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L'histoire émouvante d'une mère

Voici maintenant le témoignage émouvant d'une mère, écrit quelques mois après la mort de son fils. Elle nous livre avec tout son coeur et sa souffrance le tragique parcours qui a précédé le suicide et l'engrenage contre lequel se sont battus des parents désarmés, impuissants, cherchant désespérément secours auprès des uns et des autres.

Cette histoire vécue illustre remarquablement la difficulté des parents à envisager le suicide de leurs enfants, la difficulté d'un adolescent à consulter un psychiatre, la difficulté des intervenants à repérer les signes d'une maladie psychiatrique majeure, signes qui vont rendre différents et dangereux certains comportements explosifs.

La mère de Thomas pose des questions avec acuité et pertinence; la plupart restent sans réponse mais nous renvoient la douleur et la blessure vive de parents bouleversés par la remise en question brutale de leur fonction même de parents

«J'étais un garçon extrêmement heureux autrefois, et maintenant je suis triste, je pleure, je suis enragé... Ma famille m'inspire de la crainte, j'ai extrêmement peur d'être la victime des frustrations de mon père ou de ma mère. Mais ma terreur plus grande encore est celle de ma personne...

Qu'est-ce que je suis? Qu'est-ce qu'il me reste? Ma famille me dégoûte parce qu'elle me prouve que je ne suis rien! Mes parents m'ont donné des années de tristesse... Je suis enragé et depuis quelques temps je pense à fuguer afin de pouvoir oublier cette tristesse qui remplit mon coeur... Si les parents que j'ai reniés ont appelé la police, je suis sûr de passer le reste de mon adolescence avec un psychologue et je serai traité comme un fou.

... Mes parents ne s'intéressaient pas plus à moi qu'à un vieux coeur de pomme dans une poubelle sale. C'est extrêmement dur pour moi... Comme si je tombais dans le néant total...»

À 14 ans, Thomas s'est suicidé six mois après avoir écrit cette rédaction dont le professeur a corrigé toutes les fautes d'orthographe.

Thomas, fils aîné d'une famille unie, deux parents médecins omnipraticiens attentifs, qui l'adulaient, un frère et une soeur avec qui il s'entendait à merveille, entouré de nombreux très bons amis, pas de problèmes socio-économique (collèges privés), intelligent, pubère, sportif, beau à faire rêver, s'est suicidé.

Thomas n'a jamais été un enfant facile : plutôt agité mais obéissant, gai, intéressé par tout, il voulait tout faire et tout voir, tout essayer, téméraire il n'avait peur de rien, tout lui réussissait. Charmant et charmeur, il savait plaire aux adultes.

Après sa mort, nombreux sont ceux qui sont venus nous dire : «Vous n'avez pas à vous sentir coupables». Aujourd'hui nous sommes coupables d'avoir cru qu'un enfant ne se suicide que s'il est fou ou que si la vie est vraiment trop ingrate envers lui. Nous sommes coupables d'avoir ignoré que la mauvaise humeur et la rage peuvent être les symptômes d'une maladie fatale chez un enfant.

Pourtant, nous savions que ça n'allait plus du tout pour Thomas. Six mois environ avant de se suicider, Thomas est devenu de plus en plus agité, énervant même. Il agissait avec précipitation, parlait très vite, se fâchait facilement, répondait à ses professeurs; défiant tous les règlements scolaires, il fut expulsé de l'école. À la maison, tout était sujet de querelles, il refusait de faire ses devoirs, était impoli, arrogant, d'un entêtement tel qu'il s'est même battu avec son père.

Son intérêt pour les jeux et les activités sportives avait diminué, nous devions faire des efforts inhabituels pour réussir à ce qu'il s'amuse et c'était de courte durée. Il était toujours de mauvaise humeur avec nous, marabout, d'une irritabilité telle qu'à tout moment il explosait en colère.

Au cours de ses six derniers mois, il a présenté de nombreuses plaintes somatiques : douleur à la hanche, difficultés à lire, maux de tête. Chaque consultation médicale nous assurait que Thomas n'avait rien d'organique.

