Top 2007
Un compte-rendu "endivesque" (tout en top) de l'année musicale et artistique
Nom d'une écrevisse à trans-modulation vectorielle (expression très tendance chez les pirates au 17ème siècle) !!! WHAT A 2007 !!! Sur le plan personnel, cette année fut pleine jusqu'à plus soif de rebondissants chaotiques et de surprisantes surprises... Une année à la fois difficile et merveilleuse... Par une étrange série de circonstances, j'ai déménagé 3 fois dans la première moitié de l'année pour finalement (et heureusement) me retrouver en appart avec ma douce adorée en Juillet. J'ai réellement commencé à détester violemment mon boulot (par moments) mais comme je suis assez con de nature, je n'ai pas fais le nécessaire pour trouver mieux. Vu le travail et les changements mentionnés ci-hauts, j'ai assisté à beaucoup moins de shows (comparativement à l'opulence de 2006) mais acheté pratiquement autant de disques (dépendance, quand tu nous tiens !). J'ai écouté des tonnes et des tonnes de bons films, surtout des trucs pas trop récents qui m'ont solidement botté les fesses. Lu tout plein de bons bouquins aussi. Sinon, je me suis découvert une passion pour la photographie, la nature automnale/hivernale, la bière de micro-brasseries québécoises, les grillades portugaises et les bains scandinaves (si on fait abstraction de l'horrible musique New Age)...
Quand j'y pense : c'est fou a quel point cette année a passé rapidement. J'ai cligné des yeux et "oups!", on était en 2008. Ça fait presque peur. Je m'ennuie du bon vieux temps où mon seul souci était de m'écraser dans la nature verdoyante, brin d'herbe solidement coincé entre les lèvres ; bière enracinée dans la main droite, et refaire le monde avec des potes ou juste regarder les fourmis faire ce que... des fourmis font là. Bref... Osti que ça passe vite la vie quand t'es rendu dans le mode "Travail et/ou École à temps plein".
Mais assez parlé de moi et place à la musiiiiiiiiique ("qui croque, qui croque, qui croque-NOTES", ceux qui pognent la référence sont pas mal hot). Très riche année musicale que fut 2007 (juste en deçà de l'imbattable 2006)... ce qui fait de moi le pauvre de l'équation encore une fois... Faudrait vraiment que je fasse attention cette année, monétairement parlant... Voici donc, sans plus tarder, les chef d'oeuvres de l'année 2007 (avec en prime un solo de digeridoo satanique + une chorale de momies disco lançant des lasers avec leurs yeux tout en chantant du négro spiritual)
*Cet article est dédié à tous ceux que j'aime (famille et amis) qui, de par leur présence toute particulière, ont rendu cette année magique.
-Salade d'endives (alias Félix)
1. PJ Harvey - White Chalk
Le fascinant univers de PJ Harvey manquait cruellement à ma culture générale. Un pote m'avait quand même fait entendre quelques albums que j'avais vraiment apprécié mais c'est vraiment avec ce "White Chalk" tout en douceur, en mélancolie et en noirceur que je me suis finalement initié proprement à cette grande artiste. Ce disque est pourtant totalement à part dans sa discographie déjà très variée. Fini le rock aux ambiances lo-fi de "Uh Huh Her"... Envolée la pop léchée de "Stories from the City, Stories from the Sea"... On trouve ici un album complètement épuré et très personnel. Composé surtout au piano et porté par la voix expressive et quelque peu tragique d'une Polly Jean dont l'émotivité est à fleur de peau, "White Chalk" est un disque automnal aux ambiances victoriennes, intimistes, éthérées, hantées, enfantines et parfois déjantées. Acoustique à 95% (mis à part la présence de quelques claviers vieillots sur certaines pièces), il comprend 11 très courts morceaux tous plus fantomatiques les uns que les autres ; berceuses glaciales, petites fugues possédées, piécettes folk-gothiques... L'instrumentation y est extrêmement discrète : guitare, banjo, harmonica, harpe brisée et percussions s'entremêlent pour créer un fond sonore distant à la poésie céleste de la demoiselle. Le piano, instrument-roi de cet album, est le seul à avoir été mis à l'avant plan. Et c'est pratiquement la première fois que Polly Jean en joue (elle a commencé à l'apprendre seulement un an avant l'enregistrement), ce qui confère un charme particulier à ces notes simplettes en forme de fines gouttelettes de pluie. Les paroles sont vraiment sublimes (chose à laquelle je porte rarement attention à l'écoute d'un disque). Merveilleux hommage à la solitude, aux douloureux abandons, aux légendes ambigües de fées et de princesses, aux souvenirs errants de relations passées, aux ténèbres qui recouvrent parfois nos pensées et même à ce bon vieux Belzébuth (sur "The Devil"). "White Chalk" est un album totalement essentiel et magique. Le meilleur de PJ Harvey et le meilleur de 2007, tous styles confondus.
2. Wolves In The Throne Room - Two Hunters
Les montagnes embrumées du Washington (état américain) recèlent de secrets fantastiques et de merveilles insoupçonnées... Provenant du coeur même de ces montagnes forestières, le collectif "Wolves In The Throne Room" oeuvre dans l'art illustre du Black Metal atmosphérique à saveur écologique, style résolument unique qui leur est propre. Après un premier album ("Diadem of 12 Stars") déjà miraculeusement génial, le groupe passe à l'histoire avec ce "Two Hunters" qui frise tout simplement la perfection. Dès les premières secondes de "Dia Artio" (introduction ambiante ensorcelante à souhait), on navigue dans une atmosphère quasi indéfinissable tant elle est belle, belle, belle... une atmosphère de rêve éveillé, de voyage interstellaire à travers ces milliers d'arbres cosmiques qui forment cette luxuriante forêt enneigée et peuplée d'esprits bienveillants (où on a atterrit sans crier gare). La pièce hypnotique laisse place au tube de l'année (dans ma version de l'univers) : j'ai nommé "Behold the Vastness and Sorrow". C'est du Black Metal. Ça sent le Black Metal. Du vrai de vrai, rageur et victorieux. Et pourtant, c'est aussi tellement magnifique et apaisant... Une pièce brillamment construite et foutrement émotive, avec des guitares hypnotiques, une batterie agile et des vocaux impériaux (le tout créant une lente montée majestueuse vers un climax on ne peut plus jouissif). Le reste de l'album est tout aussi bandant, avec en prime les interventions vocales divines (à vous donner le frisson) de la chanteuse Jessica Kinney (ASVA). Le meilleur disque métal de l'année et possiblement le meilleur album de Black depuis "Filosofem" de Burzum...
3. Burial - Untrue
Deuxième album de dubstep brumeux et spatial pour le producteur anonyme londonien qui frappe ici fort, très fort... Un tantinet plus pop mais pas moins expérimental, ce "Untrue" est une véritable merveille de profondeur qui réserve des surprises hallucinantes et hallucinées à chaque écoute. Burial nous sert ici une musique hyper-personnelle et mélancolique, tout en boucles nocturnes et en pulsations quasi-tribales, inspirée autant par le dub, que par la techno minimaliste, la rave anglaise des années 90 et la première vague de trip-hop... Le tout agrémenté d'une pincée d'ambiant dérangé (style David Lynch) et d'une louche de beats vieillots / croustillants. Écouter ce disque me fait le même effet magique que celui qui accompagna mes premières écoutes Portishead-ienne (jouissives, il va sans dire). Mon pote Simon m'a dit que cet album, c'est la bande-son d'une promenade de nuit au port de Trois-Rivières, un soir de méga-giga-brume (du style que tu vois rien à 2 pieds devant toi)... et qu'en marchant, tu entends ces voix mystérieuses, venues de partout et de nul part à la fois... à la fois inquiétantes, belles et hypnotiques. Je dois reconnaître qu'il a parfaitement raison. Un disque à écouter à minuit, toutes les nuits.
