MICHEL DE MONTAIGNE

Référence pour les citations #1 à #117 :

/MONTAIGNE / ESSAIS (Livre III) [1588] / Librairie générale française / 1972/



1- « e que la crainte m’a fait une fois vouloir, je suis tenu de le vouloir encore sans crainte […] » Livre III, chap.1, p.22


2- « […] ous n’avons que faire de durcir nos courages par ces lames de fer ; c’est assez que nos épaules le soient ; c’est assez de tremper nos plumes en encre, sans les tremper en sang. » Livre III, chap.1, p.23


3- « e ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être. Je peins le passage […] » Livre III, chap.2, p.25


4- « a malice hume la plupart de son propre venin et s’en empoisonne. Le vice laisse, comme un ulcère en la chair, une repentance en l’âme, qui toujours s’égratigne et s’ensanglante elle-même. » Livre III, chap.2, p.27


5- « e n’est pas un léger plaisir de se sentir préservé de la contagion d’un siècle si gâté […] » Livre III, chap.2, p.28


6- « ’ai mes lois et ma cour pour juger de moi, et m’y adresse plus qu’ailleurs. » Livre III, chap.2, p.29


7- « l n’y a que vous qui sache si vous êtes lâche et cruel, ou loyal et dévotieux ; les autres ne vous voient point ; ils vous devinent par conjectures incertaines ; ils voient non tant votre nature que votre art. » Livre III, chap.2, p.29


8- « l nous semble que de ces hauts trônes ils ne s’abaissent pas jusqu’à vivre. » Livre III, chap.2, p.32


9- « omme les âmes vicieuses sont incitées souvent à bien faire par quelque impulsion étrangère, aussi sont les vertueuses à faire le mal. Il les faut donc juger par leur état rassis, quand elles sont chez elles, si quelquefois elles y sont […] » Livre III, chap.2, p.32


10- « […] l n’est personne, s’il s’écoute, qui ne découvre en soi une forme sienne, une forme maîtresse, qui lutte contre l’institution, et contre la tempête des passions qui lui sont contraires. » Livre III, chap.2, p.33


11- « e moi, je ne me sens guère agiter par secousse, je me trouve quasi toujours à ma place […] Si je ne suis chez moi, j’en suis toujours bien près. Mes débauches ne m’emportent pas loin. » Livre III, chap.2, p.33


12- « […] e ne saurai jamais bon gré à l’impuissance du bien qu’elle me fasse. » Livre III, chap.2, p.38


13- « n ne peut se vanter de mépriser et combattre la volupté, si on ne la voit, si on l’ignore, et ses grâces, et ses forces, et sa beauté […] » Livre III, chap.2, p.40


14- « es plus belles âmes sont celles qui ont plus de variété et de souplesse. » Livre III, chap.3, p.43


15- « a plupart des esprits ont besoin de matière étrangère pour se dégourdir et exercer ; le mien en a besoin pour se rasseoir plutôt et séjourner […], car sa plus laborieuse et principale étude, c’est s’étudier à soi. » Livre III, chap.3, p.44


16- « ais la froideur de ma conversation m’a dérobé, avec raison, la bienveillance de plusieurs, qui sont excusables de l’interpréter à autre et pire sens. » Livre III, chap.3, p.45


17- « n nos propos, tous sujets me sont égaux ; il ne me chaut qu’il y ait ni poids, ni profondeur ; la grâce et la pertinence y sont toujours ; tout y est teint d’un jugement mûr et constant, et mêlé de bonté, de franchise, de gaieté et d’amitié. » Livre III, chap.3, p.50


18- « u demeurant, je faisais grand compte de l’esprit, mais pourvu que le corps n’en fût pas à dire ; car […], au sujet de l’amour [=plaisir charnel], sujet qui principalement se rapporte à la vue et à l’attouchement, on fait quelque chose sans les grâces de l’esprit, rien sans les grâces corporelles. » Livre III, chap.3, p.53


