un païen anonyme : "Romain que tu es, bien que tu nous rabâches toujours les mêmes choses, jamais tu ne pourras abolir nos coutumes. Nous célébrons nos cérémonies, comme nous l'avons fait jusqu'ici et il n'y a personne au monde qui puisse nous interdire nos divertissements antiques, qui nous sont si chers."

590 : Grégoire I, dit Le Grand devient pape. Il invente la croisade. Outre la grammaire, il décourage ou interdit l'enseignement de la culture gréco-romaine en général, y compris les langues, la science, la philosophie et la mythologie.
Grégoire le Grand ordonne la destruction de tous les livres traitant de sujets autres que la doctrine chrétienne. Ainsi furent brûlés à Rome, entre 590 et 604, toutes les archives impériales. Maintenir le peuple dans l'ignorance permet de protéger et perpétuer les mensonges de l'Église.

590 : Saint-Gall fonde une série de monastères dans la Gaule païenne, dont Luxeuil (en Burgondie). Il suscita de nombreuses conversions dans les familles des grands propriétaires, dont les trois fils d'Autharius, Dadon, Adon, Radon, qui fondèrent l'abaye de saint-Ouen.

597 : Le pape Grégoire le Grand (590 - 604) prescrit à la reine Brunehaut d'interdire à ses sujets d'immoler des animaux, d'adorer les arbres et d'exposer les têtes des animaux sacrifiés ; mais vis-à-vis de l'empereur, l'attitude du pape est différente, voire même très humble : les flatteries que Grégoire le Grand prodigue à la bête brute que fut l'empereur byzantin Phocas (602 - 610), centurion usurpateur, passent la mesure.

600 : 33 ans après le deuxième concile de Tours (cf. 567), l'évêque de cette même ville constate, le 7ème jour de juillet 600, "qu'il y avait encore dans son diocèse et les diocèses voisins, un grand nombre de païens attachés au culte impie des fausses divinités, entre autres dans le pays qui est au midi de la Loire … Et ce qu'il trouva le plus difficile fut de faire observer le 22ème canon (interdiction d'offrir des viandes aux morts), surtout en de certains villages où les païens avaient embrassé le christianisme, retenant néanmoins beaucoup de superstitions du paganisme.

611 : Saint-Valery (562 - 622), évêque de Rouen fait abattre un arbre énorme que les paysans de la vallée de la Bresle adoraient.

À partir de 622: banditisme organisé par Mahomet depuis Médine (Arabie Saoudite), bataille de Badr où Muhammad et sa clique tuent 70 hommes et ramènent un imposant butin, multiples assassinats politiques contre les adversaires du pseudo prophète, nombreuses attaques et massacres de juifs de la région, puisque selon la loi coranique, l'Oumma a été élue par Allah entre les nations et a le devoir de prendre possession de son héritage, le monde entier, pour que la prétendue parole d'Allah règne universellement: le jihad consiste à rendre aux musulmans ce que les infidèles contrôlent illégalement, selon la loi divine.
Le Coran prescrit tout simplement le meurtre des "idolâtres", car "le meurtre est moins grave que l'association".

626 : Le Concile de Clichy, en 626, renouvelle les interdictions du deuxième concile d'Orléans, de 533.

634 - 651 : Les Arabes après l'invasion de l'Iran et la défaite des Sassanides vers la fin du VIIe siècle, ont ordonné partout où ils pouvaient trouver un traité ou un écrit, de le détruire par le feu ou par l'eau. Ils ont aussi empêché les Perses de parler leur langue, le farsi, afin de les éloigner de leur racines culturelles et religieuses pour qu'ils leurs soient asservis à jamais comme les peuples de l'Égypte et de la Syrie. De même, pour assurer leur domination absolue, ils imposèrent l'islam et massacrèrent en nombres les Zoroastriens.
Toutefois, l'islamisation de la Perse fut lente et jamais tout à fait complète : des Mazdéens subsistèrent un peu partout en Médie, près de Téhéran, dans le nord et dans les montagne des Guèbres.
Cette œuvre d'oppression se poursuivit longtemps à travers les sectes de musulmans intégristes, jusqu'à l'époque de l'empereur (le Shah) Réza Pahlavi, qui mit fin à l'oppression contre les Zoroastriens et les adeptes des minorités religieuses en Iran. La majorité des iraniens, de gré ou de force, se convertirent donc graduellement à l'islam, mais il subsiste encore aujourd'hui une communauté. zoroastrienne en Iran (environ 40 000 fidèles) et qui se considère comme la gardienne de la tradition trois fois millénaire de Zarathoustra. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'environ 200 000 zoroastriens dans le monde, essentiellement en Inde (les Pârsî), en Iran et dans les diasporas en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne. Le zoroastrisme reste, cependant, un des rameaux importants de la grande religion indo-européenne.

