1- « Il faut quelqu’un à notre âme, quelqu’un qui lui inspire respect et dont l’autorité sanctifie jusqu’au plus secret d’elle-même. Heureux l’homme dont la présence, dont la simple idée rend meilleur. » -SÉNÈQUE- Livre 1, lettre 11, chap.9 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
2- « La ciguë a grandi Socrate. Arrache des mains de Caton le glaive qui va l’affranchir : tu lui retires beaucoup de sa gloire. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 13, chap.14 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
3- « A trop l’aimer [son corps], nous voici travaillés de craintes, chargés de soucis, en proie aux affronts : le bien moral n’a plus de prix pour qui le corps en a trop. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 14, chap.2 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
4- « Bref, en toute entreprise, ce que considère le sage, c’est le dessein, non la fin. Les prémices dépendent de nous ; pour l’issue, la fortune en ordonne sans que je lui donne sur moi droit de sentence. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 14, chap.16 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
5- « Il n’est pas à propos que trop vite, trop aisément tu te fies à toi. Épluche la vie, fouille en divers sens, regarde partout […] » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 16, chap.2 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
6- « Que les destins nous tiennent dans les chaînes d’une loi inexorable ; ou qu’un Dieu, arbitre de l’univers, ait organisé toutes choses ; ou que le hasard mette en branle et brasse dans le désordre les choses humaines, la philosophie doit nous protéger. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 16, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
7- « Les désirs de la nature ont leurs bornes ; ceux qu’enfante la fausse opinion n’ont pas de terme où s’arrêter. Car le domaine du faux est sans limites. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 16, chap.9 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
8- « Ce que tu cherches, n’est-ce pas ? ce que tu penses gagner par tes atermoiements, c’est de n’avoir pas la pauvreté à craindre. Mais si elle est à souhaiter ? » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 17, chap.3 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
9- « Une chose reste identique de siècle en siècle : ce qui suffit. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 17, chap.10 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
10- « Loger une âme souffrante parmi les richesses ou dans la pauvreté, le résultat est le même : son mal la suit. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 17, chap.12 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
11- « […] s’il y a beaucoup plus de force morale, au milieu d’un peuple ivre et vomissant, à demeurer sec et sobre, il y a plus de mesure à ne pas s’isoler, à ne pas se singulariser […] » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 18, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
12- « Or, que choisis-tu ? L’indigence qui rassasie ou l’abondance qui crie famine ? La prospérité est avide […] Aussi longtemps que rien ne te suffira, toi-même tu ne suffiras pas aux autres. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 19, chap.7 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
13- « J’aurai crédit chez la postérité ; j’ai de quoi faire durer les noms que je mène avec moi. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 21, chap.5 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
14- « La servitude ne retient que peu d’hommes ; il en est plus qui retienne la servitude. » -SÉNÈQUE- Livre 2, lettre 22, chap.11 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
15- « Pas un ne se demande s’il vit bien, mais s’il aura longtemps à vivre. Cependant tout le monde est maître de bien vivre ; nul de vivre longtemps. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 22, chap.17 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
16- « Attends-tu que je t’écrive combien l’hiver, qui a été modéré et court, s’est montré gentil pour nous […] ; et autres niaiseries de gens qui cherchent de quoi parler ? » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 23, chap.1 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
