Du nouveau sur I Love You

Synthèse - Le virus LoveLetter n'épargne pas le Québec

par Charles Grandmont et Patrick White

MONTREAL, 4 mai (Reuters) - Le nouveau virus informatique LoveLetter a balayé la planète en un temps record jeudi, n'épargnant pas au passage les entreprises et le gouvernement québécois, qui ont dû mettre leurs systèmes de courrier électronique en quarantaine afin de ne pas aggraver la contagion.

A travers le monde, des centaines de milliers d'ordinateurs ont reçu des courriers électroniques contaminés par le virus, capable notamment d'effacer certains fichiers d'image ou de son.

Des entreprises oeuvrant tant le domaine industriel que de la haute technologie ont été touchées, tout comme de nombreuses institutions et gouvernements.

«C'est la folie furieuse», a résumé un porte-parole d'Abitibi-Consolidated, le plus grand producteur de papier journal au monde.

Comme plusieurs autres, Abitibi a fermé son serveur de courrier électronique, empêchant les 250 employés du siège social de Montréal de recevoir ou d'envoyer des messages par le réseau de la compagnie.

«L'impact a été très limité parce que les employés avaient d'autres moyens d'envoyer du courrier électronique, par leur compte internet personnel par exemple», a indiqué le porte-parole.

Le conglomérat de divertissement et de spiritueux Seagram, le producteur d'aluminium Alcan, le fournisseur de services de télécommunications internationales Téléglobe et le fabricant de logiciel Corel figurent également parmi les victimes canadiennes du virus.

«Evidemment, une compagnie comme Téléglobe qui a des activités internationales en Asie, en Europe et en Amérique est plus vulnérable. Le courrier électronique est un outil très important», a indiqué un porte-parole de la société, qui avait lui-même reçu pas moins de six messages contaminés durant la nuit. L'imposant réseau de télécommunications de Téléglobe, véritable pipeline à haut débit pour le trafic internet, n'a pas été perturbé, a précisé le porte-parole.

Alcan, deuxième producteur mondial d'aluminium, a intercepté des courriers contaminés et a prévenu ses employés de ne pas ouvrir de courriers douteux.

---

Le ministère des Transports écope

---

Au gouvernement du Québec, le virus a contaminé environ 4.000 ordinateurs du ministère des Transports, qui tentait en après-midi d'installer un filtre pour bloquer le virus lorsqu'il se présente à la porte d'entrée du réseau.

«Le ministère au complet est contaminé», a indiqué une attachée de presse du ministre des Transports.

Le ministère a fait appel à des spécialistes informatiques externes pour nettoyer ses ordinateurs, mais la «virulence» de l'attaque rend la tâche ardue, a indiqué une agente d'information.

«Les techniciens ont dû couper l'accès au courrier électronique ce matin et travaillent là-dessus aujourd'hui, a déclaré la porte-parole. On s'attend à ce que le service revienne normalement demain (vendredi)».

En fait, le virus a touché une bonne partie de la fonction publique, notamment le ministère de l'Agriculture, où les fonctionnaires n'ont pas pu travailler sur leur ordinateur de la journée. De sérieux problèmes ont aussi embêté l'Assemblée nationale, qui a dû annuler la retranscription des débats parlementaires et les conférences de presse. Le Conseil permanent de la jeunesse a aussi vu ses activités perturbées par Loveletter.

Le virus semble n'avoir affecté que les utilisateurs du système de Microsoft Outlook, et seulement ceux qui ont ouvert le document attaché.

Loveletter fonctionne selon un principe similaire au virus Mélissa, dont la propagation l'année dernière a paralysé près d'un million d'ordinateurs, bloqué de nombreux systèmes de messagerie et causé environ 80 millions de dollars de dégâts aux Etats-Unis. A l'exécution du fichier, le message se transmet à tous les membres du carnet d'adresses de l'utilisateur d'Outlook. Dans l'attente de définitions virales adaptées, la meilleure protection consiste à ne pas ouvrir et à détruire immédiatement tout message électronique intitulé «I love you».

Le virus peut effacer des fichiers contenant des images ou du son à partir de disques durs locaux ou installés en réseau, comme l'ont constaté plusieurs éditeurs européens qui ont perdu leurs archives numériques. L'éditeur et imprimeur Quebecor World, qui utilise beaucoup d'images numérisées dans ses activités, n'a pas rapporté de problème, si ce n'est qu'une panne de son site web pendant environ 30 minutes.

Chez Bell Canada, plus importante compagnie de téléphone canadienne et plus important fournisseur internet au pays, aucune contamination n'a été rapportée, a indiqué la porte-parole Marie-Eve Savard.

«C'est pas vraiment quelque chose qui nous affecte parce que le virus s'attaque surtout aux messageries Outlook de Microsoft, et nous utilisons la messagerie Netscape de façon standard», a-t-elle indiqué.

Selon les experts en virus, il faudra attendre probablement à lundi pour que l'alerte soit maîtrisée, le temps que de nouvelles protections soient installées sur les grands réseaux informatiques. Le FBI a ouvert une enquête sur cette cyberattaque, qu'on soupçonne provenir des Philippines.

Merci à Michaël Perron pour l'information

Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!