Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!

*Thérèse Desqueyroux* - François Mauriac

Ce roman, écrit en 1927, aurait pu l'être hier. Pas un instant nous ne quittons Thérèse, une femme intelligente, lucide, trop lucide, encarcanée dans une famille et une belle-famille de gens bien-pensants, "à la voie" comme leurs charrettes construites pour s'emboîter aux ornières de la route. On dit d'elle qu'elle n'est pas particulièrement jolie, mais qu'aucun peut ne pas subir son charme... Thérèse, au contraire de sa famille, n'est pas aveugle aux remous qui agitent l'âme humaine... Du fond de sa campagne asséchée, où poussent les pins qu'elle adore, leur odeur fraîche parfois rendue capiteuse et épicée par le feu qui les ravage, elle regarde en elle-même, même pour y voir des choses noires. Je dois avouer ici que je ne connais aucune des autres oeuvres de Mauriac, même si ce nom m'est familier comme celui d'un écrivain célèbre. Le hasard m'aura fait tomber sur ce livre. J'en déduis par ce seul ouvrage que le talent de cet écrivain est immense. Il a un talent que je tente en vain d'acquérir, sans y arriver (sans doute ne puis-je rien faire que laisser le temps courir): celui d'exprimer l'INDISCIBLE, toutes ces choses au-delà des mots, ces sentiments, ces impressions dont je ne peux que me plaindre dans "CRASH" de ne pas posséder les mots pour les dire. En l'espace d'un trajet en charrette, puis en train, et de nouveau en charrette, Mauriac nous fait revivre par l'esprit, par les pensées de Thérèse le parcours de sa vie jusqu'à ce jour présent où, accusée d'avoir essayé d'avoir empoisonné son mari, elle revient de la cour, libre, disculpée par "non-lieu". Je me suis souvent sentie très proche de Thérèse. Combien de fois n'ai-je pensé comme elle! Ce sont ces choses qu'on aurait honte de dire même à des amis datant de 50 ans, et que pourtant parfois on voudrait crier à en avoir mal, qui sont dépeintes dans ce livre; j'hésite encore à savoir si c'est tout le monde qui les ressent ou si les bonnes gens bien élevées dans un foyer gentil ne les comprendraient pas, toujours pas... Cette façon d'être qu'a Thérèse, moi, j'ai un mot pour ça: absolu. Elle-même n'arrive pas à se définir, pourtant elle est ce qu'elle est, elle va vers son destin, inéluctablement. Moi aussi, je crois à ça. Et ce mot que Mauriac adresse personnellement à Thérèse, au début du livre, "sur ce trottoir où il l'abandonne"... c'est très fin. Une lecture très recommandée si vous voulez comprendre les personnes comme moi... et peut-être vous-même.

{{ Retour