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I - AFFAIRE PLANTIN : CE QUI N’A PAS ÉTÉ DIT

Nous reproduisons en annexe le liminaire (de Pierre Guillaume) du numéro 1 des A.H.R. [Annales d’histoire Révisionniste] (printemps 1987, pp. 5-14) qui donne une définition, assez correcte dans l’ensemble, de ce qu’est, en principe, le révisionnisme. " Jean Plantin, mémoire de Maîtrise, note n° 1, Université Lyon III, 1990. 

" On sait aujourd’hui, par le témoignage d’anciens camarades, que l’étudiant en licence d’histoire de Lyon III Jean Plantin, discret et travailleur, professait déjà des convictions révisionnistes affirmées et argumentées. (...) Son prosélytisme se limitait à des conversations privées. " Rapport Comte, p. 42.
 
 

1- AVANT SON ENTRÉE À L’UNIVERSITÉ, PLANTIN AVAIT DÉJÀ UN ENGAGEMENT NÉGATIONNISTE PUBLIC.

Lorsqu’il soutient à Lyon III une maîtrise sur Rassinier, en 1990, et lorsqu’il obtient à Lyon 2 un D.E.A. sur Les épidémies de typhus exanthématique dans les camps de concentration nazis (1933-1945), Jean Plantin est un militant confirmé des milieux négationnistes et néo-nazis depuis plusieurs années. Son nom figure, avec Robert Faurisson, Serge Thion, Pierre Guillaume et Alain Guionnet dans le n° 1 des " Annales d’Histoire Révisionniste ", revue de provocation raciste lancée à l’occasion du procès Barbie, en avril 1987. Plantin est le traducteur de la pièce maîtresse de ce numéro : le texte " Le Mythe de l’extermination des Juifs " de Carlo Mattogno. Ce néo-nazi italien est édité en même temps qu’Adolf Hitler, Joseph Goebbels ou Léon Degrelle, par de très petites maisons extrémistes : Edizioni di Ar de la cellule " noire " de Padoue et La Sfinge à Parme, dirigées respectivement par Franco Freda et Claudio Mutti, deux acteurs de la " stratégie de tension " des années soixante. Dans ce n° 1 des Annales d’Histoire Révisionniste, est indiquée la bibliographie de Carlo Mattogno. À la page 108, il est spécifié : " La traduction française publiée ci-contre a été effectuée sur une version revue, corrigée et augmentée par l’auteur. Traducteur Jean Plantin. "

En annexe de son mémoire de maîtrise, Plantin fait figurer le " liminaire " de Pierre Guillaume de ce même n° 1 des Annales d’Histoire Révisionniste : il ne se cache pas. Or si une tentative de propagande négationniste n’est pas passée inaperçue, c’est bien la publication de cette revue, dans le contexte du procès Barbie. Le contexte est grave : des tracts antisémites sont diffusés à Lyon (notamment par Alain Guionnet, l’un des fondateurs de La Guerre Sociale, qui édite ensuite Revision), des libelles inspirés par La Vieille Taupe sont envoyés aux avocats des parties civiles et aux habitants d’Izieu, des militants de La Guerre Sociale piègent Libération par de faux courriers des lecteurs (en fait des extraits recopiés de leur revue) (voir sur ces événements Le Monde des 29 et 30 avril, 25 mai, Libération des 29, 30 avril et 28, 29 mai 1987). Dans un tel moment, la sortie publicitaire, avec une diffusion assurée dans les kiosques par les NMPP, du n° 1 de la première revue négationniste est abondamment commentée par la presse. Le MRAP, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France en demandent l’interdiction. L’ordonnance de référé décidant la suspension indique que " par la distribution et l’exposition de l’ouvrage dans tous les lieux desservis par les NMPP, il a imposé au public, tout particulièrement aux familles de toutes les victimes du nazisme, ainsi qu’à tous ceux qui estiment se reconnaître dans une origine juive, l’affirmation de l’irréalité d’un martyre " (Le Monde, 27 mai 1987).

Dès lors, la tentative de faire de Plantin, dans les années 1990-1991, où il se faisait légitimer par des diplômes d’Histoire, un étudiant dont le prosélytisme se limitait à des " conversations privées ", ne peut apparaître que comme une façon d’exonérer les professeurs qui ont commis des fautes graves. 

2- LE MÉMOIRE DE MAÎTRISE (MENTION TRÈS BIEN) EST NÉGATIONNISTE. SES RÉFÉRENCES NÉONAZIES SONT TRANSPARENTES.

Le mémoire de Jean Plantin est soutenu dans le contexte des affaires Notin et Pennaod, de la profanation du cimetière juif de Carpentras et de la discussion par l’Assemblée Nationale de la loi Gayssot, le 30 juin. Symbole : la soutenance du mémoire de Plantin a lieu le jour précis de l’adoption de cette loi réprimant les menées négationnistes. Tous les thèmes classiques de la littérature négationniste sont développés clairement dans la maîtrise de Plantin.

