|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
by Richard Robert (from Les Inrockuptibles, 30 September 1998)
Polly Jean Harvey est une individualiste, mais très entourée par quelques hommes de l'ombre déterminants : notamment un certain John Parish.
On n'est jamais si bien seul que lorsqu'on est bien entouré. Ainsi
pourrait-on résumer la méthode de travail de PJ Harvey : farouchement
indépendante mais en aucun cas autarcique, l'Anglaise s'est entourée
d'une très précieuse famille musicale. Avant Flood (producteur),
Rob Ellis (batteur), Eric Drew Feldman (claviers) ou Mick Harvey
(Mick Harvey), électrons libres qui gravitent tous autour de
Is this desire?, il y aura eu ainsi le compositeur, guitariste
et producteur John Parish, grand frère nourricier et admirateur
inconditionnel : il est à PJ Harvey ce que Lenny Kaye est à Patti
Smith. Pétri de modestie, plutôt du genre à tirer l'ombre à lui,
l'ancien leader des Automatic Dlamini ne raconte que du bout des
lèvres qu'il fut le premier à encourager la jeune Polly, le premier
aussi qui lui apprit à jouer sèchement de la guitare électrique.
Artisan non négligeable du son PJ Harvey, producteur du libérateur
To bring you my love et coauteur du rêche Dance hall at
louse point, John Parish, en retrait sur Is this desire?
(il y a joué les multi-instrumentistes mais n'a pas participé à
l'impressionnant travail de production), ne laisse transparaître
aucune amertume. On l'entend même crépiter d'enthousiasme, loin
des gaudrioles du petit cirque rock, de ses échanges bilieux et
de ses chamailleries d'ego. Ceux qui voudraient mesurer l'importance de Parish surveilleront les prochains concerts de mademoiselle Polly : le bonhomme n'est sans doute pas étranger à la réussite des prestations scéniques qui accompagnent Is this desire?. "Nous prenons nos marques, mais notre marge de progression et d'action est très grande : il y a beaucoup d'espaces vierges à couvrir. Nous discutons chaque jour des possibilités qui s'ouvrent à nous. Polly a une capacité de proposition et d'écoute incroyable. Il y a plus que jamais quelque chose d'audacieux et de rayonnant en elle." Si Is this desire? a mis leur association quelque peu entre parenthèses, Parish semble donc serein : leur complicité musicale, qui ignore les affres du vieillissement, n'est pas près de s'éteindre. "Quand j'ai rencontré Polly, elle avait tout juste 18 ans et moi 28. J'avais une expérience musicale assez poussée : j'ai pu l'initier aux techniques d'enregistrement, à la scène. Mais elle aussi m'a beaucoup apporté dès le début. Elle témoignait d'une maturité remarquable pour son âge et d'une sensibilité rafraîchissante - elle abordait tout sur un plan émotionnel, voire physique. C'est elle qui m'a appris à écouter mon instinct et mes émotions. Comme j'étais très soucieux de composer une musique intéressante et audacieuse, j'avais tendance à tout intellectualiser. Polly m'a montré qu'une bonne musique pouvait être autant un défi émotionnel qu'intellectuel - c'est pourquoi son évolution musicale reflète autant son parcours en tant que personne. Grâce à notre complémentarité, notre collaboration évolue sans cesse. Nous avons déjà de nouveaux morceaux en commun, qui laissent augurer un deuxième album en duo."
|