JEAN DE LA BRUYÈRE

.

Référence pour les citations #1 à #111 :

/LA BRUYÈRE / LES CARACTÈRES [1688] / GARNIER-FLAMMARION/ 1965/



1- " e bien des gens il n'y a que le nom qui vaut quelque chose. Quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien; de loin ils imposent. " p. 102


2- " l ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire, et être tranquille s'appelât travailler. " p. 104


3- " 'il est ordinaire d'être vivement touché des choses rares, pourquoi le sommes-nous si peu de la vertu ? " p.106


4- " […] 'on écarte tout cet attirail qui t'es étranger, pour pénétrer jusqu'à toi, qui n'es qu'un fat. " p.108.


5- 'éviterai avec soin d'offenser personne, si je suis équitable; mais sur toutes choses un homme d'esprit, si j'aime le moins du monde mes intérêts. " p.110


6- " e motif seul fait le mérite des actions des hommes, et le désintéressement y met la perfection. " p.112


7- " e sage […] tend à de si grandes choses, qu'il ne peut se borner à ce qu'on appelle des trésors, des postes […] " p.113


8- " e caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour être son contre-poison, et afin qu'elle nuise moins aux hommes, qui n'en guériraient pas sans remède. " p.118


9- " a pruderie contraint l'esprit, ne cache ni l'âge ni la laideur; souvent elle les suppose : la sagesse au contraire pallie les défauts du corps, anoblie l'esprit, ne rend la jeunesse que plus piquante et la beauté que plus périlleuse. " p.126


10- " es femmes sont extrêmes : elles sont meilleures ou pires que les hommes. " p.127


11- " n homme est plus fidèle au secret d'autrui qu'au sien propre; une femme au contraire garde mieux son secret que celui d'autrui. " p.128


12- " ombien de filles à qui une grande beauté n'a jamais servi qu'à leur faire espérer une grande fortune ! " p.128


13- " l coûte peu aux femmes de dire ce qu'elles ne sentent point : il en coûte encore moins de hommes de dire ce qu'ils sentent. " p.129-


14- " e temps, qui fortifie les amitiés, affaiblit l'amour. " p.136


15- " l n'y a qu'un premier dépit en amour, comme la première faute dans l'amitié, dont on puisse faire bon usage. " p.138


16- " 'est assez pour soi d'un fidèle ami; c'est même beaucoup de l'avoir rencontré […] " p.141


17- " l faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. " p.142


18- " l se trouve des hommes qui n'écoutent ni la raison ni les bons conseils, et qui s'égarent volontairement par la crainte qu'ils ont d'être gouverné. " p.144


19- " l me semble que l'on dépend des lieux pour l'esprit, l'humour, la passion, le goût et les sentiments. " p.145


20- " 'est le rôle d'un sot d'être importun : un homme habile sent s'il convient ou s'il ennui; il sait disparaître le moment qui précède celui où il serait de trop quelque part. " p.148


21- " i l'on faisait une sérieuse attention à tout ce qui se dit de froid, de vain et de puéril dans les entretiens ordinaires, l'on aurait honte de parler ou d'écouter […] " p.148


22- " st-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? " p.149


23- " […] ien d'heureux ne leur [les puristes] échappe, rien ne coule de source et avec liberté; ils parlent proprement et ennuyeusement. " p.153


24- " elui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit, l'est de vous parfaitement. " p.154


25- " e pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein n'est pas un fort bon caractère : il faut dans le commerce des pièces d'or et de la monnaies. " p.158


26- " l est souvent plus court et plus utile de cadrer aux autres que de faire que les autres s'ajustent à nous. " p.160


27- " […] n pays [la France] qui est le centre du bon goût et de la politesse. " p.164


28- " es plus grandes choses n'ont besoin que d'être dites simplement : elles se gâtent par l'emphase. Il faut dire noblement les plus petites : elles ne se soutiennent que par l'expression, le ton et la manière. " p.166


29- " e sage quelquefois évite le monde, de peur d'être ennuyé. " p.166


30- " e tous les moyens de faire fortune, le plus court et le meilleur est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien. " p.179