On peut y lire : 

" La plupart des Juifs polonais et baltes ont fui devant l’avance allemande. Environ 300 000 juifs allemands sont partis d’Allemagne avant 1939 et ont réussi, dans leur majorité, à échapper à la police du IIIème Reich. Ceux qui se sont réfugiés en Hongrie ont pu s’enfuir via Constanza ou Constantinople. Il est intéressant d’étudier la population d’après-guerre de certains pays comme Israël, les États-Unis et quelques pays du continent sud-américain. Aux États-Unis par exemple, il n’y aurait pas 5,5 millions de Juifs mais plus de 8 000 000 voire peut-être 10 000 000. La difficulté de préciser ces données démographiques est accrue du fait que les organisations sionistes internationales s’opposent à tout recensement de la population juive aux États-Unis. Au total, le nombre de Juifs morts pendant la guerre se situe entre 1 million et 1,5 million au maximum " (p. 76). Ce n’est rien d’autre qu’une resucée de la propagande initiée par le fasciste britannique Richard Harwood du National Front : " Six millions de morts le sont-ils réellement ? La réponse à cette question est naturellement "non, vous les trouverez à Jew York" (sic) ". L’historien François Delpech dénonçait déjà ces monsturosités à l’époque du scandale Faurisson (voir Affaire Faurisson).

Cette propagande se poursuit au chapitre 4 de la maîtrise de Plantin, intitulé : " Le véritable sens de la Solution finale de la question juive " : " D’étrangers, les Juifs devinrent des ennemis en septembre 1939. En effet, Hitler prit prétexte d’une série de "déclarations de guerre" de la part d’organisations juives à travers le monde pour interner un certain nombre de Juifs allemands en camps de concentration. C’est "une mesure qui est la règle dans tous les pays du monde en état de guerre..." fait remarquer Rassinier. La déportation des Juifs vers l’Est avait commencé le 15 octobre 1941. La Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 avait pour but d’organiser la concentration des juifs dans les territoires de l’Est. Cette conférence décida le refoulement (die Zurückdrängung) de l’espace vital allemand de tous les juifs qui seraient acheminés vers l’Est où ils seraient mis au travail et attendraient la fin de la guerre qui déciderait de leur sort. L’Est européen dont il s’agit est la région d’Auschwitz " (p. 78).

Les notes et références révèlent l’insertion profonde de Plantin au sein du milieu néo-nazi : il fait état de sa correspondance avec les plus importants propagandistes du négationnisme : Wilhelm Stäglich, auteur allemand du " Mythe d’Auschwitz " publié en français par La Vieille Taupe, Raymond Beaulaton, vieux compagnon idéologique de Rassinier, et même Maurice Bardèche et Faurisson en personne. Bien avant l’existence d’Internet, il a accès aux bulletins les plus confidentiels : la revue flamande V.H.O.-Nieuwsbrief, les publications autrichiennes Sieg et Halt, le Journal of Historical Review des U.S.A., Revision de Guionnet.

Il n’y a donc aucun doute sur le caractère de ce mémoire. Il obtient pourtant la mention " Très Bien ".
 
 

3- LE MÉMOIRE DE PLANTIN N’EST PAS UNIQUE ET RÉGIS LADOUS, SON DIRECTEUR, FAISAIT ÉQUIPE AVEC L’EXTRÉMISTE BERNARD LUGAN.

Le registre des mémoires de maîtrise d’histoire moderne et contemporaine soutenus à l’université Lyon III à cette époque recèle des surprises : en pleine affaire Notin, le professeur Ladous, dont la réputation est défendue par le Rapport Comte, travaille main dans la main avec l’extrémiste Lugan, fervent soutien de Notin (voir Affaire Lugan, Affaire Notin et Affaire Bdioui) pour des mémoires tels que L’émergence d’un courant traditionaliste dans l’Église catholique (19 février 1990), Les zulus vus par les Français au XIXème siècle (25 septembre 1990), Destin d’Afrique : Henri Monz (1911-1973),Léon Daudet et l’antisémitisme (27 septembre 1990), Léon Delbecque (27 septembre 1990). Régis Ladous est également le directeur du mémoire Le Thème de la race dans L’Émancipation Nationale de Pascal Garnier. Si l’on ignore qui se trouvait au jury avec le professeur Ladous, on sait par contre, pour l’avoir lu, que le mémoire est de contenu raciste. On sait également que Pascal Garnier vient de l’IEP de Lyon 2, où il était connu pour ses engagements d’extrême droite. Dans un " droit de réponse " envoyé à L’Humanité, il rejette sur le professeur Ladous la responsabilité du mémoire sulfureux. Il affirme par ailleurs que le mémoire sur Léon Daudet et l’antisémitisme est... pire que le sien. À voir.
 
