1- « [Le commerce avec les livres] a pour sa part la constance et la facilité de son service. Celui-ci côtoie tout mon cours et m’assiste partout. Il me console en la vieillesse et en la solitude. Il me décharge du poids d’une oisiveté ennuyeuse ; et me défait à tout heure des compagnies qui me fâchent. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.3, p.54 [Essais, Librairie générale française, 1972]
2- « Misérable à mon gré, qui n’a chez soi où être à soi, où se faire particulièrement la cour, où se cacher ! » -MONTAIGNE- Livre III, chap.3, p.56 [Essais, Librairie générale française, 1972]
3- « Je renonce dès à présent aux favorables témoignages qu’on me voudra donner, non parce que j’en serai digne, mais parce que je serai mort. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.4, p.69 [Essais, Librairie générale française, 1972]
4- « Combien de fois embrouillons-nous notre esprit de colère ou de tristesse par telles ombres, et nous insérons en des passions fantastiques qui nous altèrent et l’âme et le corps ! […] C’est priser sa vie justement ce qu’elle est, de l’abandonner pour un songe. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.4, p.70 [Essais, Librairie générale française, 1972]
5- « La sagesse à ses excès et n’a pas moins besoin de modération que la folie. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.74 [Essais, Librairie générale française, 1972]
6- « La pire de mes actions et conditions ne me semble pas si laide comme je trouve laid et lâche de ne l’oser avouer. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.79 [Essais, Librairie générale française, 1972]
7- « Chacun est discret en la confession, on le devrait être en l’action ; la hardiesse de faillir est aucunement compensée et bridée par la hardiesse de confesser. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.79 [Essais, Librairie générale française, 1972]
8- « Les maux de l’âme s’obscurcissent en leur force ; le plus malade les sent le moins. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.79 [Essais, Librairie générale française, 1972]
9- « Il me plaît d’être moins loué, pourvu que je sois mieux connu. On me pourrait tenir pour sage en telle condition de sagesse que je tiens pour sottise. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.81 [Essais, Librairie générale française, 1972]
10- « Peu de gens ont épousé des amies qui ne s’en soient rependis. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.89 [Essais, Librairie générale française, 1972]
11- « Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.90 [Essais, Librairie générale française, 1972]
12- « De même aux femmes, un animal glouton, et avide, auquel on refuse aliments en sa saison, il forcène, impatient du délai […] jusques à ce qu’ayant humé le fruit de la soif commune, il en ait largement arrosé et ensemencé le fond de leur matrice. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.97 [Essais, Librairie générale française, 1972]
13- « […] une faim entière est plus âpre que celle qu’on a rassasiée au moins par les yeux. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.97 [Essais, Librairie générale française, 1972]
14- « Si en quelque chose la rareté sert d’estimation, ce doit être en ceci ; ne regardez pas combien peu c’est, mais combien peu l’ont. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.100 [Essais, Librairie générale française, 1972]
15- « […] la force du besoin, qui est un rude conseiller. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.108 [Essais, Librairie générale française, 1972]
16- « Chacun de vous a fait quelqu’un cocu […] La fréquence de cet accident en doit désormais modérer l’aigreur ; le voilà tantôt passé en coutume. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.109 [Essais, Librairie générale française, 1972]
17- « Celui-là s’y entendait, ce me semble, qui dit qu’un bon mariage se dressait d’une femme aveugle avec un mari sourd. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.111 [Essais, Librairie générale française, 1972]
18- « […] je trouve après tout que l’amour n’est autre chose que la soif de cette jouissance […], ni Vénus autre chose que le plaisir de décharger ses vases, qui devient vicieux par immodération, ou indiscrétion. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.118 [Essais, Librairie générale française, 1972]
19- « Prêchez tant qu’il vous plaira, vos raisons seront peut-être bonnes ; mais s’il est écrit en moi ou là-haut que je les trouverai mauvaises, que voulez-vous que j’y fasse ? -DIDEROT- p.20 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
20- « Si vous me savez peu de gré de ce que je vous dis, sachez-m’en beaucoup de ce que je ne vous dit pas. » -DIDEROT- p.20 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