17- « Les mines de léger métal ont leur produit à fleur de sol. Les plus riches sont celles dont la veine se cache au fond, mais qui répondra bien plus pleinement à la ténacité du fouilleur. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 23, chap.5 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
18- « Ce pauvre corps […] prouve les vains plaisirs, courts, suivis de mécontentement et destinés, si une grande modération ne les tempère, à passer dans l’état opposé. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 23 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
19- « Oui, oui, le plaisir est au rebord d’une pente : il incline vers la souffrance, dès qu’il n’observe plus la limite. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 23, chap.6 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
20- « Assurément, il y a folie, sous prétexte qu’on doit être malheureux un jour, à se rendre maintenant malheureux. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 24, chap.1 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
21- « Quelque événement que tu appréhendes mets-toi dans l’esprit qu’il se produira immanquablement. Quel que soit le mal, prends-en la mesure dans ta pensée, établie là-dessus le bilan de tes craintes […] » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 24, chap.3 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
22- « L’homme de cœur, le sage ne s’enfuit pas de la vie ; il en sort. Surtout évitons jusqu’à cette passion qui s’est emparée de beaucoup : l’envie de mourir. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 24, chap.25 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
23- « Je le répète : les disputes philosophiques, les conversations érudites, les collections de mots tirés des maximes des sages, un docte langage ne démontrent pas la force de l’âme : les plus lâches savent parler en héros. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 26, chap.6 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
24- « Écoute-moi donc comme si je me parlais à moi-même ; je t’ouvre ma vie secrète, et je t’appelle en tiers aux moments où je compte avec moi-même. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 26, chap.1 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
25- « Tu demandes pourquoi tu ne sens pas dans ta fuite un soulagement ? Tu fuis avec toi. Il te faut déposer ce qui fait poids sur ton âme : aucun lui jusque-là ne te donnera du plaisir. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 28, chap.3 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
26- « L’important n’est pas de savoir où, mais dans quel esprit tu arrives ; et voilà pourquoi nous ne devons à aucun lieu assujettir notre âme. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 28, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
27- « Sois d’abord ton accusateur, puis ton juge ; ne te fais ton avocat qu’en dernier lieu. À l’occasion sache te désobliger [= te blesser] » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 28, chap.10 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
28- « La sagesse est un art : elle doit donc viser un but précis, choisir des sujets perfectibles, laissez ceux dont le cas est apparu comme désespérer, sans toutefois les abandonner trop vite […] » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 29, chap.2 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
29- « On risque, j’en conviens, si on lui tend la main, de se voir entraîner ; c’est un esprit d’une remarquable vigueur, mais qui est déjà sur la pente du mal. N’importe ! J’affronterai le risque, bien résolu à lui découvrir ses maux [à Marcellinus] » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 29, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
30- « En effet, qui peut être aimé du peuple, du moment qu’il aime la vertu ? C’est par de mauvais moyens que se gagne la faveur populaire […] L’affection des âmes viles ne s’achète que par de vils procédés. » -SÉNÈQUE- Livre 3, lettre 29, chap.11 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
