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Conséquences sur le sens et l'organisation des sections d'assaut 

 

La force de l'ancien Etat reposait principalement sur trois colonnes : sa forme monarchique, son corps de fonctionnaires administratifs et son armée. La révolution de 1918 a aboli la forme de l'Etat, a dissous l'armée et a livré le corps des fonctionnaires à la corruption des partis ; les appuis essentiels de ce qu'on appelle l'autorité d'Etat étaient ainsi abattus.

Le premier fondement sur lequel repose l'autorité, c'est toujours la popularité. Pourtant, une autorité qui ne repose que sur elle est encore extrêmement faible ; sa sécurité et sa stabilité sont incertaines. Aussi tous ceux qui ne tiennent leur autorité que de la popularité, doivent-ils s'efforcer d'en élargir la base et pour cela de constituer fortement le pouvoir.

C'est donc dans le pouvoir, dans la puissance, que nous voyons le deuxième fondement de toute autorité.

Celui-ci est déjà notablement plus stable et plus sûr que le premier, mais il n'est nullement plus robuste.

Si la popularité et la force s'unissent, et si elles peuvent se maintenir unies, pendant un certain temps, alors peut se former, sur des bases encore plus solides, une nouvelle autorité, celle de la tradition. Si enfin popularité, force et tradition s'unissent, l'autorité qui en dérive peut être considérée comme inébranlable.

La révolution a rendu impossible ce triple concours ; elle a retiré toute autorité à. la tradition. Avec l'écroulement de l'ancien Empire, la mise au rancart de l'ancienne forme de gouvernement, l'anéantissement des anciens signes de la souveraineté et des symboles impériaux, la 'tradition

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a été soudainement déchirée. Il en est résulté un très grand ébranlement de l'autorité de l'Etat.

Même la deuxième colonne de l'autorité de l'Etat n'existait plus : d'ailleurs, pour pouvoir faire la révolution, on avait été obligé de dissoudre ce qui était l'incarnation de la force et de la puissance organisées de l'Etat, je veux dire l'armée. Oui, il a fallu utiliser même les débris rongés de l'armée, comme éléments des combats révolutionnaires.

Les armées du front n'étaient peut-être pas tombées dans une égale déliquescence : mais elles furent de plus en plus rongées par l'acide de la désorganisation du pays natal, à mesure qu'elles s'éloignèrent davantage des lieux glorieux où elles avaient héroïquement combattu pendant quatre ans et demi ; elles finirent, en arrivant dans les centres de démobilisation, par cette méconnaissance de l'obéissance que fut la soi-disant obéissance volontaire aux conseils de soldats,

On ne pouvait plus, en tous cas, appuyer aucune autorité sur ces mutins qui considéraient le service militaire comme du travail à huit heures par jour. Dès lors, le deuxième élément, celui qui garantit avant tout la solidité de l'autorité était également éliminé, et la révolution ne possédait plus, à proprement parler, que l'élément originel, la popularité, sur lequel elle put asseoir son autorité. Or ce fondement présentait justement une extraordinaire insécurité. Sans doute, la révolution réussit, d'un seul coup de bélier, à abattre le vieil édifice de l'Etat, mais si l'on regarde au fond des choses, on doit reconnaître que ce résultat ne fut atteint que parce que l'équilibre normal de notre peuple et sa structure intime avaient déjà été détruits par la guerre.

Tout peuple considéré dans son ensemble s'articule en trois grandes classes :

D'une part, un groupe extrême, composé de l'élite des citoyens est bon, doué de toutes les vertus, et par-dessus tout, est remarquable par son courage et par son esprit de sacrifice ; à l'opposé, un autre groupe extrême, composé du pire rebut des hommes, est rendu exécrable par la présence en son sein de tous les instincts égoïstes et de tous les vices. Entre ces deux groupes extrêmes est la troisième classe, la grande et large classe moyenne, qui ne participe ni à l'héroïsme éclatant de la première ni à la mentalité vulgaire et criminelle de la seconde.

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Les périodes d'ascension d'un corps social se produisent, il faut le dire, exclusivement sous l'impulsion de la classe extrême des meilleurs citoyens.

Les périodes de développement normal et régulier ou d'état stable, se produisent et durent visiblement lorsque dominent les éléments moyens, tandis que les classes extrêmes ne bougent pas ou s'élèvent.

Les époques d'effondrement d'un corps social sont déterminées par l'arrivée au pouvoir des pires éléments.

Il est remarquable, à cet égard, que la grande masse, ou classe moyenne - je la désignerai ainsi - ne peut se manifester de façon sensible que lorsque les deux classes extrêmes sont aux prises dans une lutte mutuelle ; il est remarquable aussi que cette grande masse se soumet toujours complaisamment au vainqueur, après la victoire d'un des partis extrêmes. Si les meilleurs ont eu le dessus, la grande masse les suivra ; si ce sont les pires, elle ne s'opposera pas, tout au moins, à leur action : car la masse du centre ne combattra jamais.

Or la guerre a troublé, en ses quatre ans et demi de durée sanglante, l'équilibre intérieur de ces trois classes, à un point tel que - tout en reconnaissant le nombre des victimes de la guerre dans les rangs de la classe moyenne il faut bien constater que cette guerre a conduit à faire couler presque jusqu'à la dernière goutte le sang de l'élite de la nation. Car c'est effrayant le torrent de sang héroïque que l'Allemand a versé pendant ces quatre ans et demi.

Que l'on additionne, en effet, les milliers et les milliers de cas dans lesquels on faisait appel à des volontaires : volontaires pour le front, patrouilleurs volontaires, porteurs d'ordres volontaires, téléphonistes volontaires, volontaires pour l'aviation, volontaires pour les passages de rivière, volontaires pour les sous-marins, volontaires pour les bataillons d'assaut, etc., toujours et toujours et encore, pendant quatre ans et demi, en mille occasions, il fallait des volontaires et encore des volontaires, et l'on voyait toujours le même geste ; le jeune homme imberbe ou l'homme mûr, tous deux brûlants de patriotisme ou remplis d'un grand courage personnel ou de la plus haute conscience du devoir, se présentaient.

Dix mille, cent mille cas semblables se présentaient et

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peu à peu, cette réserve d'hommes se tarissait, s'épuisait. Ce qui ne tombait pas était mutilé par les projectiles ou s'égrenait peu à peu dans le nombre infime des survivants. Que l'on pense donc, avant tout, que l'année 1914 a mis sur pied des armées entières de soi-disant volontaires, qui, par suite du criminel manque de conscience de nos propres-à-rien de parlementaires, n'avaient reçu, en temps de paix, aucune instruction de quelque valeur : ils furent donc livrés à l'ennemi comme une chair à canon sans défense.

Les quatre cent mille hommes qui tombèrent alors, tués ou mutilés dans les Flandres, ne purent plus être remplacés. Leur perte n'était plus seulement numérique. Leur mort fit rapidement pencher la balance et pas du bon côté : plus lourds qu'auparavant pesaient les éléments de grossièreté, d'infamie et de lâcheté, bref, la masse extrême, la mauvaise. Car il y avait quelque chose de plus :

C'est que, non seulement pendant quatre ans et demi, le meilleur des groupes extrêmes avait été atrocement décimé sur les champs de bataille, mais encore le groupe des mauvais s'était, pendant le même temps, merveilleusement conservé.

Alors, chacun des héros qui s'était offert comme volontaire et qui, après le sacrifice de sa vie, était monté au Walhalla, était remplacé par un embusqué qui avait jusque-là très prudemment tourné le dos à la mort, pour s'occuper plus ou moins utilement à l'intérieur de son pays.

La fin de la guerre offrait donc le tableau suivant : la nombreuse classe moyenne de la nation a payé régulièrement son impôt du sang. La classe extrême des meilleurs s'est presque intégralement sacrifiée avec un héroïsme exemplaire.

La classe extrême des mauvais, favorisée par les lois les plus insensées d'une part, par un insuffisant usage du code militaire d'autre part, est malheureusement là, intégralement.

Cette crasse bien conservée de notre corps social a alors fait la révolution ; et elle n'a pu la faire que grâce à ce fait que la fraction extrême des meilleurs éléments du pays ne pouvait plus s'y opposer : elle était morte.

On ne saurait donc qualifier qu'avec beaucoup de réserves la Révolution allemande de « populaire » : ce n'est pas le

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peuple allemand lui-même qui a commis ce crime de Caïn, c'est la canaille ténébreuse de ses déserteurs, de ses souteneurs, etc.

L'homme du front saluait la fin de la lutte sanglante ; il était heureux de pouvoir de nouveau fouler le sol de son pays natal, de revoir sa femme et ses enfants, mais il n'avait par lui-même rien de commun avec la révolution. Il ne l'aimait pas, il aimait encore moins ses instigateurs et ses organisateurs. Au cours de ces quatre années et demie des plus durs combats, il avait oublié les hyènes des partis ; tous les gredins qui les composent lui étaient devenus étrangers. La révolution n'avait été vraiment populaire que chez une petite partie du peuple allemand : notamment dans la classe de ceux qui l'avaient favorisée et qui avaient choisi le sac tyrolien, comme signe de reconnaissance de tous les citoyens d'honneur du nouvel Etat. Il n'aimaient pas la révolution pour elle-même, comme tant de gens commettent encore l'erreur de le croire, ils l'aimaient pour ses possibilités. Mais la popularité ne semblait pas devoir suffire bien longtemps à étayer l'autorité chez ces brigands marxistes. Et, pourtant, la jeune République avait à tout prix besoin d'autorité, si elle ne voulait pas, après une courte période de chaos, se voir de nouveau enlacée subitement par une puissance pratiquant la loi du talion et composée des derniers éléments du parti des bons.

Ce que craignaient alors le plus les hommes qui avaient fait la révolution, c'était de perdre complètement pied eux-mêmes dans le tourbillon de leur propre confusion et de se sentir soudain saisis et transportés sur un autre terrain par une poigne d'airain, comme il en surgit plus d'une fois dans l'histoire d'un peuple, en de telles conjonctures. Il fallait à tout prix que la République se consolidât.