4. The Field - From Here We Go Sublime
Dur de parler d'une musique aussi belle et microscopique. The Field (alias Axel Wilner) provient de la scène électronique allemande et oeuvre plus particulièrement dans le rayon de la trance-minimaliste ingénieuse, subtile et rêveuse. Wilner fabrique des beats minuscules à partir de rien (mais un rien incroyable !) qu'il juxtapose ensuite en des micro boucles divines et décalées se répétant inlassablement sur un fond de basse presque caché, de claviers scintillants et d'échos vaporeux de voix re-travaillées. Un merveilleux mélange organique / robotique. Et ces beats infectieux et délicieux, au fil des écoutes, s'enfouissent nettement dans notre sub-conscient, qu'on le veuille ou non. Imaginez le son le plus magnifique de tous les temps... Imaginez que ce même son se répète inlassablement, à l'infinie, et finisse par évoluer en quelque chose d'encore plus magnifique. C'est un peu ça, "From Here We Go Sublime". Un album qui porte sacrément bien son nom, d'ailleurs.
La première fois que j'ai écouté ces longues pièces hypnotiques, j'ai tout de suite pensé à ce qu'aurait pu faire un mec comme Fennesz si il était privé de sa guitare et qu'il aurait été forcé de bâtir un album longue durée avec 3-4 sons uniquement. L'univers de "The Field" est semblable au sien, naviguant entre l'électro, le dream pop, le shoegaze et l'avant-garde. Mais ici, le maître mot est : minimal. C'est tout de même incroyable de faire autant de beauté avec si peu de choses ! La 2ème moitié de l'album est résolument épique : un genre de vol plané surréaliste et aveuglant au dessus de l'Antarctique ("Sun & Ice"). Un travail remarquable.
5. Kronos Quartet - ...Songs Are Sung (Henryk Górecki-String Quartet No.3, Op.67)
Les compositions du polonais Henryk Mikolaj Górecki sont presque toujours teintées d'une noirceur quasi totale et d'un profond désespoir. Ce troisième quatuor à cordes, composé en 1994-95, n'échappe pas à la règle. Auparavant, je n'avais entendu que les Symphonies 2 et 3 du monsieur, oeuvres que j'avais trouvé absolument magistrales et qui m'avaient carrément jeté sur le cul, soit dit en passant. Ce fut donc la première fois que j'entendais une de ses créations pour un ensemble réduit ; dans le présent cas un quatuor composé de deux violons, d'un alto et d'un violoncelle (ce délectable instrument). Dès la première écoute un tantinet éprouvante, j'ai compris que l'instrumentation dépouillée du quatuor convenait parfaitement à l'univers sonore morbide du maître polonais. Le Kronos Quartet (à qui l'oeuvre a été confiée par son géniteur même) rend merveilleusement bien cet univers si particulier et ce, avec toute la grâce, l'émotivité, la sagesse et la technicité qui leur est propre. Cette musique est magnifiquement triste, ténébreuse à souhait (bien qu'entre-coupée de faibles rayons lumineux à divers moments), mystérieuse, vigoureuse, énigmatique, violente et minimaliste.
Cet album, c'est l'équivalent musical d'une marche de plein air en Novembre (mois des morts), une journée d'infinie grisaille. C'est morne, gris, froid et pluvieux. Les dernières feuilles de l'automne s'entassent sur un sol boueux. Le ciel est parfois incroyablement terne ; à d'autres moments, violent et orageux. Vous trouvez ça beau et vous êtes incroyablement seul et pensif. Il n'y a que ces 4 musiciens (drapés de manteaux noirs) que vous avez rencontré dans ce petit parc perdu et qui laissaient pleurer leurs cordes... chouette journée.

6. Panda Bear - Person Pitch
+ Animal Collective - Strawberry Jam
Bonjour / Good Morning chers passagers. Vous pouvez déboucler vos ceintures en laine minérale et ornés de fleurs hawaïennes. Vous êtes arrivés à destination : le cerveau de Brian Wilson pendant les enregistrements chaotiques de "Smile" première mouture (n'oubliez pas votre casque de pompier !!!)... Noah Lennox est un petit bonhomme particulièrement cool et singulièrement sympathique. Percussionniste et chanteur du groupe Animal Collective (qui a aussi sorti un excellent album cette année), Noah (alias l'Ours Panda) livre son deuxième album solo en la forme de ce "Person Pitch" psychédéliquement vôtre. Ce disque est un sale trip, mes amis. Un genre de croisement contre-nature entre "Martine à la plage" et "2001 Space Odyssey", avec en prime (et pour le même prix !) un peu de ukulélé pour les amateurs. Ou si vous préférez : c'est un piknik embrumé sur une plage interstellaire (et bordée par une mer d'astéroïdes) où dansent des chamans habillés de toges en diamants. Et au loin, on entend d'irréels chants de baleines fantômes s'entrechoquant au scintillement sonore des étoiles même. Je sais... il n'y a pas réellement de sons dans l'espace. Mais "Person Pitch" est loin d'être réel. C'est plutôt un beau rêve dont on se réveille armé d'un sourire de défoncé mental et dont on à peine à se rappeler les moindres détails. On sait juste que c'était plaisant et positif.
Basé à 90% de samples diverses, l'oeuvre se veut un hommage ambiant-maximaliste à la Beach Pop des années 60. Ce n'est pas un album à écouter en faisant votre vaisselle ou en faisant le ménage de votre chaumière. L'écoute se fait mieux alors que vos fesses sont solidement posées sur un divan moelleux ou même dans votre lit, dans un état semi-comateux (avec l'apport non négligeable de bons écouteurs). Et là, vous entendrez la magie s'opérer. Et vous aussi, vous serez porté par ces guitares apaisantes, ces xylophones sucrés, ces chants électro-grégoriens, ces synthés dérangés... Et vous tomberez en amour avec cette ambiance cosmique totalement unique. Un album à ranger à côté de "California" de Mr. Bungle et bien évidemment, "Pet Sounds" des Beach Boys.
"Strawberry Jam" est un monstre-pop maximaliste dégoulinant de milles et unes couleurs toutes plus flamboyantes les unes que les autres, une overdose de sucre mélodieux (shooté à même les veines), l’équivalent musical d’un souper aux chandelles où le plat de résistance consiste à une montagne de biscuits géants (aux choco-miel-pacanes-caramel-beurre-de-pinotte-céleri-avocat-folie) accompagné de jus de pamplemousse potentiellement radioactif et brillant sous les reflets de la flamme oscillante (+ feux d’artifices en fond arrière)... Fini le freak-folk enfantin et les chansons de feu de camp sous acide de "Sung Tongs". Envolés le rock-indie déstructuré et les divagations minimalistes de "Feels". On a maintenant affaire à de l’électro-pop hyperactif (Capitaine ! Nous dénotons une opulence de claviers à l’horizon ! Tribord toute !!!), de la marmelade-pop joyeuse et violente, d’imposantes piécettes saturées d’un million d’éléments sonores incongrus et géniaux, du "Life-Metal" (le contraire de "Death", vous saisissez ?) porté par les cris intempestifs d’un Avey Tare possédé. Car, là où "Person Pitch" est le bébé de Panda Bear, "Strawberry Jam" est surtout l’œuvre de ce cher Avey, SA vision mégalomane de ce que la pop devrait être : des mélodies contagieuses, des guitares qui rugissent soudainement, des tonnes de couches de claviers, des cris de dinosaures par ci par là, du tape-cymbale sans queue ni tête, des explosions de bonheur, des harmonies répétitives se répercutant en mantras approximatifs, des paroles aussi belles et confuses (le monde des rêves), une panoplie de samples d’origine inconnue et ce sentiment omniprésent de « je sais pas du tout où ces mecs veulent en venir mais je tripe salement ». Un autre grand disque dans une des discographies les plus représentatives de ce 21ème siècle cinglé.