21- « Celui qui prendrait ce que j’écris pour la vérité serait peut-être moins dans l’erreur que celui qui le prendrait pour une fable. » -DIDEROT- p.26 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
22- « […] l’allégorie, la ressource ordinaire des esprits stériles. » -DIDEROT- p.35 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
23- « […] la vérité a ses côtés piquants, qu’on saisit quand on a du génie ; mais quand on en manque ? – Quand on en manque, il ne faut pas écrire. » -DIDEROT- p.48 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
24- « […] vous allez joindre à la pauvreté le ridicule de mauvais poète ; vous aurez perdu toute votre vie, vous serez vieux. Vieux, pauvre et mauvais poète, ah ! monsieur, quel rôle ! » -DIDEROT- p.49 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
25- « Rien de si difficile à pardonner que le mérite. » -DIDEROT- p.76 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
26- « […] l’esprit de chevalerie. Toute cette multitude brillante, armée de pied en cap, décorée de diverses livrées d’amour […] n’étaient que des amis jaloux du mérite en vogue. » -DIDEROT- p.77 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
27- « Suivez les inclinations des hommes, et vous en remarquerez qui semblent être venus au monde trop tard : ils sont d’un autre siècle. » -DIDEROT- p.77 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
28- « Plus on avait de plaisir et de patience à l’écouter, plus on avait de mérite […] » -DIDEROT- p.113, à propos d’une aubergiste bavarde. [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
29- « Le peuple est avide de spectacle, et y court, parce qu’il est amusé quand il en jouit, et qu’il est encore amusé par le récit qu’il en fait quand il en est revenu » -DIDEROT- p.182 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
30- « Vous êtes aux contes d’amour pour toute nourriture depuis que vous existez, et vous ne vous en lassez point. L’on vous tient à ce régime et l’on vous y tiendra longtemps encore […] » -DIDEROT- p.184 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
31- « Non, monsieur, non, j’ai de la sensibilité ; mais je la réserve pour une meilleure occasion. » -Jacques- à son maître (Diderot), p.208 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
32- « Le Maître : Elle ne valait que cela ? Jacques : Elle valait peut-être davantage pour un autre, pour un autre jour : chaque moment à son prix. » -DIDEROT- p.215 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
33- « Si vous êtes innocent, vous ne me lirez pas ; si vous êtes corrompu, vous me lirez sans conséquence […] Si mon ouvrage est bon, il vous fera plaisir ; s’il est mauvais, il ne vous fera point de mal. » -DIDEROT- p.222-223 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
34- « Point de livre plus innocent qu’un mauvais livre. » -DIDEROT- p.223 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
35- « Je m’amuse à écrire sous des noms empruntés les sottises que vous faites ; vos sottises me font rire ; mon écrit vous donne de l’humeur. Lecteur, à vous parler franchement, je trouve que le plus méchant de nous deux, ce n’est pas moi. » -DIDEROT- p.223 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
36- « Vilains hypocrites, laissez-moi en repos. F…tez comme des ânes débâtés ; mais permettez-moi que je dise f…tre ; je vous passe l’action, passez-moi le mot. » -DIDEROT- p.223 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
37- « Et que vous a fait l’action génitale, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour en exclure le signe de vos entretiens, et pour imaginer que votre bouche, vos yeux et vos oreilles en seraient souillés ? » -DIDEROT- p.223 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
38- « Voilà le train de la vie ; l’un court à travers les ronces sans se piquer ; l’autre à beau regarder où il met le pied, il trouve des ronces dans le plus beau chemin, et arrive au gîte écorché tout vif. » -Jacques- (Diderot) p.244 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
39- « Tu vas anticipant sur le raconteur, et tu lui ôtes le plaisir qu’il s’est promis de ta surprise ; en sorte qu’ayant, par une ostentation de sagacité très déplacée, deviné ce qu’il avait à te dire, il ne lui reste plus qu’à se taire […] » -Le Maître- à Jacques (Diderot), p.245 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
40- « Mon maître, on passe les trois quarts de sa vie à vouloir, sans faire […] Et à faire sans vouloir. » -Jacques- à son maître (Diderot), p.265 [Jacques le Fataliste [1775], Livre de poche, 1962]
41- « Quel monstrueux animal qui se fait horreur à soi-même, à qui ses plaisirs pèsent […] Hé ! pauvre homme, tu as assez d’incommodités nécessaires, sans les augmenter par ton invention […] » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.121 [Essais, Librairie générale française, 1972]