31- « […] si tu prétends à la félicité, prie les Dieux de ne pas t’envoyer rien de ce qu’on souhaite pour toi. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 31, chap.2 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
32- « Le travail n’est pas en soi un bien. Qu’est-ce donc que le bien ? L’indifférence pour le travail en tant que travail. Je suis donc disposé à condamner toute activité sans objet. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 31, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
33- « Chaque trait de l’œuvre de génie est un des filaments qui composent la trame et qui la soutiennent ; rien ne s’en peut retrancher : autrement, tout croule. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 33, chap.5 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
34- « « Zénon a dit ceci. » Et toi, que dis-tu ? « Cléanthe pense ainsi. » Et toi, que penses-tu ? Marches-tu toujours sous les ordres d’autrui ? Sois un chef ; […] produis quelque chose de ton fonds. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 33, chap.7 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
35- « Pauvres hommes, sans personnalité d’aucune sorte, commentateurs éternels tapis à l’ombre des grands noms ! Je leur dénie la moindre générosité d’âme […] » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 33, chap.8 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
36- « Laisse donc un peu de marge entre toi et ton livre. Et quoi ! discipline indéfiniment ? Tiens école à ton tour. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 33, chap.9 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
37- « Il y a de la dépravation dans l’âme de l’homme dont les actes sont en discordances. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 34, chap.4 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
38- « Que je te demande si instamment de t’adonner à la philosophie, je travaille pour mon compte. Je veux posséder un ami ; ce qui ne peut m’advenir que si tu continues à pousser ton perfectionnement. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 35, chap.1 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
39- « Il y a honte à se laisser entraîner au lieu d’aller son pas, et, soudainement plongé dans le tourbillon des événements, à demander avec stupeur : « Comment, moi, suis-je ici ? » » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 37, chap.5 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
40- « […] il n’y a plus de remède quand les vices d’hier sont devenus les mœurs d’aujourd’hui. » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 39, chap.6 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
41- « […] ces baladins de la parole, il est plus que suffisant de les avoir une fois entendus. Que voudrait-on apprendre, que voudrait-on imiter d’eux ? Que penser de leur âme, alors que leur discours n’est que désarroi, emportement ingouvernable ? » -SÉNÈQUE- Livre 4, lettre 340, chap.6 [Lettres à Lucilius (an 62), trad : Henri Noblot, Les Belles Lettres, Paris, 1956]
42- « Le patriotisme est une vertu, l’histoire est une science ; il ne faut pas les confondre. » -Fustel DE COULANGES- p.28 [La Monarchie franque, Paris, 1888]
43- C’est qu’en effet entre le texte et l’esprit prévenu qui le lit il s’établit une sorte de conflit inavoué ; l’esprit se refuse à saisir ce qui est contraire à son idée […] » Fustel DE COULANGES- p.28 [La Monarchie franque, Paris, 1888]
44- « Et ce n’est pas notre rôle ici que de penser que pour une saison, pour quelques générations d’Hommes ou pour une époque passagère du monde. » -GANDALF- (Tolkien) Tome I, chap.2, p.355 [Le seigneur des Anneaux – I]
45- « […] mais que ne jure pas de marcher dans les ténèbres qui n’a pas vu la tombée de la nuit. » -ELROND- (Tolkien) Tome I, chap.3, p.374 [Le seigneur des Anneaux – I]
46- « […] parole donnée peut fortifier cœur tremblant. » -GIMLI- (Tolkien) Tome I, chap.3, p.374 [Le seigneur des Anneaux – I]
47- « Imprimer la forme à une durée, c’est l’exigence de la beauté mais aussi celle de la mémoire. Car ce qui est informe est insaisissable immémorisable. » -KUNDERA- chap.11, p.44 [La lenteur, Gallimard, 1995]