636 : Saint-Amand (584 - 679), évêque de Worms, constate que, dans son diocèse, les temples païens sont toujours fréquents, et obtient du roi Dagobert Ier (626 - 639) une ordonnance rendant le baptême des enfants obligatoire.

640 : Saint Omer, évêque de Thérouanne mort en 670, trouve des temples païens intacts lors de son arrivée dans le diocèse.

641 : Un sermon de saint-Eloi (588 - 669), évêque de Noyon et Tournai en 641, est fort intéressant, car il récapitule, en les stigmatisant, les pratiques païennes en usage de son temps (milieu du VIIe siècle) ; nous le résumerons brièvement car il est fait allusion à certains rites connus des traditions britannique et gaélique : interdiction d'observer les augures et les éternuements, d'écouter le chant des oiseaux, de célébrer le jour de l'An, de prolonger les festins pendant la nuit et d'y boire avec excès ; interdiction de faire passer les troupeaux par un arbre creux ou un fossé creusé dans la terre (1er Mai), de chômer, d'y danser et d'y chanter ; interdiction d'appeler "Seigneur" c'est-à-dire dieux, le Soleil et la Lune et de jurer par ces luminaires ; d'allumer des flambeaux dans les carrefours et d'y faire des vœux, de visiter les pierres, les sources et les arbres consacrés aux dieux ; interdiction de suspendre des amulettes au cou des hommes et des animaux, de l'ambre au cou des femmes ; interdiction aux femmes d'invoquer Minerve (la Belisama des Gaulois) avant de travailler la toile ; interdiction de pousser des clameurs lorsque la lune s'obscurcit, et d'éviter d'entreprendre un travail à la nouvelle lune, ainsi que de se livrer aux danses tournantes et sautantes, à des caroles ou à des chants diaboliques.

650 : Le Concile de Chalon en 650 réitère l'interdiction des chœurs de femmes dans l'église.

658 : Le deuxième Concile de Nantes ordonne de creuser des fosses profondes afin d'y enfouir les pierres païennes de sorte que leurs adorateurs ne puissent les retrouver.

698 : Le Concile de Rouen en 698 dénonce ceux qui font des vœux devant les pierres en leur offrant des cierges.

700 : Irlande : un pénitentiel du VIIIe siècle sanctionne de pénitences sévères le "péché de druidisme", druidechta dans le texte.

704 : d'après Adamnan, abbé d'Iona, il y avait encore des druides dans l'île quand il y arriva.

711 : TARIQ, un roi arabe musulman débarque par le détroit de Gibraltar et arrive à la tête de 9000 hommes.
Le traitement que les musulmans réservaient, en terre conquise, aux païens était encore pire que celui des chrétiens, c’était soit la mort ou l’esclavage.
En Espagne, l’armée musulmane aurait razzié 30.000 vierges rien que parmi la noblesse wisigothique. Cette main-d’œuvre gratuite fit l’objet d’un commerce dans tout l’empire. Et le commerce des esclaves, devenu très vite une activité des plus lucratives, fut élevé au rang d’une institution dans tous les pays musulmans.

712 : conquête de Sind en Inde par Muhammad B. Qasim, massacres au port de Debal (embouchure de l'Indus) pendant trois jours, entre 6000 et 16000 personnes tuées à Brahminabad.

742 : Un capitulaire de Carloman en 742 renouvelle l'interdiction des pratiques païennes, et Charlemagne, à son tour, vultupérera contre les "insensés" qui allument des flambeaux et pratiquent toutes sortes de superstitions auprès des arbres et des fontaines, dans un capitulaire promulgué le 23 mars 789.

769 : un autre capitulaire daté d'Aix-la-Chapelle, ordonne : "Que celui qui, suffisamment averti, ne fera disparaître de son champ les simulacres qui y sont dressées, soit traité comme sacrilège et déclaré anathème".
Et pourtant, les archéologues retrouveront des liards de Louis XIII près des mégalithes et les folkloristes du XIXe et du début du XXe siècle observeront des coutumes attestées, et condamnées, douze siècles plus tôt.

