Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu;
Qu'écarlates ouverts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu;
Tandis qu'une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant;
-Pauvres morts! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature! ô toi qui fis ces hommes saintement!...
-Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir!
Le Mal dénonce la folie meurtrière de la guerre et remet en cause la religion chrétienne.
la guerre se déroule dans un climat d'apocalypse:
le climat apocalyptique est souligné par la démesure du carnage:
une antithèse entre la réalité et la mort et l'invitation naturelle à la vie accentue l'impression de cauchemar
Une dénonciation virulente
pour dénoncer cette violence, le poète l'impute au plaisir capricieux d'un puissant
les termes qui désignent les hommes les réduisent dans la premier quatrain à de simples marionnettes, à des figurines interchangeables
pour le poète seul, les soldats sont des hommes dont la souffrance est inadmissible
l'indifférence de la religion est soulignée par la rupture entre le vers8 et le vers 9 et par le système de ponctuation, ainsi que par l'expression impersonnelle
cette indifférence est d'autant plus insupportable qu'elle offre, en contraste à la réalité de la souffrance humaine, le spectacle d'un confort béat et purement matériel
L'inscription pathétique
la dénonciation prend toute sa force à l'occasion de la dernière image du poème
pathétique exacerbé des mères, humbles et meurtries, soumises à une religion qui entretient superstition et vénalité
sensibilité ambiguë de la divinité: bercée dans l'opulence et la faste, se réveille-t-elle au spectacle de la détresse ou à la promesse d'un gain supplémentaire?
Conclusion
La construction rigoureuse du poème: chaque strophe impose et exploite une image forte qui contient toute la colère du poète
La dénonciation de la folie du monde: l'anonymat et la souffrance des humbles contraste avec le pouvoir aveugle et meurtrier qui se joue et s'enrichit de leur mort, de leur détresse
L'ardeur d'une écriture juvénile: le monde ici décrit est manichéen, l'émotion du poète s'exprime clairement