Son orthographe s'est détérioré à un point tel que l'orthopédagogue avait diagnostiqué une «dysorthographie» en secondaire! À l'école, il racontait que son père le battait... Son agitation était difficile à supporter : à table, il renversait son verre; en auto, il s'excitait, se chamaillait, s'engueulait avec nous, et à certains moment, il parlait tellement rapidement que je n'arrivait plus à le comprendre. Impulsif, il fallait toujours le contenir.

Entêté, on ne pouvait ni le faire changer d'avis, ni lui faire admettre qu'il avait tort : pour lui faire ajouter un «S» au pluriel d'un nom, il aurait fallu changer les règles de la langue française.

Quant, au printemps de son secondaire III, il étudiait la fable «Le chêne et le roseau» de Lafontaine, je lui avait dit : «Thomas, tu est comme le chêne; plis, Thomas, apprends à plier, sinon tu vas casser».

Après sa mort, ses amis sont venus nous raconter son agitation : «Il bougeait tout le temps, se roulait dans l'herbe, bouffonait». Défiant le danger, il montait sur le toit de l'école, se suspendait au-dessus de l'autoroute ou traversait la rue à toute vitesse en vélo sans regarder. Il démolissait son vélo devant eux et s'était enragé lorsque son père l'avait fait réparer pour la quatrième fois. «C'est un vélo, par un char d'assaut», lui disait le réparateur.

Son manque de plaisir pour toutes les activités était désarmant : «C'est parce qu'il est incapable d'admettre que c'est le fun», nous disions-nous.

Tout était «poche». Le camp de vacances qu'il avait adoré les étés précédents avait été «poche», l'été au chalet avait été «poche», la nouvelle école était «la plus poche», les activités parascolaires étaient «poches» et l'hiver en ski serait «poche».

Il pleurait en disant au psychologue de la DPJ, devant nous, combien le chalet, le ski nautique, la voile, c'était «plate» et que tout ce qu'il voulait, c'était de revenir en ville voir ses amis.

Et plus tout était «poche», plus il demandait des choses toujours plus inaccessibles par l'impossibilité de les lui accorder, soit à cause de son jeune âge ou de leur prix. Il voulait un vélo de 5 000$, une moto, un skidoo, un bateau, un snowboard, un nouvel habit de snowboard. Il voulait partir avec des plus vieux.

Moins nous pouvions accéder à toutes ces demandes, plus il criait : «Les frustrations, c'est pas pour moi, je veux vivre à cent milles à l'heure, et vous ne m'en empêcherez pas.»

Des propos suicidaires... Il en tenait à ses amis, depuis le printemps : «J'suis tout fucké, si je me suicide je saurai qui m'aime vraiment».

Ses amis l'encourageaient, lui disaient qu'il manquait de confiance en lui, certains lui ont écrit : «Surtout suicide-toi pas, ça serait plate en «Chriss...» ou «Fais pas trop d'affaires folles comme te jeter en bas d'un pont».

Et nous parents attentifs, compétents, de cet enfant qui nous échappait tout à fait, réagissions bien différemment.

Alors que moi, sa mère, exaspérée, je gueulais contre lui, son père, lui redoublait de patience, s'interposait entre nous, me disant de me calmer, si bien que la dispute se déplaçait entre mon mari et moi. J'en voulais à Thomas, mais j'en voulais aussi à mon mari de ne pas être plus ferme. Mon mari adoptait la douceur, la négociation, les preuves d'affection, lui accordait encore plus d'attention, le protégeait contre moi. Si Thomas se faisait expulser de l'école, il l'emmenait au cinéma ce soir-là.

Nous avons pourtant cherché de l'aide. Chez le pédiatre d'abord, un ami, qui connaissait bien nos enfants.

Un jour, le directeur de l'école me téléphone : Thomas est menacé d'expulsion : impolitesse, bataille, non-respect des règlements, tabac, etc... Mais aussi, il s'automutile avec une lame l'avant-bras et avait aussi manifesté le désir de voir un médecin, autre que ses parents, pour des maux de tête dont il souffrait depuis peu.

La femme de ménage avait trouvé un jour la médaille de notre chien décédé dans la chambre de Thomas, et dans ses jeans une autre fois «Que fait-il avec cette médaille?... et les balles de fusil dans ses poches?»

