Connivence
Cette idée de roman, qui sera sans doute mon 3é, m'est venue en grande partie suite à l'écoute d'une musique instrumentale provenant de la bande originale du film The Matrix qu'Étienne avait enregistré sur une cassette et m'a fait entendre. Émile Pellerin, président de sa propre société d'investissements, 38 ans, millionnaire, un type au coeur timide un peu empoussiéré par sa vie teintée de gris et meublée de chiffres, fait la connaissance de Jacynthe, une tenancière de snack-bar de 27 ans un peu désabusée de la vie, une nuit où il manque se faire faire la peau par des gangsters. Entre eux se développe un amour sincère et c'est sur leur mariage fastueux, célébré au Château Frontenac (ils habitent Québec), que s'ouvre le roman. Émile, malgré sa carrière économiste, est un homme simple et chaleureux et sa vie avec Jacynthe se déroule comme un rêve. Ils profitent de toutes les mondanités de leur société tout en conservant pour eux-même les moments d'intense sincérité. Émile comble Jacynthe de tout ce qu'elle n'a jamais eu, matériellement et émotionnellement, il lui joue au piano des morceaux qu'elle n'arrive pas à distinguer les uns des autres, mais qui la font rêver... Jusqu'au jour où Pascal, le jeune frère d'Émile, que Jacynthe a brièvement rencontré au mariage et qui vit depuis plusieurs années en Europe, amorce un changement de vie et décide de revenir vivre à Québec. Il est accueilli à bras ouverts par son frère, qui ne se doute pas de la raison profonde de son retour... Installé depuis peu dans leur grande demeure, Pascal est chargé de veiller sur Jacynthe, grippée, pendant un voyage d'affaires annuel qu'Émile ne peut manquer. C'est lors de cette fatidique absence d'Émile que Jacynthe découvrira que la drôle d'étincelle qu'elle avait senti en rencontrant son beau-frère quelques mois plus tôt n'était pas qu'imagination, et elle apprendra à son grand désarroi que même un coeur sincère n'est pas infaillible. Jacynthe s'enfoncera jour après jour plus loin dans une impasse dont elle ne saura comment se sortir... Dans le lit conjugal la nuit, elle écoute Émile dormir à côté d'elle en fixant le plafond de fibres optiques dont les couleurs pastels se changent en teintes orageuses, à l'image du climat de la maisonnée... Elle se retrouvera en train de fouiller dans la suie de son âme à pleine mains. Et Émile? Sont-ce des murs ou des liens qui se tissent entre eux lors de cette épreuve? Jacynthe se demande même s'il y a une différence entre les deux... Elle marche dans les hauts couloirs étroits, interminables, la tête remplie des nouvelles compositions d'Émile, maintenant distinctives, profondes, grandioses.. ces Peines, ces Mélancolies, ces Regrets en do dièse nés dans la douleur et qu'il joue de ses longs doigts, sans dire un mot, sans même un soupir... Le pire dans les orages, c'est quand ils n'éclatent pas, quand les nuages couvent sous un ciel chargé d'électricité, sans qu'une goutte ne tombe, qu'une larme ne coule... Et il y a pire que de se savoir coupable d'un crime impardonnable... il y a se savoir coupable d'un crime impardonnable commis contre une victime qui y consent en toute connaissance de cause, qui ne dit rien, qui ne se défend même pas, et c'est à se demander qui est de connivence avec qui.......
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