19- « [e commerce avec les livres] a pour sa part la constance et la facilité de son service. Celui-ci côtoie tout mon cours et m’assiste partout. Il me console en la vieillesse et en la solitude. Il me décharge du poids d’une oisiveté ennuyeuse ; et me défait à tout heure des compagnies qui me fâchent. » Livre III, chap.3, p.54


20- « isérable à mon gré, qui n’a chez soi où être à soi, où se faire particulièrement la cour, où se cacher ! » Livre III, chap.3, p.56


21- « e renonce dès à présent aux favorables témoignages qu’on me voudra donner, non parce que j’en serai digne, mais parce que je serai mort. » Livre III, chap.4, p.69


22- « ombien de fois embrouillons-nous notre esprit de colère ou de tristesse par telles ombres, et nous insérons en des passions fantastiques qui nous altèrent et l’âme et le corps ! […] C’est priser sa vie justement ce qu’elle est, de l’abandonner pour un songe. » Livre III, chap.4, p.70


23- « a sagesse à ses excès et n’a pas moins besoin de modération que la folie. » Livre III, chap.5, p.74


24- « a pire de mes actions et conditions ne me semble pas si laide comme je trouve laid et lâche de ne l’oser avouer. » Livre III, chap.5, p.79


25- « hacun est discret en la confession, on le devrait être en l’action ; la hardiesse de faillir est aucunement compensée et bridée par la hardiesse de confesser. » Livre III, chap.5, p.79


26- « es maux de l’âme s’obscurcissent en leur force ; le plus malade les sent le moins. » Livre III, chap.5, p.79


27- « l me plaît d’être moins loué, pourvu que je sois mieux connu. On me pourrait tenir pour sage en telle condition de sagesse que je tiens pour sottise. » Livre III, chap.5, p.81


28- « eu de gens ont épousé des amies qui ne s’en soient rependis. » Livre III, chap.5, p.89


29- « es femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles. » Livre III, chap.5, p.90


30- « e même aux femmes, un animal glouton, et avide, auquel on refuse aliments en sa saison, il forcène, impatient du délai […] jusques à ce qu’ayant humé le fruit de la soif commune, il en ait largement arrosé et ensemencé le fond de leur matrice. » Livre III, chap.5, p.97


31- « […] ne faim entière est plus âpre que celle qu’on a rassasiée au moins par les yeux. » Livre III, chap.5, p.97


32- « i en quelque chose la rareté sert d’estimation, ce doit être en ceci ; ne regardez pas combien peu c’est, mais combien peu l’ont. » Livre III, chap.5, p.100


33- « […] a force du besoin, qui est un rude conseiller. » Livre III, chap.5, p.108


34- « hacun de vous a fait quelqu’un cocu […] La fréquence de cet accident en doit désormais modérer l’aigreur ; le voilà tantôt passé en coutume. » Livre III, chap.5, p.109


35- « elui-là s’y entendait, ce me semble, qui dit qu’un bon mariage se dressait d’une femme aveugle avec un mari sourd. » Livre III, chap.5, p.111


36- « […] e trouve après tout que l’amour n’est autre chose que la soif de cette jouissance […], ni Vénus autre chose que le plaisir de décharger ses vases, qui devient vicieux par immodération, ou indiscrétion. » Livre III, chap.5, p.118


37- « uel monstrueux animal qui se fait horreur à soi-même, à qui ses plaisirs pèsent […] Hé ! pauvre homme, tu as assez d’incommodités nécessaires, sans les augmenter par ton invention […] » Livre III, chap.5, p.121


38- « […] ontre la nature de l’amour s’il n’est violent, et contre la nature de la violence s’il est constant. » Livre III, chap.5, p.129


39- « e ne m’excuse pas envers moi ; et si je le faisais, ce serait plutôt de mes excuses que je m’excuserais que de nulle autre partie. » Livre III, chap.5, p.132