Je demande au pédiatre d'évaluer Thomas, je crains qu'il ne soit suicidaire, je veux son opinion.

Il voit Thomas longuement et le réfère à une pédopsychologue que Thomas accepte de rencontrer à cinq ou six reprises, surtout parce que l'école l'exige comme condition à sa réacceptation. Nous consultons en couple cette même psychologue qui nous conseille de nous renforcer comme parents et suggère à mon mari d'apprendre à dire «NON». On n'a plus jamais soulevé la question du suicide... Après tout, nous disions-nous, comment un enfant qui ne manque de rien sur le plan effectif ou familial peut-il se suicider?

Le jour où Thomas fut définitivement expulsé de l'école, à la suite d'une bataille et d'une cigarette, il fit une colère terrible, tremblant de rage, hurlant comme un déchaîné, s'enfuyant sans que je ne puisse ni le calmer, ni le retenir, même par des paroles très calmes.

Ne comprenant plus ce qui arrivait, dépassé par la situation, j'appelle cette psychologue et tout ce qu'elle trouve à me dire, c'est qu'il fallait donner à Thomas le temps de mettre des mots sur cette rage et que les consultations revêtaient un caractère de confidentialité.

Puis, la crise s'est passée. Mon mari, au lieu de le punir, l'avait emmené au cinéma ce soir-là.

Le problème demeurait entier. La crise suivante fut déclenchée par notre refus qu'il aille chez un ami. Il est entré dans une colère épouvantable, s'est accroupi et s'est crispé en retenant son souffle si fort et si longtemps que le lendemain, son visage et son cou étaient couverts de pétéchies. La discussion avec lui était devenue impossible : nous ne pouvions rien savoir de lui, ni ce qu'il pensait, ni ce qu'il voulait, ni ce qu'il faisait. Il est devenu imprévisible et toute tentative de notre part de rejoindre Thomas se soldait par un «NON» enragé.

J'avais peur de le contrarier, qu'il explose à tout moment. J'essayais alors la gentillesse, la douceur, les compliments, les félicitations, et je passais par-dessus tout ce qui pouvait être irritant. Même mon deuxième fils me fit la remarque : «T'as changé avec Thomas, maman...», mais Thomas, lui, ne changeait pas.

Un ami psychiatre à qui j'avais confié mes inquiétudes me suggère une consultation psychiatrique, mais je ne comprenais pas ce qu'un psychiatre pouvait faire de plus que nous pour notre fils. N'étions-nous pas des parents aimants, attentionnés? Les meilleurs parents du monde!

Quand, cet été, pendant nos vacances au chalet, nous avions permis à Thomas de rester en ville chez un ami, parce qu'au chalet c'était «tellement plate», il a volé la clef de notre maison et y a organisé un party. Quand, l'ayant appris, mon mari est venu le chercher, il a fait une colère épouvantable, frappé son père, refusé de le suivre. Il aura fallu douze heures de négociations, de supplications, de menaces, de promesses, de douceur pour qu'enfin, il se calme et daigne revenir au chalet et que la colère y reprenne de plus belle, qu'il défonce un mur d'un coup de poing.

Il s'est ensuite enfui, pieds nus et torse nu, sous la pluie. La police l'a ramené quelques heures plus tard. Il s'était calmé...

Je rappelle le pédiatre, lui raconte mon désespoir, lui dit : «J'ai lu tous les livre de psycho, y a rien qui marche avec cet enfant».

Il me réfère alors, sans trop m'expliquer pourquoi, à Sainte-Justine, clinique d'adolescence. Je discute avec le médecin au téléphone : «C'est difficile, on voit ça chez les garçons ayant une puberté précoce», mais aucune allusion à une éventuelle pathologie psychiatrique.

La veille de cette fameuse consultation à Sainte-Justine, je remémore à Thomas que c'est demain matin. Et le voilà reparti sans souper, hurlant : «Non, je n'irai pas».

À minuit, j'avertis la police qu'il n'est toujours pas rentré. La police le retrouve dans un parc, tout près de la maison, il refuse de rentrer. On l'emmène au poste et on demande à la DPJ d'intervenir. Toute la nuit, le travailleur social de la DPJ a été au téléphone avec Thomas et avec nous. Il accepte à 5 heures du matin de rentrer à la maison.

