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V I- AFFAIRE NOTIN : CE N’ÉTAIT PAS UN " ÉLECTRON LIBRE "

" Certaines associations issues de la guerre de 1939 éructent contre le racisme à chaque conflit entre Européens et non Européens. " Bernard Notin, Économies et Sociétés, " La France vassale ", n° 8/1989, p. 121.

" À l’intérieur même de Lyon III, il donne le sentiment de ne pas être vraiment intégré (ce qui accréditerait la thèse de l’"électron libre" parfois avancée à son sujet). " Rapport Comte, p. 25.

1-    UN ARTICLE NÉGATIONNISTE ET RACISTE DANS UNE REVUE SUBVENTIONNÉE PAR LE CNRS.

De l’article de Notin publié dans la revue Économies et Sociétés, il n’est souvent retenu que le passage niant l’existence des chambres à gaz qui renvoie en note au livre de Serge Thion, négationniste de La Vieille Taupe et chercheur au CNRS : " Le discours repose sur des propriétés affirmées ex-nihilo. Le réel passe alors en jugement devant l’irréel. Le thème, historique, des chambres à gaz homicides, est très révélateur de ce procès. Les preuves proposées pour en démontrer l’existence évoluent au gré des circonstances et des époques mais s’extraient d’une boîte à malice comprenant trois tiroirs. Tout en bas : la visite de locaux (peu crédible). Au milieu : l’affirmation des vainqueurs (elles ont existé). En haut : les on-dit (histoire de l’homme qui a vu l’homme qui...) Au total on en postule l’existence, et qu’importe la réalité de cette réalité. " 

Mais le reste de l’article est totalement raciste et antisémite : charge grossière contre les immigrés, Harlem Désir, les Noirs, Elie Wiesel, le capital anglo-saxon décadent, les homosexuels, les francs-maçons et les Juifs qui apparaissent comme élément central : " Dans de nombreuses entreprises multinationales (audio-visuel inclus) la franc-maçonnerie est solidement implantée. (...) Le "mitage" des organisations médiatiques par le réseau tribal acquiert un poids nouveau. (...) Le champ idéologique labouré se rattache clairement à la version américaine des droits de l'homme. (...) La colonisation de peuplement que d’aucuns cherchent à imposer (...) En promouvant par l’image un Français d’Outre-mer coloré, géré par une coterie judaïque. (...) Les platitudes ahanées par le Nobel’s band en villégiature à Paris à l’initiative de l’entourage juif du président. " Le Monde révèle le scandale dans son édition du 28-29 janvier 1990.
 
 

2-   L’ARTICLE DE NOTIN N’EST PAS UN DÉRAPAGE.

Contrairement à ce qui est affirmé, Notin n’est pas isolé. C’est un militant chevronné de l’extrême droite la plus radicale. Élément du " milieu Lyon III " il participe aux activités et aux publications du GRECE. En 1988, il anime le séminaire de la fédération Rhône-Alpes des Cercles Éléments. Membre du comité de rédaction de Nouvelle École, il contribue régulièrement avec Haudry, Vial , Marlaud, à Études et Recherches pour la culture européenne. En 1989, il est présent au colloque anti-bicentenaire " Révolution et contre-révolution " avec Jean Haudry, Jean-Paul Allard (voir Affaire du jury Roques), Jacques Marlaud et Pierre Vial. Il est également membre du Conseil Scientifique du Front National. Il a constitué sa propre association, " Aurore ", dont le programme est " bousculer les vieilles idoles du temple des idées reçues en se faisant forte d’une témérité intellectuelle à toute épreuve ". Viennent y donner des conférences Goulven Pennaod (voir Affaire Pennaod) et le gourou de la " Nouvelle Droite " Alain de Benoist. Ce " dîner-débat ", le 28 mai 1990, en pleine affaire Notin, est patronné par la Librairie de France, librairie fasciste de Lyon, qui compte parmi ses parrains Pierre Vial et Bruno Gollnisch.

Pleinement inséré dans les réseaux de l’extrême droite, Notin ne dédaigne pas, comme le montre son article, les références à La Vieille Taupe, le centre faurissonien, ou à L’Homme Libre, bulletin antisémite de Saint-Étienne dont il est un souscripteur avec Jacques Marlaud, l’ancien S.S. Robert Dun ou un certain Pascal Garnier, qui a soutenu un mémoire raciste avec le professeur Ladous (voir Affaire Plantin) .

3-   NOTIN CONTINUE DE PUBLIER CHEZ LES NÉONAZIS DE FRANCE, DE BELGIQUE, D’ITALIE.

Les remous provoqués par l’article d’Économies et Sociétés n’ont pas mis un terme aux activités de Bernard Notin. Au contraire. Il n’hésite pas à collaborer à la revue ouvertement néonazie Nationalisme et République placée sous le signe de Jacques Doriot et de Céline, dont la couverture désigne l’" Anti-France " : un serpent en forme de dollar posé sur une étoile de David et les trois points de la franc-maçonnerie. À cette revue participent également : Jacques Marlaud, Pierre Guillaume, chef de La Vieille Taupe, Roger Garaudy, et Jean Brière, Lyonnais exclu des Verts pour antisémitisme.