48- « […] chaque nouvelle possibilité qu’a l’existence, même celle qui est la moins probable, transforme l’existence tout entière. » -KUNDERA- chap.12, p.47 [La lenteur, Gallimard, 1995]
49- « […] chacun de nous souffre (plus ou moins) de la bassesse de sa vie trop ordinaire et désire échapper et s’élever. Chacun de nous a connu l’illusion (plus ou moins forte) d’être digne de cette élévation, d’être prédestiné et choisi pour elle. » -KUNDERA- chap.15, p.54 [La lenteur, Gallimard, 1995]
50- « Elle est de plus en plus triste, et pour un homme il n’est pas de baume plus bienfaisant que la tristesse qu’il a causée a une femme. » -KUNDERA- chap.25, p.88 [La lenteur, Gallimard, 1995]
51- « Seuls les nigauds se laissent convaincre de l’intimité de cet endroit [la vulve], le plus public de tous. L’unique endroit vraiment intime, […] c’est le trou du cul, la porte suprême ; suprême car la plus mystérieuse […] » -KUNDERA- chap.28, p.99 [La lenteur, Gallimard, 1995]
52- « Quand les choses se passent trop vite personne ne peut être sûr de rien, de rien du tout, même pas de soi-même. » -KUNDERA- chap.41, p.134 [La lenteur, Gallimard, 1995]
53- « Les hommes disent : « tout passe », mais combien saisissent la portée de cette terrifiante banalité ? » -CIORAN- p.65 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
54- « […] l’activité philosophique relève d’une sève diminuée et d’une profondeur suspecte, qui n’ont de prestiges que pour les timides et les tièdes. […] elle est le recours de tous ceux qui esquivent l’exubérance corruptrice de la vie. » -CIORAN- p.67 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
55- « […] nous ne sommes sûrs que dans notre univers verbal, maniable à plaisir – et inefficace. L’être est muet et l’esprit est bavard. Cela s’appelle connaître. » -CIORAN- p.69 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
56- « […] la vraie mort n’étant pas la pourriture, mais le dégoût de toute irradiation, la répulsion pour tout ce qui est germe, pour tout ce qui s’épanouit sous la chaleur de l’illusion. » -CIORAN- p.70 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
57- « Si le vertige devient notre loi, portons un nimbe souterrain, une couronne dans notre chute. Détrônés de ce monde, emportons-en le sceptre pour honorer la nuit d’un faste nouveau. » -CIORAN- p.77 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
58- « Comment peut-on souffrir de l’absence de celui qui est présent ? […] on peut souffrir de nostalgie en présence de l’aimé si on entrevoit un avenir où l’aimé n’est plus […] » -KUNDERA- chap.14, p.45 [L’identité, 1997, Gallimard]
59- « On peut se reprocher un acte, une parole prononcée, on ne peut se reprocher un sentiment tout simplement parce qu’on a aucun pouvoir sur lui. » -KUNDERA- chap.14, p.46 [L’identité, 1997, Gallimard]
60- « […] il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot et cet arrosage exige un contact régulier avec les témoins du passé, c’est-à-dire avec des amis. Ils sont notre miroir ; notre mémoire […] » -KUNDERA- chap.16, p.50 [L’identité, 1997, Gallimard]
61- « L’amitié n’est plus vérifiable par aucune épreuve […] Nous traversons nos vies sans grands dangers, mais aussi sans amitié. » -KUNDERA- chap.16, p.53 [L’identité, 1997, Gallimard]
62- « L’érotisme […] est une chose ambiguë car si tout le monde convoite la vie érotique, tout le monde aussi la haït comme la cause de ses malheurs, de ses envies, de ses complexes, de ses souffrances. » -KUNDERA- chap.18, p.56 [L’identité, 1997, Gallimard]
63- « Il est impossible d’avoir un enfant et de méprise le monde […]. C’est à cause de l’enfant que nous nous attachons au monde, pensons à son avenir, […] prenons au sérieux son incurable bêtise. » -KUNDERA- chap.19, p.63 [L’identité, 1997, Gallimard]
64- « Aujourd’hui nous sommes tous pareils, tous unis par la commune indifférence envers notre travail. Cette indifférence est devenue passion. La seule grande passion collective de notre temps. » -KUNDERA- chap.26, p.84 [L’identité, 1997, Gallimard]
65- « Tout a changé quand je t’ai connue. Non pas que mes petits travaux sont devenus plus passionnants. Mais parce que je transforme tout ce qui se passe autour de moi en matière de nos conversations. » -Jean-Marc- à Chantal (Kundera) chap.26, p.84 [L’identité, 1997, Gallimard]