Nous étions convoqués pour une évaluation à la DPJ le lendemain matin, tous les trois. On y rencontre un psychologue à qui nous expliquons que Thomas refusait une consultation à la clinique d'adolescence et que c'était la cause de cette crise.

On évalue les parents en présence de Thomas, on revoit Thomas seul pour lui faire raconter sa prison, puis les parents seuls. On nous souligne notre manque de consensus, on nous dit de nous renforcer comme parents, on nous réfère au mouvement «Tough love», on nous recommande une psychothérapie de couple et on nous dit que, selon les critères de la DPJ, «notre fils n'est pas en danger» mais qu'on le reverra dans quelques semaines après le début des classes.

Thomas rentrait pensionnaire à Brébeuf le semaine suivante : on est au début de septembre.

Au pensionnat, les premières semaines semblaient bien se passer. Thomas était empressé de rentrer le dimanche soir, il s'était fait de bons amis à l'école, l'atmosphère était moins lourde à la maison, bien que durant la fin de semaine, sa mauvaise humeur et ses colères persistaient.

Il refusait systématiquement de parler de ce qui se passait à l'école, il n'apportait aucun livre et refusait d'étudier durant la fin de semaine.

Un dimanche où Thomas était parti chez ses amis et que nous étions sortis en fermant les portes à clé, quelle ne fut pas notre surprise de rentrer deux heures plus tard et de trouver Thomas avec sa gang dans la maison :

- Comment es-tu entré, Thomas?

- Par la fenêtre du 2ième étage.

Il avait escaladé un mur de plus de 20 pieds sans échelle et brisé une fenêtre pour entrer.

- Mais c'est dangereux, si tu était tombé?

- Pis ça!, fâché.

- Mais tu aurais pu te blesser gravement?

- Pis ça, qu'est-ce que ça fait?

- Et la fenêtre, qui va payer le dommage?

- Tiens! Vends mon ski nautique, j'en veux plus.

Je rappelle le psychologue de la PDJ.

- Lui avez-vous fait porter les conséquences de ses actes? Responsabilisez-le, madame.

- Allez-vous le revoir?

- Non, il n'y a aucune motivation de sa part. Voyez vous-même un psychologue avec votre mari.

Lorsque les premières plaintes relatives au comportement de Thomas au pensionnat nous arrivent, il ne respecte pas les règlements, ne participe pas aux activités de groupe, s'énerve au badminton, a failli briser le matériel au gymnase, dérange pendant l'étude, n'étudie pas, s'endort trop tard, etc., je rappelle le psychologue de la DPJ.

- Ça ne va pas à l'école.

- Responsabilisez-le, faites-lui comprendre que vous l'appuyez mais que nous ne pouvez pas contrôler ce qui se passe à 30 km de chez vous.

Et on nous réfère à une psychothérapeute qui me suggère des séances de visualisation pour soulager des douleurs chroniques secondaires à une maladie tout à fait organique. Je sors de là, enragée, je ne suis ni chez la bonne personne et j'ai surtout l'impression de ne pas parler du bon sujet.

Je rappelle la DPJ. Je redemande qu'on voit mon fils, car, placé en situation d'autorité par la DPJ, Thomas se sentirait obligé de venir à la consultation :

- Non, votre fils ne rencontre pas les critères de protection, il n'est pas en danger et nous ne voulons pas le voir.

Thomas s'est pendu dix jours plus tard, dans sa chambre de pensionnaire où il était seul depuis deux semaines, étant trop agité avec son camarade de chambre.

On venait de trouver quelques grains de «pot» dans sa chambre. Son père était averti et il serait là dans trente minutes pour venir le chercher.

Des idées suicidaires mûrissaient dans sa tête depuis six mois. Deux semaines avant de se pendre, il avait démontré à ses amis au pensionnat comment on pouvait réussir à se pendre dans la garde-robe. Deux semaines aussi avant de mourir, je lui avais demandé combien de cigarettes il fumait par jour: «Un paquet par jour», à moi qui ne l'ai jamais vu fumer.

- Mais ça rend malade!

- Pis ça!

