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L'ETOILE FLAMBOYANTE DE LA KREDENN GELTIEK






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En 1936, en des temps où la Fraternité des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne (dite "Gorsedd") sacrifiait par trop au respect à accorder à l'Eglise catholique, et à "l'establishment", quelques druidisants païens décidèrent de créer leur propre organisation: la Breuriez Spered Adnevezi ("Fraternité de l'Esprit du Renouveau"),et son moyen d'expression, le bulletin Kad (" Combat").

Ils déclaraient dans leurs manifeste "ne pouvoir concevoir aucune liaison, aucun accord possible entre eux et l'Eglise catholique, figée dans sa croyance en un Dieu-homme inexplicable rédempteur d'une faute inexplicable. Il n'y a pas de commune mesure entre le christianisme romain, tout farci de définitions abstruses, d'affirmations incontrôlables, de miracles puérils, et notre néo-druidisme, où nul dogme imposé n'entrave le libre examen, ou nul Merveilleux enfantin ne s'oppose à la Raison, où se réconcilient, en ce qu'ils ont de plus élevé, le sentiment religieux et le nécessaire rationalisme. Etre catholique en Bretagne, c'est plus qu'une paresse, c'est une régression!"l

Les trois piliers de ce qui va constituer bientôt la Kredenn Geltiek (en abrégé K:G:) sont Morvan Marchal, Francis Bayer du Kern et Raffig Tullou (rédacteur du Manifeste).




MORVAN MARCHAL (ARTONOUIOS)

Morvan Marchal (en druidisme Artonouios ou Maen Nevez) naquit le 31 juillet 1900, à Vitré. Il fut, en 1919, entre autres titres de gloire, le créateur du journal Breiz Atao; il fut aussi l'inventeur du drapeau breton moderne. Morvan Marchal, proclamé aux Fonts de Barenton le 1er mai 1937, a été le premier Ri-Drevon ("Roi-Druide") de la Kredenn. Ce Gallo avait sublimé en Druidisme ses sentiments bretons et mué son catholicisme traditionnel en paganisme. Son idéal peut se retrouver dans le poème suivant dont il est l'auteur :

"Souvent je songe à vous, Dieux oubliés des Hommes vos temples sont détruits, et oubliés vos autels; Nulle Vierge d'Armor, ne vous offre le miel, A l'arbre consacré, nul ne cueille la pomme.

Nul Breton dans son cœur douloureux, ne vous nomme, Esus au front de chêne, Hu le Maître du Ciel, Tarann ne forge plus de son rude martel, Et la pierre debout porte la croix de Rome.

Jusqu'aux 1les d'Arann, jusqu' aux monts d'Arrée L'implacable flot noir des prêtres tonsurés Vous a chassé du sol dont vous étiez les maîtres.

Mais comme Arthur le Grand, gisant sous le Menez, Peut-être, Dieux vivants et déchus, vous dormez, N'attendant que l'amour des hommes pour renaître."

Le paganisme authentique de Marchal lui faisait considérer l'Indouisme comme un traditionnel prolongement, et la Franc-Maçonnerie comme en étant un surgeon vigoureux et actuel.

Franc-maçon (de la Loge Volney du Grand Orient, à Laval) depuis le 1er mai 1938, Marchal associait étroitement ses activités maçonniques et druidiques. Il participa à Kad, mais aussi à Le Symbolisme du F:.M:. Lepage et aux illustrations de l'ouvrage La Symbolique maçonnique de Jules Boucher.

Pendant la guerre Morvan Marchal remplaça Kad - interdit par le gouvernement de Vichy - par la consistante revue Nemeton ("le Sanctuaire"), assisté par Berthou-Kerverziou.

Comme à beaucoup de patriotes bretons, 1945 lui apporta internement et tribunal d'exception; entre autres condamnations dites "accessoires" lui fut interdit l'exercice de son métier d'architecte. Mais, ce qui lui fut moralement plus grave, il se vit aussi interdire les portes du Grand Orient de France.

Une fin de vie plus que difficile s'ensuivit, et il s'en fut rejoindre le Uindomagos, l'Espace de la Terre d'Eternelle Jeunesse, en Avallon, le 16 août 1963.



FRANCIS BAYER DU KERN (UEROESTRUMNIS)

Le comte Francis Bayer du Kern, barde Ueroestrumnis ("l'Occidental"), était né à Laval, d'une très ancienne famille cornouaillaise, originaire d'Ecosse, le 8 juillet 1912.