7. Akron/Family - Love Is Simple
+ The Angels of Light - We Are Him
Quand vous écoutez "Love is Simple", c'est comme si vous marchiez dans la rue une chaude nuit d'été où le ciel est particulièrement majestueux ; du genre bourré d'étoiles psychédéliques brillant de milles feux... Et que soudainement, une bande de hippies poilus, festifs et armés d'une panoplie d'instruments loufoques sortaient d'un sous-bois brumeux et se jetaient sur vous pour vous serrez violemment dans leurs bras et vous envelopper de leur amour éternel. Et là, une grande fête païenne débute dans l'euphorie la plus totale.
L'alcool coule à flot ; un des types, déguisé en un genre de druide semi médiéval semi hindou (et orné d'un chapeau R-I-D-I-C-U-L-E), a amené un énorme baril rempli d'une bière noire, forte et onctueuse. Les amateurs de tabac qui rigole sont servis jusqu'à plus soif. Vous vous vous mettez à chanter tous en chœur, sans faire vraiment attention à ce que ce soit juste ou non et aussi à propos de quoi vous chantez exactement. Vous vous en foutez : que ce soit à propos de vos amis les libellules-vampires (ces êtres méconnus), de votre amour inconditionnel pour les râpes à fromage ou de votre passion, toute nouvelle, pour le deltaplane sous influence psychotrope. Vous vous sentez merveilleusement bien, libre et vivant comme jamais. Vous chantez encore plus fort et vos nouveaux comparses vous imitent avec plaisir. Les voix amplifiés se percutent, s'entremêlent en un genre de mantra approximatif et merveilleux. Les étoiles brillent de plus en plus dans le ciel et aussi dans votre tête. Vous venez de remarquer que vous avez réveillé tout le voisinage avec vos âneries puériles mais au lieu de vous engueuler, des tonnes de mecs et de filles en pyjama se joignent à vous.
La fête redouble alors d'ardeur. Vous avez envie de danser comme jamais. Vous y allez d'une danse tribalo-salsa-western-japonaise approximative en ne vous souciant pas du tout de si oui ou non, vous avez l'air d'un puissant cave. Les hippies se sont mis à leurs instruments et ont entrepris de tisser une bande son à ce délire collectif. Un grand feu de joie est allumé. Et pour citer Astérix et Cléopâtre ze dessin animé : "tout le monde mange, tout le monde boit, tout le monde est heureux". Vous aimez tout le monde ici. Même le mec qui a décidé de faire son remake du "Summer of Love 69" en se foutant à poil (il ne fut heureusement pas imité). Même le gazon. Même les pierres. Même les atomes. Même vos propres tibias. C'est rare qu'on prenne le temps de dire à nos tibias qu'on les aime : c'est important des tibias.
La musique que joue ces gens venus d'on ne sait où est complètement chaotique et désordonnée. Mais elle est aussi infiniment belle et remplie d'images fantasmagoriques. Un genre de folk acide infusé au post-rock à tendance improvisatrice et saupoudré d'un je ne sais quoi de magnifiquement unique... L'amour peut-être ? Toujours est-il qu'ils jouent bougrement bien, ces mecs et ils ont un fun évident à pimenter le tout de mini-délires hip-hop-beatés à la sauce taré et de digressions avant-gardistisques géniales. Ils ne se prennent pas au sérieux mais ils savent bien qu'ils torchent à fond. Leur auditoire accidentel (où était-ce leur plan de vous réunir tous ici ?) se met à danser de plus belle sous les rythmes hypnotiques qui sortent de leurs instruments... Vous vous laissez aussi emporter dans la vague de folie qui secoue chaque personne ici présente... Vous criez comme un défoncé, vous buvez comme un trou et vous perdez totalement la carte...
Vous vous rappelez seulement que le tout s'est terminé à la chaleur du feu, alors que la plèbe était couchée dans l'herbe fraîche de la pré-matinée, éreintée mais satisfaite. Et là, à la faveur des crépitements du bois et du chant caractéristique des criquets, un des hippies a interprété une ballade absolument magnifique qui vous a fait verser quelques larmes (de bonheur, évidemment). Et sur le fait, ces êtres surnaturels sont disparus dans le petit bois d'où ils étaient venus, en vous adressant un dernier signe de la main...
Note : Cette chronique a été écrite sous l'influence d'une bière, d'une coupe de vin et de l'album "Love Is Simple" de Akron/Family.
"We Are Him"... ou le frère ainé un brin torturé (sorte de Caïn moderne) de "Love Is Simple"... Dernière (il paraît) association discographique pour Michael Gira et cette version des anges de la lumière ; qui ne sont autres que les membres d’Akron/Family, explorant ici leur côté sombre sous les commandes de l’archange maléfique. Cet album est divinement glauque et pourtant étrangement chaleureux. Sous les incantations de l’ex maestro des Swans, on retrouve une épaisse couche de Folk-Rock expérimentale tout droit sortie d’un bayou brumeux, des montagnes de guitares désorganisés, des murs de piano style « western-saloon fantomatique », des boucles sonores narcotiques à la « Philip Glass s’attaque à l’Americana », des clochettes (j’adore les clochettes) et des cordes, encore des cordes et d’autres cordes... Il s’agit là d’un œuvre triste et belle (mais jamais larmoyante), d’une missive athée récité par un curé désenchanté qui, finement défoncé au bourbon, rumine ses visions d’apocalypse à travers l’air vicié d’un pub miteux du Texas. Bref, c’est un putain d’album viril et illuminé que Gira et ses potes nous ont concocté. « Sometimes I dream I’m hurting you »...
8. Radiohead - In Rainbows
Que dire sur cet album qui n'ait pas déjà été dit ? Je m'abstiendrai de commenter le moyen de distribution de l'oeuvre ; à part que Radiohead s'est encore amusé de belle façon dans l'art de singer l'industrie du disque. Je vais plutôt faire ça short & sweet et vous dire que "In Rainbows" est terriblement bon et essentiel. Normal ; c'est du Radiohead. J'ai un parti pris, je sais. Mais ces mecs n'arrêtent pas de nous pondre album génial par dessus album génial depuis 15 ans. Pour ma part, ils ne m'ont jamais déçu (exception faîte à "Pablo Honey" mais à leur défense, il s'agit d'un album de jeunesse). Au fil des années, le son du groupe a grandement évolué. En utilisant tous les clichés possibles : Radiohead a eu son enfance brit-pop ("The Bends"), sa crise d'adolescence prog-alternative-robotique (l'intarissable "Ok Computer"), son début de vingtaine chaotique (l'électro "Kid A", l'expérimental et dépressif "Amnesiac") avant d'atteindre sa maturité sur un "Hail To The Thief" hyper-varié qui revisitait toutes ces époques passées en les synthétisant en un tout orgasmique.