Elle fut donc presque aussitôt forcée, par la fragilité de sa faible popularité, de créer de nouveau une force organisée, pour pouvoir fonder sur elle une autorité plus solide.

Quand, aux jours de décembre, janvier et février 1918-1919, les matamores de la révolution sentirent fléchir le sol sous leurs pieds, ils cherchèrent à la ronde des hommes prêts à consolider, par la force des armes, la faible garantie qu'était pour eux l'amour de leur peuple.

La république « antimilitariste » avait besoin de soldats, mais le premier et le seul appui de son autorité d'Etat -

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j'entends, sa popularité - n'avait de racines que dans une société de souteneurs, de voleurs, de cambrioleurs, de déserteurs, d'embusqués, etc., donc dans cette partie du peuple que nous avons appelée la classe extrême des mauvais : dans ces conditions, il eût été vain d'espérer recruter dans ces milieux aucun homme qui fût prêt à mettre sa vie au service d'un nouvel idéal.

La couche sociale, où brillait la pensée révolutionnaire et par laquelle la révolution avait été faite, n'était ni capable de fournir des soldats pour la défense de cette révolution, ni disposée à le faire. Car cette couche sociale ne désirait, en aucune manière, l'organisation d'un Etat républicain, mais seulement la désorganisation de l'Etat précédent, afin de mieux satisfaire ses instincts. Son mot d'ordre n'était pas « Ordre et construction de la République allemande », mais plutôt : « Pillage de la République ».

Le cri d'alarme que poussèrent alors avec la pire angoisse les représentants du peuple, ne trouva pas d'écho dans cette couche sociale : il n'y déchaîna, au contraire, que résistance et amertume.

On éprouvait en effet, en ces premiers jours, une impression d'absence de confiance et de foi ; on devinait, en voyant se constituer une autorité qui ne reposait plus seulement sur la popularité, mais sur la puissance, qu'allait commencer la lutte contre les pratiques, qui étaient pour ces éléments le but essentiel de la révolution : contre le droit au vol, contre la tyrannie déchaînée d'une horde de voleurs et de pillards, de toute la canaille évadée des prisons.

Les représentants du peuple pouvaient bien multiplier leurs appels ! Nul ne sortait des rangs, seul le cri hostile de « traîtres » leur marquait les sentiments de ceux sur lesquels reposait leur popularité.

Il se trouva alors, pour la première fois, de jeunes Allemands prêts à endosser, une fois de plus, leur vareuse de soldats, à saisir mousqueton ou fusil, pour se mettre, du moins ils le pensaient, au service du « calme et de l'ordre », prêts à marcher, le casque d'acier sur la tête, contre les destructeurs de leur pays natal.

Ils se groupèrent comme volontaires en corps francs, et tout en haïssant furieusement la révolution, entreprirent de

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la protéger, donc, en fait, de la renforcer. Ils agissaient ainsi de la meilleure foi du monde.

Le véritable organisateur de la révolution, celui qui en tirait effectivement les ficelles, le Juif international, avait alors bien apprécié la situation. Le peuple allemand n'était pas encore mûr pour pouvoir être, comme il advint en Russie, traîné dans la boue sanglante du marécage bolcheviste.

Cela tenait en grande partie à l'unité de race qui rapprochait toujours davantage les intellectuels allemands et les travailleurs allemands. Cela tenait aussi à la grande interpénétration des couches populaires et des éléments cultivés, phénomène social commun aux pays de l'ouest de l'Europe, mais totalement inconnu en Russie. Dans ce pays, en effet, les éléments intellectuels n'étaient pas, pour la plupart, de nationalité russe, ou, tout au moins, n'avaient rien de slave.

La même couche intellectuelle supérieure de la Russie d'avant guerre pouvait être à tout moment détruite, par suite de l'absence totale d'un élément intermédiaire qui l'eût reliée à la masse du peuple. Tandis que le niveau intellectuel et moral de cette masse était incroyablement bas.

Dès que l'on réussit, en Russie, à exciter la multitude des ignorants et des illettrés de la grande masse contre le petit nombre des intellectuels, le sort de ce pays fut réglé, et la révolution réussie. L'analphabète russe était devenu l'esclave sans défense de ses dictateurs juifs qui, de leur côté, avaient été assez habiles pour parer cette dictature de la rubrique : « Dictature populaire ».

Voici ce qui se passa en Allemagne :

Autant il est vrai que la révolution n'a pu réussir en Allemagne qu'en raison de la décomposition progressive de l'armée, autant il est certain que le véritable agent de la révolution et de la dissociation de l'armée n'a pas été le soldat du front : ce fut cette canaille plus ou moins ténébreuse qui traînait ses guêtres dans sa garnison natale ou qui servait quelque part, au titre économique, comme « indispensable ». Cette armée-là fut renforcée par des dizaines de milliers de déserteurs qui avaient pu, sans grand risque, tourner le dos au front.

En tous temps, le véritable lâche ne redoute, bien entendu,

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rien plus que la mort. La mort, elle, se présentait à lui tous les jours, au front, sous des milliers de formes différentes.

Si l'on veut maintenir quand même dans leur devoir des garçons faibles, chancelants ou même poltrons, il n'y a et il n'y a eu de tout temps qu'un seul moyen : il faut que le déserteur sache que sa désertion lui procurera, à coup sûr, ce qu'il veuf éviter. Au front, on peut mourir; comme déserteur, on doit mourir.

Seule, cette menace draconienne, visant rigoureusement tout acte de désertion, peut permettre d'obtenir un effet de terreur à l'égard de l'individu, comme de la collectivité.

C'étaient là tout le sens et tout le but de la loi martiale. Il était très beau de croire à la possibilité de mener jusqu'au bout le grand combat pour l'existence d'un peuple, en s'appuyant uniquement sur des dévouements innés, accrus encore du sentiment de la nécessité. L'accomplissement volontaire du devoir a toujours déterminé la conduite des meilleurs citoyens ; mais cela n'est plus vrai pour les hommes moyens.

C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir de telles lois : les lois contre le vol, par exemple, n'ont pas été instituées contre les gens foncièrement honnêtes, mais contre les éléments chancelants et faibles. Sans ces lois qui imposent aux mauvaises gens une crainte salutaire, on verrait fleurir l'opinion que l'homme d'honneur n'est qu'un imbécile et qu'il est beaucoup plus opportun de participer à un vol que de rester les mains vides ou même d être volé.

De même, il était absurde de penser que dans une guerre qui, selon toutes les prévisions, devait faire rage pendant plusieurs années, on pourrait se passer des moyens qu'une expérience, vieille de plusieurs dizaines de siècles, a enseignés comme seuls capables de contraindre à l'exécution de leur devoir des hommes faibles ou peu sûrs d'eux-mêmes dans les moments critiques, et dans les instants où les nerfs sont le plus durement mis à l'épreuve.

A l'égard des héros volontaires, la loi martiale est naturellement inutile : elle ne vaut que pour le lâche et l'égoïste qui, à l'heure où son peuple est dans la détresse, estime sa propre existence plus précieuse que celle de la collectivité.

Ce n'est que par la crainte du plus rigoureux châtiment que l'on peut empêcher ces hommes faibles, sans caractère,

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de céder à leur lâcheté. Lorsque des hommes doivent sans répit lutter avec la mort, tenir pendant des semaines, souvent mal nourris, l'appelé du contingent, qui commence à flancher, ne sera pas maintenu dans la bonne voie par la crainte de la prison ou même des travaux forcés, mais uniquement par celle de la peine de mort, appliquée sans merci, car l'expérience lui montre qu'à de tels moments, la prison est un séjour encore mille fois plus agréable que le champ de bataille, puisque, au moins en prison, sa vie - d'une valeur inappréciable - n'est pas menacée.

Les circonstances se sont cruellement vengées de ce que l'on ait, au front, supprimé la peine de mort, et rendu inopérante la loi martiale. Une armée de déserteurs se répandit, surtout en 1918, dans la zone de l'arrière ; elle aida à constituer cette grande organisation criminelle que nous vîmes soudain apparaître devant nous après le 7 novembre 1918 et qui fit la révolution.

Quant au front lui-même, il n'avait, à vrai dire, rien de commun avec elle. Ceux du front étaient naturellement tous animés d'un fervent désir de paix. Mais c'était justement ce fait, et ce fait seul, qui constituait pour la révolution un danger des plus sérieux.

Car lorsque, après l'armistice, les armées allemandes commencèrent à se rapprocher du pays natal, les révolutionnaires d'alors, pleins d'effroi, étaient obsédés par cette unique question : « Que vont faire les troupes du front ? Est-ce que les poilus (1) vont tolérer cela ? »

Pendant ces semaines-là, il fallait qu'extérieurement tout au moins, la révolution parût très modérée, sinon elle risquait d'être soudain taillée en pièces avec la vitesse de la foudre par quelques divisions allemandes.

Car si, alors, un seul général avait décidé de faire descendre à coups de fusil, par sa division fidèlement dévouée, toutes les loques rouges, de faire aligner nu mur les « conseils de soldats », de briser les résistances possibles à coups de minenwerfer ou de grenades, en moins de quatre semaines cette division se serait grossie d'assez d'hommes pour pouvoir donner naissance à soixante divisions.

C'était cette pensée qui faisait le plus trembler les Juifs,

(1) Feldgraue est l'équivalent de Poilu.

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qui tiraient les' ficelles. Et cette crainte les détermina à maintenir à la révolution une allure assez modérée : la révolution ne devait pas dégénérer en bolchevisme, mais devait au contraire, étant donné les circonstances, jouer hypocritement le régime du calme et de l'ordre.