 

4- LE SUJET DU D.E.A. EST TYPIQUEMENT FAURISSONIEN.

L’année qui suit sa maîtrise, Plantin s’inscrit en D.E.A (première année de Thèse) sous la direction du professeur Yves Lequin, directeur du Centre Pierre-Léon (voir Affaire Robert). Le sujet de son mémoire : " Les Épidémies de typhus exanthématique dans les camps de concentration nazis, 1933-1945 " est un thème directement inspiré de l’argumentaire négationniste. En effet le grand leitmotiv des négateurs de la Shoah est que les morts des camps ont été emportés par les maladies et que le pouvoir hitlérien n’a pas procédé à un génocide pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est le thème favori de Faurisson. Les tracts diffusés à Lyon au moment du procès Barbie n’expliquaient rien d’autre : " Le drame principal des camps, c’était les épidémies, surtout le typhus (voir les charniers à la libération). C’est pour lutter contre elles que les Allemands utilisaient des petites chambres à gaz pour désinfecter les vêtements et puis des crématoires pour incinérer les cadavres. Au bagne d’Auschwitz, on n’a gazé que des poux. " (Tract Info-intox... Histoire-Intox... Ça suffit ! Chambres à gaz = bidon !)

Depuis que l’affaire Plantin a été révélée dans la presse, il est cependant impossible de consulter le mémoire de D.E.A. Le directeur Yves Lequin, affirme que celui-ci " n’était pas négationniste ", mais cela n’est pas vérifiable car il l’a détruit ! L’Université Lyon 2 ne peut laisser subsister un tel doute sur une question aussi grave : le mémoire de D.E.A. qui a donné à un négationniste une légitimité universitaire doit être produit, fût-ce en le réclamant à Plantin : l’université a le pouvoir de le faire.
 
 

5- LYON III ET LYON 2 ONT DIPLÔMÉ PLANTIN DE FAÇON IRRÉGULIÈRE.

Dans le numéro 5 de sa revue Akribeia, d’octobre 1999, Plantin confirme ce que la presse a révélé : le caractère irrégulier de ses diplômes. Sa maîtrise présente une particularité autre que son contenu éloquent : elle a été " révisée " après soutenance. En effet, la conclusion a été réécrite, à la demande du directeur de mémoire, pour supprimer une profession de foi négationniste jugée trop voyante. " Plantin confirme : " Ce n’est pas avant, mais après la soutenance que le professeur Ladous a demandé à Jean Plantin de modifier sa conclusion et cela pour des raisons qui n’ont jamais été clairement précisées à ce dernier " (p. 22).

Le 21 avril 1999, le journal L’Humanité révèle que le diplôme de D.E.A de Plantin a été signé d’un " membre du jury " absent de la soutenance et qui n’a pas lu le mémoire : le professeur Gilbert Garrier, aujourd’hui retraité. Cela constitue une irrégularité majeure : Plantin n’a pas obtenu son D.E.A. dans les règles. Yves Lequin, le directeur, avance qu’il a attribué au mémoire la note de " 11 sur 20 " ce qui dans un langage " implicite " propre au milieu signifierait un " barrage " pour aller plus loin. Cette version est contredite par l’enquête de L’Humanité

Pour sa défense, Plantin affirme qu’il n’est pas seul dans son cas et que " cette année-là, les étudiants de D.E.A. d’Histoire de Lyon 2 ne passèrent aucun examen ni écrit ni oral, les notes étant probablement attribuées à la tête du client " (p. 17). Cette accusation est extrêmement grave : l’Université délivrerait des diplômes sans examen ! C’est le soupçon le plus inquiétant qui puisse peser sur l’institution. Si cela est faux, comme nous devons l’espérer, l’Université Lyon 2 et le professeur Lequin ne peuvent que porter plainte en diffamation contre Plantin (ils ont jusqu’au 31 décembre pour cela). 
 
 

6- LE PRÉSIDENT DE LYON 2 N’APPLIQUE PAS LES DÉCISIONS DE SON CONSEIL D’ADMINISTRATION.

Le 22 mai 1999, le Conseil d’Administration de l’Université Lyon 2, à l’initiative de l’UNEF-ID, a voté 1) la convocation d’une section disciplinaire pour les professeurs Lequin et Garrier ; 2) la demande d’annulation du D.E.A. irrégulier ; 3) la mise en place d’une commission, non restreinte à Lyon 2, pour examiner les affaires négationnistes. Ces votes, qui n’ont suscité aucune opposition, sont restés lettre morte. Quant à Lyon III, c’est le silence. L’annulation des diplômes de Plantin est pourtant une nécessité : on est là dans un cas d’irrégularité similaire à la " thèse Roques " (voir Affaire du jury Roques). C’est aussi une exigence de justice pour les étudiants honnêtes.

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