2- « […] la morale, c’est le triomphe de la liberté sur la facticité ; et le sous-homme ne réalise que la facticité de son existence ; au lieu d’agrandir le règne humain, il oppose aux projets des autres hommes sa résistance inerte. » -BEAUVOIR- Partie II, p.65 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
3- « […] l’homme sérieux : il s’efforce d’engloutir sa liberté dans le contenu que celui-ci accepte de la société, il se perd dans l’objet afin d’anéantir sa subjectivité. » -BEAUVOIR- Partie II, p.66 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
4- « L’homme sérieux se débarrasse de sa liberté on prétendant la subordonner à des valeurs qui seraient conditionnées ; il imagine que l’accession à ces valeurs le valorise lui-même d’une manière permanente […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.67 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
5- « Moins les circonstances économiques et sociales permettent à un individu d’agir sur le monde, plus ce monde lui apparaît comme donné. » -BEAUVOIR- Partie II, p.69 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
6- « […] un grand médecin, un grand professeur se montrent souvent, en dehors de leur spécialité, démunis de sensibilité, d’intelligence, d’humanité : c’est qu’ayant abdiqué leur liberté il ne leur reste plus que des techniques […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.73 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
7- « Alors éclate l’absurdité d’une vie [sérieuse] qui a cherché en dehors d’elle les justifications qu’elle seule pouvait se donner ; détachées de la liberté qui les eût fondées authentiquement, toutes les fins poursuivies apparaissent comme arbitraires. » -BEAUVOIR- Partie II [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
8- « Le nihiliste est proche de l’esprit de sérieux, car au lieu de réaliser sa négativité comme mouvement vivant, il conçoit son anéantissement d’une manière substantielle ; il veut n’être rien et ce néant qu’il rêve est encore une sorte d’être […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.76 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
9- « Le surréalisme […], négation des valeurs esthétiques, spirituelles et morales, est devenue une éthique ; le dérèglement une règle ; on a assisté à l’édification d’une nouvelle Église avec ses dogmes, ses rites, ses fidèles, ses prêtres […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.79 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
10- « Le nihiliste a raison de penser que le monde ne possède aucune justification et que lui-même n’ est rien ; mais il oublie qu’il lui appartient de justifier le monde […] ; il dénie tout sens à sa transcendance et cependant il se transcende. » -BEAUVOIR- Partie II, p.82 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
11- « […] il suffit de circonstances favorables pour transformer l’aventurier en dictateur ; il en porte en lui le germe puisqu’il regarde l’humanité comme la matière indifférente destinée à supporter le jeu de son existence. » -BEAUVOIR- Partie II, p.90 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
12- « […] dans la passion amoureuse, on ne souhaite pas que l’être aimé soit admiré objectivement ; on préfère le penser inconnu, méconnu ; on pense se l’approprier davantage si l’on est le seul à en dévoiler le prix. » -BEAUVOIR- Partie II, p.92 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
13- « Le passionné cherche la possession, il cherche à atteindre l’être […] Le passionné se fait manque d’être non pas pour qu’il y ait de l’être, mais pour être ; et il demeure à distance, il n’est jamais comblé. » -BEAUVOIR- Partie II, p.93 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
14- « […] vous qui avez le malheur d’être double, combattez bravement, quand même vous devriez frapper sur vous et vous blesser de votre propre épée, l’adversaire intérieur, le méchant chevalier. » -Théophile GAUTIER- [Le chevalier double]
15- « […] le triomphe, pour une coquette, est de jouer supérieurement les ingénues. » -Théophile GAUTIER- [Deux acteurs pour un rôle]
16- « […] tout dialogue, toute relation avec le passionné est impossible ; aux yeux de ceux qui souhaitent une communion des libertés, il apparaît donc comme un étranger, un obstacle […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.94 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