De là, ses nombreuses et importantes concessions, son appel au vieux corps des fonctionnaires, aux vieux chefs de l'armée. On avait besoin d'eux, au moins pour un certain temps, et ce n'était qu'après que ces hommes, véritables têtes de Turcs, auraient fait l'office qu'on attendait d'eux, que l'on pouvait oser leur décocher les coups de pieds qui leur étaient dus et arracher la République des mains des anciens serviteurs de l'Etat pour la livrer aux griffes des vautours de la révolution.

C'était par ce moyen seul que l'on pouvait espérer duper de vieux généraux et de vieux fonctionnaires de l'Etat, afin de désarmer d'avance une résistance éventuelle de leur part, en présentant ce nouvel état de choses sous des apparences d'innocence et de douceur.

Cette manœuvre a très bien réussi, l'expérience l'a démontré.

Seulement, la révolution n'avait pas été faite par des éléments d'ordre et de calme, mais bien plutôt par des éléments d'émeute, de vol et de pillage. Et si, pour ces derniers, le développement de la révolution n'était pas celui qu'ils avaient voulu, il n'était pas davantage possible, pour des raisons de tactique politique, qu'elle prît le cours qui aurait le plus favorisé leurs goûts.

Par son accroissement progressif, la Social-Démocratie avait de plus en plus perdu son caractère de parti révolutionnaire brutal. Ce n'était pas qu'elle eût mentalement adopté un but autre que celui de la révolution ou que ses chefs aient jamais eu d'autres intentions que les siennes : pas du tout !

Mais il ne restait, en fin de compte, que ces intentions et un corps de partisans qui n'était plus apte à passer aux actes. Avec un parti de dix millions de membres, on ne peut plus faire une révolution.

Dans un mouvement de cette importance, on n'a plus devant soi un parti extrême, mais la grande masse centrale, donc une multitude paresseuse. A ce propos, il faut encore mentionner la scission provoquée par les Juifs dans la

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Social-Démocratie ; je m'explique : pendant que le parti social-démocrate, en raison de l'inertie paresseuse de sa masse, s'aggripait comme un bloc de plomb à la défense nationale, on sut extraire de ce parti ses éléments radicaux-activistes et on les constitua en colonnes d'assaut qui constituaient des troupes de choc particulièrement redoutables.

Le parti indépendant et l'association spartakiste constituèrent les bataillons d'assaut du marxisme révolutionnaire. Leur mission était de parfaire l'œuvre que la masse du parti social-démocrate, préparée à ce rôle depuis plusieurs dizaines d'années, pouvait dès lors exploiter.

La bourgeoisie couarde fut, à cet égard, appréciée à sa juste valeur par le marxisme et traitée tout simplement « en canaille » (1). On ne s'en occupa d'ailleurs pas du tout, sachant que l'obséquiosité rampante de cette formation politique, composée d'une génération vieille et usée, ne serait jamais capable d'opposer une résistance sérieuse.

Puisque la révolution avait réussi et que les appuis principaux de l'ancien Etat pouvaient être considérés comme réduits à néant, que l'armée du front commençait à surgir comme un sphinx inquiétant, il fallait freiner le développement naturel de la révolution.

Le gros de l'armée social-démocratique occupait la position conquise et les bataillons d'assaut indépendants et spartakistes furent mis de côté.

Cela ne se passa pourtant pas sans combat.

Ce n'est pas seulement parce que les formations d'attaque les plus fébrilement actives se sentaient trompées dans leurs espérances et voulaient continuer à piller autour d'elles, que leur vacarme effréné était redouté par ceux qui tiraient les ficelles de la révolution.

Car à peine le bouleversement était-il accompli qu'il donnait lieu lui-même aussitôt, semble-t-il, à la formation de deux camps, à savoir : le parti du calme et de l'ordre et le groupe de la terreur sanglante. Alors quoi de plus naturel que de voir notre bourgeoisie se rendre avec armes et bagages dans le camp du calme et de l'ordre ? Pour une fois, ces misérables organisations politiques trouvaient une occasion de passer aux actes. Sans éprouver le besoin de le dire et

(1) En français dans le texte.

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au contraire en silence, il leur était permis de mettre leurs pieds sur un sol résistant et de se solidariser, dans une certaine mesure, avec la puissance qu'ils haïssaient le plus, mais qu'ils redoutaient encore davantage, au fond d'eux-mêmes. La bourgeoisie allemande acquerrait ainsi le grand honneur de s'asseoir à la même table que les chefs marxistes trois fois maudits, pour combattre les bolcheviks !

En décembre 1918 et janvier 1919, la situation se présentait donc déjà comme il suit :

C'est une minorité composée des pires éléments qui a fait la révolution et derrière elle marchaient immédiatement tous les partis marxistes. La révolution elle-même conserve une physionomie modérée, ce qui lui attire l'hostilité des extrémistes fanatiques. Ceux-ci commencent à lancer des grenades à main et à faire crépiter des mitrailleuses, à occuper des monuments publics, bref à menacer la révolution modérée. Pour bannir la crainte que ces menaces font concevoir, un armistice est conclu entre les adeptes du nouvel état de choses et les partisans de l'ancien, afin d'être en mesure de mener désormais en commun le combat contre les extrémistes. Le résultat est le suivant : les ennemis de la république s'organisent pour combattre la République en elle-même, et ils aident à vaincre ceux-là mêmes qui, pour des raisons toutes différentes, sont également des ennemis de cette république.

LIn autre résultat, c'est que cette combinaison semble écarter tout danger d'un combat entre les partisans de l'ancien Etat et ceux du nouveau.

On ne pourra jamais considérer assez souvent, ni avec assez d'attention, ce dernier fait : seul, celui qui l'a saisi, peut comprendre comment il a été possible qu'un peuple, dont les neuf dixièmes n'ont pas fait la révolution, dont les sept dixièmes n'en veulent pas, dont les six dixièmes en ont horreur, ait été, en fin de compte, contraint à la révolution par un dixième de sa population.

Peu à peu les combattants des barricades, spartakistes, d'un côté et, de l'autre, les fanatiques et les idéalistes nationalistes, perdirent tout leur sang ; et, dans la mesure même où ces deux partis extrêmes s'usaient l'un contre l'autre, la masse du centre, comme toujours, restait victorieuse. La bourgeoisie et le marxisme se rencontrèrent sur le terrain des faits acquis et la République commença dès

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lors à se consolider. Ce qui n'empêcha pas d'ailleurs les partis bourgeois, surtout avant les élections, de revenir pendant quelque temps encore à des idées monarchiques, associant, dans une même conjuration, les esprits de ceux d'autrefois et les faibles lumières de leurs adeptes.

Cela n'était pas honnête, car la bourgeoisie avait au fond d'elle-même rompu depuis longtemps avec la monarchie, et la malpropreté du nouvel état de choses avait déjà commencé à déteindre sur elle et à la rendre sensible à sa corruption. Dans l'ensemble, le politicien bourgeois se sent aujourd'hui plus à son aise dans la boue fétide du parti républicain que sur le roc demeuré propre de la forme d'Etat passée dont il garde encore le souvenir.

*

Comme je l'ai déjà dit, les révolutionnaires furent forcés, après la destruction de l'ancienne armée, de se créer un nouvel instrument de puissance pour consolider leur autorité dans l'Etat. Vu la situation, ils ne pouvaient le trouver que parmi les partisans d'une conception de vie qui leur était diamétralement opposée. Dans ce milieu seulement pouvait se former, quoique lentement, le corps d'une armée nouvelle qui, limitée extérieurement par les traités de paix, pouvait être au cours du temps transformée moralement pour devenir un instrument de la nouvelle conception de l'Etat.

Si on pose la question de savoir pourquoi, indépendamment de toutes les erreurs de l'ancien Etat qui en furent la cause, la révolution put réussir en tant qu'action, on arrive aux réponses suivantes :

1° Parce que nos conceptions du devoir et de l'obéissance s'étaient ankylosées.

2° A cause de la lâche passivité de nos partis soi-disant conservateurs. 

Il faut ajouter encore ce qui suit :

L'ankylose de nos notions de devoir et d'obéissance avait sa cause la plus profonde dans notre éducation qui, orientée tout entière dans le sens de l'Etat, manquait de sens national. Il en résulte une confusion entre les moyens et les buts. La conscience du devoir, l'observation du devoir et l'obéissance ne sont pas des buts en soi, de même que l'Etat n'est pas un but en soi : ils doivent être seulement des moyens de rendre

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possible et d'assurer l'existence sur cette terre d'une communauté d'êtres vivants, unis par des affinités morales et physiques. A une heure où un peuple succombe visiblement et est livré, de toute évidence, à l'oppression la plus dure, grâce aux actes de quelques vauriens, l'obéissance et ''observance du devoir envers ces derniers sont preuves d'un formalisme doctrinaire, et même de la folie pure, si, d'autre part, le refus d'obéir et de faire son devoir eussent pu préserver le peuple de la ruine. D'après notre conception bourgeoise actuelle de l'Etat, le commandant de la division, qui reçut l'ordre d'en haut de ne pas tirer, a agi selon son devoir et, par conséquent, a eu raison de ne point tirer, parce que l'obéissance formelle et aveugle est plus précieuse aux yeux des bourgeois que la vie de leur propre peuple. Mais, selon la conception national-socialiste, ce n'est pas l'obéissance à de faibles supérieurs, c'est l'obéissance envers la communauté qui doit entrer en ligne de compte. A une heure pareille, c'est la responsabilité personnelle devant la nation entière qui devient le devoir.

Si la révolution a réussi, c'est qu'une telle conception vivante de ces notions avait été perdue par notre peuple ou plutôt par nos gouvernements.