31- " 'il est vrai que l'on soit pauvre par toutes les choses que l'on désire, l'ambitieux et l'avare languissent dans une extrême pauvreté. " p.180

32- " Il faut l'avouer, le présent est pour les riches, et l'avenir pour les vertueux et les habiles. " p.181


33- " es enfants peut-être seraient plus chers à leur père, et réciproquement les pères à leurs enfant, sans le titre d'héritiers. " p.183


34- " […] ous ne sommes point mieux flattés, […] plus caressés de personne pendant notre vie, que de celui qui croit gagner à notre mort, et qui désire qu'elle arrive. " p.183


35- " e palais, […] ses créanciers l'en ont chassé : il a tourné la tête et il l'a regardée de loin une dernière fois; et il est mort de saisissement. " p.186


36- " ui considérerait bien le prix du temps, et combien sa perte est irréparable, pleurerait amèrement sur de si grandes misères. " p.198


37- " 'on blâme les gens qui font une grand fortune pendant qu'ils en ont les occasions, parce que l'on désespère, par la médiocrité de la sienne […] " p.207


38- " […] l n'y en a point qui le [l'homme d'esprit] dédaignent mieux, qui le blâment plus aigrement, et qui en disent plus de mal, que ceux qui s'étaient dévoués à fureur d'en dire du bien. " p.209


39- " 'on voit des hommes tomber d'une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monté. " p.209


40- " 'on dit à la cours du bien de quelqu'un pour deux raisons : la première, afin qu'il apprenne que nous disons du bien de lui; la seconde, afin qu'il en dise de nous. " p.210


41- " uelle plus grande honte y a-t-il d'être refusé d'un poste que l'on mérite, ou d'y être placé sans le mériter ? " p.211


43- " 'esclave n'a qu'un maître; l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune. " p.218


44- " eux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante : cela n'a pas été dit, et je l'ose le dire. " p.221


45- " a prévention du peuple en faveur des grands est si aveugle […] que, s'ils s'avisaient d'être bons, cela irait à l'idolâtrie. " p.226


46- " l est souvent plus utile de quitter les grands que de s'en plaindre. " p.227


47- " l y a une espèce de honte d'être heureux à la vue de certaines misères. " chap 11, no 82


48- " es hommes comptent presque pour rien toutes les vertus du cœur, et idolâtre les talents du corps et de l'esprit. " chap 11, no 84


49- " […] es poètes, tous ceux qui se mêlent d'écrire, ne devraient être capables que d'émulation. " chap 11, no 85


50- " […] es grands sont entourés, salués, respectés; les petits entourent, saluent, se prosternent; et tous sont contents. " chap 9, no 5


51- " l coûte si peu aux grands de donner que des paroles, […] que c'est modestie à eux de ne promettre pas encore plus largement. " chap 9, no 6


52- " ne froideur ou une incivilité qui vient de ceux qui sont au-dessus de nous nous les fait haïr, mais un salut ou un sourire nous les réconcilie. " chap 9, no 16


53- " 'il n'y a pas assez de bons écrivains, où sont ceux qui savent lire ? " chap 9, no 22


54- " e peuple n'a guère d'esprit, et les grands n'ont point d'âmes […]. Faut-il opter ? Je ne balance pas : je veux être peuple. " chap 9, no 25


55- " 'est une politique sûre et ancienne dans les républiques que d'y laisser le peuple s'endormir dans les fêtes, dans les spectacles, dans le luxe […] " chap 10, no 3


56- " uand le peuple est en mouvement, on ne comprend pas par où le calme peut y rentrer; et quand il est paisible, on ne voit pas par où le calme peut en sortir. " chap 10, no 6


57- " outes ses vues [au ministre], toutes ses maximes, tous les raffinements de sa politique tendent à une seule fin, qui est de n'être point trompé, et de tromper les autres. " chap 10, no 12


58- " uel dangereux poste que celui qui expose à tous moments un homme à nuire à un million d'hommes ! " chap 10, no 3


59- " e qu'on appelle humeur est une chose trop négligée parmi les hommes : ils devraient comprendre qu'il ne leur suffit pas d'être bons, mais qu'ils doivent encore paraître tels […] " chap 11, no 9