66- « […] nous avons peur de l’immensité du possible, n’étant pas préparée à une révélation si vaste et si subite, à ce bien dangereux [la Liberté] auquel nous aspirons et devant lequel nous reculons. » -CIORAN- p.76 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
67- « Pendant des heures nous étions semblables à des dieux ivres – et, subitement, les yeux ouverts supprimant l’infini nocturne, il nous faut reprendre sous la médiocrité du jour, le ressassement de problèmes incolores […] » -CIORAN- p.78 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
68- « Cependant la volonté de miner le fondement de tout ce qui existe produit un désir d’efficacité négative, puissant et insaisissable comme un relent de remords corrompant la jeune vitalité d’un espoir… » -CIORAN- p.80 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
69- « Chacun est pour soi-même un dogme suprême ; nulle théologie ne protège son dieu comme nous protégeons notre moi ; et ce moi, si nous l’assiégeons de doutes, et le mettons en question, ce n’est que fausse élégance de notre orgueil : la cause est gagnée d’avance. » -CIORAN- p.84 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
70- « Nous sommes tous ridiculement prudents et timides : le cynisme ne s’apprend pas à l’école. La fierté non plus. » -CIORAN- p.90 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
71- « Le penseur qui réfléchit sans illusion sur la réalité humaine, s’il veut rester à l’intérieur du monde, et qu’il élimine la mystique comme échappatoire, aboutit à une vision dans laquelle se mélangent la sagesse, l’amertume et la farce […] » -CIORAN- p.91 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
72- « La poésie : divagation cosmogonique du vocabulaire…A-t-on combiné plus efficacement le charlatanisme et l’extase ? » -CIORAN- p.97 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
73- « Mais ce jeu est sans limite : chacun de nos désirs recrée le monde et chacune de nos pensées l’anéanti…Dans la vie de tous les jours alternent la cosmogonie et l’apocalypse […] » -CIORAN- p.99 [Précis de décomposition, Gallimard 1966]
74- « […] s’il est vrai qu’il y ait peu de Héros pour les gens qui les voient de près, je puis dire aussi, qu’il y a pour leur sopha, bien de femmes vertueuses. » -CRÉBILLON- chap.1, p.42 [Le Sopha (1743), G-F, Paris, 1995]
75- « […] il est impossible de se dérober aux plaisirs sans vivre dans les plus cruels ennuis, et qu’une femme ne peut cependant s’y livrer ouvertement, sans s’exposer à une honte et à des dangers […] » -CRÉBILLON- chap.2, p.48 [Le Sopha (1743), G-F, Paris, 1995]
76- « Jamais on n’est sensible au plaisir de dire du mal des autres, qu’on ne le soit aussi à celui de parler bien de soi-même. » -CRÉBILLON- chap.3, p.50 [Le Sopha (1743), G-F, Paris, 1995]
77- « […] cette vivacité dans les transports, ces tendres riens que la finesse de l’âme, et la politesse des manières rendent supérieurs aux plaisirs, ou qui, pour mieux dire, les sont eux-mêmes. » -CRÉBILLON- chap.3, p.53 [Le Sopha (1743), G-F, Paris, 1995]
78- « Un moment donné par le caprice, s’il n’est pas saisi, ne revient peut-être jamais, mais quand c’est l’amour qui le donne, il semble que moins on le saisit, plus il s’empresse à le rendre. » -CRÉBILLON- chap.6, p.77 [Le Sopha (1743), G-F, Paris, 1995]
79- « […] le mot moraliste est indiscutablement frappé d’inflation. Cet emploi incontrôlé n’aboutit ici, comme dans le cas d’une monnaie, qu’à l’usure et à la dépréciation. » -Louis VANDELFT p.13 [Le moraliste classique, Droz, Genève, 1982]
80- « Voilà pourquoi nous avons deux oreilles et une seule bouche, pour écouter plus et parler moins. » -ZÉNON- (rapporté par Diogène Laërce, vies et opinions des philosophes, livre 7, chap.24)
81- « […] c’est toi qui te connais toi-même, qui sait combien tu vaux et combien tu te vends ; chacun se vend à son prix. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 1, no.11 [Entretiens (début 2e siècle)]
82- « […] « quel lamentable morceau de chair que mon corps. ». Oui, vraiment lamentable, mais tu possèdes quelque chose de mieux que ce pauvre corps ; pourquoi donc l’oublier te consumer pour lui ? » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 4, no.23 [Entretiens (début 2e siècle)]
