
*CRASH.* est ce que je considère mon *premier roman d'importance*. Il m'a été inspiré par ma relation avec Étienne et toutes les actions, pensées et émotions qui en découlèrent. En Décembre 1998, j'ai tout quitté ici pour repartir dans l'Ouest, et la détérioration de mes relations avec Mr Étienne ne furent pas pour rien dans cette décision. J'étais loin de me douter que ce gentleman allait m'avouer qu'il m'aimait encore 3 jours avant mon départ. Inutile de dire que tout cela bouleversa mes plans de peace of mind. Il s'avéra que je me retrouvai bloquée à Dorval pendant 9h à cause d'un problème mécanique sur l'avion qui devait m'emporter loin de lui. Et c'est là, ce jour-là, le 26 décembre 1998, dans les aires de repas, jour et lieu où débute l'histoire dans le roman, que j'ai eu l'inspiration soudaine de me mettre à écrire. Je n'ai pratiquement pas arrêté de gribouiller de tout le temps que j'ai attendu et du vol aussi. Au début cependant, le roman avait pris une autre tangeante. Je ne pouvais savoir comment il allait finir, puisqu'il était basé sur ce qu'il se passait à tous les jours. J'avais aussi commencé à l'écrire en anglais, parce que j'ai l'habitude d'écrire dans la langue du milieu où je me trouve, puis, quand j'ai vraiment pris la décision que ce roman parlerait à 100% de moi, et des vraies affaires, je me suis dit que je ne pouvais pas faire autrement que l'écrire en français. Cependant, l'écriture comprend des passages en anglais, des bouts de phrases, des expressions, parce que c'est quand même l'histoire d'une fille qui vit à Vancouver, qui parle anglais à tous les jours, pis y'a quand même des affaires dont j'utilise juste le nom anglais pis que ça ferait vraiment con traduit, pis aussi qu'y'a des affaires qui se disent mieux en anglais, comme y'en a qui se disent mieux en joual, mais tout cela incorporé dans le français normal, en respectant la syntaxe et la grammaire (inquiétez-vous pas, j'sais écrire). Le gros de l'histoire se concentre sur la vie solitaire du personnage principal (c'est à dire MOI), mais surtout sur ses pensées, ses aspirations, ses réflexions philosophiques sur le monde et la vie, ses questionnements, et son évolution au cours d'une année entière. J'en profite pour utiliser ce roman comme vitrine à des idées, opinions et visions que j'ai depuis longtemps et qui s'introduisent mal dans une conversation. Je vais leur montrer qu'une personne peut exister en pensant d'une façon que personne n'a jamais émise avant, d'une façon qui n'est jamais passée à la télévision ou dans les films. Je ne saurais comment décrire ce roman. Psychologique? Philosophique? Romantique? Cynique? Fataliste? Idéaliste? Seuls les lecteurs pourront en déterminer le genre, je n'y vois plus clair moi-même. Le roman dure un an, et j'ai seulement été en exil, cette dernière fois, 6 mois, ce qui veut dire que pour la deuxième moitié de l'année du roman, j'ai dû improviser... bien pas tout à fait. C'est sûr que la fin du roman ne sera pas comme dans la vraie vie, parce que c'est un roman pis aussi que mon histoire avec Étienne est loin d'être finie, pis je pense qu'elle le sera ni dans 10 ans, ni dans 25 ans... Ce décalage de 6 mois a en fait été une bénédiction car comme il y a déjà 2 ans que je travaille au roman, il me permet d'incorporer en fin d'année des choses qui se sont en fait passé après mon retour. J'y incorporerai aussi certaines choses qui se seront passées avant mon départ. Au début, j'avais établi une liste d'alias pour les personnages, mais je continuais d'utiliser les vrais noms dans mon manuscrit, et je n'arrivais vraiment pas à me voir en une Sophie ni à voir Étienne en Jérôme, or any other name as a matter of fact, alors j'ai finalement décidé de garder les vrais prénoms. Seuls les noms de famille seront changés (et même là, Pelletier doit bien être le nom le plus répandu au Québec après Bouchard et Tremblay, mais bon...). En ce qui a trait à l'écriture comme telle, elle a été on ne peut plus messy. J'ai tout simplement gribouillé tout ce qui pouvait me passer par la tête comme idée, sans ordre chronologique, sans liens, car au début je ne savais pas que le roman allait durer un an, je ne savais pas comment l'histoire allait se développer, ni finir... j'ai simplement noté mes impressions, mes sentiments... ce qui fait que je me retrouve avec une pile de feuilles de 6 cm de haut dont je dois classer chacune par ordre chronologique selon un plan que j'ai établi dans ma tête mois par mois, selon les évènements et l'état psychologique du personnage. Believe me, c'est du sport. Il y a aussi tous les bouts où j'ai seulement noté quelques phrases-clé sans être capable de composer la viande qui va autour, et que je devrai retravailler.. il y aussi toutes les parties que je devrai éliminer, parce que redondantes, ou pas assez fortes, ou intéressantes, mais sans rapport avec l'ensemble...le cruel travail de l'éditeur..mon point faible, mais nécessaire à la cohésion et à la force d'un roman. Je suis tout de même pas mal fière de ce que j'ai écrit à date. Je me suis rendu compte que j'en savais plus que je pensais. Veuillez prendre note que toute personne, tout lieu, toute situation décrits et toute information donnée dans ce livre seront totalement véridiques (sauf peut-être la fin, là!!), fruits de mon expérience et de mes observations. C'est en quelquesorte un défi d'écrire un roman où il n'y a de l' *action*, au sens commun du terme, en fait probablement que dans les 5 premières et 15 dernières pages du livre, le reste étant tout en abstrait.... j'espère réussir mon coup. Mais le roman ne repose pas entièrement sur ma relation avec Étienne. Il repose aussi sur ma relation avec la vie, la mort et l'Humanité, le temps, l'espace, tous les concepts psychologiques qu'on peut imaginer. Il repose aussi sur un concept très important, qui donne un peu son ton, son décor au roman. Il s'agit du thème du bleu et du orange. A creation of yours truly. Bleu et orange, couleurs de l'eau et du feu, du soleil et du ciel. Il représente le paradoxe sans cesse mouvant de la passion et du calme, de l'amour et de la solitude, de la blessure et de la paix. Le bleu c'est Étienne, l'orange c'est moi. Et parfois vice versa. Ce concept prendra plusieurs formes pour faire comprendre ce que je ressens et ce que j'essaie de dire. J'espère seulement réussir à m'exprimer pleinement dans ce livre afin qu'on comprenne vraiment ce que j'ai voulu dire. Ce roman, contrairement aux premiers que j'ai écrits très vite, qui n'étaient que des histoires d'aventures, me demande beaucoup de travail intérieur. J'y travaille intensivement (presque chaque jour) et j'espère l'avoir terminé pour la fin de le printemps 2001.