À l’étranger, Bernard Notin se distingue en Belgique dans la publication extrémiste Europe Nouvelles, et publie, en 1993, une brochure dans la collection " Héritage Européen ", la suivante a pour auteur l’ancien S.S. Robert Dun. La brochure de Notin est traduite en Italie par les éditions néofascistes Barbarossa dont le catalogue est éloquent. Voici ce qu’en dit un magazine belge de même tendance : " Traduction italienne du célèbre pamphlet de Bernard Notin, ostracisé dans l’Hexagone, persécuté par une meute de chacals hurlants. La version française de ce texte est épuisée " (Vouloir, n° 8, automne 1996).
 
 

4-   DES SOLIDARITÉS JAMAIS DÉMENTIES.

Sur l’origine de l’affaire, tout n’a pas été dit. Les conditions dans lesquelles l’article raciste et négationniste de Notin a pu être publié dans Économies et Sociétés, revue scientifique, n’ont jamais été vraiment élucidées. Le discours officiel assure que la version publiée de l’article aurait été introduite à l’insu du comité de rédaction... Pour le directeur général du CNRS à l’époque : " L’incident révèle des défauts de rigueur dans le contrôle des manuscrits. " Mais la suite montre que le problème est plus profond. En octobre 1994, dans Jeudi Lyon, le président de Lyon III ose affirmer à propos de ce qu’il qualifie encore d’" incident " : " Cette affaire a été montée de toutes pièces. " Par qui  donc ? est-on tenté de demander... 

En fait, Lyon III résiste... à la résistance. Dès mai 1990, Jacques Marlaud donne le la dans une interview à Lyon-Figaro : " Sans préjuger de toute cette affaire de révisionnisme, quoi qu’on en pense, normalement on n’attaque pas ses collègues. C’est un principe de solidarité entre enseignants. Si on le fait, c’est grave. " Ce qui est grave, ce n’est pas ce qu’a écrit Notin, c’est attaquer Notin ! Lyon Figaro : " Que pensez-vous de la position prise par Michel Noir ? " J. Marlaud : " Je pense que c’est un attentat à la liberté d’expression. " On comprend mieux ensuite. Question : " Et vous, quelle est votre opinion sur le révisionnisme ? " Réponse : " Si je vous en parle, maintenant, cela va faire le même scandale qu’avec l’affaire Notin. Je n’ai pas le droit d’émettre d’avis public à ce sujet. " (...) " Malheureusement, Pierre Vialle, le président de l’Université ne s’est pas montré à la hauteur. Il a cédé aux pressions du Ministère. " (Lyon Figaro, 28 mai 1990). De son côté, Bernard Lugan fait circuler un Manifeste pour les libertés universitaires (voir Affaire Lugan). Devant le conseil de discipline finalement convoqué, Notin, assisté de Maître Gilbert Collard, obtient le concours d’universitaires : Christiane Pigacé, de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence et, surtout Julien Freund, ancien doyen de l’Université des Sciences sociales de Strasbourg. Il n’est pas précisé que tous les deux sont engagés à l’extrême droite. En 1991-1992 on retrouve leur nom avec celui de Notin dans Nationalisme et République.

Obtenir des sanctions contre Notin n’a pas été une mince affaire. Jusqu’au bout Lyon III traîne des pieds. Le pamphlet des éditions du GRECE La Nouvelle inquisition, ses acteurs, ses méthodes, ses victimes - Essai sur le terrorisme intellectuel et la police de la pensée consacre un chapitre à l’affaire Notin : " En juillet 1992, le Conseil d’Administration de Lyon III lui propose un "enseignement semestriel" à option au sein de l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE). Ce projet de réintégration, quoique modeste, soulève aussitôt de nouvelles polémiques. Les dénonciations et les menaces reprennent. L’UNEF-ID demande au Ministère de l’Éducation Nationale que Notin soit "définitivement interdit". L’UEJF ajoute qu’elle s’opposera "par tous les moyens" à ses cours. " C’est sous la pression des manifestants que l’IAE renonce à confier un cours à Notin. 

Mais ses amis ne l’abandonnent pas. La Nouvelle Droite, Faurisson et La Vieille Taupe montent au créneau, chacun dans son registre. Notin est soutenu (en même temps que François Robert) par l’avocat négationniste Éric Delcroix dans son livret La Police de la pensée contre le révisionnisme, 1994, aux éditions " R.H.R. " (Revue d’Histoire Révisionniste) au chapitre " La chasse aux révisionnistes s’aggrave dans les universités ". Notin est défendu par Faurisson. Des tracts du chef de file du négationnisme sont envoyés aux enseignants de l’université Lyon III à leur domicile personnel (il a donc le fichier) dans lequel il assène : " Affaire Notin : les organisations juives font la loi. " L’Université a-t-elle porté plainte ?

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