17- « Ainsi la passion maniaque représente une damnation pour celui qui la choisit […] Un homme qui cherche l’être loin des autres hommes le cherche contre eux en même temps qu’il se perd lui-même. » -BEAUVOIR- Partie II, p.95 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
18- « Cette distance à l’objet qui fait le tourment du passionné, au lieu de vouloir vainement l’abolir, il faut qu’il l’accepte ; elle est la condition du dévoilement de l’objet. L’individu trouvera alors sa joie dans le déchirement même […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.95 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
19- « Ce n’est qu’en tant qu’étranger, interdit, en tant que libre, que l’autre se dévoile comme autre ; et l’aimer authentiquement, c’est l’aimer dans son altérité et dans cette liberté par laquelle il s’échappe. L’amour est alors renoncement à toute possession […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.96 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
20- « Il faut que la liberté se projette vers sa propre réalité, à travers un contenu dont elle fonde la valeur ; une fin n’est valable que par un retour à la liberté qui l’a posée et qui se veut à travers elle. » -BEAUVOIR- Partie II, p.100 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
21- « Mais le présent n’est pas un passé en puissance ; il est le moment du choix et de l’action, nous ne pouvons éviter de le vivre à travers un projet ; et il n’y a pas de projet qui soit purement contemplatif puisqu’on se projette toujours vers quelque chose, vers l’avenir […] » -BEAUVOIR- Partie II, p.110 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
22- « À l’égard du passé, aucune action n’est plus possible […] ; tout ce que nous pouvons faire, c’est d’empêcher leur histoire de retomber dans la nuit indistincte de l’être, c’est de la dévoiler, de l’intégrer au patrimoine humain, de l’élever à la dignité de l’existence esthétique qui porte en soi sa finalité […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.112 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
23- « L’art révèle le transitoire comme absolu ; et comme l’existence transitoire se perpétue à travers les siècles, il faut aussi qu’à travers les siècles l’art perpétue cette révélation qui ne sera jamais achevée. » -BEAUVOIR- Partie III, p.116 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
24- « […] ce sont les autres hommes qui m’ouvrent l’avenir […] ; s’ils me maintiennent au-dessous de ce niveau qu’ils ont conquis et à partir duquel s’effectueront les nouvelles conquêtes, alors ils me coupent l’avenir, ils me changent en chose. » -BEAUVOIR- Partie III, p.120 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
25- « La vie s’emploie à la fois à se perpétuer et à se dépasser ; si elle ne fait que se maintenir, vivre c’est seulement ne pas mourir, et l’existence humaine ne se distingue pas d’une végétation absurde […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.120 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
26- « Il y a des cas où l’esclave ne connaît pas sa servitude et où il faudra lui apporter du dehors le germe de la libération : sa soumission ne suffit pas à justifier la tyrannie qui s’exerce contre lui. » -BEAUVOIR- Partie III, p.123 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
27- « Quand un parti promet aux classes dirigeantes de défendre leurs libertés, cela signifie très exactement qu’il revendique pour elles la liberté d’exploiter la classe travailleuse. » -BEAUVOIR- Partie III, p.130 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
28- « Mais une morale authentique n’enseigne pas à refuser le sacrifice, ni à le nier : il faut l’assumer. » -BEAUVOIR- Partie III, p.137 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
29- « C’est par son utilité que l’oppression tente de se défendre. Mais nous avons vu que c’est une des mensonges de l’esprit sérieux que de prétendre donner au mot utile un sens absolu ; rien n’est utile s’il n’est utile à l’homme, rien n’est utile à l’homme si celui-ci n’est pas […] libre. » -BEAUVOIR- Partie III, p.138 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