Combien je te coûte par année maman? C'est cher hein! Moi, j'aurai jamais d'enfants. J'en veux plus de snowboard, j'en ferai pas cet hiver! Mes devoirs, ils sont mal faits maintenant!

Il avait fait allusion au suicide de Philippe, le fils d'un couple de nos amis, mort il y a quatre ans, que nous avions fait passer à l'époque pour un ac cident d'arme à feu.

- Tu sais, Philippe, c'était pas un accident!

J'ai été très mal à l'aise, ne sachant pas quoi répondre, n'osant pas lui demander, ni comment il l'avait appris, ni pourquoi il abordait ce sujet. J'aurais dû à ce moment ouvrir la brèche et le questionner directement sur le suicide, mais j'ai eu peur de lui mettre cette idée dans la tête.

La veille de sa mort, le dernier dimanche, il a été tellement gentil; il avait passé la nuit dans le même lit que son frère, avait fait patiemment son devoir sur l'ordinateur, avait aidé son père à ranger le garage, avait taillé pour moi un arbre très minutieusement et était parti rejoindre ses amis. Il avait téléphoné à son père pour lui offrir de lui faire livrer La Presse par son copain, et son père, surpris par autant de gentillesse inhabituelle, en avait eu les larmes aux yeux. Il est rentré à 5 heures, tel que demandé et, pendant le souper, il avait été tellement gentil et calme que j'ai dit : «Je suis tellement heureuse d'avoir mes trois beaux enfants avec moi».

À 7 heures et pour le première fois, j'ai senti qu'il ne voulait pas aller au pensionnat : «Allez Thomas, j'ai une heure de route à faire», lui dit son père et il est parti en m'évitant sans m'embrasser. C'était la dernière fois que je voyais vivant mon Thomas d'amour...

Après son décès, lorsque je racontais à d'autres mères les comportements de Thomas, la réponse habituelle était : «Le mien aussi fait pareil».

Des amis nous ont accusés de lui avoir fixé des buts trop élevés, de lui avoir refusé le droit de diriger sa propre vie, de l'avoir enfermé au pensionnat.

Et les psychologues qui l'avaient vu en consultation de me dire : «Thomas était déjà irrécupérable au moment où je l'ai vu», ou encore cet autre de dire : «Thomas ne présentait rien de plus ou de moins que ces autres ados vus en consultation à la DPJ et rien de laissait craindre le suicide... C'est souvent impulsif. La sacro-sainte crise d'adolescence... On ne pouvait prévoir... Un psychiatre aurait-il pu y changer quelque chose?...»

La psychiatrie de son côté nous a expliqué qu'il avait présenté un tableau de dépression majeure avec la mésestime de soi, l'irritabilité, sa trop grande rigidité, et que cette dépression souvent atypique est difficile à diagnostiquer. Pourtant, nous, ses parents, ne trouvons aucune réponse valable à ce «pourquoi». Rien ne justifiait un châtiment aussi terrible pour notre fils et pour nous-mêmes. Le suicide de Thomas a ébranlé les fondations mêmes de notre rôle de parents, a mis en cause notre compétence parentale et nous fait craindre d'avoir pour nos deux autres enfants quelque aspirations que ce soit.

La dépression apporte une réponse bien rassurante : une espèce d'anomalie génétique.

Mais alors, comment se fait-il que, trop souvent, les intervenants qui voient ces jeunes déprimés en consultation, qu'ils soient médecins, pédiatres, psychologues, travailleurs sociaux, DPJ ou groupe de prévention du suicide, ne soupçonnent pas cette maladie et qu'elle ne soit pas encore la première cause d'un trouble du comportement à devoir être éliminée.

Comment se fait-il, qu'au Québec, malgré le plus haut taux de suicide au monde chez les adolescents, des intervenants puissent encore invoquer la fatalité?...

En médecine, un principe bien élémentaire veut que l'on ne trouve que ce que l'on recherche, et que l'on ne recherche que ce que l'on connaît. Ainsi, tant que l'on ne connaîtra pas les symptômes de la dépression, on ne saura pas la reconnaître et nos enfants continueront d'en mourir sans qu'on ne leur ait donné leur chance.

J'espère que vous croyez en cette histoire et que vous vous rendez compte de l'intense tristesse qui peut nous hanter après la mort d'un être cher.

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