"In Rainbows" s'inscrit dans la lignée de son prédécesseur. Il n'y a donc pas de révolution majeure dans la musique du groupe (et ils ne se sont toujours pas mis au Grindcore... ce qui serait vachement intéressant à entendre soit dit en passant) mais on a affaire ici à un album sublime et totalement maitrisé ; très représentatif du son Radiohead. Ce son indescriptible et unique qui vient toujours me prendre par les tripes et qui m'entraîne dans un un trip surchargée d'émotions diverses et de beauté brute. Un son qui allie la voix parfaite de Thom Yorke à une musique à la fois inventive et terriblement efficace supportée elle-même par une production impeccable et des arrangements somptueux.
Dès les premières secondes très électro de la pièce d'ouverture, "15 Step", on retombe avec plaisir dans cet univers magique (agrémenté cette fois de cris d'enfants enjoués et de claviers à la Boards of Canada). Petite surprise quand même : "In Rainbows" est résolument l'album le plus optimiste et ensoleillé (d'où son nom coloré) du groupe. La dépression a fait place à une douce mélancolie et même, quelque fois, à de la joie authentique (une première !!!). La 2ème pièce, "Bodysnatchers", en fait preuve : ce petit brûlot rock jouissif à l'intensité exponentielle est puissamment "happy" et réussit à me foutre un énorme sourire béat sur la figure à chaque écoute. "Nude", pièce d'anthologie que Radiohead conserve dans son répertoire scénique depuis la période d'"Ok Computer", se voit ici ré-emménagée sous forme de ballade tragique. Le tout en douceur, en volupté et en minimalisme. Voix lancinante de Thom + ondes de guitares de sieur Greenwood + réverbération = bonheur assuré. C'est aussi triste que beau. Et ça continue avec "Weird Fishes/Arpeggi"... putain de morceau basé sur une progression de guitare à laquelle viennent se greffer tous pleins d'éléments hallucinants pour un final à faire pleurer. Trop bon. Ils ont pas le droit, ces salauds. "All I Need" est vraiment ce que Radiohead a fait de plus romantique dans sa carrière. Parfait pour la Saint-Valentin (+ chandelles). Un son de clavier puissant au fond, un jeu de clochettes scintillantes sur le côté, des notes de piano qui lévitent au dessus de tout ça et bien sûr... une performance intense d'authenticité de notre bon ami Thom Yorke. "Faust Arp" se démarque par l'apparition de cordes féériques qui viennent supporter à merveille cette courte chansonnette bigrement mélodique et addictive. Ça se poursuit comme ça dans l'euphorie avec un "Reckoner" cymbalistique (les initiés comprendront), un "House of Cards" planant avec des percussions à saveur très "world" et un "Jigsaw Falling Into Place" aussi brumeux que lumineux. Et là... ça se termine sur "Videotape". Merveilleuse pièce dépouillée rappelant la version "live" de "Like Spinning Plates". Ce piano hypnotique, ces percussions syncopées et cette voix... CETTE VOIX, BORDEL ! Désolé... je suis encore venu...
Bon, je me suis finalement étendu un tantinet avec cette chronique (contrairement aux attentes mentionnées ci-haut). Et le pire, c'est que je ne sais pas plus quoi dire à propos de cet album qu'au début... Je vais terminer en disant que contrairement à la croyance populaire, Radiohead n'est pas le Beatles de notre époque. Radiohead est le Radiohead de notre époque. Et ils font de foutus beaux arc-en-ciels en Angleterre. Youppi-la-boum.
9. Alcest - Souvenirs d’un autre monde
"Souvenirs d'un autre monde", c'est la rencontre imprévue et magnifique de deux mélancolies : le Black Metal et le Shoegaze. Et l'entremetteur de cette rencontre inespérée se cache sous le doux sobriquet de "Neige". Après avoir craché sa haine et ses malaises sans aucune retenu au sein de "Mortifera" ou d'"Amesoeurs" (son autre projet perso) et œuvré de belle façon à approfondir la décadence musicale de l’ensemble polymorphe « Peste Noire », Neige veut exprimer cette mélancolie qui l’habite à travers d’autres voies, d’autres sentiers insolites découpant les sous-bois irréels de son imagination luxuriante (Alcest). L’enfant-poète s’est créé un monde à sa mesure (sa solitude) et il veut l’explorer pour lui donner un sens. Le rêve dans sa forme la plus pure : voilà là une autre façon d’échapper à une réalité amère et ce, sans l’angoisse et les tourments de la confrontation directe avec la laideur authentique de la modernité. Et Neige vous invite ici à quitter à votre tour ces sottises et à pénétrer dans son rêve pour quelques instants. On voyage ici à travers les splendeurs impossibles d’un monde très ancien... féérique, scintillant, infiniment beau et dénudé. Dans la forêt peuplée d’esprits bienveillants, une musique aérienne monte d’un sol jonché de feuilles mortes. C’est beau. Très beau. C’est le reflet sonore de tout ce qui vous entoure. Il n'y a pas de vocaux haineux et criards, pas d'envolées violentes et orageuses. Le ton est à l'apaisement et l'imagerie forestière crée par ces longues pièces rêveuses est aussi magnifique que lumineuse. La voix claire et douce de Neige vient saupoudrer ces lacs de guitare hypnotique, ces champs colorés se balançant sous les effluves percussives qui dans leur essence même nous rappellent les rythmiques brumeuses de My Bloody Valentine ou la trame sonore d’un film d’ado 80s totalement inconnu (et pourtant tout à fait génial). Cette voix nous parle de la pureté de l'enfance, du dur passage à la vie adulte, de la beauté des saisons, d’une conception quasi-spirituelle de la faune et de ses secrets, de la nostalgie, de la vie, de l’amour, de la mort... de la magie qu’il y a dans le geste pourtant simple de « regarder » ce qui nous entoure. Et dans cette Dream-Pop cotonneuse et éminemment personnelle resplendit le spectre du Black Metal (dépouillé de sa haine, cette fois). Si l'idée d'entendre Burzum jammer avec Slowdive dans une forêt d'automne ensoleillée (et en français, en plus !) vous branche, ce disque est pour vous. Beau à pleurer.
10. Deathspell Omega - FAS - Ite, Maledicti, In Ignem Aeternum
Les "puristes" du Black old school peuvent fermer leur gueule... Maintenant... Comme tout style, le Black Metal évolue, pour le meilleur et pour le pire, car il se DOIT d'évoluer (si il veut rester un genre vivant, qui ait un sens en tant qu'art moderne). Avec ce "Fas" complètement unique (c'est le mot), Les Français de Deathspell Omega vous propose le résultat de leur évolution à travers un Black Metal schizoïde, moderne, trans-genres, trans-normes, sans frontières... Le travail de restructuration-blackmetalesque avait déjà été entrepris de belle façon sur leurs précédents chef d'oeuvres : le tétanisant "Si Monumentum..." et le pétrifiant "Kénôse". "Fas" est le parachèvement logique de cette évolution. Il s'agit d'une œuvre incroyablement dense et complexe, bourrée d'une tonne de mystères ésotériques (dont la pochette est truffée jusqu'à plus soif) et portée par un concept aussi intriguant qu'imperméable (ça tourne autour d'un passage de la bible sur l'apocalypse, le tout, présenté en vieil argot anglais...). Et la musique, elle ? Géniale, Violente, Glaciale, TRÈS Intense, Foudroyante, Imprévisible, Hypnotique, Spectrale, Méchante, Possédée, Libre, Intelligente, Chaotique... Des passages ambiant (avoisinants le silence) suivis par des éclatements sonores inouïes, à mi-chemin entre le Black, le Prog et le Post-Hardcore, des riffs-labyrinthes en lame de rasoir, des changements de rythmes incessants et déroutants, une batterie hyper technique et des vocaux déréglés, laids et foutrement efficaces. DSO ne fait pas dans la dentelle (ça, on le savait) mais plutôt dans le déluge sonore incongru (et pourtant logique... leur logique), technique, froid, technique, froid, technique, froid... 21th Century Schizoid Satan vous salue.