40- « a conscience s’y engageait aussi, jusques à la débauche et dissolution ; mais jusques à l’ingratitude, trahison, malignité et cruauté, non. Je n’achetais pas le plaisir de ce vice à tout prix […] » Livre III, chap.5, p.136


41- « ar c’est bien raison, comme ils disent, que le corps ne suive point ses appétits au dommage de l’esprit, mais pourquoi n’est-ce pas aussi raison que l’esprit ne suive pas les siens au dommage du corps ? » Livre III, chap.5, p.138


42- « […] otre goût est devenu plus tendre et plus exquis ; nous demandons plus, lorsque nous apportons moins ; nous voulons le plus choisir, lorsque nous méritons le moins d’être acceptés […] » Livre III, chap.5, p.139


43- « […] e dis que les mâles et femelles sont jetés en même moule ; sauf l’institution et l’usage, la différence n’y est pas grande. » Livre III, chap.5, p.143


44- « […] ’est une espèce de pusillanimité aux monarques, et un témoignage de ne sentir point assez ce qu’ils sont, de travailler à se faire valoir et paraître par dépenses excessives. » Livre III, chap.6, p.149


45- « es sujets d’un prince excessif en dons se rendent excessifs en demandes ; ils se taillent non à la raison, mais à l’exemple. » Livre III, chap.6, p.152


46- « omme vainement nous concluons aujourd’hui l’inclination et la décrépitude du monde par les arguments que nous tirons de notre propre faiblesse et décadence. » Livre III, chap.6, p.157


47- « […] et autre monde [l’Amérique] ne fera qu’entrer en lumière quand le nôtre en sortira. L’univers tombera en paralysie ; un membre sera perclus, l’autre en vigueur. » Livre III, chap.6, p.158


48- « ’ai ainsi l’âme poltrone, que je ne mesure pas la bonne fortune [sociale] selon sa hauteur ; je la mesure selon sa facilité. » Livre III, chap.7, p.168


49- « ais si je n’ai point le cœur assez gros, je l’ai en compensation ouvert, et qui m’ordonne de publier hardiment sa faiblesse. » Livre III, chap.7, p.168


50- « […] our éclaircir votre jugement, non pour l’obliger […] » Livre III, chap.11, p.311


51- « […] a fierté de ceux qui attribuaient à l’esprit humain la capacité de toutes choses causa en d’autres, par dépit et par émulation, cette opinion qu’il n’est capable d’aucune chose. » Livre III, chap.11, p.313


52- « ous n’apercevons les grâces que pointues, bouffies et enflées d’artifice. Celles qui coulent sous la &naiveté& et la simplicité échappent aisément à une vue grossière comme est la nôtre […] » Livre III, chap.12, p.315


53- « otre monde n’est formé qu’à l’ostentation : les hommes ne s’enflent que de vent, et se manient à bond, comme les ballons. » Livre III, chap.12, p.316


54- « ous sommes chacun pus riche que nous ne pensons ; mais on nous dresse à l’emprunt et à la quête : on nous duit [=habitue] à nous servir plus de l’autrui que du nôtre. » Livre III, chap.12, p.317


56- « ais les sciences, nous ne les pouvons d’arrivée mettre en autre vaisseau qu’en notre âme : nous les avalons en les achetant, et sortons du marché ou infect ou déjà amendés. » Livre III, chap.12, p.317-318


57- « ecueillez-vous : vous trouverez en vous les arguments de la nature contre la mort vrais, et les plus propre à vous servir à la nécessité ; ce sont ceux qui font mourir un paysan et des peuples entiers aussi constamment qu’un philosophe. » Livre III, chap.12, p.318


58- « ’ai vu pareillement d’autres écrits encore plus révérés qui, en la peinture du conflit qu’ils soutiennent contre les aiguillons de la chair, les représentent si cuisants, si puissants et invincibles que nous […] avons autant à admirer l’étrangeté et vigueur inconnue de leur tentation, que leur résistance. » Livre III, chap.12, p.320


