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Au fond d'un espace vide où s'entassent les chaises,
à la lumière d'un faux soleil
du bout d'un crayon qui griffonne quelques vagues notes,
à l'écoute des personnages qui surgissent de la feuille et
qui veulent vivre enfin,
le théâtre naît
notre théâtre
créateur, total, libre
rassemblant les morceaux épars
d'une folie bariolée
les deux pieds ancrés dans le répertoire
les deux mains déjà lancées en avant dans l'ère contemporaine
nous, Kafala
éternellement apprentis alchimistes
en quête de sens
au-delà des mots, il y a la vie en mouvement
sans concession,
qui perdure et qui cherche,
sur les planches de tous les théâtres du monde,
dans tous les possibles imaginaires,
à s'expliquer
et lorsque s'éteindra enfin le dernier
feu follet de l'illusion
nous aurons creusé à même les mines d'or
pour y trouver quelques éclats de vie
lumineuse
ainsi aurons-nous, l'espace d'une illusion,
servis de guides dans cette grande traversée
théâtrale
nous revendiquons la parole prophétique
et le geste expressionniste
le murmure du sous-texte
dans le fracas
des choses
nous revendiquons le droit de sombrer
dans l'erreur
et le pouvoir de nous relever
nous revendiquons l'instant théâtral
comme une immense procession
sacrée
en marche vers l'ailleurs
nous refusons le culte
du quotidien
nous revendiquons enfin le droit de rugir, de pleurer, de nous ébattre,
de virevolter, d'ubuer, de tomber, de mourir et de vivre
à jamais
ICI et MAINTENANT
Frédéric Thibaud
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