11. James Blackshaw - The Cloud of Unknowing
Après un "O True Believers" déjà émouvant de sincérité, l'anglais James Blackshaw, maître respecté de la guitare acoustique douze cordes, nous revient avec sa plus belle offrande à ce jour. Ce "Cloud of Unknowing" est d'une beauté désarmante et d'une finesse irréprochable. Très fortement inspiré par John Fahey et Robbie Basho (deux génies de la guitare folk des années 60), Blackshaw oeuvre dans un folk montagnard instrumental épique et totalement dépouillé, avec des influences tantôt indiennes tantôt orientales. La guitare est vraiment l'instrument central (et souvent unique) de ces 5 longs morceaux planants et oniriques. Quelques fois, un glockenspiel discret vient colorer la musique d'une teinte post-rock ou un violon apporte son lot de dissonance cosmique à la pureté guitaristique environnante. Blackshaw est un musicien du tonnerre. Technicien hors pair, il nous éblouit les tympans de son jeu flamboyant à la fois hypnotique et évolutif. En exploitant les possibilités de la résonance dans l'enregistrement, il tisse une musique riche et pleines de différentes couches sonores. On dirait parfois qu'on a affaire à trois guitaristes au lieu d'un seul ! Mais... Malgré l'évidente maîtrise qu'il nous démontre sur ces pièces, James Blackshaw met toujours de l'avant son sens irréprochable de la mélodie au lieu de tomber dans les excès de la démonstration technique (ce qui est malheureusement le cas de biens d'autres guitaristes pourtant excellents).
Ce disque est une bombe de pureté et de beauté. La dernière pièce est particulièrement splendide... une genre de longue montée féérique vers un paradis forestier, brumeux, étrange et accueillant. On se sent littéralement soulevé par des effluves de guitare cristalline qui nous amènent, petit à petit, vers un mur de violons nuageux et incohérents. Du bonbon. Un album mystérieux, lumineux et apaisant. Conseillé même à ceux qui n'aiment pas beaucoup la guitare... Vous pourriez être surpris !
12. Do Make Say Think - You, You're A History In Rust
Le post-rock peut sembler, à tort, être un genre fermé sur lui-même, et ce dû à sa nature répétitive et sa construction fondamentale basée sur un principe élémentaire mais rudement efficace : de longues montées instrumentales qui, petit à petit, parviennent toujours à un paroxysme sonore violent et quasi-orgasmique, pour ensuite retomber dans une autre phase d'escalade. C'est toujours la même chose mais quand c'est bien fait et que ça a une saveur toute particulière, on en redemande encore et encore. C'est bien le cas sur ce 5ième album des Torontois de Do Make Say Think. À l'instar de leurs potes de Godspeed You Black Emperor ! (je suis jamais sûr de où je dois mettre le foutu point d'exclamation), DMST évolue dans un post-rock très personnel et raffiné, où les longues montées sont tout aussi intéressantes et brillamment construites que les déflagrations jouissives qui s'y font plus discrètes mais pas moins puissantes. Leur musique est par contre beaucoup plus ensoleillée et ce, dû à la présence des cuivres et à ce côté stoner-folk bon enfant.
Avec ses mélodies aussi simples que belles, ses longues pièces montées qui s'enchevêtrent à merveille pour créer un tout à la fois homogène et magique, ce côté antique et poussiéreux qui sert de concept distant et l'arrivée imprévue et réussie de la voix humaine (thanks to Akron/Family, ces pouilleux forts sympathiques) dans le vocabulaire musical jusque là purement instrumental de l'ensemble, "You, You're A History In Rust" est assurément le disque le plus pop et accessible qu'a produit DMST. Et c'est une bonne chose. On y retrouve toute la magie des albums précédents et une ouverture sur l'avenir musical du groupe...
13. Aluk Todolo - Descension
2007 fut l'année des mariages insolites... et dans le genre "mariage sonore ambigu qui aurait pu mener au divorce dissonant et instantané mais qui est finalement une réussite totale" (et incluant un saignement de tympan en option), on ne fait pas mieux que "Descension"... Kraut-Rock vs. Black Metal dérangé... le tout avec des insertions zeuhl, no wave et industrielles... C'est pas n'importe quoi, ce truc. C'est lourd, c'est mécanique, c'est brumeux, c'est psychédélique, ça bouillonne constamment avant d'éclater sans crier gare, ça vous en jette plein la gueule (on reçoit des boulons sataniques en plein front) et pourtant, on en redemande. Trio français mystérieux, Aluk Todolo nous pond ici un premier album aussi obtus qu'excellent. On a affaire à de la très grande musique absurde et fucked-up, rendant hommage aux différents courants mentionnés ci-hauts, mais pavant aussi son chemin de haine vers quelque chose de résolument nouveau... quelque chose de maladif, de cauchemardesque, d'inqualifiable, d'innommable... De longues pièces en forme de lames de rasoir, des rythmiques lourdes, froides et hypnotiques, du fuzz en-veux-tu-en-v'là-t'en-veux-pas-MEURS, du noise gras et méchant, de la schizophrénie musicale non traité, de l'ambiant maladif anti-repos qui aurait très bien pu servir de fond sonore aux secteurs les plus inhospitaliers d'un asile de fous furieux, des montées hyper-répétitives et orgiaques vers quelque chose de toujours plus nébuleux, des notes de clavier aléatoires et pourtant foncièrement logiques, un marais urbain en phase terminale ; couvert à perpétuité par un smog millénaire et inhumain... Can, Magma, This Heat, Blut Aus Nord et Mayhem passés au malaxeur (pour notre plus grand bonheur !). Le but : faire une boisson impie qu'on offrira à l'Antechrist quand il viendra faire son p'tit tour... Impossible d'en dire plus. Il faut écouter, souffrir, aimer souffrir et écouter encore.