30- « Le présent, c’est l’existence transitoire qui est faite pour être abolie : elle ne se récupère qu’en se transcendant vers la permanence de l’être futur […] : réduit à soi, il n’est rien […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.169 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
31- « […] quelles que soient les vertus d’une civilisation, elle les dément aussitôt si elle les achète par l’injustice et la tyrannie. » -BEAUVOIR- Partie III, p.180 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
32- « […] la morale de l’être, c’est la morale de l’épargne : en amassant, on vise la plénitude immobile de l’en-soi ; l’existence, au contraire, c’est consommation : elle ne se fait qu’en défaisant. » -BEAUVOIR- Partie III, p.182 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
33- « […] dans les chants, dans les rires, les danses, l’érotisme, l’ivresse, on cherche à la fois une exaltation de l’instant et une complicité avec les autres hommes. Mais […] la joie s’essouffle, l’ivresse retombe en fatigue, on se retrouve les mains vides parce qu’on ne peut jamais posséder le présent […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.183 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
34- « […] tout mouvement vivant est un glissement vers la mort […] ; l’existence ne doit pas nier cette mort qu’elle porte en son cœur, mais la vouloir […] ; c’est au sein du transitoire que l’homme s’accomplit, ou jamais. » -BEAUVOIR- Partie III, p.184 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
35- « Il n’y a un art que parce qu’à chaque moment l’art s’est absolument voulu […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.189 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
36- « En posant ses fins, la liberté doit les mettre entre parenthèses, les confronter à chaque moment avec cette fin absolue qu’elle constitue elle-même et contester en son propre nom les moyens dont elle use pour se conquérir. » -BEAUVOIR- Partie III, p.193 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
37- « La morale, pas plus que la science et l’art, ne fournissent des recettes. On peut proposer seulement des méthodes. » -BEAUVOIR- Partie III, p.194 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
38- « […] il faut que la joie d’exister soit affirmée en chacun, à chaque instant […]. Si nous n’aimons pas la vie pour notre propre compte et à travers autrui, il est vain de chercher d’aucune manière à la justifier. » -BEAUVOIR- Partie III, p.196 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
39- « […] quelle que soit la pureté de l’intention qui m’anime, toute dictature est une faute que j’ai à me faire pardonner. » -BEAUVOIR- Partie III, p.198 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
40- « Vouloir interdire à un homme l’erreur, c’est lui interdire d’accomplir sa propre expérience, c’est le priver de sa vie. » -BEAUVOIR- Partie III, p.199 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
41- « […] une des conséquences concrètes de la morale existentialiste, c’est le refus de toutes les justifications préalables qu’on pourrait tirer de la civilisation, de l’âge, de la culture ; c’est le refus de tout principe d’autorité. » -BEAUVOIR- Partie III, p.205 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
42- « Un individu vit dans une situation de mensonge ; le mensonge est violence, tyrannie : dirai-je la vérité pour libérer la victime ? Il faudrait d’abord avoir créé une situation telle que la vérité fut supportable […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.207 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
43- « Mais une action qui veut servir l’homme doit au contraire veiller à ne pas l’oublier en cours de route ; si elle choisit de s’accomplir aveuglément, elle perdra son sens […] ; car le but n’est pas fixe une fois pour toutes […] » -BEAUVOIR- Partie III, p.221 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
44- « […] sa liberté [l’individu] ne peut s’accomplir qu’à travers la liberté d’autrui. Il justifie son existence par un mouvement qui, comme elle, jaillit du cœur lui-même, mais qui aboutit hors de lui. » -BEAUVOIR- Partie III, p.225 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
45- « Mais cette part d’échec est condition même de la vie […] Ceci ne signifie pas qu’on doive consentir à l’échec, mais on doit consentir à lutter contre lui sans repos. » -BEAUVOIR- Partie III, p.236 [Pour une morale de l’ambiguïté (1947), idées, 1969]