Après de solides études, il avait songé à embrasser l'état clérical catholique, voire à entrer dans les ordre ou semblait, croyait-il alors, l'appeler son double désir de savoir et de dévouement. L'étude de la théologie catholique lui fit renoncer à ce projet, et il commença dès lors de consacrer ses efforts à la connaissance, non seulement du breton, mais aussi du celtique ancien, en même temps qu'il approfondissait vigoureusement ses données d'histoire religieuse et traditionnelle.

Il participa entre 1932 et 1940, à la lutte pour la reconnaissance des droits culturels et nationaux de la Bretagne; il fut même incarcéré quatre mois au Mans et à Angers.

Excellent poète de langue bretonne il se rattacha, dès leur origine, à Kad et à la Kredenn Geltiek.

En 1940, refoulé vers Dunkerque avec son unité, il était embarqué, avec ses camarades, lorsque des fuyards anglais les obligèrent, pour leur enlever leur bateau, à rejoindre la terre. Il était tué le lendemain, 2 juin 1940, à Malo-les-Bains.

"Goutte de pluie, j'ai joué dans la nuit
Feu, j'ai ri dans l'aurore
Vent, j' ai gémi dans les arbres
Devenu Barde,
J'ai dormi sur la Pierre Noire
Pour avoir dans le songe magique
L'lnspiration".

("Diougan" )



RAFFIG TULLOU (LUGUMARCOS)

Raffig Tullou, druide Neven Lewarc'h (Lewarc'h le jeune ), naquit à Mordelles, près de Rennes, le 6 Janvier 1909. Sculpteur-statuaire (il est l'auteur du Monument à Nominoë, à Bains-sur-Oust), d'origine initiatique martiniste (Ordre Martiniste Rectifié) il a été le second Ri-Drevon de la K: G:, après Morvan Marchal.

Raffig Tullou suscita, en 1954, la création du Koun Breiz ("Souvenir breton ") et de sa revue; cette association prit l'initiative de commémorer annuellement deux des grandes dates de l'histoire bretonne : 29 juin 845 à Ballon (Bains-sur-Oust ), victoire des Bretons sur les armées de Charles le Chauve, unification de la Bretagne sous Nominoé; et 28 juillet 1488 : combat de St Aubin-du-Cormier où 6000 soldats bretons périrent pour l'indépendance de la Bretagne.

Il n'est guère utile d'en dire plus sur cette éminente et attachante personnalité de notre Emsav, sur ce combattant infatigable et tenace qui, pendant un demi siècle, a mené la lutte de la désaliénation de l'esprit breton et dont Mordrel a dit : "un garçon inspiré, original, qui avec obstination ne veut rien faire comme les autres, qui choisit toujours seul son chemin, se trompe ou hésite, en essaie un autre, pour toujours en définitive suivre la même inspiration maîtresse,(..) c'est Raffig, cabochard et gentil compagnon, peiné des moqueries que ses initiatives soulèvent - car personne n'est plus sérieux que lui - mais que rien ne décourage."

Raffig Tullou. Ri-Drevon de la K: G:, est décédé le 16 Janvier 1990. à Saint-Herblain.



GWILHERM BERTHOU-KERVERZIOU (UISSURIXS)

Gwilherm Berthou-Kerverziou, Au Poellgor ("Conseil directeur") des débuts vint, après la guerre, se joindre G:B:K:, c'est-à-dire : barde Iactimagus, mais aussi druide Uissurix, qui naquit le 10 Mai 1908 à Paimpol. Ingénieur chimiste, et un temps, pharmacien à Guipavas, écrivain de talent, poète et celtisant remarquable, franc-maçon (il écrivit plusieurs articles dans Le Symbolisme), il fut rédacteur en chef d'Arvor, collaborateur des revues Gwalarn et Kad, fondateur du périodique Ogam et président des Amis de la Tradition Celtique. Ses recherches sur les anciens textes britonniques et gaéliques, leurs rapprochements avec les mythes indous, lui permirent de retrouver la Parole Perdue des Druides et en fit le restaurateur des rites de la K:G:.