14. Deerhunter - Cryptograms / Fluorescent Grey EP
En regardant attentivement les nombreuses photos disponibles du chanteur de Deerhunter, surnommé "l'horrible monstre squelettique en robe de mariée" par votre chroniqueur adoré, on croirait avoir sous les yeux une créature infâme tout droit sorti de l'esprit passablement dérangé d'Harmony Korine, réalisateur du génial et plus que tordu "Gummo"... Et il y a effectivement quelque chose de dérangé dans la musique que produisent ces mecs et cette... chose. Un genre de Post-Punk psychédélique bruitatif entrecoupé de passages ambiant sombres/oniriques et de morceaux à la sauce kraut-rock ; le tout doté d'un enrobage pop-shoegaze-bonbon à la fois accessible et délicieux. Pour user de l'art obscur de la métaphore (chose que je fais bien rarement), c'est comme si ce vieux pervers de Larry Clark avait réalisé un épisode de "Barney & Friends" dans lequel le gros dinosaure mauve s'était paré d'une guitare électrique (feedbacks en prime) afin de nous faire sa version bien personnelle de My Bloody Valentine. Dans les paroles, il y a ce petit côté enfantin/pré-ado (ce bon vieux "teen-angst") qui me tape normalement sur les nerfs mais qui est ici tellement authentique qu'on y prend goût... et de toute façon, à voir la binette affreuse et le choix vestimentaire de Bradford Cox (chanteur/parolier), on s'imagine assez facilement qu'il a eu une jeunesse aussi intéressante que trouble. Le groupe a produit un album et un EP en 2007. Impossible de dire lequel je préfère. "Cryptograms" est un long voyage sonore qui part dans tous les sens en même temps. Le genre d'album-trip génial qu'on fout dans le lecteur quand on veut voir notre esprit flotter loin loin loin à travers diverses nébuleuses et trous noirs. Ce disque est un amalgame réussi et très personnel de My Bloody Valentine, Slowdive, Joy Divison, Brian Eno, Velvet Underground, Can, The Cure, Liars et j'en passe... Bref, que des bonnes choses ! "Fluorescent Grey" est quant à lui beaucoup plus mélodique et structuré. Il ne contient que 4 pièces, toutes plus excellentes les unes que les autres. Il y règne la même ambiance hallucinogène que sur "Cryptograms" mais on a vraiment affaire à un mini-disque de pop diablement efficace. Donc, la morale de cette histoire : il vous faut les deux ! Space out... (P.S. : Osti que Bradford Cox est laid)
15. Brazil 70 : After Tropicalia - New Directions in Brazilian Music in the 1970s
Rare qu'une compil fasse partie intégrante de mon Top... Et pourtant, j'ai failli mettre ce disque encore plus haut dans mon palmarès. Cette superbe compilation (brought to you by the fine folks at Soul Jazz Records) contient 19 petits chef d'oeuvres qui proviennent directement de la période post-tropicaliste du Brésil des années 70. Pour les incultes, "Tropicalia" était un mouvement artistique (surtout musical) de contre-culture qui survint en 1967 au Brésil. Les "tropicalistes" étaient en révolte contre la dictature militaire, le nationalisme et la musique brésilienne populaire de l'époque (jugée trop "centrée sur elle-même"). Les artistes tropicalistes (dont Os Mutantes, Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa et Tom Zé, pour ne nommer que ceux-là) ont pris la bossa nova typiquement brésilienne comme point d'encrage et l'ont fusionné à une multitude de styles musicaux et d'influences "extérieures", comme la pop psychédélique des Beatles, le reggae, l'avant-garde, le prog, etc... le but étant de créer une musique à la fois universelle et bien de chez eux. Mais je m'égare... Cette compilation, qui fait suite à une autre compil intitulée proprement "Tropicalia", retrace les aventures sonores de ces musiciens après la mort de leur mouvement (interdit par le gouvernement). Et ya que du bon, ici. Des hymnes pop aux refrains super accrocheurs, des pépites reggae-alien, du funk sale et débridé, du hippie-folk style "Incredible String Band version sud-américaine", du semi-glam de Sao Paulo, d'la Bossa-Prog... En fait, on nous offre ici tout le vaste spectre des musiques typiques des années 70, mais servi à la sauce brésilienne. Génial, essentiel et addictif.
16. Moonsorrow - V : Hävitetty
Quand on parle d'album épique, on peut difficilement faire mieux que ce 5ème album des mecs de Moonsorrow. L'œuvre comprend seulement 2 pièces, l'une durant 30 minutes et l'autre 26. Dur pari que de retenir l'attention de l'auditeur aussi longtemps. Heureusement, le groupe réussit le tout haut la main en nous servant deux morceaux d'anthologie bourrés de passages mémorables et puissants. Le format longue-durée convient parfaitement aux Finlandais, leur permettant ainsi de prendre le temps de tisser des ambiances riches / immersives de même qu'une musique plus sombre et personnelle. Moonsorrow œuvre dans le "Métal Païen", style qui va chercher ses structures autant du côté du Black que du Heavy Metal, le tout pimenté par de judicieuses insertions folk-scandinaves. On note entre autres la présence d'un chant clair, d'une guimbarde et même d'un accordéon, instrument peu usuel chez les "Métalleux" typiques ! Leur musique est à la fois belle et rageuse, mélodique à souhait et imprégnée de mélancolie nordique. "Born of Ice / Stream of Shadows" s'ouvre sur un passage ambiant génial : crépitements forestiers, guitare nostalgique, claviers ténébreux laissant présager la tempête musicale qui surviendra... le tout se mute rapidement en une très longue montée en puissance qui occupe le premier quart du morceau. Le deuxième quart, c'est l'éclatement tant attendu. Incroyablement épique, ce passage bourré de riffs savoureux me donne la chair de poule à chaque écoute. On retombe ensuite dans le calme d'une courte transition folk absolument magnifique, histoire de respirer un peu et de se remettre de nos émotions. Et puis on retombe dans la tempête avec un dernier quart sublime de maîtrise et de perfection. C'est l'apothéose ou plutôt le dénouement jouissif de ce périple musical incroyable qu'on vient de vivre. Les thèmes principaux sont revisités en une splendide alternance lumière / ténèbres carrément jouissive. Et dire que 30 minutes sont passées... Il n'y a pas UN passage ennuyant dans ce titre, pas UNE seconde de trop. Et c'est pas fini : Le 2ème titre est pratiquement aussi bandant !!! Un disque qui donne franchement le goût de s'engouffrer dans une forêt d'hiver, armé de quelques bonnes bières, et de déguster le tout à la faveur d'un ciel enneigé. À quand l'album d'une heure avec un seul titre ?
17. Feist - The Reminder
Dans le style "musique de blonde" (appellation créée par votre cher chroniqueur... attention : "blonde" dans le sens de "copine"), on ne fait pas mieux que Feist. C'est le genre d'album que vous achetez à votre tendre moitié et que vous écoutez encore plus souvent qu'elle. LE disque que vous mettez quand vous ne vous entendez pas sur la musique à mettre. LE disque de fille que vous pouvez écouter tout de même assez virilement en public (les Spice Girls, c'est en secret). Cette jolie Canadienne fait de la pop minimaliste et pourtant hyper-variée. Chaque pièce est un petit monde bien particulier ; que ce soit la jazzy "So Sorry", la pétillante et indie-pop "I Feel It All" (ma préférée), "Sealion" (reprise de Nina Simone) et son côté gospel-bonbon, "The Park" aux tendances lo-fi ou bien la country-pop "Past & Present". Et la magie de Feist réside dans sa voix faussement chevrotante, à mi-chemin entre Cat Power et Fiona Apple. Un album anti-prise-de-tête qu'il fait bon d'écouter lorsqu'on a fait un trop-plein de black métal suicidaire et/ou de Merzbow.
18. Lunar Aurora - Andacht
Pour moi, 2007 fut une grande année de découverte en matière de Black Metal obscur et génial. "Andacht", 8ème album des Allemands de Lunar Aurora fut pour moi une de ces découvertes absolument renversantes. Je ne connaissais pas du tout les précédentes productions du groupe (chose qui est maintenant rectifiée) ; ce qui rendit l'expérience de l'abordage sonore encore plus magique et singulière. Avec le recul, je puis dire que "Andacht" est l'album le plus génial de leur discographie mais aussi le plus à part. C'est un ovni cauchemardesque que les mecs de Lunar Aurora ont pondu avec cet album qui fait office d'épitaphe à leur riche et mystérieuse carrière (les membres ont décidé de dissoudre le groupe). On a affaire à du Black mélodique / symphonique extrêmement bien foutu et à de longues compositions poignantes saupoudrées d'une tonne de détails inventifs... Mais en prime, il y a cette ambiance complètement dérangée tout droit sortie des récits les plus horripilants de Lovecraft. Une atmosphère spectrale totalement immersive ; à la fois glaciale, haineuse, inquiétante et morbide. L'album regorge de ces passages ambiant où des claviers foutrement creepy s'entremêlent à d'étranges voix de moines et à des disgressions sonores diverses (vent dans les feuilles, crépitements de vieille chaise berçante, discrètes notes de piano fantôme, cris de jeune fille découpée en morceaux... vous voyez le genre). Une réussite à tous les niveaux.