46- « Le visage est le clacevin de l’âme, certains visages n’ont pas de rapport avec elle. On n’y éprouve que son absence, quelque beaux qu’ils soient. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.174 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
47- « S’il n’y a pas de vie intérieure, la beauté n’émeut pas, même si elle a surpris ; même si elle arrête, elle ne retient pas. Quels que soient les traits d’une physionomie […], qu’un feu les anime, on est ensorcelé. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.175 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
48- « J’ai trop de plaisir à déplaire pour savoir si j’en souffre. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.176 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
49- « Chacun se déplace sur un plan particulier et c’est dans cette évasion unique du plan commun, dans cette déviation que réside la personne. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.176 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
50- « Il faut profiter de moi comme d’un bois, en passant. De minute en minute les broussailles se hérissent, les vipères s’enveniment. Cœur impraticable ! » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.177 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
51- « Ce que nous cherchons, c’est à nous acclimater. La plupart n’y réussissent que trop bien ; quelques-uns n’y parviennent jamais, les meilleurs. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.186 v
52- « Placer toujours un motif d’être indépendant entre quoi que ce soit et soi. Royauté sur tout de l’âme. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.195 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
53- « Comment l’orgueil qui est ma part et la vanité qui est la part du vulgaire auraient-ils ne commune mesure ? » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.199 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
54- « Ce sont moins nos actes en effet qui nous diminuent que le peu d’exigence de notre désir originel. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 1, p.199 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
55- « Chacun devrait composer à son usage privé sa propre bible. » - Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.207 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
56- « La sincérité absolue ne peut conduire qu’à l’immobilité ou à la folie. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.209 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
57- « La plupart des dévots caressent une idole qu’ils craignent de voir s’éveiller. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.210 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
58- « Dieu est une relation, la plus belle relation dont on ne peut pas vouloir se priver sans inintelligence. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.211 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
59- « La religion n’est pas du côté de ceux qui font profession d’en avoir une, tout le temps qu’ils n’en ont pas vérifié l’insuffisance. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.216 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
60- « Dieu est pour chacun une projection de soi qui rejette le moi à sa vraie place dans son humilité et son orgueil absolu. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.220 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
61- « Ô le respect de ce qui est individuel ! « Le bien d’autrui tu ne prendras. » Or, qu’est-ce qui est le bien d’autrui plus que son âme ? qu’est-ce qui est le bien de chacun plus que lui-même ? » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 2, p.221 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
62- « L’Enfer est de même essence que le Ciel. C’est le même feu qui est lumière ici et là brûlure. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.230 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
63- « […] je n’ai de religion que l’Enfer ; non pour le craindre, pour me connaître. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.230 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
