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La Chicane


Quand la Chicane «pogne»...
Laurence, Jean-Christophe, pour le journal La Presse, édition du 27 mai 1999


Mine de rien, La Chicane a fini par prendre sa place dans le traffic. En quatre petits mois, le groupe de Val-d'Or-déménagé-à-Montréal a écoulé près de 60 000 exemplaires de En Catimini, son premier album. Parlons d'un "success story". Et à ce qu'il paraît, on avait rien vu de tel depuis le premier disque d'Éric Lapointe.

Bon, tout ça pour dire qu'il y avait du monde au Cabaret mardi soir, pour la remise officielle du disque d'or (50 000 disques vendus) et la première montréalaise de la formation. Il y avait des amis, des fans, des médias, deux gros trucks de CKOI et CKMF et même Patrick Norman, visiblement très heureux de ce qu'il entendait. "Ils ont l'attitude, man, l'attitude!" l'entendais-je dire à un ami pendant l'entracte.

Il y avait aussi Donald Tarlton alias DKD, venu assister au show de ses nouveaux protégés. Il y a un mois, le producteur a "emprunté" La Chicane au label Francor et pris le groupe sur son étiquette de disques (DKD!Disques). C'est aussi lui qui produira désormais tous leurs spectacles.

Un bon réflexe d'homme d'affaires, si on considère l'immense potentiel grand public de La Chicane, dont le premier extrait Calvaire (une sorte de Câline de Blues pour la nouvelle génération) a déjà fait un malheur sur les ondes de nos radios rock coulées dans le moule. Et qui s'apprête tout juste à lancer son deuxième brulot intitulé Le fil. Ouvrez votre poste, probablement qu'elle tourne déjà.

O.K. c'est vrai, la Chicane ne réinvente ni la roue ni la recette de la brosse à la caisse de douze. On parle ici d'un rock carré, gossé en bois du pays, qui pige dans tout ce qui a pu se faire dans le genre au Québec depuis 25 ans, d'Offenbach à Noir Silence en passant par Éric Lapointe, Kevin Parent et Okoumé. Idem pour les textes. Pas de la grande poésie et pas toujours du très bon français ("... mes erreurs les plus pires..." assez pire en effet) mais comme chez Kevin Parent, ce sont des mots de la vie de tous les jours qui parlent au "vrai monde".

J'ajouterais que les gars ont un cœur gros comme l'Abitibi. Du feeling et de l'énergie en masse pour compenser.

Sur scène, les cinq musiciens (le chanteur Boom Desjardins, Christian Legault et Alain Villeneuve aux guitares, Éric Lemieux aux claviers, Martin Bédard à la batterie) nous la jouent beaucoup plus musclée que sur disque. Je m'attendais à du guéling-guélang de feux de camp. J'ai eu droit à un vrai show de rock, donné sans regarder à la dépense, avec en prime un solo de batterie (oui, ça existe encore!) et un chanteur qui s'écorche le larynx comme Gerry Boulet.

Dans le genre, un spectacle sans bavure. Un spectacle qui a de la poigne. Après cinq ans d'existence et près de 200 concerts dans son c.v., La Chicane n'est plus un groupe débutant, mais une formation soudée, rodée, assez solide pour faire son bout de chemin. Pour le long terme, difficile de savoir. Mais à court terme, l'été du groupe semble assuré, avec deux hits radio dans leur poche arrière et une vingtaine de shows prévus dans les bars et les festivals houblonnés de la province, plusieurs en première partie de Kevin Parent. Ça commence à Sept-Îles le 3 juin et ça se termine à Granby le 19 septembre.