19. Marissa Nadler - Songs III: Bird on the Water
Est ce qu'il existe un son plus mélancolique que celui de la voix de Marissa Nadler ? Cette voix tellement magnifique et désarmante, dépouillée au possible, ombrageuse et fantomatique, qui plane par dessus cette folk acide crêve-coeur semble appartenir à une autre époque... Marissa Nadler est peut-être la réincarnation d'une barde inconnue (mais géniale et avant-gardiste) de l'Angleterre moyenâgeux... Cette voix rappelle celles de Joni Mitchell et de Vashti Bunyan mais sans ce côté "enfantin et angélique" souvent caractéristique de la singer-songwriter typique. On a affaire ici à de la folk gothique rappelant plutôt l'univers singulier de Comus, groupe-culte de la fin des années 60. La poésie existentielle et morbide de Nadler va puiser ses influences autant chez Edgar Allan Poe que Leonard Cohen (dont elle reprend d'ailleurs le magistral "Famous Blue Raincoat" de très belle façon). Elle parle ici de la fragilité de l'être humain, de la douleur psychologique sous toutes ses formes (comme celle de la perte d'un être cher sur "Diamond Heart"), de solitude, du désir de vivre versus la pulsion de mort... le tout illustré sous forme de métaphores folkloriques, de comptines d'outre-tombe et de ballades spectrales qu'elle récite en s'accompagnant de sa douze cordes au son cristallin. Claviers analogues, violoncelle, mandoline et guitare forment la tapisserie sonore discrète de ce disque tout en nuances. La présence de Greg Weeks (du groupe "Espers") à la guitare électrique et à la prod vient rajouter à l'album une touche de psychédélisme austère qui ne fait que renforcer les compositions d'un album sans faille et injustement méconnu. À noter que "Rachel" est une des meilleures chansons de tous les temps. Ça sent les feuilles mortes.
20. Robert Wyatt - Comicopera
Robert Wyatt est vraiment un mec à part... En le voyant en photo, on ne voit qu'un vieillard en chaise roulante à la mine un brin tristounette... C'est que Wyatt, après son remarquable passage en tant que chanteur / batteur dans Soft Machine (entité iconique de la scène expérimentale/prog/psyché anglaise de la fin des années 60), a fait une chute de 4 étages quasi-fatale au début des années 70... L'accident le laissa paralysé des deux jambes. Cet événement aurait détruit les aspirations artistiques du plus fervent des musiciens mais pour Wyatt, ce fut une source d'inspiration et de révélations. Ce fut un peu la même chose pour son collègue et ami Brian Eno (présent sur la plupart de ses albums) qui, à la suite d'un comas, s'inspira de son expérience entre vie et mort pour créer la musique ambiante. Aller de l'avant... S'inspirer de nos tragédies personnelles pour créer une musique tout aussi personnelle, à la fois rêveuse, bucolique, lumineuse, scintillante, mélancolique (mais jamais dépressive) et pleine d'espoir. En plus d'être un musicien fabuleux doublé d'un poète extrêmement habile, Wyatt possède ce talent unique qui est de faire du beau avec du laid, de trouver le positif dans le négatif, de sourire et pleurer en même temps... puis d'extérioriser tout ça en la forme de ces quelques disques étranges et expérimentaux dont il est l'auteur. "Comicopera" (pour y arriver enfin) est le dernier de ceux-là et recèle lui aussi de ces personnages fantastiques et bizarroïdes qu'on imagine dessinés par le mythique Fred (Philémon), de ces ambiances aussi cotonneuses que dérangées, de cette musique post-dada tout à fait unique, à la croisée des chemins de prog, du jazz, de l'ambiant, de l'avant-garde et de la chanson d'auteur (tout bonnement). On écoute cet album comme on lit un livre passionnant. On pleure, on rit, on rêve et quand arrive à la fin, on est à la fois satisfait et triste de devoir quitter ce monde si particulier et authentique... Ce vieillard a plus d'un tour dans son sac.

Peut-être le meilleur truc que Damon Albarn ait jamais enregistré (avec "Think Tank" évidemment). Après avoir oeuvré avec succès dans l'art du brit-pop raffiné (Blur) et du hip-hop infusé aux influences diverses (Gorillaz), Albarn nous revient avec un nouveau "supergroupe". S'entourant cette fois de Paul Simonon (le bassiste des légendaires Clash), Tony Allen (batteur dans le groupe du papa de l'afro-beat moderne ; Fela Kuti) et Simon Tong (guitariste de The Verve), Albarn nous sert un album concept sur le mode de vie à l'anglaise et sur les péripéties d'un quartier londonien bien spécifique. Tout cela est plus ou moins intéressant pour le Trifluvien que je suis mais fort heureusement, la musique est absolument géniale. Dès les premières secondes de "History Song" (et son intro acoustique renversante), la mélancolie nous frappe en plein tympan et on est entraîné malgré nous à travers un voyage sonore des plus émotif. À travers leurs superbes ballades beatlesques éthérées et leurs chansons tristounettes aux sonorités vieillotes, les membres du groupe ne délaissent jamais cette atmosphère si particulière de "beauté tragique" entretenue par les sons d'une guitare éplorée, d'un clavier planant ou d'un sample bien dosé (Danger Mouse est à la prod). Un album de pop atmosphérique des plus réussis.
22. A Black Metal Quintet
Lifelover - Erotik
Make a Change... Kill Yourself - II
Striborg - Ghostwoodlands
Walknut - Graveforests And Their Shadows

Lifelover... Et si Joy Division avait été un groupe de Black ? Bienvenue dans une ville froide, malsaine, inhumaine. Du Black Metal en costard, qui se savoure avec un martini.
Forgotten Woods... Première promenade en 10 ans dans les sentiers de ces bois oubliés. Un Black Metal ensorcelant, dérangeant, punky, sophistiqué et truffé d'immondices savoureuses.
Make a Change... Des riffs glacés qui tournent en boucle, inlassablement... Des notes de piano qui pleurent par ci par là... Un Black Metal minimaliste, atmosphérique à foison, hypnotique, ensorcelé et ensorcelant.
Striborg... Apparition spectrale qui luit grotesquement dans les profondeurs d'une forêt sans fin.
Walknut... Un album de Black atmosphérique dense, rageur, dynamique et passionnant.