En ce qui concerne le second point, on peut faire la remarque suivante :

La cause profonde de la lâcheté des partis « conservateurs » fut, en premier lieu, la disparition des éléments, les meilleurs et les plus actifs de notre peuple, qui tombèrent au front. A part cela, nos partis bourgeois, que nous pouvons désigner comme les seuls qui acceptaient pour base l'ancien Etat, étaient convaincus qu'ils ne pouvaient défendre leurs opinions que sur le plan de l'esprit et par les armes de l'esprit, parce que l'Etat, seul, avait le droit d'appliquer la force. Non seulement cette conviction porte le stigmate d'une croissante dégénérescence, mais, en outre, elle est inadmissible à une époque où l'un des adversaires politiques a depuis longtemps abandonné ce point de vue et déclare ouvertement qu'il luttera, autant que possible, pour ces buts politiques, même par la violence. Au moment où le marxisme surgit dans le monde de la démocratie bourgeoise dont il fut la conséquence, ses appels à mener la lutte « seulement par les armes spirituelles » étaient un non-sens qui devait être cruellement expié un jour. Car le marxisme lui-même

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défendit toujours le point de vue que l'emploi d'une arme était déterminé seulement par des considérations d'opportunité, et que le droit d'y recourir se justifiait par le succès.

Les journées du 7 au 11 novembre prouvèrent à quel point cette conception était juste. A ce moment, le m3rxisme n'eut aucun souci du parlementarisme, ni de la démocratie ; il leur asséna à tous les deux le coup mortel par des bandes de criminels qui hurlaient et tiraient. Si les organisations de bourgeois bavards restèrent à ce moment impuissantes, cela se conçoit. Après la révolution, quand les partis bourgeois, quoique sous de nouveaux pavillons, surgirent de nouveau, et quand leurs braves chefs sortirent en rampant de la protection des caves obscures et des greniers bien aérés, ils n'avaient rien oublié et rien appris, comme c'est toujours le cas avec les représentants de vieux organismes. Leur programme politique, c'était le passé, dans la mesure où ils ne s'étaient pas ralliés intérieurement aux nouvelles circonstances, et leur but fut de pouvoir participer autant que possible au nouvel état de choses, et leurs seules armes étaient leur parole.

Les partis bourgeois ont capitulé dans la rue de la façon la plus pitoyable, même après la révolution.

Quand il fut question de la loi sur la défense de la République, elle ne trouva d'abord pas de m3jorité (1). Mais, à l'aspect de deux cent mille marxistes qui manifestaient, une telle peur s'empara de nos « hommes d'Etat » bourgeois, qu'ils acceptèrent cette loi contre leur conviction, pris de peur à l'idée que, dans le cas contraire, la m3sse furieuse pourrait leur casser les reins à la sortie du Reichstag. Ce qui n'eut pas lieu, malheureusement, parce que la loi fut adoptée.

Le nouvel Etat se développa donc comme s'il n'y avait aucune opposition nationale. Les seules organisations qui eurent à cette époque le courage et la force de s'opposer au marxisme et aux masses soulevées par lui, c'étaient d'abord les corps francs, ensuite les organisations d'auto-protection, les gardes civiques, et enfin les ligues pour les traditions (2), formées en majorité d'anciens combattants.

(1) L'adoption de cette loi (juillet 1922) nécessitait la majorité de deux tiers. Les populistes ne la votèrent que sous la pression d'une grande manifestation socialiste (les nationalistes votant contre).

(2) Freicorps : groupements recrutés dans l'ancienne armée, surtout parmi les officiers et les Étudiants. Selbstschutz, Einwohnerwehr : organisations se rapprochant des gardes nationaux de lti4tt. Traditions verbande : unions de membres d'anciens régiments dissous, etc.

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Mais leur existence ne provoqua non plus aucun revirement tant soit peu perceptible dans le développement de l'histoire allemande, et pour les causes suivantes :

De même que les partis dénommés nationaux ne pouvaient exercer aucune influence, parce qu'ils ne possédaient aucune puissance effective dans la rue, les prétendues ligues de protection ne purent exercer aucune influence, parce que toute idée politique leur faisait défaut et surtout tout véritable but politique.

Ce qui avait donné naguère la victoire au marxisme, ce fut la parfaite cohésion entre leur volonté politique et leur brutalité dans l'action. Ce qui priva entièrement l'Allemagne nationale de toute influence sur le développement du sort de l'Allemagne, ce fut l'absence d'une collaboration de la force brutale avec une volonté nationale.

Quelle que fût la volonté des partis « nationaux », ils n'avaient pas la moindre force pour la faire triompher, du moins dans la rue.

Les ligues de défense avaient la force, elles dominaient la rue et l'Etat, mais elles ne possédaient aucune idée politique ni aucun but politique, pour lesquels leur force aurait pu être engagée, dans l'intérêt de l'Allemagne nationale. Dans les deux cas, c'est l'astuce du Juif qui arriva par une persuasion habile (en renforçant une tendance déjà existante), à faire en sorte que la situation se perpétuât et que le mal s'approfondît.

Ce fut le Juif qui sut lancer par sa presse, avec une habileté infinie, l'idée d'un caractère « non-politique » des ligues de défense, de même qu'il louait dans la lutte politique «les armes pures de l'esprit ». Des millions d'imbéciles allemands discouraient ensuite en adoptant cette ânerie, sans pressentir le moins du monde que, de cette façon, ils se désarmaient en pratique et se livraient sans défense au Juif.

Mais il y a une explication encore plus simple. Le manque de toute grande idée réformatrice a toujours impliqué une limitation de la force combative. La conviction d'avoir le droit d'employer les armes les plus brutales est toujours liée

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à l'existence d'une foi fanatique en la nécessité de la victoire d'un nouvel ordre de choses révolutionnaire.

Un mouvement qui ne combat pas pour ces buts et ces idéals suprêmes, ne recourra donc jamais aux moyens les plus extrêmes.

La proclamation d'une grande idée est le secret du succès de la Révolution française ; c'est à l'idée que la révolution russe doit sa victoire ; et le fascisme ne reçut sa force que de l'idée de soumettre un peuple, d'une manière bienfaisante, à une réforme des plus vastes.

Les partis bourgeois ne possèdent pas les capacités pour cela.

Mais non seulement les partis bourgeois voyaient leur but politique dans une restauration du passé : les ligues de défense, dans la mesure où elles se préoccupaient de buts politiques, le faisaient aussi. De vieilles tendances d'unions militaires et kyffhauseriennes (1) prirent vie dans leur milieu et contribuèrent à émousser, au point de vue politique, l'arme la plus tranchante que l'Allemagne possédait à ce moment, et à la laisser dépérir en servant de lansquenet à la république. Qu'elles le fissent avec les meilleures intentions, et surtout en parfaite bonne foi, cela ne change rien à l'incohérence fatale de leur évolution.

Le marxisme obtint peu à peu dans la Reichswehr consolidée l'appui nécessaire pour son autorité, et il commença alors, avec logique et esprit de suite, à licencier les ligues nationales de défense qui lui paraissaient dangereuses et qui étaient devenues inutiles. Quelques-uns des chefs les plus audacieux, dont on se méfiait, furent cités devant les tribunaux et mis sous les verrous. Tous furent frappés du sort qu'ils avaient mérité par leur erreur.

*

Quand le parti national-socialiste fut fondé, ce fut la première fois que fit son apparition un mouvement dont le but n'était pas, comme chez les partis bourgeois, la restauration mécanique du passé, mais d'ériger à la place du mécanisme absurde de l'Etat actuel un Etat organique raciste.

(1) Montagne où, selon la légende, Frédéric Barberousse dormait sous le charme d'un enchantement, pour ne se réveiller que pour faire triompher l'idéal pangermaniste.

Dans le Kyffhauserbund étaient réunies, déjà avant la guerre, toutes les associations patriotiques d'anciens militaires, d'étudiants, etc.

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Le jeune mouvement, dés son premier jour, adopta le point de vue qu'il fallait propager ses idées par les moyens spirituels, mais que cette propagande devait être étayée, le cas échéant, sur la force brutale.

Fidèle à sa foi en l'énorme importance de la nouvelle doctrine, il considérait comme évident qu'aucun sacrifice ne peut être trop grand en vue du but à atteindre.

J'ai déjà indiqué qu'il y a des moments où un mouvement qui veut conquérir le cœur d'un peuple est obligé de trouver, dans ses propres rangs, la défense contre les tentatives de terreur ennemies. C'est aussi une des leçons éternelles de l'histoire qu'une idée philosophique appuyée par la terreur ne peut jamais être vaincue par des méthodes administratives abstraites, mais seulement par une nouvelle idée philosophique, se traduisant en actions aussi audacieuses que décidées. Ce fait sera toujours désagréable aux protecteurs officiels de l'Etat, mais c'est un fait indéniable. Les dirigeants peuvent garantir la tranquillité et l'ordre seulement dans le cas où l'Etat correspond à l'idée philosophique répandue dans le pays, de façon que les éléments de violence puissent être taxés de criminels isolés, au lieu d'être considérés comme les représentants d'une idée diamétralement opposée aux opinions officielles. Si tel est le cas, l'Etat peut employer pendant des siècles les mesures de répression les plus violentes contre la terreur qui le menace, à la fin il sera impuissant contre elle, et il succombera.

L'Etat allemand est assailli bien rudement par le marxisme. Dans une lutte qui dure depuis soixante-dix ans, non seulement il n'a pu empêcher le triomphe de cette idéologie, mais il a été forcé de capituler presque sous tous les rapports, en dépit de milliers d'années de bagne et de prison, et des répressions les plus sanglantes dont il frappait les militants de cette idéologie marxiste qui le menaçait. (Les dirigeants d'un Etat bourgeois essayeront de nier tout cela, mais en vain.)

L'Etat qui, le 9 novembre 1918, capitula sans conditions devant le marxisme, ne pouvait, du jour au lendemain, s'en rendre maître ; au contraire : les bourgeois idiots, assis dans les fauteuils ministériels, radotent déjà aujourd'hui de la nécessité de ne pas gouverner contre les ouvriers, ce qui signifie pour eux « contre les marxistes ». En identifiant l'ouvrier allemand avec le marxisme, ils commettent non

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seulement une falsification, aussi lâche que mensongère, de l'histoire, mais ils s'efforcent de dissimuler ainsi leur propre effondrement devant l'idée et l'organisation marxistes.