792 : La dîme, qui était à l'origine une participation facultative des fidèles aux frais du culte, devient obligatoire par les capitulaires de 779 et de 792. L'église romaine, associée au pouvoir politique depuis 314, dans l'empire romain, va ainsi devenir une puissance économique considérable.

787 : L'imagerie traditionnelle des maçons architectes jugée trop païenne est soumise au pouvoir des évêques lors du second concile de Nicée.

804 : L'empereur chrétien Charlemagne convertit nombre de Saxons, en leur proposant le choix suivant : Se convertir au catholicisme ou avoir la tête coupée. Plusieurs dizaines de milliers de têtes tombent, avec la bénédiction de l'Église.

860 : Les annales d’Irlande mentionnent l’existence du druide Hona de Luimnech. La population de Munster lui reprochait ses prêches et ses dévotions en faveur des dieux païens. Hona et son compagnon, Tomrir Torra, seront lapidés sur les remparts de Port Làirge et massacrés à coups de pierres.

Vers 865 : rédaction du martyrologe d'Usuard, qui recueille le nom des saints, notamment des évêques de la Gaule qui ont combattu le paganisme.

Conversion de la Bulgarie à partir de 864 : Désirant pour des raisons diverses se convertir au Christianisme, Boris s'enquiert dans ce but auprès de Louis le Germanique en 863. Toutefois la Bulgarie est envahie la même année par l'Empire Byzantin pendant une période de famine et de catastrophes naturelles. Pris par surprise, Boris est forcé de parlementer et accepte de se convertir au christianisme selon le rite oriental, obtenant en contrepartie la paix et des concessions territoriales en Thrace. Au début de l'année 864 Boris est baptisé par une délégation de prêtres byzantins en secret à Pliska avec sa famille et quelques nobles bulgares. Boris prend Michel comme nom de baptême en l’honneur de son parrain l'empereur Michel III. Sa conversion provoque le soulèvement de ses sujets, dont plusieurs notables. En 865, avec l'exécution de 52 boyards et de leurs familles, la révolte est réprimée dans le sang. En 886, Saint Cyrille et Saint Méthode sont expulsés de Grande-Moravie et se réfugient auprès de Boris à Pliska. Leurs disciples sont alors accueillis à Belgrade par le gouverneur de Boris. En 889, abdication de Boris fait moine. En 893, son fils Vladimir lui succède et tente de restaurer le culte païen. Boris limoge Vladimir, lui crève les yeux, et reprend le pouvoir. Il intronise son troisième fils, Siméon Ier, en le menaçant du même sort si trouvé coupable d’apostasie. Boris retrouve son monastère, duquel il n’est ressorti que pour guerroyer les Magyars. Il y meurt cloitré en 907.

Xe siècle : Sous le règne du roi suprême d'Irlande Domnall hUa Néil (mort en 978), il y avait dans l'Ile des druides qui s'adonnaient toujours aux pratiques païennes de divination.

Vers 930 : Le roi gallois Howel le Bon (916 - 950), qui avait des bardes à sa cour, définit les privilèges des bardes dont le chef était nommé pencerdd, "chef barde".

988 – 989 : Le christianisme s’introduit à Kiev en Russie sous le règne du prince varègue Igor (924 – 945) avec une église consacrée à saint Élie. En 955, la femme d’Igor (Ingvar en scandinave) se convertie. Sous Vladimir, malgré la pression de l’Islam et la présence insistante du Judaïsme, les bonnes relations entretenues avec l'empire byzantin (Vladimir a épousé Anna dite Porphyrogénète, sœur des empereurs byzantins) vont le faire fléchir en faveur de Constantinople. Le fait que de nombreux autres peuples d'Europe Centrale (comme la Hongrie et la Bulgarie) se soient convertis à la même époque au christianisme, est à l'origine du choix de Vladimir et de sa conversion au christianisme par l'intermédiaire de Byzance (et non de Rome, ce qui va avoir une importance non négligeable à partir du schisme de 1054 qui sépare catholiques latins et orthodoxes orientaux). Un beau jour, Vladimir ordonne à tous les habitants de Kiev de se réunir sur les berges du Dniepr afin de recevoir le baptême par des prêtres orthodoxes byzantins. Par contre, cette conversion qui s'est faite sans révolte apparente n’a pas complètement éradiqué l’ancienne religion. Le paganisme slave est resté très vivant (dans la région de Novgorod notamment) et le folklore russe en est toujours marqué.





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