23. Deerhoof - Friend Opportunity

And now, for something completely different... Encore un groupe complètement démentiel et génial qui existe depuis un bon bout de temps et que je ne connaissais pas. Honte à moi. J'ai découvert ce trio avec ce dernier album chef d'oeuvriesque, certainement ma plus belle découverte musicale du premier quart de la dernière année. Comment définir cette ambiance sonore ? C'est joyeux, en tout cas. Mais c'est genre, violemment joyeux. Voir le genre de joie à la limite de la folie qui vous fait un peu peur au premier abord. Mais on s'habitue et rapidement, on tombe dans les délices infinis de ce "Friend Opportunity". Musicalement, c'est du pop, sans équivoque. Mais du pop de tarés ! Sur-vitaminé au progressif, à l'avant-garde, au post-punk, à l'electro cheesy, à la musique pour enfants, au dadaïsme et j'en passe !!! Et en parfaite adéquation avec ce délire sonique qui tient pourtant la route, il y a la voix de la chanteuse / bassiste Satomi Matsuzaki. Superbe voix de petite fille qui récite des genres de poèmes naïfs remplis de bonheur, de tristesse et d'onomatopées ! Chaque pièce sur ce disque a sa propre ambiance bien particulière. Parodie de Rock 60s avec trompettes en prime, berceuses surréalistes et néo-kitsch, noise-rock style Sonic Youth surplombé de claviers enfantins, show de marionnettes dans le cosmos, hip-hop / grime réinventé par la bande de Sesame Street, ballades aussi sucrées que déstructurées et délire guitaristique digne du grand Fred Frith (la dernière pièce). "Friend Opportunity" est un album incroyablement vivant et unique dont on ne peut absolument pas se lasser. Deux sucres dans ton café ? Non merci, je préfère un album de Deerhoof !
24. Arcade Fire - Neon Bible

John Kennedy Toole serait probablement fier de ce "Neon Bible" digne de ses illustres écrits. Ce deuxième album est grand, sombre, puissant, sublime... une sorte de cathédrale sonore (l’orgue y est aussi pour quelque chose) dont l’écoute s’approche énormément de l’expérience religieuse. Un album moins immédiat que "Funeral" mais tout aussi riche.
25. The Veils - Nux Vomica

À l'écoute de ce disque de pop orgiaque, profond, décharné et diablement efficace, on se dit que Barry Andrews (chanteur et parolier) est peut-être la réincarnation de Nick Cave (bien que le grand Nick soit encore avec nous). "Nux Vomica", c'est la version ensoleillé des Bad Seeds (croisé à un peu de Pulp, donc forcément c'est bon).
26. Shining - V - Halmstad

Oublions un peu le coup de publicité douteux (le supposé "suicide" de Niklas Kvarforth) et concentrons nous plutôt sur ce cinquième album qui marque une évolution nette dans le Black Metal dérangeant de l'entité "Shining"... Ici, le malaise et l'angoisse des œuvres précédentes se mute en une véritable crise de démence accompagnée de vomissures schizophréniques. Le mal avance sournoisement dans les ténèbres et fait des progrès dans le cerveau déjà atteint de Kvarforth, qui éructe des missives psychotiques de sa voix d’aliéné (sur un black n’ roll tonitrué de passages atmosphériques au piano ou à la guitare acoustique). L’album le plus brut des Suédois.
27. Interpol - Our Love to Admire

Contrairement à la majorité des critiques, je trouve ce troisième album sacrément fabuleux. Plus posé, plus sombre, plus lent, plus beau, plus triste et plus personnel. Plus tout, quoi. Cette ambiance éminemment désertique (on imagine facilement les bottes de foin voler au vent), les magnifiques montées de guitare qui nous poignardent directement au coeur, la voix monochrome si emblématique du son "Interpol", ce "Pioneer to the Falls" jouissif (ma chanson pop de l'année)... Non, franchement, "Our Love to Admire" est un des grands crus de l'année.
28. Om - Pilgrimage
Ça vous dit d'entendre "Set the Controls for the Heart of the Sun" joué par Black Sabbath ? Le dernier Om est pour vous, les mecs.
29. Vic Chesnutt - North Star Deserter
Le troubadour misanthrope s'entoure des meilleurs musiciens de Montréal (GYBE! / Silver Mount Zion) pour livrer un album aussi beau que tragique, entre folk désenchantée et post-rock orageux. Une rencontre épique entre deux désespoirs qui donne naissance à une musique en état de grâce.
30. Phosphorescent - Pride
Un disque de folk solitaire absolument magnifique, émouvant, sincère jusqu'à la moelle, tout en échos langoureux, tissés par cette voix lancinante, plaintive et pourtant si belle.
31. Spoon - Ga Ga Ga Ga Ga
32. Darkestrah - Epos
33. Supersilent - 8
34. Amon Tobin - Foley Room
35. Boris & Michio Kurihara - Rainbow
36. Dungen - Tio Bitar
37. Witchcraft - The Alchemist
38. Dälek - Abandoned Language
39. Portal - Outre’
40. A Place to Bury Strangers - A Place to Bury Strangers
41. Tinariwen - Aman Iman / Antibalas - Security
42. Meg Baird - Dear Companion
43. Caribou - Andorra
44. Pantha du Prince - This Bliss / V/A - Pop Ambient 2007
45. Trist - Hin-Fort
46. Blonde Redhead - 23
47. Devendra Banhart - Smokey Rolls Down Thunder Canyon
48. V/A - Thai Pop Spectacular: 1960s-1980s
49. Kroda - Fimbulvinter
50. Acid Mothers Temple - Crystal Rainbow Pyramid Under the Stars
Top Rééditions
Luciano Cilio - Dell'Universo Assente
Current 93 - La trilogie "Inmost Light"
Os Mutantes - I/II
Joy Division - Unkown Pleasures & Closer
Paysage d'Hiver - Die Festung, Schattengang & Paysage d'Hiver
Darkspace - I & II
Neil Young - Live at Massey Hall 1971
Eroc - I
Harmonia - Musik von Harmonia & Deluxe
René Lussier - Le Trésor de la Langue
Péloquin Sauvageau - "Laissez-nous vous embrasser où vous avez mal"
Alejandro Jodorowsky - El Topo & Holy Mountain Soundtracks
Bobb Trimble - Iron Curtain Innocence / Harvest of Dreams
Top Shows
1. Devendra Banhart (le National)
2. Arcade Fire (Ukrainian Foundation)
3. Don Giovanni de Mozart (Opéra de Montréal)
4. Animal Collective (le National)
Top Chansons de l'année
Interpol - Pioneer to the Falls
Phosphorescent - Wolves
Joanna Newsom - Colleen
PJ Harvey - Dear Darkness
Radiohead - Nude + All I Need + Videotape
Arcade Fire - No Cars Go + My Body Is A Cage
Spoon - The Ghost of You Lingers
Feist - 1 2 3 4 + I Feel It All
Battles - Atlas
Justice - Phantom
Marissa Nadler - Rachel
The Good, The Bad & The Queen - Kingdom of Doom
Caribou - Melody Day
The Field - Over The Ice
Animal Collective - Peacebone + Fireworks
Beirut - Elephant Gun
M.I.A. - Paper Planes + Jimmy
Grizzly Bear - Little Brother (Electric)
The Shins - Phantom Limb
Digitalism - Pogo
The Veils - Jesus for the Jugular
Menomena - The Pelican
Yeasayer - 2080
Deerhoof - The Perfect Me
Burial - Archangel
Grinderman - No Pussy Blues
Blonde Redhead - 23
Liars - Plaster Casts of Everything
Pochette de l'année
Angels of Light - We Are Him
(Hommage au grand Louis Wain !)
+ Menomena - Friend & Foe
Obsessions musicales de l'année
-Le Techno Minimal
-Le Black Metal dépressif / suicidaire
-Le Folk
-la trame sonore du film "Donnie Darko"
-William Basinski et ses bandes en loop de la mort qui tue (magnifiquement)
Déceptions de l'année
NO-THING ! À part ne pas être allé au FIMAV pour voir Keiji Haino + Merzbow :(