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Séries TV


Mission Impossible par Cat Ilina  


Zone Culte  

Bonjour Monsieur Phelps.....
Ces trois mots sont gravés dans la mémoire de millions de fans à travers le monde. Et pourtant, la série qu'ils évoquent a bien failli ne jamais exister... C'est au milieu des années soixante que "Mission Impossible" est née. La série doit son existence à la rencontre entre la petite société de productions "Desilu" et un scénariste de talent : Bruce Geller.

Desilu fut fondée en 1951 par Desi Arnaz et Lucille Ball (Desi-Lu) pour produire leur show, "I love Lucille". En 1965, Lucille Ball cherche à mettre en chantier une nouvelle série. Le script de Bruce Geller - le pilote d'une série d'espionnage - attire son attention. Au moment où l'ami James Bond combat les organisations criminelles au service secret de sa Majesté, Geller propose de mettre en scène les missions périlleuses d'une équipe de cinq agents aux talents aussi égaux que complémentaires. L'I.M.F. est née..

Si l'un de vos agents...
En 1966, les agents gouvernementaux ont pour noms : Dan Briggs, Willy Armitage, Barney Collier, Rollin Hand et Cinnamon Carter. Cinq agents, presque cinq archétypes de héros...

Il y a d'abord le "Boss", le chef de l'équipe. Il choisira les agents chargés de l'aider à accomplir la mission. Il s'appelle Dan Briggs. C'est Steven Hill qui hérite de ce rôle, grâce à son physique d'acteur cérébral" Il ne restera qu'une seule saison au sein de l'équipe.
La raison de son départ est que Hill, juif orthodoxe, refuse de travailler le vendredi.... Pas évident quand la production exige qu'on bosse six jours sur sept. Son remplaçant est le séduisant Peter Graves (Jim Phelps), qui, lui, restera fidèle à la série jusqu'au bout.

Vient ensuite l'homme fort" de l'équipe, celui qui est tout désigné pour accomplir tout travail physique. Pour incarner Willy Armitage, taiseux et tout en muscles, Bruce engage un athlète, maintes fois champion d'haltérophilie, Peter Lupus.

Le rôle de Barney Collier, un brillant ingénieur, passé maître ès gadgets en tous genres, est dévolu à Greg Morris. Si Bruce Geller déclarera toujours que seul le talent de l'acteur a guidé son choix, le fait d'avoir engagé (à l'époque ! ) un acteur noir lui vaudra un Image Award de l'Association pour l'Avancement du Peuple Noir. Il est vrai que Greg Morris fut l'un des premier acteurs "de couleur" à recevoir un rôle important dans une production télé.

"L'homme aux cent mille visages", le roi du déguisement, Rollin Hand, fut créé par Geller pour son ami Martin Landau. Bruce Geller avait suivi les cours de comédie que donnait Landau, histoire d'améliorer ses capacités de scénariste. Il fut fasciné par la capacité de Martin à endosser n'importe quel rôle. Rollin Hand devait s'appeler au départ Martin Land. Mais Landau n'était pas emballé par l'idée que son personnage ait le même nom que lui et exigea que le patronyme du héros-caméléon soit changé.

Cinnamon Carter est la seule femme de l'équipe. Mais quelle femme ! Belle, intelligente, sûre d'elle, elle allie tous les talents et surtout celui, audacieux pour l'époque, de collaborer avec des hommes brillants. Bruce Geller fut séduit par le style et la classe de Babara Bain, épouse de Martin Landau.

Barbara fut séduite à l'idée d'incarner autre chose qu'une "faible femme", comme on en voyait à l'époque. Pour une fois, une jolie jeune femme n'est pas cantonnée dans le rôle du repos du guerrier ou de l'éternelle victime. Cinnamon est la preuve par neuf que les femmes sont capables d'accomplir n'importe quelle tâche pour autant que ces messieurs leur fassent confiance.

L'équipe de Jim est au complet. Elle mènera à bien près de soixante missions au cours de trois saisons.

A "l'Impossible", nul n'est tenu.
En 1969, à la fin de la troisième saison, Martin Landau quitte le navire. Il se tourne alors vers le cinéma. Sa femme, Barbara Bain, le suit. Leur départ est tout de même synonyme d'un malaise qui plane autour de la série (et de son financement...) Toujours est-il que si certains membres de l'équipe de production sont heureux de se débarrasser des Landau (exigeants au point du vue pécuniaire), il faut les remplacer !

Pour prendre la place de Rollin, l'équipe de production se tourne vers Leonard Nimoy, qui, dans un studio voisin, incarne le Vulcain de Star Trek. Cette dernière série touche à sa fin et Nimoy échange avec joie ses oreilles pointues contre les messages fumeux d'I. M. F.

Ironie du sort quand on pense que Roddenberry proposa le rôle de Spock à Landau qui le refusa pour tenir celui de Rollin ! Nimoy participera aux quatrième et cinquième saisons, prouvant ainsi qu'il est capable d'incarner autre chose qu'un extraterrestre sans émotion.