59- « ar il n’est air qui se hume si goulûment, qui s’épande et pénètre, comme fait la licence. » Livre III, chap.12, p.321


60- « l me plaît de voir combien il y a de lâcheté et de pussillanimité en l’ambition, par combien d’objection et de servitude il lui faut arriver à son but. » Livre III, chap.12, p.322


61- « a longue souffrance engendre coutume, la coutume le consentement et l’imitation. » Livre III, chap.12, p.322


62- « ’ambition, l’avarice, la cruauté, la vengeance n’ont point assez de propre et naturelle impétuosité ; amorçons-les et les attisons par le glorieux titre de justice et dévotion. » Livre III, chap.12, p.324


63- « […] e connus que le plus sûr était de me fier à moi-même de moi et de ma nécessité, et s’il m’advenait d’être froidement en la grâce de la fortune, que je me recommandasse de plus fort à la mienne, m’attachasse, regardasse de plus près à moi. » Livre III, chap.12, p.326


64- « n toutes choses les hommes se jettent aux appuis étrangers pour épargner les propres, seuls certains et seuls puissants […] » Livre III, chap.12, p.326


65- « hacun court ailleurs et à l’avenir, d’autant que nul n’est arrivé à soi. » Livre III, chap.12, p.326


66- « a vraie liberté, c’est pouvoir toute chose sur soi. » Livre III, chap.12, p.327


67- « t les bons historiens fuient, comme une eau dormante et une mer morte, des narrations calmes, pour regagner les séditions, les guerres, où ils savent que nous les appelons. » Livre III, chap.12, p.328


68- « […] ertes c’est fièvre, aller dès à cette heure vous faire donner le fouet, parce qu’il peut advenir que fortune vous le fera souffrir un jour […] » Livre III, chap.12, p.332


69- « a vue de la mort à venir a besoin d’une fermeté lente, et difficile par conséquent à fournir. » Livre III, chap.12, p.333


70- « es hommes sont divers en goût et en force ; il les faut mener à leur bien selon eux, et par routes diverses. » Livre III, chap.12, p.335


71- « raiment, il est bien plus aisé de parler comme Aristote et vivre comme César, qu’il n’est aisé de parler et vivre comme Socrate. » Livre III, chap.12, p.339


72- « uiconque met sa décrépitude sous la presse fait folie s’il espère en épreindre [=exprimer] des humeurs qui ne sentent le disgrâcié […] Notre esprit se constipe et se croupit en vieillissant. » Livre III, chap.12, p.341


73- « uineuse instruction à toute police […] qui persuade aux peuples la religieuse créance suffire, seule et sans les mœurs […] L’usage nous fait voir une distinction énorme entre la dévotion et la conscience. » Livre III, chap.12, p.344-345


74- « ’usage nous fait voir une distinction énorme entre la dévotion et la conscience. » Livre III, chap.12, p.345


75- « t suis homme, en outre, qui me commets volontiers à la fortune et me laisse aller à corps perdu entre ses bras. De quoi, jusqu’à cette heure, j’ai eu plus l’occasion de me louer que de me plaindre […] » Livre III, chap.12, p.346


76- « […] a vérité est chose si grande, que nous ne devons dédaigner aucune entremise qui nous y conduise. » Livre III, chap.13, p.351


77- « l y a peu de relation de nos actions, qui sont en perpétuelle mutation, avec les lois fixes et immobiles. Les plus désirables, ce sont les plus rares, plus simples et plus générales […] » Livre III, chap.13, p.353


78- « […] es gloses augmentent les doutes et l’ignorance […] Le centième commentaire le renvoie à son suivant, plus épineux et plus scabreux que le premier ne l’avait trouvé. » Livre III, chap.13, p.355


79- « rouvons-nous pourtant quelque fin au besoin d’interpréter ? S’y voit-il quelque progrès et avancement […] ? Au rebours, nous obscurcissons et ensevelissons l’intelligence ; nous ne la découvrons plus qu’à la merci de tant de clôtures et barrières. » Livre III, chap.13, p.355