64- « Ainsi n’ai-je qu’une religion : la grandeur de l’homme. Je n’opte que pour tout ce qui dote mon âme de plus d’étendu et de durée. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.230 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
65- « « J’ai l’instinct du salut », me dit L.S…Quelle sécurité ! Quelle misère ! » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.232 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
66- « Ô quand nous n’avons pas la force en nous de nous perdre ni de nous sauver, mais plus rien qu’une prudence inutile ! » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.233 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
67- « Perdu ou sauvé, c’est la même chose : on n’a plus besoin de rien ni personne. Quelle indépendance ! » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.235 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
68- « J’assiste en moi parfois à la succession d’être qui se lèvent, comme des soleils. Leur solitude au-dessus de mes jours est royale et ils sombrent le soir dans des océans d’amertume et des magnificences de sang. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.238 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
69- « D’où que tu te caches ailleurs qu’en toi je te pourchasserai. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.244 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
70- « Celui qui aime songe au rien qu’on lui refuse, quand on lui a déjà presque tout donné. » -Marcel JOUHANDEAU- Livre III, partie 3, p.245 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
71- « […] l’acharnement au travail qui caractérise la vie moderne, cette activité bruyante, qui dévore le temps, qui s’enorgueillit d’elle-même jusqu’à la sottise […] » -NIETZSCHE- chap.58 [algèbre des valeurs morales, idées, 1935]
72- « […] ils [Les philosophes] ne font que défendre, avec des arguments découverts après coup, quelque thèse arbitraire […] qu’ils ont fait passer préalablement au crible de l’abstraction. Ce sont tous des avocats sans le savoir, et par surcroît des avocats de leurs préjugés, qu’ils baptisent « vérités ». » -NIETZSCHE- chap.5 [Par-delà bien et mal (1886), idées,]
73- « De fait, si l’on veut comprendre ce qui a donné le jour aux affirmations métaphysiques les plus transcendantes d’un philosophe, on fera bien et sagement de se demander au préalable : à quelle morale veulent-elles (ou veut-il) en venir ? » -NIETZSCHE- chap.6 [Par-delà bien et mal (1886)]
74- « […] sitôt qu’une philosophie commence à croire en elle-même, elle crée toujours le monde à son image, elle ne peut pas faire autrement ; la philosophie est cet instinct tyrannique lui-même, la volonté de puissance sous sa forme la plus spirituelle, l’ambition de créer le monde […] » -NIETZSCHE- chap.9 [Par-delà bien et mal (1886)]
75- « […] courage, serrez les dents, ouvrez les yeux et tenez ferme la barre ! Nous cinglons tout droit au-delà de la morale […] –mais qu’importe notre destin ? Jamais un monde de connaissance plus profondes ne s’est ouvert à la hardiesse des navigateurs […] » -NIETZSCHE- chap.23 [Par-delà bien et mal (1886)]
76- « Comme toute longue guerre rend venimeux, sournois, mauvais, quand elle ne se poursuit pas franchement dans la violence ! » -NIETZSCHE- chap.25 [Par-delà bien et mal (1886)]
77- « Celui que le commerce des hommes n’a jamais fait passer par toute les couleurs de la détresse, blêmir et verdir de dégoût, de satiété, de pitié, d’accablement et de solitude, n’est certes pas un homme d’un goût très élevé ; mais s’il n’assume pas volontairement cet ennuyeux fardeau, s’il se tient à l’écart et, comme je l’ai dit, s’isole dans sa forteresse avec une muette fierté, alors la chose sera claire : cet homme n’est pas fait pour la connaissance […] » -NIETZSCHE- chap.26 [Par-delà bien et mal (1886)]
78- « Le cynisme est la seule forme sous laquelle les âmes vulgaires accèdent à la probité […] » -NIETZSCHE- chap.44 [Par-delà bien et mal (1886)]
79- « Les livres pour tout le monde sentent toujours mauvais ; une odeur de petites gens s’élève de leurs pages. » -NIETZSCHE- chap.30 [Par-delà bien et mal (1886)]
80- « L’esprit de colère et de révérence propre à la jeunesse semble ne pas connaître de repos avant d’avoir si bien falsifié les êtres et les choses à sa convenance qu’il puisse enfin se déchaîner. » -NIETZSCHE- chap.31 [Par-delà bien et mal (1886)]