Remplacer Barbara Bain est une autre paire de manche et un semi-échec... Pas moins de quatre actrices (dont Linda Day George et Lesley Ann Warren) lui succèdent avec plus ou moins de bonheur. Aucune n'aura la grande classe et le style de Cinnamon... et aucune n'effacera totalement le souvenir de cette dernière chez les téléspectateurs.

Nimoy quitte l'équipe pour la sixième saison. C'est Doug Robert qui est chargé de le remplacer durant les deux dernières saisons que "Mission" dure encore... La magie n'y est plus et la série, qui accumule les problèmes au niveau de la production, s'essouffle. Un changement d'horaire a finalement raison d'elle. En 1973, la série est arrêtée. "Interrompue" serait le mot juste.

Résurrection
Dans les années 80, une vague de nostalgie déferle sur les productions télé. On cherche à remettre sur pieds les succès d'il y a vingt ans. "Mission : impossible" est de ceux-là.

La recette est simple : on prend la même recette et on l'assaisonne de façon nouvelle. En clair, le concept ne change pas. Seuls varient les moyens, les décors et les acteurs.

Jim Phelps reprend du service et chaperonne une nouvelle équipe comprenant notamment le fils de Barney, Grant Collier (incarné, of course, par le fils de Greg Morris, Phil !) et la séduisante Jane Badler, connue pour le rôle de Diana dans la série "V" de Ken Johnson.

Si cette nouvelle mouture est excellente, elle souffre de la comparaison avec sa grande soeur. Il est vrai que "quelque chose" s'est perdu dans l'intervalle. Est-ce la présence du moulage assisté par ordinateur qui remplace la dextérité de Paris ou Rollin dans la fabrication de leurs masques? Le message sur microfilm est-il moins prenant que sur bande magnétique? La disparition des Soviétiques au profit des trafiquants de drogue est-elle néfaste aux scripts ? En tout cas, le nouveau a moins de saveur.

Le secret du succès.
Résumer les multiples qualités de la série en une page, c'est une mission impossible ! Je me contenterai de lancer quelques pistes.
Peut-être la réussite de cette oeuvre tient-elle de son paradoxe de départ. En effet, malgré le titre (accrocheur, qui plus est) aucune mission n'est irréalisable pour notre équipe de surdoués. Par ailleurs, le public sait que la mission sera accomplie mais suit chaque épisode par envie de savoir comment Phelps et ses collègues vont s'en tirer. Chacun sait que Willy aura à utiliser sa grande force physique, que Rollin va jouer en cinquante minutes deux ou trois rôles successifs, que le charme de Cinnamon sera mis à profit d'une façon très subtile.

La grande originalité de "Mission", par rapport à d'autres séries d'espionnage est le "mauvais". Que celui-ci soit un extrémiste en passe à devenir dictateur, un trafiquant d'armes sur le point de se faire la malle, un médecin véreux près de s'enrichir en vendant des médicaments inefficaces, passe encore.
Qu'il soit antipathique à souhait, inexcusable, détestable, arrogant au possible, c'est aussi assez convenu. Par contre, il est, pour notre grand plaisir, très brillant. De plus, et ça aussi, c'est nouveau !, nos agents auront tôt fait d'utiliser tous les défauts de notre "bad guy" et toutes ses qualités (dont sa remarquable intelligence) pour le faire tomber dans une toile d'araignée qu'il aura parfois lui-même tissée !

Le méchant n'est pas pris pour un imbécile comme dans de nombreuses séries. Il se fait peut-être avoir à tous les coups, mais la machination de l'équipe est tellement subtile, tellement parfaite qu'elle rend presque hommage au génie du criminel.

Et puis, que serait un épisode de "Mission" sans les déguisements. Les agents d'I.M.F. sont des génies en ce domaine. Un rien les habille ! Un micro au poing, Cinnamon devient une journaliste hors pair. Le bleu de travail transforme Willy en employé des gaz parfait.

Quant à Rollin, chacune de ses métamorphoses est un régal de perfection et de conviction ! En mage oriental ou en Hitler (pour les fines bouches), il est impeccable. Pas étonnant que les ennemis y croient! Une des scènes les plus spectaculaires de la série est de voir Landau changer de déguisement en restant, assis derrière une assemblée!

Ajoutons encore les scénarios convaincants et réalistes (dont certains, signés William Read Woodfield et Allan Balter, sont de vrais chefs-d'oeuvre) qui font office de véritables machinations à la limite parfois du machiavélisme. Leur style est rapide et parfois complexe. Gare à celui qui quittera son fauteuil deux minutes, il risque de perdre le fil de l'intrigue.

Un dernier mot, enfin, sur la musique de Lalo Schiffrin dont les notes du générique résonnent au fond de nos mémoires télévisuelles. L'omniprésence de cette musique durant chaque épisode en fait le sixième membre de l'équipe. Le générique et ses images presque subliminales est lui aussi inégalé. Geller semble avoir été le premier à comprendre que le générique d'une série est partie intégrante de son scénario.

Bonne chance, Jim !
Reste donc à traquer la rediffusion de cette série par une de nos chaînes de télévision, pour en apprécier une qualité devenue rare dans nos séries contemporaines. Mais voir nos programmateurs se décider à nous en offrir quelques épisodes.. là réside, semble-t-il, une vraie mission impossible..

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