42- « […] contre la nature de l’amour s’il n’est violent, et contre la nature de la violence s’il est constant. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.129 [Essais, Librairie générale française, 1972]
43- « Je ne m’excuse pas envers moi ; et si je le faisais, ce serait plutôt de mes excuses que je m’excuserais que de nulle autre partie. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.132 [Essais, Librairie générale française, 1972]
44- « Ma conscience s’y engageait aussi, jusques à la débauche et dissolution ; mais jusques à l’ingratitude, trahison, malignité et cruauté, non. Je n’achetais pas le plaisir de ce vice à tout prix […] » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.136 [Essais, Librairie générale française, 1972]
45- « Car c’est bien raison, comme ils disent, que le corps ne suive point ses appétits au dommage de l’esprit, mais pourquoi n’est-ce pas aussi raison que l’esprit ne suive pas les siens au dommage du corps ? » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.138 [Essais, Librairie générale française, 1972]
46- « […] notre goût est devenu plus tendre et plus exquis ; nous demandons plus, lorsque nous apportons moins ; nous voulons le plus choisir, lorsque nous méritons le moins d’être acceptés […] » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.139 [Essais, Librairie générale française, 1972]
47- « […] je dis que les mâles et femelles sont jetés en même moule ; sauf l’institution et l’usage, la différence n’y est pas grande. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.5, p.143 [Essais, Librairie générale française, 1972]
48- « […] c’est une espèce de pusillanimité aux monarques, et un témoignage de ne sentir point assez ce qu’ils sont, de travailler à se faire valoir et paraître par dépenses excessives. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.6, p.149 [Essais, Librairie générale française, 1972]
49- « Les sujets d’un prince excessif en dons se rendent excessifs en demandes ; ils se taillent non à la raison, mais à l’exemple. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.6, p.152 [Essais, Librairie générale française, 1972]
50- « Comme vainement nous concluons aujourd’hui l’inclination et la décrépitude du monde par les arguments que nous tirons de notre propre faiblesse et décadence. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.6, p.157 [Essais, Librairie générale française, 1972]
51- « […] cet autre monde [l’Amérique] ne fera qu’entrer en lumière quand le nôtre en sortira. L’univers tombera en paralysie ; un membre sera perclus, l’autre en vigueur. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.6, p.158 [Essais, Librairie générale française, 1972]
52- « J’ai ainsi l’âme poltrone, que je ne mesure pas la bonne fortune [sociale] selon sa hauteur ; je la mesure selon sa facilité. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.7, p.168 [Essais, Librairie générale française, 1972]
53- « Mais si je n’ai point le cœur assez gros, je l’ai en compensation ouvert, et qui m’ordonne de publier hardiment sa faiblesse. » -MONTAIGNE- Livre III, chap.7, p.168 [Essais, Librairie générale française, 1972]
54- « Si ces pensées ne plaisent à personne, elles ne pourront n’être que mauvaises ; mais je les tiens pour détestables si elles plaisent à tout le monde. » -DIDEROT- p.34 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
55- « Les passions sobres font les hommes communs. » -DIDEROT- pensée no.2 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
56- « Si l’espérance est balancée par la crainte, le point d’honneur par l’amour de la vie, le penchant au plaisir par l’intérêt de la santé, vous ne verrez ni libertins, ni téméraires, ni lâches. » -DIDEROT- pensée no.4 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
57- « Le vrai, indépendant de mes caprices, doit être la règle de mes jugements ; et je ne ferai point un crime à celui-ci de ce que j’admirerai dans celui-là comme une vertu. » -DIDEROT- pensée no.6 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
58- « On n’a recours aux invectives que quand on manque de preuves. » -DIDEROT- pensée no.15 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
59- « Toutes les billevesées de la métaphysiques ne valent pas un argument ad hominem. Pour convaincre, il ne faut quelquefois que réveiller le sentiment ou physique ou moral. » -DIDEROT- pensée no.17 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
60- « Le scepticisme ne convient pas à tout le monde. Il suppose un examen profond et désintéressé : celui qui doute, parce qu’il ne connaît pas les raisons de crédibilité n’est qu’un ignorant. » -DIDEROT- pensée no.24 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
