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La Chicane : Le groupe chouchou des Québécois


Pas de bières cassées ni de chaises renversées. Pourtant, La Chicane est là! Cris du coeur, voix plaintive et puissant, musique rock très efficace, voilà de quoi conquérir un tas de fans.

Par Marie-Sissi Labrèche, pour le magazine "Filles d'Aujourd'hui"


La première fois que j'ai rencontré La Chicane, c'était au printemps 1999, lors du tournage du clip de la chanson Calvaire. Les gars ne savaient pas que cette pièce très touchante allait connaître un succès foudroyant. Non. Habitués à une certaine vie dure - ils ont quand même bossé pendant cinq ans avant de percer -, ils espéraient vendre 15 000 exemplaires de leur album, En catimini. Ils auraient été très contents. Alors, avec une certaine crainte dans les yeux, ils se sont prêtés au jeu de la promotion, répondant le plus sérieusement possible aux questions des journalistes, mais sans trop en dire.

Un an plus tard, c'est un tout autre groupe que j'ai devant moi au studio du photographe. Daniel "Boom" Desjardins (voix), Martin Bédard (batterie et percussions), Christian Legault (guitare), Éric Lemieux (piano) et Dany Bédard (basse) sont super épanouis. Ce dernier, qui remplace Alain Villeneuve, est le frère de Martin. Avant de se joindre à La Chicane, il s'occupait des instruments de musique de la formation. Très à l'aise tant devant l'appareil photo que devant mes questions, les gars n'en ratent pas une pour se taquiner gentiment (gentiment, je précise, jamais assez pour que la chicane éclate!). Ils sont heureux. Il faut dire qu'il y a de quoi se péter les bretelles, car l'année 1999 a vraiment été la leur.


Toute une année

Dès que l'album En catimini est paru et que la pièce Calvaire a commencé à jouer, les Québécois ont fait au groupe une place de choix dans leur coeur. Depuis, les choses n'ont pas cessé de s'améliorer. Deux autres hits ont suivi, soit Juste pour voir le monde et Fil. Au début de l'année, les gars ont été nommés "artistes du mois" à MusiquePlus, une place très en vue habituellement réservée à des vedettes comme David Bowie, Beck ou les Smashing Pumpkins. Ce n'est pas rien! Sans oublier qu'ils ont récemment remporté un Juno dans la catégorie "Meilleur vendeur album francophone" avec 185 000 exemplaires vendus.

Malgré tout, les gars réussissent à garder les pieds sur terre. lls sont juste plus souriants et taquins qu'avant. "On ne s'attendait pas à obtenir un aussi gros succès. On est étonnés, mais bien contents. On ne s'est pas rendu compte comment c'est arrivé. C'est assez bizarre: tu sors un disque, ta toune joue à la radio, puis ça commence à marcher. Mais on s'est bien adaptés au succès. La preuve, on a réussi à passer dans le cadre de la porte. Faut dire que vous avez de grandes portes", pouffe Christian.


La vie en tournée

Si la popularité leur est tombée dessus sans qu'ils s'en aperçoivent, c'est peut-être parce que les gars sont partis en tournée tout de suite après le lancement de leur album. Une tournée qui les a menés aux quatre coins du Québec. "Au début, ça allait tellement vite qu'ils nous arrivait de nous réveillers dans des motels et de ne pas savoir où on était. Souvent, avant de monter sur scène, je devais demander où on se trouvait tellement j'étais mélangé", explique Boom, qui avoue que, même aujourd'hui, il lui arrive de se réveiller chez lui en pensant qu'il est ailleurs.

Heureusement, les cinq Valdoriens ont les nerfs solides car, depuis que leur carrière va bon train, ils n'ont pas cessé de donner des spectacles. "L'été dernier, on a donné 70 shows en 120 jours. Et parfois jusqu'à quatre soirs de suite!", raconte Martin. Sans oublier les prouesses accomplies pour respecter leur horaire. Christian s'en souvient! "Par exemple, on partait de Rouyn-Noranda, puis on réussissait à dormir trois heures dans la ville suivante. On faisait la première partie du Grand Pique-Nique (un show avec Kevin Parent et d'autres artistes québécois). Pendant que le spectacle continuait, on ramassait nos affaires et on repartait. On dormait trois heures à Rimouski, puis on jouait dans la Beauce le lendemain. Ça a été l'enfer! En plus, on couchait dans des résidences de cégep. Les lits étaient grands comme des boîtes d'allumettes!"

Comment les gars ont-ils pu tenir le coup? Grâce à la musique, évidemment, et à l'amour de leurs milliers de fans. Partout, les gens les accueillaient à bras ouverts. Mais le spectacle qui restera à jamais gravé dans leur coeur est celui qu'ils ont donné dans leur ville natale. "À Val-d'Or, la Saint-Jean a toujours été fêtée le 23 au soir, explique Boom. Mais l'année dernière, on ne pouvait pas donner un spectacle ce soir-là. Eh bien, les organisateurs ont reporté le show au 24. Même si tout le monde travaillait le lendemain, ça a été un party d'enfer!" Pas moins de 8500 personnes étaient là pour applaudir leurs petits chouchous, qui revenaient à la maison pour la première fois depuis le lancement de leur disque.


Un nouvel album

Tu comprendras que les membres de La Chicane ne sont pas fâchés de cesser temporairement de donner des spectacles. Mais ils ont très hâte d'entrer en studio. D'ailleurs, plusieurs chansons sont déjà prêtes. "On est à l'étape du triage des pièces", précise Éric. Si tout va bien, les gars prévoient lancer leur prochain disque à l'automne 2000.

Avec le succès obtenu, on pourrait croire que les cinq rockeurs sentent de la pression et qu'ils ont peur de ne pas être à la hauteur des attentes du public. Eh bien, ce serait mal les connaître! "En catimini, on l'a fait pour nous autres, puis ça a marché. Pour le deuxième album, ça va être la même chose. Si on est contents de nos tounes, on a atteint nos objectifs", affirme Christian. "On n'est pas du genre à s'asseoir dans un coin et à se demander ce qu'on pourrait faire pour que ça marche", renchérit Dany.

Y'a-t-il d'autres projets à l'horizon? "On a accepté un partenariat avec Chlorophylle, un compagnie de vêtement de plein air. Elle va tourner une série d'émissions sur les voyages dans des endroits où l'homme n'est jamais allé, et nous, on va y participer", raconte Martin.

Difficile de croire que les gars vont troquer leurs instruments contre de l'équipement sportif, et pourtant... Nous avons affaire ici à des gars de bois! "En Abitibi, quand t'es jeune, tu te ramasses toujours avec tes chums dans le camp de la chasse de ton père, poursuit le batteur. Le plein air, on connait ça même si on n'est pas des grands amateurs de chasse: aucun de nous ne voudrait tuer un orignal. Disons qu'on n'est pas des vrais tough des bois, mais plutôt des petits boys des bois!"