60- " i la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d'esprit en est le père. chap 11, no 13


61- " insi tel homme au fond et en lui-même ne se peut définir : trop de chose qui sont hors de lui l'altèrent, le changent […] " chap 11, no 18


62- " e regret qu'ont les hommes du mauvais emploi du temps qu'ils ont déjà vécu, ne les conduit pas toujours à faire de celui qui leur reste à vivre un meilleurs usage. " chap 11, no 46


63- " l n'y a pour l'homme que 3 événements : naître, vivre et mourir. Il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre. " chap 11, no 48


64- " es enfants n'ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent. " chap 11, no 51


65- " 'unique soin des enfants est de trouver l'endroit faible de leurs maîtres […Alors, ils] prennent sur eux un ascendant qu'il ne perdent plus. " chap 11, no 54


66- " 'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusque aux petitesses du peuple. " chap 11, no 63


67- " a fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité […], c'est un mensonge. " chap 11, no 66


68- " es hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu'ils n'avouent d'eux-mêmes que de petits défauts, et encore ceux qui supposent en leurs personnes de beaux talents ou de grandes qualités. " chap 11, no 67


69- " 'homme, de sa nature, pense hautement et superbement de lui-même, et ne pense ainsi que de lui-même : la modestie ne tend qu'à faire que personne n'en souffre […] " chap.11 no 69


70- " ous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes, et dans l'opinion des hommes, que nous connaissons flatteurs, peu sincères, sans équité, pleins d'envies, de caprices et de préventions. Quelle bizarrerie! " chap.11 no 76


71- " a moquerie au contraire est de toutes les injures celle qui se pardonne le moins; […] elle attaque l'homme dans son dernier retranchement, qui est l'opinion qu'il a de soi-même […] " chap.11 no 78


72- " out notre mal vient de ne pouvoir être seuls […] " chap.11 no 99


73- " e souvenir de la jeunesse est tendre dans les vieillards; […] Comment pourraient-ils leur préférer de nouveaux usages, et des modes toutes récentes où ils n'ont nulle part […]? " chap.11 no 115


75- " [a philosophie] nous fait vivre sans une femme, ou nous fait supporter celle avec qui nous vivons. " chap.11 no 132


76- " e sot est automate, il est machine […] : qui l'a vu une fois, l'a vu dans tous les instants […]. Ce qui paraît le moins en lui, c'est son âme; elle n'agit point, elle ne s'exerce point, elle se repose. " chap.11 no 142


77- " es hommes s'ennuient enfin des mêmes choses qui les ont charmés dans leurs commencements : ils déserteraient la table des Dieux, et le nectar avec le temps leur devient insipide. " chap.11 no 145


78- " elui […] qui a des yeux […], il calcule presque en combien de manières différentes l'homme peut être insupportable. " chap.11 no 156


79- " ombien d'âmes faibles, molles et indifférentes, sans grands défauts, et qui puissent fournir à la satire. " chap.11 no 158


80- " i un poète loue les vers d'un autre poète, il y a à parier qu'ils sont mauvais et sans conséquences. " chap.12 no 8


81- " i une belle femme approuve la beauté d'une autre femme, on peut conclure qu'elle a mieux que ce qu'elle approuve. " chap.12 no 8


82- " e nous suffirait-il pas même de n'être savant comme Platon ou comme Socrate? " chap.12 no 11


83- " ous les étrangers ne sont pas barbares, et tous nos compatriotes ne sont pas civilisés […] " chap.12


84- " [ette personne], on ne sait si on l'aime ou si on l'admire; il y a en elle de quoi faire une parfaite amie, il y a aussi de quoi vous mener plus loin que l'amitié. " chap.12 no 28


85- " a même chose souvent est, dans la bouche d'un homme d'esprit, une naïveté ou un bon mot, et dans celle d'un sot, une sottise. " chap.12 no 50


86- " […] elui qui écrit l'histoire […] ne peut comprendre qu'un esprit raisonnable emploie sa vie à imaginer des fictions et à trouver une rime […] " chap.12 no 62


87- " l est bon d'être philosophe, mais il n'est guère utile de passer pour tel. " chap.12 no 68