61- « Les hommes ont banni la Divinité d’entre eux ; ils l’ont reléguée dans un sanctuaire […] Insensés que vous êtes ; détruisez ces enceintes qui rétrécissent vos idées ; élargissez Dieu […] » -DIDEROT- pensée no.26 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
62- « L’ignorance et l’incuriosité sont deux oreillers fort doux […] » -DIDEROT- pensée no.27 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
63- « Les esprits bouillants […] assurent tout, bien qu’ils n’aient rien soigneusement examiné : ils ne doutent de rien, parce qu’ils n’en ont ni la patience ni le courage. » -DIDEROT- pensée no.28 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
64- « On doit exiger de moi que je cherche la vérité, mais non que je la trouve. » -DIDEROT- pensée no.29 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
65- « Damner un homme pour de mauvais raisonnements, c’est oublier qu’il est un sot pour le traiter comme un méchant. » -DIDEROT- pensée no.29 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
66- « Ce qu’on n’a jamais mis en question n’a point été prouvé. Ce qu’on n’a point examiné sans prévention n’a jamais été bien examiné. Le scepticisme est donc le premier pas vers la vérité. » -DIDEROT- pensée no.31 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
67- « Un semi-scepticisme est la marque d’un esprit faible ; il décèle un raisonneur pusillanime qui se laisse effrayer par les conséquences […] ; une espèce d’incrédule qui craint de se démasquer lui-même […] » -DIDEROT- pensée no.34 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
68- « J’entends crier de toute parts à l’impiété. Le chrétien est impie en Asie, le musulman en Europe […] Qu’est-ce donc qu’un impie ? Tout le monde l’est-il, ou personne ? » -DIDEROT- pensée no.35 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
69- « Qu’un historien en impose, ou que tout un peuple se trompe, ce ne sont pas des prodiges. » -DIDEROT- pensée no.46 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
70- « Une seule démonstration frappe plus que cinquante faits […] Je suis plus sûr de mon jugement que de mes yeux. » -DIDEROT- pensée no.50 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
71- « Je jurais bien que tous ceux qui ont vu des esprits, les craignaient d’avance, et que tous ceux qui voyaient là des miracles, étaient bien résolus d’en voir. » -DIDEROT- pensée no.53 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
72- « L’exemple, les prodiges, et l’autorité peuvent faire des dupes ou des hypocrites : la raison seule fait des croyants. » -DIDEROT- pensée no.56 [Pensées philosophiques [1746], G-F, 1972]
73- « Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit :
74- « Otez la crainte de l’enfer à un chrétien, et vous lui ôterez sa croyance. » -DIDEROT- pensée no.17 [Addition aux pensées philosophiques [1762], G-F, 1972]
75- « La religion de Jésus-Christ, annoncée par des ignorants, a fait les premiers chrétiens. La même religion, prêchée par des savants et des docteurs, ne fait aujourd’hui que des incrédules. » -DIDEROT- pensée no.31 [Addition aux pensées philosophiques [1762], G-F, 1972]
76- « Si l’on punit pour soi seul, on est bien cruel et méchant. » -DIDEROT- pensée no.50 [Addition aux pensées philosophiques [1762], G-F, 1972]
77- « Une jeune fille vivait fort retirée : un jour elle reçut la visite d’un jeune homme qui portait un oiseau ; elle devint grosse : et l’on demande qui est-ce qui a fait l’enfant ? Belle question ! c’est l’oiseau. » -DIDEROT- pensée no.62 [Addition aux pensées philosophiques [1762], G-F, 1972]
78- « Les grands services sont comme de grosses pièces d’or et d’argent qu’on a rarement l’occasion d’employer ; mais les petites attentions sont une monnaie courante qu’on a toujours à la main. » -DIDEROT- [Lettre sur les aveugles [1749], G-F, 1972]
79- « Tant nos vertus dépendent de notre manière de sentir et du degré auquel les choses extérieures nous affectent ! » -DIDEROT- p.87 [Lettre sur les aveugles [1749], G-F, 1972]
80- « Nous ne distinguons la présence des êtres hors de nous, de leur représentation dans notre imagination, que par la force et la faiblesse de l’impression. » -DIDEROT- p.90 [Lettre sur les aveugles [1749], G-F, 1972]
81- « Il vient un temps où le goût donne des conseils dont on reconnaît la justesse, mais qu’on n’a plus la force de suivre. » -DIDEROT- [addition à la Lettre sur les aveugles, G-F, 1972]
82- « Quelle est la chose du monde dont une longue privation qui n’est suivie d’aucune douleur ne nous rendît la perte indifférente […] ? » -DIDEROT- p.129 [addition à la Lettre sur les aveugles, G-F, 1972]
