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Les morceaux de choix de Boucher


Patrick Gauthier pour TEMPO-Showbiz
Article paru le 10 mars 2000 sur Canoe


Daniel Boucher nous a servi des morceaux de choix lors de sa première montréalaise, au Théâtre Corona mercredi soir. Ramenées à leur plus simple expression, les pièces de son album "Dix mille matins" atteignaient presque toujours la cible, Boucher s'avérant en chemin une bête de scène redoutable.

Je vous l'ai dit la semaine dernière: malgré mes réticences face au premier disque de Daniel Boucher, c'est en courant que je me suis rendu au Corona cette semaine assister à sa première montréalaise. Mon instinct me disait que le jeune auteur-compositeur et interprète réussirait, sur scène, à effacer ce qui m'agaçait sur disque. Que ses chansons pourraient retrouver leur essence naturelle et se débarrasser des relents de québécitude qui me puaient au nez sur disque.

Mon instinct ne m'a pas trompé, et je l'ai su dès la première pièce, une version très pesante de "Deviens-tu c'que t'as voulu?". Boucher gâche toutefois mon plaisir en enchaînant avec "Ça", pièce fleurant un peu trop fort le Québec musical profond à mon goût. Ces odeurs, il faut bien le dire, je ne les ai reniflées qu'en de rares moments mercredi.

D'ailleurs, les choses se replacent rapidement avec "Ma croûte", ma préférée du disque, et dont le petit côté "tomwaitsien" est appuyé sur scène. Jusqu'à Boucher qui se met à ramper sur la scène, chantant à quelques pouces du visage des spectateurs.

Visiblement à l'aise, souriant à pleines dents, échangeant avec la foule, Boucher s'amuse sur scène et joue parfois d'audace, en reprenant "Le Patriote" de Félix Leclerc, juché sur un fauteuil, dominant la foule, et, surtout, en s'appropriant "C'est pour ça", de Charlebois, l'homme à qui on l'a le plus comparé.

Souvent agaçante lors d'un simple concert rock, la mise en scène du show de Boucher, signée Pierre Séguin, ajoutait à la convivialité du Corona. Pendant près d'une heure avant qu'il se mette à chanter, Daniel Boucher est installé sur scène. Évaché dans un fauteuil, il dort, tournant le dos à la foule. C'est l'arrivée de ses musiciens dans son salon qui marquera son réveil. Je n'avais pas vu quelque chose d'aussi sympathique depuis le show de Stephan Eicher, au Spectrum l'été dernier, ou encore depuis que Vilain Pingouin a passé l'entracte d'un concert au Club Soda sur scène, à regarder le Canadien batailler en séries. C'était il y a une dizaine d'années.

Bien appuyé par ses musiciens - David Brunet à la guitare, Jean-François Houle à la basse et le vétéran Sylvain Clavet à la batterie -, Daniel Boucher aura donc charmé ses fans, conquis les curieux et convaincu le sceptique.