En présence de la subordination complète de l'Etat actuel au marxisme, le mouvement national-socialiste a d'autant plus le devoir, non seulement de préparer par les armes de l'esprit le triomphe de son idée, mais aussi celui d'organiser, sous sa propre responsabilité, la défense contre la terreur de l'Internationale ivre de sa victoire.

J'ai déjà décrit comment, dans la pratique, un service d'ordre fut créé pour nos réunions, et comment il revêtit peu à peu le caractère d'un service de police générale ayant des cadres organisés.

Quoique sa structure qui s'édifiait peu à peu ressemblât beaucoup à ce qu'on nommait les « ligues de défense » nationales, il n'y avait, en réalité, aucune comparaison entre celles-ci et celle-là.

Comme je l'ai dit, les organisations allemandes de défense n'avaient aucune idée politique précise. Elles n'étaient réellement que des ligues de protection particulières, avec une préparation et une organisation appropriées, de sorte qu'elles ne constituaient qu'un complément illégal aux moyens légaux de l'Etat. Leur caractère de corps francs ne se motivait que par leur constitution et par la situation de l'Etat à cette époque ; mais leur titre ne leur convenait aucunement, parce qu'elles n'étaient que des organisations privées, ne luttant que pour des convictions particulières. Elles ne remplissaient nullement leur but, en dépit de l'attitude hostile de quelques chefs et même de ligues entières envers la république. Car il ne suffit pas d'être convaincu de l'infériorité d'un état de choses existant pour établir une conviction dans le sens supérieur de ce mot ; celle-ci ne prend racine que dans, la prescience intime d'un nouvel état de choses et dans le pressentiment qu'il est nécessaire ; elle ne prend racine que dans la lutte pour l'instauration de ce nouvel état de choses, lutte considérée comme la tâche suprême de la vie.

Ce qui distingue essentiellement le service d'ordre du mouvement national-socialiste de cette période de toutes les ligues de défense, c'est qu'il ne fut ni ne voulut être, même dans la plus faible mesure, le serviteur des conditions créées par la révolution, mais qu'il combattit exclusivement pour une Allemagne nouvelle.

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Ce service d'ordre avait, il est vrai, au début le caractère d'un service de protection des salles. Sa première tâche était limitée : il devait assurer la possibilité de tenir des réunions sans que l'adversaire pût les saboter. Il avait d'ores et déjà été créé pour attaquer à fond, non par adoration exclusive de la matraque -- comme on le prétendait dans les stupides cénacles des racistes allemands (1) - mais parce que l'idée la plus élevée peut être étouffée si son protagoniste est assommé d'un coup de matraque. C'est un fait que bien souvent, dans l'histoire, les têtes les plus nobles tombèrent sous les coups des derniers des ilotes. Notre organisation ne considérait pas la violence comme but en soi, mais voulait protéger contre la violence ceux qui poursuivaient des buts idéaux. Et elle comprit en même temps qu'elle n'avait pas à assumer la protection d'un Etat qui n'accordait aucune protection à la nation, mais qu'elle devait, au contraire, se charger de la défense de la nation contre ceux qui voulaient détruire le peuple et l'Etat.

Après la bataille de la réunion dans le Hofbrauhaus de Munich, notre service d'ordre reçut, une fois pour toutes, en commémoration constante des attaques héroïques de la petite troupe de naguère, le nom de section d'assaut. Comme ce nom l'indique, il ne désigne qu'une section du mouvement. C'en est un membre, tout comme la propagande, la presse, les institutions scientifiques et les autres membres du même parti.

Nous avons pu voir, non seulement au cours de cette réunion mémorable, mais aussi dans nos tentatives de faire rayonner notre mouvement dans le reste de l'Allemagne, combien cette organisation était nécessaire. Quand le marxisme commença à voir en nous un danger, il ne laissa passer aucune occasion pour étouffer dans l'œuf toute tentative de tenir une réunion national-socialiste, ou, le cas échéant, il chercha à l'empêcher par le sabotage. Il va de soi que, dans toutes ces occasions, les organisations officielles des partis marxistes de toutes nuances couvraient aveuglément toutes ces intentions de sabotage, cela jusque parmi les assemblées élues. Mais que doit-on dire des

(1) Les deutsch-völkische furent une organisation qui faisait concurrence aux hitlériens pour la propagande des idées racistes ; elle disparut peu à peu.

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partis bourgeois, qui, assommés eux-mêmes par Ie marxisme, n'osaient pas, dans beaucoup de localités, laisser parler en public leurs orateurs, et qui, suivant des yeux cependant tous nos combats contre les m3rxistes, assistaient à nos quelques échecs avec une satisfaction béate tout à fait incompréhensible. Ils étaient heureux de voir que celui qu'ils n'avaient pu vaincre, celui qui les avait vaincus eux-mêmes, ne pût être brisé par nous non plus. Que penser de ces fonctionnaires, de ces préfets de police, de ces ministres même, qui, avec un manque de caractère tout à fait scandaleux, prenaient extérieurement des attitudes d'hommes « patriotes », mais qui, dans tous les conflits des nationaux-socialistes avec le marxisme, rendaient les services les plus vils à ce dernier ? Que penser d'hommes qui, pour de misérables louanges dans les journaux juifs, tombèrent si bas qu'ils poursuivirent sans crier gare ces mêmes hommes à l'héroïsme desquels ils étaient en partie redevables de ne pas avoir été pendus, quelques années plus tôt, par la meute rouge, et de ne pas avoir été des cadavres déchiquetés, accrochés à une lanterne.

Ce sont là des faits si tristes, qu'ils inspirèrent une fois à feu le préfet Pi7hner - cet homme inoubliable, qui, dans sa stricte droiture, détestait ces reptiles avec toute la force d'un homme de cœur - cette dure parole : « Toute ma vie, je n'ai voulu être qu'un Allemand, et ensuite un fonctionnaire ; et je ne veux pas qu'on me confonde jamais avec ces créatures, qui, fonctionnaires catins, se prostituent à tout venant, susceptible de passer pour le maître de l'heure. »

Ce qui est surtout triste, c'est que cette engeance soumit non seulement peu à peu des dizaines de milliers de serviteurs les plus honnêtes et les plus loyaux de l'Etat allemand, m3is leur inocula aussi peu à peu son propre minque de principes ; elle poursuivit ensuite les plus honnêtes avec une haine féroce, elle les délogea enfin de leurs postes et fonctions, tout en continuant à se présenter, avec une hypocrisie mensongère, sous l'étiquette de « nationaux ».

Nous n'avions jamais à espérer aucun secours de tels hommes, et nous ne l'avons obtenu en effet que très rarement. Seul, le développement de nos propres services de protection pouvait garantir la sécurité de notre mouvement, et lui attirer en même temps l'attention et l'estime générales

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qu'on octroie à celui qui se défend lui-même quand on l'attaque.

Notre idée directrice pour l'organisation intérieure de cette section d'assaut, fut toujours d'en faire, outre une , troupe de choc parfaite, une force morale inébranlablement pénétrée de l'idéal national-socialiste, et d'y faire régner la discipline la plus stricte. Elle ne devait avoir rien de commun avec une organisation bourgeoise de défense, ou avec une société secrète.

Les raisons pour lesquelles je m'opposai à cette époque ; de la façon la plus ferme aux tentatives de donner aux ' sections d'assaut la forme de ligues de défense, sont fondées sur les considérations suivantes :

Au point de vue purement pratique, l'éducation militaire d'un peuple ne peut être faite par des ligues privées, si ce n'est avec d'énormes secours financiers de la part de l'Etat. Penser autrement eût été surestimer grandement ses propres possibilités. Il est impossible, en appliquant ce qu'on nomme « la discipline volontaire », de dépasser certaines limites dans la formation d'organisations qui possèdent une valeur militaire. L'instrument le plus essentiel du commandement - la faculté de punir - fait ici défaut. Au printemps 1919, il était encore possible de constituer ce qu'on appelle des « corps francs », mais cela pouvait se faire parce qu'ils étaient composés d'anciens combattants, qui, pour la plupart, étaient déjà passés par l'école de l'ancienne armée, mais aussi parce que le genre d'obligations imposées aux hommes impliquait une obéissance militaire inconditionnelle.

Ces prémisses font complètement défaut pour les « ligues de défense « volontaires. Plus la ligue est vaste, plus la discipline est relâchée ; moins on peut exiger de chaque membre, plus l'ensemble prend l'aspect des anciennes associations de militaires et de vétérans. Une préparation volontaire au service militaire, sans pouvoir de commandement inconditionnel, ne pourra jamais être appliquée aux grandes masses. Ceux qui, de leur propre gré, se soumettront à la contrainte de l'obéissance, toute naturelle dans l'armée, seront toujours une minorité. Ensuite, un véritable entraînement ne peut être appliqué à cause de l'insuffisance ridicule des moyens à la disposition des ligues de défense. Le plus solide entraînement aurait

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dû être la tâche essentielle de telles institutions. Huit ans ont passé depuis la guerre, et, pendant ce temps, pas une classe de notre jeunesse allemande n'a reçu un entraînement régulier. La tâche d'une ligue de défense ne peut être seulement celle d'englober les hommes ayant déjà reçu l'entraînement dans le passé, parce que, dans ce cas, on pourrait mathématiquement établir à quel moment son dernier membre quitterait la ligue. Même le plus jeune soldat de 1918 sera, dans vingt ans, sans valeur militaire, et nous nous approchons de cet état de choses avec une rapidité inquiétante. Tout ce qu'on nomme les ligues de défense acquerra alors inévitablement le caractère des anciennes associations de vétérans. Or, tel ne doit pas être une institution qui se nomme non pas association d'anciens combattants, mais Ligue de défense, et qui s'efforce d'exprimer, par son nom même, qu'elle voit sa mission non seulement dans le maintien des traditions et des liens entre les anciens soldats, mais aussi dans la propagation des idées de défense nationale et dans l'application pratique de ces idées, c'est-à-dire dans la formation d'un corps apte à cette défense.

