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1 Septembre 1992

Aujourd'hui, j'ai fait mes débuts à la Polyvalente de Lévis. Debout à 7h, je déjeunai d'un sandwich, des papillons dans l'estomac. Je me maquillai, m'habillai, me coiffai, empochai ma fiche de santé et mon 5$ et sortis résolument sur le perron de pierre. Le vent me claqua au visage, me rappelant que cette première journée, qui était en fait une journée d'accueil, ne serait sans doute pas de tout repos. Je grelottais dans mon mince pull de laine rose pâle. Traversée de l'autre côté de la rue, piétinant pour éviter que les toques ne collent à mes bas, je vis poindre à l'horizon le mirage orange tant attendu. En proie à une vague de stress, je respirai un bon coup et m'engageai dans l'immense véhicule. Sous les regards, je choisis un banc -le 3é à gauche- et m'y installai. Comme il y avait 5 ans que je n'avais utilisé le transport scolaire, je décidai d'observer les autres élèves. Je constatai vite le changement du primaire au secondaire. Au lieu de cris, bousculades et injures, on entendait des conversations, des rires et des blagues. Ce fut un voyage agréable. Puis nous arrivâmes au but: la Polyvalente. Au moins une cinquantaine d'étudiants restaient dehors. Je m'empressai d'entrer. Ne sachant où me diriger, je suivis les autres et me retrouvai à l'auditorium. Je pris rapidement une place et patientai en silence. Le directeur de 4é secondaire, que j'avais rencontré lors de mon inscription, prit la parole. Il expliqua divers règlements, tel l'interdiction de fumer, que j'approuve vivement. Puis il invita les nouveaux élèves à se lever, quand il les nommerait. Une longue liste débuta. Une cavalcade de patronymes m'étourdirent quand j'entendis : mon nom. Je me levai d'un bond, adressai un léger sourire à l'auditoire et me rassis en vitesse. Les palpitations subites et incontrôlables de mon coeur stressé cessèrent. Je me calmai. Puis, plus tard nous nous dirigeâmes selon notre nom de famille vers des salles du 1er étage. En échange de la fiche de santé et du 5$, on nous remit notre agenda. Puis, je me dirigeai vers la cafétéria pour recevoir mon horaire puis mon casier, qui portera le numéro 158. Puis, j'ai du attendre deux heures l'autobus qui me ramena enfin chez moi. Après, comme cette matinée avait été très éprouvante pour mes nerfs, je décidai de relaxer un peu. Assise dans la salle à manger du coquet restaurant de la gare, je remerciais le ciel que de tels endroits existent. Coloris doux, musique calme et ambiance accueilante. Attendant l'arrivée imminente de la serveuse, je vis un vieillard pénétrer dans la salle. Après quelques pas hésitants, il prit une place. Il semblait impatient de manger, ce que révélait un pied s'agitant de bas en haut, emprisonné dans un bas blanc et une guedasse de cuir brun. Un pantalon brun pâle et un veston de pluie blanc, ouvert sur un pull vert forêt dont le col semblait trop ajusté complétaient le tout. Sous d'épaisses lunettes, des yeux sombres lançaient des regards noirs. Le vieil homme ne me jeta pas un seul coup d'oeil. On eut cru qu'il fut aveugle...s'il n'avait porté de lunettes. On eut cru qu'il fut sourd...s'il n'avait répondu à la serveuse. J'en vins à la conclusion que ce vieillard s'était tout bonnement levé du mauvais pied ce matin-là. Enfin, la serveuse survint. Je commandai une soupe aux légumes maison. On me l'apporta dans les plus brefs délais. Je dégustai chaque cuillérée de ce bouillon limpide et verdâtre, parsemé de morceaux de légumes tendres, qui tournoyaient dans le bol, à leur guise, à chaque coup d'ustensile. Je mangeai la soupe, les craquelins et le beurre. Puis, quand la serveuse reparut, j'eus le plaisir de lui annoncer, à sa grande joie, que je reprendrais volontiers un bol de cette soupe délicieuse qui faisait mon bonheur. Et en voyant son sourire, je fus heureuse.

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