Ecoutons sa voix, venue de Tir an Yaouankiz:

"Sont enfuis les soirs glorieux du brûlant été,
voici venir Samonios et ses frimas;
voici le jour précieux, pourtant, qui marie
l'éclat d'une estivade de lumière jaillissante
aux parfums des fraîches brises d'automne,
Ere pleine de grâce, prière désespérée,
terme et regret du monde avant que ne s'endorme
son gigantesque cœur, dans les bras des forêts nues,
ère aussi de bienvenue, annonciation cosmique
à la nuit qui descend paisible et sereine.

Toi qui viens par la sylve celtique, IOUINCOS,
libre comme ton corps, ton âme et ta pensée,
tu rejettes la défroque de tout espoir trompeur,
frêle et fort en croyance recréée,
sain comme ton vieux sol qui sent ton pas splendide,
encensé par le chêne et l'if et le bouleau.

Vois, c'est une pouliche qui boit à la rivière,
près d'une vasque où fanent les nénuphars;
elle a foulé les roseaux secs en approchant.
La voilà, image d'une pure beauté qui perdure
l'été, l'hiver, immuable, immortelle, éternelle...
Si pure en sa robe neigeuse,
si sûre en son noble maintien…

...T'en souvient-il? Celtide n'était point que déjà nous étions,
dans la gloire matutine d'Andelitana,
et qu'à chaque renaissance,
de nous s'écaillait la folle vanité
et les ombres et les druides de notre volonté;
nous revenions plus jeunes à chaque âge,
et plus sains et plus droits et plus purs peut-être
et gaiement nous goûtions la source de sapience
comme des papillons bienheureux de rosée "


G:B :K: s'en est allé, vers l'Eternité des Glorieux, le 14 mars 1951, à Rennes.



JEAN PIETTE (NATROUISSUS)

Puis s'intégra à l'équipe de la K:G: et de Kad un grand "chemineur" des terres celtiques,
Jean Piette, c'est-à-dire Arzel Even, Natrouissus ou Idris Gawr, celtisant et linguiste distingué dont la fidèle assistance auprès du Maître regretté ne sera jamais suffisamment soulignée.

Arzel Even, en fondant la revue Hor Yezh fut à l'origine de ce qu'on a appelé "la jeune école bretonne de linguistique"; ses propres travaux, que ce soit son Istor ar Yezhoù keltiek ou ses études du Bulletin of the Board of Celtic Studies, ont considérablement contribué à une meilleure connaissance des langues celtiques.

Dans le n° 5 de Kad (en l'année 1513 de l'Ere de Glaive brisé, Putios I, Fête des semailles) il écrivait à propos des études de Dumézil et de M.L. Sjoestedt sur la mythologie celtique: " ...leur point de vue n'est pas - ou pas seulement - pour nous un sujet d'étude, mais avant tout un "bien de famille" en la possession duquel nous entendons rentrer. D'excellents carriers ont extrait pour nous les pierres dont nous bâtirons le temple nouveau : des bûcherons de talent ont débroussaillé la Clairière sacrée où nous ferons refleurir "l'arbre séphirotique " de la théogonie celtique, An Avalenn nevet ... ce qui a été fait pour le calendrier druidique, désormais redevenu réalité vivante et non seulement curiosité d'érudits, nous devons le faire pour l'antique croyance de nos ancêtres Brittons, Gaëls et Gaulois."




Rejoignirent plus tard la K:G:, ou ne firent qu'y passer, entre autres, le druide Kalondan, le journaliste Robert Mercier, le linguiste Goulven Pennaod, le dessinateur Serj Pineau et l'écrivain maçonnologue Michel Raoult. En furent des sympathisants actifs des personnalités telles que Glémarec, Olier Mordrel, et Roparz Hémon.


La K:G: estime que pour comprendre les grands problèmes que se posent au monde, aux humanités et à nos clans, pour pouvoir y faire face, mais surtout prévoir l'avenir, il est nécessaire de connaître la grande logique du fonctionnement des mondes et de la vie. Cela ne peut se faire qu'à partir de solides connaissances dans les différentes sciences de la nature, à l'accumulation d'observations par une vie passée parmi les animaux, auprès des forêts, en pleine campagne, mais aussi grâce à l'apprentissage de la discipline par le rite.

En outre, nos ancêtres, alors qu'ils étaient encore eux-mêmes avaient, durant plusieurs millénaires, déjà emmagasiné des faits et tirés des conclusions, constituant la Tradition sapientiale celtique; celle-ci, sortie de sa gangue chrétienne, devrait servir encore de vase à nos propres acquis.









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Les Druides du Québec © 2003
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