80- « [e commentateur] pense remarquer de loin je ne sais quelle apparence de clarté et vérité imaginaire, mais pendant qu’il y court, tant de difficultés lui traversent la voix, d’empêchements et de nouvelles quêtes, qu’elles l’égarent et l’enivrent. » Livre III, chap.13, p.355


81- « ul esprit généreux ne s’arrête en soi : il prétend toujours et va outre ses forces ; il a des élans au-delà de ses effets ; s’il ne s’avance et ne se presse et ne s’accule et ne se choque, il n’est vif qu’à demi […] » Livre III, chap.13, p.356


82- « l y a plus affaire à interpréter les interprétations qu’à interpréter les choses, et plus de livres sur les livres que sur autre sujet : nous ne faisons que nous entregloser. Tout fourmille de commentaires ; d’auteurs, il en est grand cherté. » Livre III, chap.13, p.356


83- « […] st forcé de faire tout en détail qui veut faire droit en gros, et injustice en petites choses qui veut venir à chef de faire justice ès grandes […] » Livre III, chap.13, p.359


84- « r les lois se maintiennent en crédit, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont lois […] Elles sont souvent faites par des sots, plus souvent par des gens qui, en haine d’équalité [=égalité], ont faute d’équité, mais toujours par des hommes, auteurs vains et irrésolus. » Livre III, chap.13, p.361


85- « e l’expérience que j’ai de moi, je trouve assez de quoi me faire sage, si j’étais bon écolier. » Livre III, chap.13, p.362


86- « ar encore faut-il quelque degré d’intelligence à pouvoir remarquer qu’on ignore, et faut pousser à une porte pour savoir qu’elle nous est close. » Livre III, chap.13, p.364


87- « ’étudie tout : ce qu’il me faut fuir, ce qu’il me faut suivre. » Livre III, chap.13, p.366


88- « l fait besoin des oreilles bien fortes pour s’&ouir& franchement juger ; et, parce qu’il en est peu qui le puissent souffrir sans morsure, ceux qui se hasardent de l’entreprendre envers nous nous montrent un singulier effet d’amitié ; car c’est aimer sainement d’entreprendre à blesser et offenser pour profiter. » Livre III, chap.13, p.367


89- « n sommes, chaque nation a plusieurs coutumes et usances qui sont, non seulement inconnues, mais farouches et miraculeuses à quelque autre nation. » Livre III, chap.13, p.372


90- « ais n’est-ce pas que nous cherchons plus l’honneur de l’allégation que la vérité du discours ? » Livre III, chap. 13, p.372


91- « […] mon avis, des plus ordinaires choses et plus communes et connues, si nous savions trouver leur jour, se peuvent former les plus grands miracles de nature et les plus merveileux exemples, notamment sur le sujet des actions humaines. » Livre III, chap.13, p.372


92- « n jeune homme doit troubler ses règles pour éveiller sa vigueur, la garder de moisir et s’apoltronir. Et n’est train de vie si sot et si débile que celui qui se conduit par ordonnance et discipline. » Livre III, chap.13, p.374


93- « e monde fait au rebours, et ne pense rien utile qui ne soit pénible, la facilité lui est suspecte. » Livre III, chap.13, p.378


94- « l y a voix pour instruire, voix pour flatter, ou pour tancer. Je veux que ma voix, non seulement arrive à lui, mais à l’aventure qu’elle le frappe et le perce. » Livre III, chap.13, p.380


95- « […] l est vrai que les songes sont loyaux interprètes de nos inclinations, mais il y a de l’art à les assortir et entendre. » Livre III, chap.13, p.394


96- « […] es dresser [les enfants] à la frugalité et à l’austérité : qu’ils aient plutôt à descendre de l’âpreté qu’à monter vers elle. » Livre III, chap.13, p.396