88- " […] l me semble qu'estimer quelqu'un, c'est l'égaler à soi. " chap.12 no 71


89- " l y a dans les meilleurs conseils de quoi déplaire. Ils vienneNt d'ailleurs que de notre esprit : c'est assez pour être rejetés […] " chap.12 no 76


90- " ne circonstance essentielle à la justice que l'on doit aux autres, c'est de la faire promptement et sans différer : la faire attendre, c'est injustice. " chap.12 no 81


91- " 'est un excès de confiance dans les parents d'espérer tout de la bonne éducation de leurs enfants, et une grande erreur de n'en attendre rien et de la négliger. " chap.12 no 84


92- " st-ce un bien pour l'homme que la liberté, si […] elle ne sert qu'à lui faire désirer quelque chose, qui est d'avoir moins de liberté. " chap.12 no 104


93- " a liberté n'est pas oisiveté; c'est un usage libre du temps […] Être libre en un mot n'est pas ne rien faire, c'est être seul arbitre de ce qu'on fait et de ce qu'on ne fait point. " chap.12 no 104


94- " a curiosité n'est pas un goût pour ce qui est bon ou pour ce qui est beau, mais ce qui est rare, unique […] " chap.13 no 2


95- " […] l y a autant de faiblesse à fuir la mode qu'à l'affecter. " chap.13 no 11


96- " ne mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit […] " chap.13, no 15


97- " n [faux] dévot est celui qui sous un roi athée serait athée. " chap.13 no 21


98- " […] l y a des gens, selon lui, qu'on est obligé en conscience de décrier, et ces gens sont ceux qu'il n'aime point […] " chap.13 no 2


99- " ue deviendront les modes quand le temps même aura disparu? La vertu seule, si peu à la mode, va au-delà des temps. " chap.13 no 31


100- " […] 'il est permis de tromper, c'est dans une occasion où il y aurait de la dureté à être sincère. " chap.13, no 36


101- " ombien d'hommes qui sont forts contre les faibles, fermes et inflexibles aux sollicitations, […] qui n'écoutent ni leurs parents ni leurs amis, et que les femmes seules peuvent corrompre ! " chap. 14, no 54


102- " ue penser de la magie et du sortilège ? […] admettre tout ou nier tout paraît un égal inconvénient ; […] il y a un parti à trouver entre les incrédules et les esprits forts. " chap. 14, no 70


103- " 'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée ; c'est le chemin le plus sûr et le plus agréable pour tout genre d'érudition. " chap. 14, no 72


104- " […] 'est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, à faire périr le texte sous le poids des commentaires […] " chap. 14, no 72


105- " uelle persécution le " car " n'a-t-il pas essuyée ! et s'il n'eût trouvé de la protection parmi les gens polis, n'était-il pas banni honteusement d'une langue à qui il a rendu de si longs services […] " chap. 14, no 73


106- " st-ce donc faire pour le progrès d'une langue, que de déférer [*céder*] à l'usage ? Serait-il mieux de secouer le joug de son empire despotique ? " chap. 14, no 73


107- " l veut écrire et faire imprimer ; et parce qu'on n'envoie pas à l'imprimeur un cahier blanc, il le barbouille de ce qui lui plaît : […] il passe à l'examen, il est imprimé, et à la honte du siècle, comme pour l'humiliation des bons auteurs, réimprimé. " chap. 15, no 23


108- " l faudrait s'éprouver et s'examiner très sérieusement, avant de se déclarer esprit fort ou libertin, afin au moins, et selon ses principes, de finir comme l'on a vécu […] " chap. 16, no 7


109- " 'exigerais de ceux qui vont contre le train commun et les grandes règles qu'ils sussent plus que les autres , qu'ils eussent des raisons claires, et de ces arguments qui emportent conviction. " chap. 16, no 10


110- " n un mot, je pense, donc dieu existe ; car ce qui pense en moi, je ne le dois point à moi-même […] " chap. 16, no 36


111- " 'il n'y a plus de besoins, il n'y a plus d'arts, plus de sciences, plus d'inventions, plus de mécanique. " chap. 16, no 48


RETOUR