81- « […] il faut impitoyablement traîner tribunal et mettre sur la sellette les sentiments d’abnégation et de sacrifice […] Ces sentiments, peut-on se demander, ne visent-ils pas à séduire ? Le fait qu’ils plaisent […] ne constituent pas un argument en leur faveur ; c’est précisément ce qui invite à la prudence. » -NIETZSCHE- chap.33 [Par-delà bien et mal (1886)]
82- « Le bonheur et la vertu ne sont pas des arguments […] Une thèse pourrait être vraie même si elle était nuisible ou dangereuse […] » -NIETZSCHE- chap.39 [Par-delà bien et mal (1886)]
83- « Ne s’attacher à aucune personne, fût-elle la plus aimée –toute personne est une prison, et aussi un refuge. » -NIETZSCHE- chap.41 [Par-delà bien et mal (1886)]
84- « Ne s’attacher à aucune personne […], à aucune patrie […], à aucune compassion […], à aucune science […], ou à son propre détachement, à cette volupté du lointain qui est celle de l’oiseau volant toujours plus haut pour voir l’espace s’élargir sous ses ailes […] Ne pas s’attacher à ses vertus et ne pas sacrifier son être total à une particularité quelconque […] » -NIETZSCHE- chap.41 [Par-delà bien et mal (1886)]
85- « […] nous croyons que la dureté, la violence, l’esclavage, le danger dans la rue et dans les cœurs, le secret, le stoïcisme, la tentation et les diableries de toutes sortes, que tout ce qui est mauvais, terrible, tyrannique en l’homme, ce qui tient en lui du fauve et du serpent, sert aussi bien l’élévation de l’espèce « homme » que son contraire. » -NIETZSCHE- chap.44 [Par-delà bien et mal (1886)]
86- « […] reconnaissants envers le dieu, le diable, le mouton et le ver qui nous habitent, curieux jusqu’au vice, chercheurs jusqu’à la cruauté, pourvus de doigts agile pour saisir l’insaisissable […] » -NIETZSCHE- chap.44 [Par-delà bien et mal (1886)]
87- « La philosophie « éclairée » indigne : l’esclave veut de l’absolu, il ne comprend que ce qui est tyrannique, en morale comme ailleurs, il aime comme il hait, profondément […] » -NIETZSCHE- chap.46 [Par-delà bien et mal (1886)]
88- « Qui est magister [=professeur] dans l’âme ne prend rien au sérieux que par rapport à ses élèves –même sa propre personne. » -NIETZSCHE- chap.63 [Par-delà bien et mal (1886)]
89- « Ce n’est pas la puissance mais la constance d’un sentiment supérieur qui fait l’homme supérieur. » -NIETZSCHE- chap.72 [Par-delà bien et mal (1886)]
90- « Dans un être humain, le degré et la nature de la sexualité se répercutent jusque dans les plus hautes régions de l’esprit. » -NIETZSCHE- chap.75 [Par-delà bien et mal (1886)]
91- « Une chose qui devient claire cesse de nous concerner. » -NIETZSCHE- chap.80 [Par-delà bien et mal (1886)]
92- « Il est atroce de mourir de soif au milieu de la mer. Faut-il donc que vous saliez vos vérités au point qu’elles ne soient même plus bonnes à étancher la soif ? » -NIETZSCHE- chap.81 [Par-delà bien et mal (1886)]
93- « L’épreuve d’expériences terribles conduit à se demander si celui qui les vit n’est pas lui-même quelque chose de terrible. » -NIETZSCHE- chap.89 [Par-delà bien et mal (1886)]
94- « Maturité de l’homme : cela signifie avoir retrouvé le sérieux que l’on mettait dans ses jeux, enfants. » -NIETZSCHE- chap.94 [Par-delà bien et mal (1886)]
95- « Rougir de son immoralité : c’est une des marches de l’escalier au bout duquel on rougira aussi de sa moralité. » -NIETZSCHE- chap.95 [Par-delà bien et mal (1886)]
96- « Quand on a bien dressé sa conscience, elle nous baise en même temps qu’elle nous mord. » -NIETZSCHE- chap.98 [Par-delà bien et mal (1886)]
97- « Nous nous faisons tous plus naïf à nos propres yeux que nous ne le sommes : cela nous repose de nos contemporains. » -NIETZSCHE- chap.100 [Par-delà bien et mal (1886)]
98- « Le danger dans le bonheur. « À présent toute chose tourne à mon avantage, à présent, j’aime n’importe quel destin : qui a envie d’être mon destin ? » -NIETZSCHE- chap.103 [Par-delà bien et mal (1886)]
99- « Une fois la décision prise, il faut fermer l’oreille aux meilleurs objections : c’est là le signe d’un caractère ferme. Donc, à l’occasion, il faut opter pour la sottise. » -NIETZSCHE- chap.107 [Par-delà bien et mal (1886)]
100- « C’est quand notre orgueil vient d’être blessé qu’il est le plus difficile de faire souffrir notre vanité. » -NIETZSCHE- chap.111 [Par-delà bien et mal (1886)]