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À l’occasion de son soixantième anniversaire, en 1998, le Trait d’Union a reproduit un texte qui avait paru en mars 1951 sous la plume de Clément Richer (18e cours). Clément s’était lancé dans une projection de ce que serait devenu l’Externat cinquante ans plus tard. Son don de prophétie a sans doute joué plus juste qu’il ne s’y attendît. C’est amusant de lire cet article.

LE COLLÈGE DE L’AN 2000
Par Clément Richer
D’abord je me permets de vous signaler deux attitudes possibles devant cet article. Après l’avoir lu, certains concluront : «Voilà un idéaliste enragé. Il ne nous entretient que de propos fantastiques». D’autres s’écrieront : «Bah ! C’est un farceur. Il se moque de nous avec ses histoires».

Les deux extrémistes pèchent en quelque manière : il faut en prendre de chacune. En effet, c’est idéaliste, et tellement que ça devient une comédie. Or, contentons-nous de travailler à la réalisation d’une partie ; quant au reste, eh bien ! rions de la farce, c’est tout. J’y arrive donc.

Vous vous rendez compte que le collège se porte bien après 20 ans seulement d’existence. Deux pavillons le placent en évidence sur la carte historique des maisons d’enseignement : discothèque, laboratoires, bibliothèques, sports et enfin, foule d’autres entreprises sont déjà assez et même très bien organisées. Tout cela en 1951. Alors, imaginez un peu combien de ressorts se seront ajoutés à cette perspective. Évidemment, au début du XXIe siècle – ça fait drôle, n’est-ce pas ? – le pavillon Dufresne est vendu depuis longtemps, à moins qu’on en ait fait une maison de repos pour les pères. La raison de cette vente ? Le progrès. Mais oui : par exemple, actuellement quand les autorités achètent des ballons, elles le font en double, pour les deux maisons. Ainsi, nous avons forcément moins d’instruments parce qu’il faut signer les chèques en deux éditions. Mais d’un autre côté, le pavillon Morin – redevenu l’Externat Sainte-Croix - est achevé selon les plans primitifs. Ah ! je vois déjà les plus vieux qui rouspètent : «Retourner avec les petits, j’en reviens ! » Je crois qu’il est assez facile de remédier à ce problème. Pour séparer les deux divisions, et ce n’est que raisonnable, plaçons donc les classes inférieures dans la bâtisse actuelle, quitte à loger les aînés dans la nouvelle partie. Au centre, je verrais bien la chapelle, la discothèque, la salle de lecture et même la salle de récréation.

Le terrain situé entre les avenues Nicolet et Valois appartient aux pères. Et, afin d’en favoriser l’égalité, l’avenue Valois est condamnée avec la permission du gouvernement. Là, un aréna moderne, avec glace artificielle, est installé, d’une capacité de 6000 spectateurs ! L’été, c’est le site idéal pour la culture physique. L’hiver, nul besoin de rappeler que le hockey se joue régulièrement.

Au second plancher, un auditorium pour les divers spectacles de la troupe du collège, car le collège a sa troupe. À l’occasion, les Compagnons de Saint-Laurent viennent nous présenter quelques pièces de Corneille et de Molière, car même en 2000, ils sont encore connus et estimés. Enfin, à côté de l’aréna ou de l’auditorium – comme vous voudrez – un lieu de stationnement pour les nombreuses automobiles est aménagé. Le base-ball fait partie intégrante des sports d’été, car tous les terrains actuels sont égalisés de sorte que l’espace est d’emblée suffisant.

Le point, déjà dans les aires actuellement, est le gymnase. Eh bien ! oui enfin ! nous avons le nôtre qui est des plus moderne s’il vous plaît. Tout éclairage est indirect, comme partout ailleurs dans le collège. La piscine ! Un bijou. Très grande et assez profonde, plusieurs peuvent s’y complaire sans se nuire.

Les jeux intérieurs ne sont pas négligés, loin de là ! Quantité presque innombrable de ballons-panier, de tables de ping-pong, de billard et même d’allées de quilles. Avec tout cela, il va falloir élire six ou sept maîtres de récréation !

Les intellectuels sont servis à souhait ! Une bibliothèque des plus nourrie : un appareil monté à la main, sans compter les disques, pour la discothèque ; une équipe de recherche historique reconnue, dans le collège au moins et même dans toute la ville. Pour ceux qui demeurent au loin, une belle salle à manger a été aménagée. Moyennant un léger déboursé, on peut obtenir un dîner, mis quel dîner ! J’ai justement le menu à la main. Voyez plutôt : repas à la dinde, plus dessert : 0,50 $ / steak et légumes, avec breuvage chaud ou froid : 0,40 $. Vous constatez vous-mêmes que ce n’est pas très cher !

Enfin, les liturgistes ont une chapelle du style Dom Bellot.

Pour parler du Trait d’Union, car il existe encore et plus que jamais, puisque son tirage se cote maintenant à 5000 exemplaires : les anciens en désirent tous et ils consentent à verser un montant pour leur abonnement. Pour la diffusion des idées, c’est une sérieuse concurrence au Devoir ou à Notre-Temps.

Ah ! que de choses nous pouvons écrire en quelques lignes. Évidemment, tout cela n’est que du fictif, de l’imaginaire : mais tout de même, il y a une foule de petits détails qui seraient facilement réalisables et qui feraient progresser considérablement notre institution.

Enfin, c’est fini. Idéaliste ou farceur ?

Les deux. Ha ! Ha ! Retour au menu