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Économie - l'autogestion
Introduction à l’autogestion

Depuis bien des années on parle souvent du principe d’autogestion comme alternative au système politique d’état. Le terme définit une méthode de gestion autonome ou chaque personne participante se responsabilise et contribue à la gestion  du groupe.

Si on tentait d’appliquer ce principe comme pratique d’organisation sociale, nous pourrions d’abord instaurer des agoras publiques , des espaces de débats sociaux ou les problématiques de vie collectives pourront trouver solution. Tant pour l’approvisionnement en ressource pour la communauté et pour la définition de politiques de fonctionnement de plates-formes sociales de relations externes, ces espaces resteraient des lieux de partage des idées et des visions de la communauté.

L’appareil étatique déconnecté de la réalité communautaire et des réalités personnels des membres de la population qu’il dit représenter ne peut définir, et encore moins combler les besoins réels du peuple. Son caractère principalement économique en fait un outil manipulé par le mieux nantis pour maintenir l’infrastructure  hiérarchique qui les placent au sommet d’une pyramide sociale aliénante et qui leur garantit des privilèges de leur classes.

Je ne crois pas que l’on puisse établir de modèle d’autogestion. Car c’est un principe qui se définie par lui-même, au fur et à mesure qu’il s’instaure. Chaque groupe ou communauté autogéré définira un modèle qui lui convient et continuera d’adapter le modèle à la réalité changeante, tout le contraire du système étatique qui peut tout prévoir, tout contrôler, tout normaliser.

L’état forme une image idéalisée du monde et tente de faire conformer les gens à cette image, alors que l’autogestion se dessine en fonction des idées que les gens y contribuent et s’adapte aux besoins changeant de sa communauté. C’est comme si l’on comparait une colonne de béton fixe et droite et un arbre en croissance qui adapte sa forme à son environnement.

Si l’on cherche à diriger la vie ne devrait-on pas suivre l’exemple de l’arbre plutôt que celui de la colonne de béton !






L’idéal de l’autogestion  Ou comment la définir dans une optique de gestion globale

L’égalité est, je crois, impossible dans un état ou la possession est solitaire et absolue : car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut. La richesse nationale, quelque grande qu’elle soit, finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence et misère.
                                                                Tomas moore, l’utopie, 1916



Être partisan de l’autogestion, c’est avant tout travailler au renforcement et à l’autonomisation de la société proprement politique comme lieu d’expression et de discussion des choix collectifs. C’est vouloir inventer un nouveau type de société dans une politique permanente. La durée a en effet une importance fondamentale, l’autogestion doit absolument déboucher sur une politique du long terme pour ne pas être vaine.

L’autogestion se doit également de démystifier une chose fondamentale : elle n’est pas un modèle ou une structure  de société préfabriquée qu’il s’agirait ensuite de réaliser. En ce sens, elle n’est pas  une utopie et se veut, au contraire, une proposition concrète, peu probable à grande échelle à court terme mais toujours possible à long terme, en opposition avec le concept d’utopie pure.

Telle et en fait l’esquisse d’un projet de société ou l’autogestion est considérée autant comme une stratégie que comme un objectif. Elle reste une idée politique relativement récente, comme le furent en leur temps le socialisme et la démocratie; elle porte en elle l’espoir d’être une troisième voie au néo-libéralisme et à la sociale-démocratie. Elle demeure à mon sens, le meilleur outil pour créer une nouvelle imagination collective, rejetant en bloc les idées capitalistes.

Mon désir est de voir un jour se relier de façon informelle, en dehors des appareils politiques, corporatifs et syndicaux ceux et celles qui bâtissent l’autogestion dans leur pratique quotidienne, de mieux saisir ce qui nous unis pour mieux élaborer les possibles communs à réaliser ensemble.

Définir l’autogestion n’est en fait jamais simple à cause de ses multiples définitions. J’insisterai donc sur la dimension politique de gestion globale, celle qui prétend être  en mesure de réguler et d’organiser   les rapports sociaux, en partant du bas pour s’étendre vers le hauts.

Cette proposition politique repose tout d’abord sur l’idée d’autonomie, de gestion par soi-même et de relation librement consentie. Son objectif passe par une décentralisation des processus décisionnels, ceux-ci étant mis entre les mains des différents acteurs de la société civile, dans le buts que la société soit entièrement façonnée par ceux et celles qui en font partie. Elle cherche à responsabiliser les individus à tous les niveaux de leur vie pour qu’il prennent en mains la gestion de leur communauté pour qu’il deviennent eux-mêmes des acteurs politiques.
L’autogestion repose sur le postulat que la démocratie représentative est insuffisante pour parler e véritable démocratie. Elle est en fait l’affirmation des droits de la spontanéité et le culte de la démocratie directe contre toutes les formes de représentation et de délégation. C’est l’exaltation des droits de la base contre toute forme de pouvoir centralisé.

Cette conception politique s’attache avant tout à faire disparaître la séparation entre la société civile(la sphère des rapports économiques et sociaux, le monde du travail et de la production et aussi les relations privées  comme la famille ou la vie de quartier) et la société politique (la sphère des rapports publics, les institutions politiques et l’états). Le but est que cette société civile puisse se reconstituer véritablement au sein de ce monde écrasé par la bureaucratie de l’état et part le règne de la marchandise qui défigurent malheureusement tous les rapports sociaux. L’autogestion en vient donc se définir comme un instrument d’appropriation sociale des moyens de pouvoir dans la société entière.