83- « B : Il fait comme tout le monde : il se dissipe après s’être appliqué, et s’applique après s’être dissipé. » -DIDEROT- p.142 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
84- « […] comment l’homme laisserait-il une juste proportion aux objets lorsqu’il a, pour ainsi dire, à justifier le chemin qu’il a fait, et la peine qu’il s’est donnée pour les aller voir si loin ? » -DIDEROT- chap.1, p.145 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
85- « Drou : Rien, en effet, te paraît-il plus insensé qu’un précepte qui proscrit le changement qui est en nous ; qui commande une constance qui n’y peut être, et qui viole la nature et la liberté du mâle et de la femelle, en les enchaînant pour jamais l’un à l’autre ; qu’une fidélité qui borne la plus capricieuse des jouissances à un même individu […] ? » -DIDEROT- chap.3, p.157 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
86- “Orou : Va où tu voudras ; et tu trouveras presque toujours un homme aussi fin que toi. Il ne te donnera que ce qui ne lui est bon à rien, et te demandera ce qui lui est utile. » -DIDEROT- chap.4, p.175 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
87- « B : Parcourez l’histoire des siècles et des nations tant anciennes que modernes, et vous trouverez les hommes assujettis à trois codes, le code de la nature, le code civil, et le code religieux, et contraints d’enfreindre alternativement ces trois codes qui n’ont jamais été d’accord […] » -DIDEROT- chap.5, p.178 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
88- “ A : […] en fondant la morale sur les rapports éternels qui subsistent entre les hommes, la loi religieuse devient peut-être superflue ; et la loi civile ne doit être que l’énonciation de la loi de la nature. » -DIDEROT- chap.1, p.178 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
89- « B : Le mâle coquet se joue de la femelle ; la femelle coquette se joue du mâle : jeu perfide […], manège ridicule, dont le trompeur et le trompé sont également châtiés par la perte des instants les plus précieux de leur vie. » -DIDEROT- chap.5, p.179 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
90- « A : Et la constance ? B : […] Pauvre vanité de deux enfants qui s’ignorent eux-mêmes, et que l’ivresse d’un instant aveugle sur l’instabilité de tout ce qui les entoure ! » -DIDEROT- chap.5, p.180 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
91- « A : La jalousie ? B : Passion d’un animal indigent et avare qui craint de manquer ; sentiment injuste de l’homme ; conséquence de nos funestes mœurs, et d’un droit de propriété étendu sur un objet sentant, pensant, voulant, et libre. » -DIDEROT- chap.5, p.180 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
92- « B : […] les termes pudeur, retenue, bienséance ; des vertus et des vices imaginaires ; en un mot, entre les deux sexes, des barrières qui empêchassent de s’inviter réciproquement à la violation des lois qu’on leur avait imposées […] » -DIDEROT- chap.5, p.180 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
93- “ B: “Mais lorsque la femme a connu, par l’expérience ou l’éducation, les suites plus ou moins cruelles d’un moment doux, son cœur frissonne à l’approche d’un homme. Le cœur de l’homme ne frissonne point ; ses sens commandent, et il obéit. Les sens de la femme s’expliquent, et elle craint de les écouter. » -DIDEROT- chap.5, p.181 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
94- « Les sens de la femme s’expliquent, et elle craint de les écouter. C’est l’affaire de l’homme que de la distraire de sa crainte, de l’enivrer et de la séduire. » -DIDEROT- chap.5, p.181 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
95- « B : Combien nous sommes loin de la nature et du bonheur ! L’Empire de la nature ne peut être détruit : on aura beau le contrarier par des obstacles, il durera. » -DIDEROT- chap.5, p.182 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
96- « B : Voulez-vous savoir l’histoire abrégée de presque toute notre misère ? La voici. Il existait un homme naturel : on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel ; et il s’est élevé dans la caverne une guerre continuelle qui dure toute la vie. » -DIDEROT- chap.5, p.183 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
97- « B : […] demeurez à jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux, que ces sages législateurs vous ont pétri et maniéré comme vous l’êtes. » -DIDEROT- chap.5, p.184 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
98- « B : Tant que les appétits naturels seront sophistiqués, comptez sur des femmes méchantes. » -DIDEROT- chap.5, p.185 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]
99- « B : Il y a moins d’inconvénients à être fou avec des fous, qu’à être sage tout seul. » -DIDEROT- chap.5, p.186 [Supplément au voyage de Bougainville [1772], G-F, 1972]