83- « […] l’important, c’est de s’exercer à supprimer de sa vie les lamentations, les gémissements, les « hélas ! », les « malheureux que je suis ! », les malchances, les échecs […] » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 4, no.23 [Entretiens (début 2e siècle)]
84- « Quel est en effet le sujet des tragédies, sinon les souffrances d’hommes qui s’étonnent devant les choses extérieures parce qu’elles se montrent à eux à travers la valeur qu’ils leur donnent ? » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 4, no.26 [Entretiens (début 2e siècle)]
85- « La cause des pleurs d’Achille, ce n’est pas la mort de Patrocle, c’est qu’il lui a paru bon de pleurer ; tel autre, à la mort de son camarade, ne serait pas dans le même état. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 11, no.31 [Entretiens (début 2e siècle)]
86-« La solitude devrait être synonyme de tranquillité, de liberté, et tu devrais juger qu’elle te rend semblable aux dieux […] » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 12, no.21 [Entretiens (début 2e siècle)]
87- « S’il n’y a pas de plus grand dommage que la perte des plus grands biens, et si le plus grand des biens est pour chacun une volonté dirigée comme elle doit l’être, et si un homme est privé de ce bien, pourquoi t’irriter contre lui. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 18, no.8 [Entretiens (début 2e siècle)]
88- « On ne perd que ce qu’on possède ; on ne souffre que pour ce qu’on possède. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 18, no.16 [Entretiens (début 2e siècle)]
89- « […] ne fais rien avec ennui, par contrainte et ente croyant malheureux ; car cela, personne ne t’y force […] Car il faut se souvenir et bien retenir que la porte est ouverte. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 25, no.17-18 [Entretiens (début 2e siècle)]
90- « Le commencement de la philosophie est la conscience de l’état dans lequel est votre propre raison ; quand on connaît sa faiblesse, on ne voudra plus user d’elle pour les occasions importantes. » -ÉPICTÈTE- Livre I, partie 26, no.15 [Entretiens (début 2e siècle)]
91- « […] si quelque obstacle t’empêche […], ta réponse sera prête : « Mais je ne voulais pas seulement cela, je voulais aussi garder ma volonté en accord avec la nature ; or, je ne la garderai pas telle, si je m’irrite contre ce qui arrive. » -ÉPICTÈTE- chap.4 [Manuel]
92- « […] quand tu te vantes en disant : « J’ai un beau cheval, saches que tu te vantes d’un bien qui est à ton cheval. Qu’est-ce donc qui est à toi ? L’usage des idées. » -ÉPICTÈTE- chap.6 [Manuel]
93- « Souviens-toi que tu es acteurs d’un drame que l’auteur veut tel […] ; si c’est un rôle de mendiant qu’il veut pour toi, même celui-là joue-le avec talent […] ». -ÉPICTÈTE- chap.17 [Manuel]
94- « Quand donc on t’a mis en colère, sache que c’est ta propre opinion qui t’as mis en colère. » -ÉPICTÈTE- chap.20 [Manuel]
95- « S’il t’arrive jamais de te tourner vers l’extérieur dans le dessein de plaire à quelqu’un, saches que tu as perdu ton orientation. » -ÉPICTÈTE- chap.23 [Manuel]
96- « Contente-toi donc en toute circonstance d’être philosophe. Si tu veux, en plus, le paraître, parais-le à toi-même ; c’est bien suffisant. » -ÉPICTÈTE- chap.23 [Manuel]
97- « Si je peux acquérir tout en me gardant modeste, fidèle et magnanime, montre-moi le chemin, et j’acquerrai. » -ÉPICTÈTE- chap.24 [Manuel]
98- « […] Souviens-toi, ne faisant pas les mêmes efforts [que les autres] pour obtenir ce qui ne dépend pas de nous, tu ne peux prétendre aux mêmes résultats. » -ÉPICTÈTE- chap.25, [Manuel]
99- « Si on livrait ton corps au premier venu, tu t’indignerais ; mais quand tu livres toi-même ta propre pensée au premier venu, au point, s’il t’injurie, de la laisser gagner par le trouble et la confusion, tu n’en as pas honte ? ». -ÉPICTÈTE- chap.28, [Manuel]
100- « Si tu en es capable, tâche même par tes propos de ramener ceux de tes compagnons sur des sujets convenables. Mais si tu te trouves isolé parmi des étrangers, tais-toi. » -ÉPICTÈTE- chap.33 [Manuel]