Mais cette tâche implique alors inévitablement l'entraînement des éléments qui n'ont pas encore reçu de préparation militaire, et cela, dans la pratique, est réellement impossible. On ne peut vraiment créer un soldat avec un entraînement d'une ou de deux heures par semaine. Avec les exigences croissantes, vraiment énormes, que le service militaire impose actuellement au soldat, un service militaire de deux ans est tout juste suffisant pour transformer un jeune homme en un soldat.

Nous avons tous vu au front les conséquences terribles que le manque de préparation au métier militaire avait pour les jeunes recrues. Des formations volontaires, qui avalent été soumises à un entraînement de fer pendant quinze à vingt semaines, et animées de l'esprit de sacrifice le plus élevé, ne représentaient néanmoins . au front que de la chair à canon. Seules, les jeunes recrues ayant subi un entraînement de quatre à six mois et encadrées dans les rangs de vieux soldats expérimentés, pouvaient devenir des éléments utiles dans leur régiment ; ils étaient, en cela, guidés par les « anciens » et s'adaptaient peu à peu à leur tâche.

En face de ces faits, combien paraît désespérée la tentative

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de créer une troupe sans pouvoir de commandement défini, sans moyens suffisants, par un soi-disant entraînement d'une à deux heures par semaine i On peut, de cette façon, maintenir en forme peut-être d'anciens soldats, mais on ne transformera jamais de la sorte des jeunes gens en soldats.

On peut encore prouver l'inefficacité de ce prétendu entraînement par le fait suivant : lorsqu'une telle ligue de défense volontaire, au prix des plus grands efForts, et avec mille difficultés, essayait d'entraîner militairement quelques milliers d'hommes dévoués (pour les autres, elle n'existe même pas !), l'Etat brisait par ses directives pacifistes et démocratiques l'élan de millions et de millions de jeunes gens, empoisonnait leur âme patriotique et les transformait peu à peu en un troupeau de moutons supportant patiemment tout arbitraire.

A côté de cela, combien faibles et ridicules paraissent tous les efforts des ligues de défense pour transmettre leurs idées à la jeunesse allemande !

Mais presque plus essentiel encore est le point de vue suivant, qui me fit toujours prendre position contre toute tentative d'une soi-disant préparation militaire sur la base des organisations volontaires :

Même en admettant que, malgré toutes les difficultés indiquées plus haut, une ligue réussisse quand même, au cours des années, à transformer une certaine quantité d'Allemands en hommes entraînés militairement, aussi bien moralement que physiquement et techniquement, le résultat serait encore nul dans un Etat qui, par toute sa politique, ne désire nullement une telle préparation militaire, qui la déteste même, parce qu'elle est en pleine contradiction avec les buts intimes de ses dirigeants, les destructeurs de la nation.

Dans tous les cas, un tel résultat serait sans valeur avec des gouvernements qui non seulement ont prouvé que la force militaire de la nation n'a aucune valeur à leurs yeux, et qui, surtout, n'ont pas le moindre désir de se servir de cette force, si ce n'est pour la défense de leur propre existence, si funeste. Actuellement, il en est encore ainsi. N'est-il pas ridicule, vraiment, d'entraîner militairement quelques dizaines de milliers d'hommes au crépuscule, alors que l'Etat, il y a quelques années, aban-

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donna honteusement huit millions et demi de soldats les mieux entraînés ? Alors que non seulement il ne voulut pas s'en servir, mais les livra, en reconnaissance de leurs sacrifices, aux insultes de la populace. On voudrait donc former des soldats pour défendre un régime qui a sali les plus glorieux soldats de jadis, qui a craché sur eux, qui leur a laissé arracher leurs croix et leurs insignes, qui leur a enlevé leurs cocardes, a piétiné leurs drapeaux et dénigré leurs exploits ? Est-ce que le régime actuel a fait un seul pas pour restaurer l'honneur de l'ancienne armée, pour traduire en justice ses destructeurs et ses détracteurs ? Pas le moindre ! Au contraire : nous les voyons trôner dans les plus hautes charges de l'Etat. N'a-t-on pas dit à Leipzig : « Le droit suit la force à la remorque. » Mais comme la force, aujourd'hui, dans notre république, est entre les mains des mêmes hommes qui ont attisé la révolution, comme cette révolution est la trahison la plus lâche, l'ignominie la plus basse dans toute l'histoire de l'Allemagne, on ne peut, vraiment, trouver aucune raison d'augmenter précisément la puissance de ces individus-là en créant une jeune armée nouvelle. Tous les arguments de la raison s'y opposent.

Le cas que faisait cet Etat, après la révolution de 1918, d'un renforcement de sa position au point de vue militaire, est clairement et ostensiblement démontré par son attitude envers les grandes organisations d'auto-protection existantes à cette époque. Aussi longtemps qu'elles avaient à assumer la protection des créatures révolutionnaires si lâches, elles n'étaient pas indésirables. Mais dans la mesure où, grâce à l'avachissement croissant de notre peuple, le danger pour ces créatures paraissait s'évanouir, et l'existence des ligues signifiait alors un renforcement au point de vue national, on les considéra comme superflues, on fit tout pour les désarmer, et même, autant que c'était possible, pour les dissoudre.

L'histoire ne connaît que de rares exemples de la gratitude des souverains. Mais, seul, un patriote néo-bourgeois pouvait espérer compter sur la gratitude d'incendiaires et d'assassins révolutionnaires, de ces hommes qui se sont enrichis en spoliant le peuple, de ces traîtres à la nation. En étudiant la question de savoir s'il fallait créer des ligues de défense volontaires, je me demandais : pour qui vais-je

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entraîner ces jeunes gens ? A quels buts seront-ils employés et quand seront-ils appelés ? La réponse à ces questions donnait en même temps les meilleures directives pour notre propre conduite.

Si l'Etat actuel doit jamais faire appel à ces formations entraînées, il ne le fera pas pour défendre les intérêts nationaux à l'extérieur, mais seulement pour la défense des oppresseurs de la nation, malgré la fureur générale du peuple trompé, trahi et vendu, qui éclatera peut-être un jour.

Nos sections d'assaut ne devaient donc, pour cette seule raison, avoir rien de commun avec une organisation militaire. C'était un instrument de protection et de propagande du mouvement national-socialiste, et ses tâches étaient d'un tout autre ordre que celui des organisations nommées ligues de défense.

Mais ce ne devait pas être non plus une association secrète. Le but d'organisations secrètes ne peut être qu'illégal. Cela limite le cadre d'une telle organisation. Il n'est pas possible, surtout quand on connaît le penchant au bavardage du peuple allemand, de créer une organisation tant soit peu considérable et en même temps de garder le secret ou même de voiler ses buts. De telles intentions ont déjà été déjouées mille fois. Non seulement nos institutions policières ont aujourd'hui à leur disposition tout un état-major de souteneurs et d'autres canailles, qui trahissent pour les trente deniers de Judas et qui inventeraient plutôt des trahisons imaginaires. Jamais on ne peut obtenir de ces propres partisans le silence nécessaire en pareil cas. Seuls, de tout petits groupements, après des années de filtrage, pourraient acquérir le caractère de véritables organisations secrètes. Mais l'exiguïté même de pareilles formations leur enlèverait toute valeur pour le mouvement national-socialiste. Ce dont nous avions besoin, ce n'étaient pas de cent ou deux cents conspirateurs audacieux, mais de centaines de milliers de militants fanatiques épris de notre idéal. Il fallait travailler non pas dans des conciliabules secrets, mais par de puissantes démonstrations de masses, et ce n'était point par le poignard ou le poison ou le revolver que le mouvement pouvait vaincre, c'était seulement par la conquête de la rue. Nous devions faire comprendre au marxisme que le national-socialisme était le maître futur de la rue, et qu'il serait un jour le maître de l'Etat.

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Le danger des organisations secrètes est encore actuellement dans le fait que leurs membres perdent souvent toute notion de la grandeur de leur tâche, et qu'ils croient que le sort d'un peuple peut être décidé par un meurtre. Une telle opinion peut avoir sa raison d'être historique, dans le cas où le peuple pâtit sous la tyrannie de quelque oppresseur de génie, dont on sait que, seule, la personnalité extraordinaire garantit la solidité intérieure et le caractère terrifiant de cette oppression. Dans un tel cas, un homme prêt au sacrifice peut surgir des rangs du peuple pour plonger le fer dans le sein de l'homme détesté. Et seulement l'esprit républicain de petits lâches peut voir dans cet acte un motif de réprobation. N'oublions pas que Schiller, le plus grand pionnier de la liberté de notre peuple, a osé, dans son Guillaume Tell, glorifier un tel meurtre.

Dans les années 1919 et 1920 existait le danger que les associations secrètes, entraînées par les grands exemples de l'histoire et heurtées par les calamités sans bornes de la patrie, essayassent de se venger sur les fauteurs des malheurs de la patrie, pensant mettre fin de cette façon à la détresse du peuple. Toute tentative pareille eût été un non-sens, parce que le marxisme avait triomphé non pas grâce au génie supérieur d'un chef quelconque, mais à cause de la faiblesse pitoyable et sans bornes, à cause du lâche renoncement du monde bourgeois. Le reproche le plus cruel qu'on puisse faire à notre bourgeoisie, c'est de constater que la révolution n'a pas mis en vedette le moindre cerveau, mais qu'elle l'a soumise quand même. On peut encore comprendre qu'on puisse capituler devant un Robespierre, un Danton, un Marat, mais il est scandaleux de s'être mis à quatre pattes devant le grêle Scheidemann ou le gros Erzberger, ou un Friedrich Ebert, et tous les autres innombrables nains politiques. Il n'y eut vraiment pas une tête dans laquelle on aurait pu voir l'homme de génie de la révolution. Dans le malheur de la patrie, il n'y avait que des punaises révolutionnaires, des spartakistes de pacotille en gros et en détail. Cela n'aurait eu aucune importance si on en avait supprimé un ; le seul résultat aurait été qu'une poignée d'autres sangsues, aussi nulles et aussi avides, auraient pris sa place.