97- « insi se ruinent ceux qui se laissent empêtrer à des régimes contraints et s’y astreignent superstitieusement : il leur faut encore, et encore après d’autres au-delà : ce n’est jamais fait. » Livre III, chap.13, p.401


98- « es plaisirs purs de l’imagination, ainsi que les déplaisirs, […] sont les plus grands […] » Livre III, chap.13, p.404


99- « e hais qu’on nous ordonne d’avoir l’esprit aux nues, pendant que nous avons le corps à table. Je ne veux pas que l’esprit s’y cloue, ni qu’il s’y vautre, mais je veux qu’il s’y applique. » Livre III, chap.13, p.405


100- « ature a maternellement observé cela, que les actions qu’elle nous a enjointes pour notre besoin nous fussent aussi, et nous y convie non seulement par la raison, mais aussi par l’appétit : c’est injustice de corrompre ses règles. » Livre III, chap.13, p.406


101- « - i on m’eût mis au propre des grands maniements, j’eusse montré ce que je savais faire. – Avez-vous su méditer et manier votre vie ? Vous avez fait la plus grande besogne de toutes. » Livre III, chap.13, p.406


102- omposer nos mœurs est notre office, non pas composer des livres, et gagner, non pas des batailles et provinces, mais l’ordre et tranquillité à notre conduite. » Livre III, chap.13, p.406


103- « otre grand et glorieux chef-d’œuvre, c’est de vivre à propos. » Livre III, chap.13, p.406


104- « ’est aux petites âmes, ensevelies du poids des affaires, de ne s’en savoir purement démêler […] » Livre III, chap.13, p.406


105- « l est fort peu d’exemples de vie pleins et purs, et fait-on tort à notre instruction, de nous proposer tous les jours d’imbéciles et manques, à peine bons à un seul pli, qui nous tirent arrière plutôt, corrupteurs plutôt que correcteurs. » Livre III, chap.13, p.409


106- « a grandeur de l’âme […] tient pour grand tout ce qui est assez, et montre sa hauteur à aimer mieux les choses moyennes que les éminentes. » Livre III, chap.13, p.409


107- « ’intempérance est peste de la volupté, et la tempérance n’est pas son fléau : c’est son assaisonnement. » Livre III, chap.13, p.409


108- « l y a du ménage à la jouir [la vie] : je la jouis au double des autres, car la mesure en la jouissance dépend du plus ou moins d’application que nous y prêtons. » Livre III, chap.13, p.410


109- « […] e veux arrêter la promptitude de sa fuite [la vie] par la promptitude de ma saisie, et par la vigueur de l’usage compenser la hâtiveté de son écoulement. À mesure que la possession du vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde et plus pleine. » Livre III, chap.13, p.411


110- « ls jouissent des autres plaisirs comme ils font de celui du sommeil, sans les connaître. » Livre III, chap.13, p.411


111- « […] a-t-il quelque volupté qui me chatouille ? Je ne la laisse pas friponner aux sens, j’y associe mon âme, non pas pour s’y engager, mais pour s’y trouver […] » Livre III, chap.13, p.411


112- « e sont gens qui passent voirement [=vraiment] leur temps ; ils outrepassent le présent et ce qu’ils possèdent, pour servir à l’espérance et pour des ombrages et vaines images que la fantaisie leur met au-devant […] » Livre III, chap.13, p.412


113- « e fruit et but de leur poursuite, c’est poursuivre […] » Livre III, chap.13, p.412


114- « st-ce pas erreur d’estimer aucunes actions moins dignes de ce qu’elles sont nécessaires ? » Livre III, chap.13, p.413


115- « ue l’esprit éveille et vivifie la pesanteur du corps, le corps arrête la légèreté de l’esprit et la fixe. » Livre III, chap.13, p.414


116- « ls veulent se mettre hors d’eux et échapper à l’homme. C’est folie : au lieu de se transformer en anges, ils se transforment en bêtes […] » Livre III, chap.13, p.415


117- « […] vons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, [nous] ne sommes assis que sur notre cul. » Livre III, chap.13, p.416