Le principe d’autogestion peut être fortement lié au domaine économique (production, gestion, consommation) sur lequel il existe un nombre important  de théories. Une des raisons provient du fait que, aussi longtemps que la plupart des gens devront consacrer l’essentiel de leurs journées au maintient de l’économie capitaliste, il sera plus que cruciale de tenter de dépasser les structures aliénantes du travail et d’en faire participer l’ensemble de la collectivité. La société politique autogestionnaire est donc liée au développement d’un mode de production autonome qui implique nécessairement que soit reconsidéré le rapport entre l’activité économique et les autres formes d’activités sociales.

Les moyens concrets de fonctionnement concernant l’autogestion sont multiples. Tout dépendant du niveau auquel on veut les situer, une multitude de formes existent et encore plus restent à inventer. Voici cependant quelques exemples simplifiés de ce à quoi l’autogestion peut ressembler.

Au sein d’une entreprise

L’autogestion stipule la libre gestion de l’entreprise par les employés eux-mêmes. Les travailleurs exproprient habituellement l’organisation et en deviennent les seuls responsables selon le postulat à chacun d’administrer ce qu’il produit. Les normes de production, les récompenses extrinsèques et la vision de l’organisation sont fixées lors d’assemblées générales (A.G.) auxquelles l’ensemble des acteurs du milieu participe. Cette A.G. est elle-même regroupée en différents comités de districts, secteurs, départements, etc. chaque sphère de l’entreprise est en fait régie par eux et celles qui y interagissent.

Au sein d’une communauté

C’est le plus souvent en créant un comité de quartier ou tou-te-s les citoyen-ne-s peuvent se retrouver que cette optique devient la plus intéressante. Les différents enjeux communautaires y sont exposés et des plans d’action collectifs émergent. La lutte contre la pauvreté (en opposition à la lutte contre les pauvres préconisé par nos gouvernement) à titre d’exemple, peut prendre des visages aussi divers qu’innovateur que ce soit; par l’achat en commun, la confection de cuisine populaire, la ré appropriation massive des produits alimentaires encore comestibles qui sont jetés par la plupart des commerçants alimentaires et des restaurateurs ou encore par  la reprise des édifices vacants pour lutter contre le manque de logements abordables.

Le but peut être de s’offrir des opportunités (achats de groupe) de se faciliter la vie en créant des liens pour briser l’isolement, d’interagir plus efficacement dans la prise en charge de son quartier ou même de devenir a long terme totalement autosuffisant. Tout ceci est basé sur l’idée que c’est aux habitants de définir l’évolution de leur milieu de vie et qu’ensemble nous serons toujours plus fort et efficace qu’un seul.

Au sein d’un groupe formel / informel

L’autogestion se voit ici comme un regroupement d’individus qui cherchent  à mettre en commun des compétences, des connaissances ou encore des services. Le but visé peut prendre n’importe quelle forme que ce soit dans le domaine communautaire, interindividuel, dans un but écologique ou encore pour s’offrir n’importe quelle autre facilité, les raisons motivent les objectifs. Les ressources de tous et chacun sont mise en commun dans le but d’atteindre le même objectif. Ce genre de projet d’affinité prétend en quelque sorte servir de modèle de projet de société élaboré par tous et ou nos visions du monde sont respectées.

Au sein du monde entier (utopie concrète)

Le but que sous-tend le concept d’autogestion étant à mon sens de s’étendre à tous les domaines de la société, il est fondamental d’anticiper (et de rêver) ce qui pourrait être. Je tiens à spécifier qu’aucun modèle pré-établi et unique n’existe, l’idée suivant ne reprenant que quelques-unes des grandes lignes de l’autogestion et une bonne dose de mon imagination trépidante. Je ne vais pas non plus élaborer trop en détail les différents mécanismes sous-tendant un tel système par manque évidant de temps et d’espace.

L’absolu serait donc, mon sens, un monde sans monnaie ni état ou la production de ressources ne servirait qu’à combler les besoins de tous les être humains (produire selon le besoin immédiat). Les fruits de la production seraient donc redistribuées entre chaque citoyen, ce dernier devant alors également faire sa part au sein de se ce système commun. Les décisions seraient prises en comité populaire, responsabilité sociale pour chaque pour chaque citoyen qui lui permet de modeler le monde avec ses semblables. Ces comités de quartier, d’usines, d’écoles, de sports, etc. ils pourraient avoir lieu, pour certains, une fois par semaine, cette période étant considérée comme une journée normale de travail, ou plus espacé pour les questions ne nécessitant pas de suivis rigoureux.

Voilà selon moi, comment pourra se créer l’humain nouveau, empreint d’altruisme et de solidarité pour son prochain. Il pourra alors, et à cette seule condition, poursuivre son évolution en tant qu’espèce, évolution qui stagne depuis beaucoup trop longtemps. Économiser l’énergie mondiale mise dans la guerre, la publicité la surconsommation, l’exploitation, etc. et en faire une énergie mobilisatrice et émancipatrice. L’imaginaire commun doit être l’aiment capable de polariser cette somme d’énergie dont chacune des parties est minuscule, mais qui, lorsqu’elles sont rassemblées, constituent une force à l’échelle des défis. Sans chef, idole ou avant-garde, nous risquons moins de voir cette lutte se faire récupérer, et revivre par le fait même les amères déceptions déjà ressenties face au communisme. Comme dit le vieil adage : ou bien tu t’organise ou tu te fais organiser.

Note : pour ceux ou celles qui voudrait voir à quoi peut bien ressembler une planète libertaire (autogéré), voir le très bon film de Colline Serreau, La belle verte (France, 1996).

Référence :Calame, Pierre, Pour des états généraux de la planète, in écodécision,    
                 septembre 1993.

              Rosanvallon, Pierre, L’âge de l’autogestion, Éditions du seuil, collection  
                 Points Politiques, Paris 1976.

                 Collectif de la revue Possible, Faire l’autogestion, réalités et défis, vol 4, no 3-
                 4, printemps-été 1980, Montréal.
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