La protestation la plus énergique n'était pas de trop pour combattre cette conception, qui avait eu sa raison

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d'être dans de grands événements historiques, mais qui ne convenait nullement à notre époque actuelle de nains.

Les mêmes considérations sont valables pour le cas de suppression de ceux qu'on appelle les traîtres au pays. C'est un illogisme ridicule de fusiller un individu qui a dénoncé à l'ennemi la présence d'un canon, tandis que, dans les postes les plus élevés du gouvernement, se trouvent des canailles qui ont vendu tout un empire, qui ont sur leur conscience le vain sacrifice de deux millions de morts, qui portent la responsabilité de millions d'invalides, et qui font en pleine tranquillité d'âme leurs « affaires » républicaines. C'est un non-sens que de punir les petits traîtres dans un Etat où le gouvernement innocente les grands traîtres. Car il pourrait arriver un jour qu'un idéaliste honnête, ayant, pour servir son peuple, supprimé un vaurien qui a trahi aux armées, soit traîné en justice devant un jury de grands traîtres. Alors, doit-on faire supprimer un traître par un autre traître ? Ou par un idéaliste ? Dans le premier cas, le succès est douteux, et la trahison, pour l'avenir, est assurée ; dans l'autre cas, un petit vaurien est éliminé, et la vie d'un idéaliste, peut-être irremplaçable, est menacée.

Du reste, mon attitude dans cette question est la suivante : on ne doit pas pendre les petits voleurs quand les grands restent libres et impunis ; un jour, un tribunal national allemand aura à juger et à faire exécuter quelques dizaines de milliers d'organisateurs responsables de la trahison de novembre et de tout ce qui s'y rapporte. Un pareil exemple servira aussi au petit traître d'armes (1), une fois pour toutes, de leçon salutaire.

Toutes ces considérations m'ont amené à interdire, à plusieurs reprises, toute participation aux associations secrètes, et à empêcher les sections d'assaut de prendre le caractère de ces associations. J'ai tenu, dans ces années, le mouvement national-socialiste à l'écart d'expériences dont les exécuteurs ont été pour la plupart d'admirables jeunes Allemands idéalistes ; mais leurs actes n'ont abouti qu'à leur propre sacrifice, sans qu'ils aient pu améliorer dans la moindre mesure le sort de la patrie.

(1) Ceux qui dénonçaient les dépôts d'armes clandestins aux autorités interalliées après la guerre. - N. d. T.

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Si la S. A. ne devait être ni une organisation de défense militaire, ni une association secrète, il fallait tirer de cela les conséquences suivantes.

1° Leur entraînement devait avoir lieu non pas sous l'angle de leur utilité militaire, mais sous celui de leur conformité aux intérêts du parti.

Dans la mesure où leurs membres devaient se perfectionner au point de vue physique, le centre de gravité ne devait pas être dans les exercices militaires, mais plutôt dans la pratique des sports. La boxe et le jiu-jitsu m'ont toujours paru plus essentiels qu'un entraînement au tir, qui ne pouvait qu'être m3uvais, parce qu'incomplet. Qu'on donne à la nation allemande six millions de corps parfaitement entraînés au point de vue sportif, brûlants d'un amour . fanatique pour la patrie et élevés dans un esprit offensif le plus intense ; un Etat national en saura faire, en cas de besoin, une armée en moins de deux ans, si toutefois il y a des cadres. Ceux-ci sont constitués dans les circonstances actuelles par la Reichswehr, et non par une ligue de défense empêtrée dans des demi-mesures. Le perfectionnement physique doit inoculer à chacun la conviction de sa supériorité et lui donner cette assurance qui réside toujours dans la conscience de sa propre force ; elle doit aussi leur donner les qualités sportives qui peuvent servir d'armes pour la défense du mouvement.

2° Pour empêcher dès l'abord que la S. A. revête un caractère secret, il faut que, indépendamment de son uniforme auquel tous peuvent immédiatement la reconnaître, ses effectifs, par leur nombre même, soient utiles pour le mouvement et connus de tous. Elle ne doit pas siéger en secret ; elle doit marcher à ciel découvert et se consacrer à une activité qui dissipe définitivement toutes les légendes sur son « organisation secrète ». Pour préserver aussi son esprit de toutes les tentations de nourrir son activité par de petites conspirations, on devait, dès le début, l'initier complètement à la grande idée du mouvement et l'entraîner si entièrement à la tâche de la défense de cette idée, que son horizon s'élargirait aussitôt et que chacun de ses membres ne verrait plus sa mission dans l'élimination de tel filou plus ou moins grand, mais le don total de

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soi en vue de l'édification d'un nouvel Etat national-socialiste et raciste. De cette façon, la lutte contre l'Etat actuel était élevée au-dessus de l'atmosphère de petits actes de vengeance et d'activités de conspirateurs ; elle parvenait au niveau d'une guerre de destruction pour une conception de vie idéale contre le marxisme et ses formations.

3° Les formes de l'organisation de la S. A., ainsi que son uniforme et son équipement, ne devaient pas suivre les modèles de l'ancienne armée ; elles devaient se conformer aux besoins de la tâche qui lui incombait.

Ces idées qui me servaient de directives déjà dans les années 1920 et 1921, et que je m'efforçai d'inoculer peu à peu à la jeune organisation, eurent pour résultat le fait que, dès la fin de l'été 1922, nous possédions un nombre appréciable de centuries, qui reçurent, en automne 1922, l'habillement qui les distinguait. Trois événements eurent une importance infinie pour le développement ultérieur de la S. A.

1° La grande démonstration de toutes les associations patriotiques contre la loi de défense de la république sur le Königsplatz à Munich.

Les associations patriotiques de Munich avaient alors lancé l'appel de se réunir pour une manifestation gigantesque, à Munich, pour protester contre l'introduction de la loi de défense de la république. Le mouvement national-socialiste devait y participer aussi. Le défilé du parti, en rangs serrés, s'ouvrit par les six centuries de Munich, suivies par les sections politiques du parti. Deux orchestres prirent part au défilé, et on portait près de quinze drapeaux. L'arrivée des nationaux-socialistes sur la vaste place, déjà remplie à moitié, déchaîna un enthousiasme sans bornes. Moi-même, j'eus l'honneur de prendre la parole devant une foule comptant soixante mille hommes.

Le succès de cette manifestation fut foudroyant, surtout parce qu'il fut prouvé pour la première fois, en dépit de toutes les menaces des rouges, que le Munich national pouvait aussi marcher dans la rue. Les membres des associations de protection rouge républicaine, qui essayèrent d'agir par la terreur contre les colonnes en marche, furent dispersés, la tête ensanglantée, en quelques minutes par les centuries des S. A. Le mouvement national-socialiste a montré alors, pour la première fois, qu'il était décidé à

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l'avenir à prétendre défiler dans la rue et à arracher ainsi ce monopole des mains des traîtres internationaux et des ennemis de la patrie.

Le résultat de cette journée fut une preuve incontestable de ce que nos conceptions sur la structure de la S. A. étaient bonnes, tant au point de vue psychologique qu'au point de vue de l'organisation.

Elle fut donc élargie énergiquement sur les bases qui lui avaient apporté le succès, et, peu de semaines plus tard, nous avions mis sur pied une quantité double de centuries.

2° L'expédition à Cobourg en octobre 1922.

Les ligues « racistes » avaient l'intention d'organiser, à Cobourg, ce qu'elles nommaient un « Congrès allemand ». Je reçus aussi une invitation à ce Congrès, avec la prière d'amener quelques hommes. Cette invitation, que je reçus à 11 heures, m'arrivait juste à point. Une heure après, les dispositions pour la participation à ce Congrès allemand étaient déjà prises. Pour m'accompagner, je désignai huit cents hommes de la S. A., qui, divisés en quatorze centuries, devaient être transportés de Munich, par un train spécial, à Cobourg, devenue bavaroise (1). Des ordres correspondants furent donnés aux autres groupements de S. A. national-socialistes, qui s'étaient formés entre temps dans d'autres localités. C'était la première fois qu'un tel train spécial traversait l'Allem3gne. Dans toutes les localités où de nouveaux membres de la S. A. montèrent, notre voyage produisait une sensation énorme. Beaucoup de gens n'avaient encore jamais vu nos drapeaux ; l'impression qu'ils produisirent fut grande.

Quand nous arrivâmes en gare de Cobourg, nous fûmes reçus par une délégation du comité des fêtes du Congrès, qui nous transmit un ordre, intitulé « compromis », des syndicats locaux, ainsi que du parti socialiste indépendant et du parti communiste, qui stipulait que nous ne devions pas entrer dans la ville ni drapeaux déployés, ni musique en tête (nous avions amené avec nous notre orchestre de quarante-deux hommes), ni en colonne serrée.

Je rejetai séance tenante ces humiliantes conditions, et

(1) Cobourg, avec son canton, qui faisait partie de l'ex-duché de Saxe-Cobourg-Gotha, venait de décider, par voie de plébiscite, son rattachement avec la Bavière.

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je ne manquai pas de faire entendre à messieurs les dirigeants de cette manifestation que le fait d'avoir engagé des pourparlers et d'avoir conclu des compromis avec la municipalité socialiste me paraissait surprenant ; et je déclarai que les centuries de la S. A. allaient aussitôt se mettre en rangs et marcher dans la ville, avec leur fanfare et drapeaux déployés.

Et c'est ce qu'on fit.

Sur la place de la gare une foule hurlante et ricanante de milliers d'hommes nous reçut. « Assassins ! », « Bandits ! », « Criminels ! », tels furent les jolis petits noms que nous jetaient aimablement à la tête ces fondateurs exemplaires de la république allemande. La jeune S. A. garda une tenue exemplaire, les centuries se formèrent sur la place de la gare, ne prêtant d'abord aucune attention aux injures de la populace. Des organes policiers apeurés pilotèrent d'abord notre marche par cette ville, inconnue de nous tous, non pas, comme il était convenu, vers nos quartiers mais vers la salle du Hofbrauhaus, située près du centre de la ville. A gauche et à droite de notre procession, le tumulte des masses populaires qui nous suivaient augmentait toujours. A peine la dernière centurie était-elle entrée dans la cour de la salle qu'une foule compacte, avec des cris assourdissants, essaya d'y pénétrer à notre suite. Pour les en empêcher, la police fit fermer la salle. Comme cette situation était intenable, je mis la S. A. de nouveau au garde-à-vous, je lui fis une courte allocution et j'exigeai de la police l'ouverture immédiate des portes. Après une longue hésitation, ils consentirent à le faire.

Nous marchâmes donc de nouveau par le même chemin, mais en sens contraire, pour arriver à nos quartiers, et cette fois il fallut réellement faire front. Comme les cris et les exclamations insultantes ne pouvaient faire perdre leur sang-froid à nos centuries, ces représentants du vrai socialisme, de l'égalité et de la fraternité, eurent recours aux pierres. Alors notre patience fut à bout et des coups tombèrent comme grêle à droite et à gauche ; un quart d'heure plus tard, plus rien de rouge n'osait montrer le bout du nez dans les rues.

La nuit, il y eut encore de dures rencontres. Des patrouilles de la S. A. avaient trouvé des nationaux-socialistes, assaillis isolément, dans un état atroce. Alors, on

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régla leur compte aux adversaires. Dès le lendemain matin, la terreur rouge dont Cobourg avait souffert pendant des années était brisée.

Avec l'hypocrisie typique des marxistes-juifs, on essaya encore, par des proclamations, de lancer une fois de plus les « camarades du prolétariat international » dans la rue, en affirmant, en falsifiant les faits, que nos « bandes d'assassins » avaient commencé à Cobourg « une guerre exterminatrice contre les ouvriers pacifiques ». A une heure et demie, une grande « démonstration populaire » devait avoir lieu, et on y avait convié des dizaines de milliers d'ouvriers de la région. Fermement décidé à liquider définitivement la terreur rouge, j'ordonnai, à midi, à la S. A., qui comptait quinze cents hommes, de former une colonne, et je me mis avec elle en marche vers la citadelle de Cobourg, en passant par la grande place où la démonstration hostile devait avoir lieu. Je voulais voir s'ils oseraient encore nous molester. Quand nous pénétrâmes sur la place, il n'y avait, au lieu des dix mille hommes annoncés, que quelques centaines de pauvres bougres qui se tinrent cois à notre approche ou prirent la fuite.

En quelques endroits seulement, des détachements rouges qui étaient venus du dehors et qui ne nous connaissaient pas encore, essayèrent de nouveau de s'en prendre à nous ; mais, en un tournemain, on leur fit radicalement passer toute envie de le faire. Et alors on put voir comme la population, intimidée jusqu'à ce moment, se réveilla peu à peu, prit courage, osa nous acclamer et, dans la soirée, à notre départ, éclata en beaucoup d'endroits en acclamations joyeuses.

Tout à coup, le personnel du chemin de fer nous déclara à la gare qu'il ne conduirait pas notre train. Je fis alors savoir à plusieurs des meneurs rouges que, dans ce cas, je comptais mettre la main sur autant de bonzes rouges que j'en pourrais attraper, et que nous conduirions notre train nous-mêmes, en prenant avec nous sur la locomotive, le tender et dans chaque voiture, quelques représentants de la solidarité internationale. Je ne manquai pas d'attirer l'attention de ces messieurs sur le fait qu'un voyage entrepris avec nos propres moyens serait, certes, une aventure infiniment risquée et que nous nous casserions tous peut-être le cou. Mais nous pourrions alors, en tout cas, nous réjouir

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de ce que nous n'irions pas faire ce plongeon dans l'au-delà tout seuls, mais en pleine égalité et fraternité avec les messieurs rouges.

Sur ce, le train partit exactement à l'heure, et nous arrivâmes de nouveau sains et saufs à Munich le lendemain matin.

A Cobourg, la première fois depuis l'année 1914, fut ainsi rétablie l'égalité des citoyens devant la loi. Car si, aujourd'hui, quelque fat de fonctionnaire supérieur prétend affirmer que c'est l'Etat qui protège la vie de ses citoyens, ce n'était alors vraiment pas le cas ; car les citoyens devaient être protégés contre les représentants mêmes de l'Etat.

L'importance de cette journée ne put être tout de suite appréciée dans toutes ses conséquences. Mais les hommes de la S. A. victorieuse sentirent croître leur foi en eux-mêmes et en la sagacité de leurs chefs.

Le monde environnant commença à s'occuper de nous, et nombreux furent ceux qui reconnurent, pour la première fois, dans le mouvement national-socialiste, l'institution qui devait, selon toute probabilité, préparer au marxisme une fin digne de lui

Seule, la démocratie gémit qu'on pût oser ne pas se laisser paisiblement bourrer le crâne, et que nous ayons assumé, dans une république démocratique, le droit de repousser une attaque brutale par nos poings et nos cannes, au lieu d'y répondre par des incantations pacifistes.

La presse bourgeoise, en général, fut piteuse, ou lâche comme toujours, et seuls quelques journaux sincères se réjouirent qu'au moins à Cobourg, on eût su donner enfin sur les doigts aux bandits marxistes.

A Cobourg même, du moins une partie des ouvriers marxistes, celle que nous considérions comme égarée, avait appris, par l'enseignement des poings des ouvriers nationaux-socialistes, que ces ouvriers aussi luttaient pour des idéaux, car on sait par l'expérience qu'on ne se bat que pour ce qu'on croit et ce qu'on aime.

La S. A., elle-même, en retira le plus grand profit. Elle crût si rapidement qu'au congrès du parti, le 27 janvier 1923, déjà près de 6.000 hommes purent participer à la consécration du drapeau ; à cette occasion, les premières centuries parurent entièrement habillées de leur uniforme nouveau.

L'expérience de Cobourg avait démontré à quel point

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il était essentiel d'introduire une tenue uniforme pour la S. A., non seulement pour fortifier l'esprit de corps, mais aussi pour éviter des confusions et comme signe de reconnaissance. Jusqu'à présent, ils ne portaient que des brassards; maintenant s'y ajoutèrent la vareuse et la casquette bien connues.

L'expérience de Cobourg eut encore cette importante conséquence : nous commençâmes à briser méthodiquement la terreur rouge dans toutes les localités où celle-ci avait, depuis des années, empêché toute réunion d'autres partis, et à rétablir la liberté de réunions. A partir de ce moment, nous avons concentré nos bataillons nationaux-socialistes dans de telles localités, et peu à peu les citadelles rouges de la Bavière tombèrent l'une après l'autre devant la propagande nationale-socialiste. La S. A. s'est toujours de plus en plus adaptée à sa tâche, elle s'est éloignée de plus en plus du type d'un mouvement de défense sans but et sans importance vitale, et elle se haussa jusqu'au rôle d'une organisation vivante de combat pour la création d'un nouvel Etat allemand.

Le développement logique se poursuivit jusqu'au mois de mars 1923. A ce moment se produisit un événement qui me força de faire dévier le mouvement de la voie établie, et de l'amener à une transformation.

3° L'occupation du territoire de la Ruhr par les Français, dans les premiers mois de l'année 1923, eut une grande importance pour le développement de la S. A.

Il n'est pas encore possible aujourd'hui, et cela ne correspond surtout pas à l'intérêt national, de parler ou d'écrire 1à-dessus en pleine liberté. Je ne puis en parler que dans la mesure où ce sujet a déjà été abordé dans des discussions publiques, et où il a été ainsi porté à la connaissance de tous.

L'occupation de la Ruhr, qui ne fut point une surprise pour nous, fit naître l'espoir bien fondé que, maintenant, on allait rompre avec la politique lâche des reculades et qu'on devait assigner aux lignes de défense une tâche parfaitement définie. La S. A. aussi, qui comptait alors dans ses rangs plusieurs milliers d'hommes jeunes et pleins de force, ne pouvait se refuser à prendre part à ce service national. Au printemps et au cours de l'été de l'année 1923, s'accomplit sa transformation en une organisation militaire

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de combat. C'est à cette réorganisation qu'il faut attribuer, en grande partie, le développement ultérieur des événements de l'année 1923 en "ce qui concerne notre mouvement.

Comme je traite autre part, dans leurs grandes lignes, les événements de l'année 1923, je veux seulement établir que la transformation de la S. A. de cette époque devait être nuisible pour le mouvement, si les conditions qui motivaient cette réorganisation, c'est-à-dire la reprise d'une résistance active contre la France, ne se trouvaient pas remplies.

La conclusion de l'année 1923, si terrible que cela puisse paraître à première vue, fut presque nécessaire en se plaçant à un point de vue supérieur, parce qu'elle a empêché la transformation définitive de la S. A., rendue inutile par l'attitude du gouvernement allemand et nuisible pour le mouvement lui-même ; aussi reprit-on la marche dans la même voie dont on s'était écarté.

Le parti, réorganisé en 1925, doit reconstruire sa S. A. suivant les principes indiqués au début. Il doit retourner aux saintes conceptions initiales et il doit considérer de nouveau, comme sa tâche la plus essentielle, de créer dans sa S. A. un instrument pour la représentation et le renforcement de la lutte pour l'idéal du mouvement.

Il ne doit pas tolérer que la S. A. se rabaisse au rôle d'une ligue de défense ou d'une association secrète ; il doit, au contraire, s'efforcer de créer en elle une garde de cent mille hommes pour l'idéal national-socialiste et raciste.

 

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