Parce qu'il faut que notre patrimoine culturel perdure, je reproduis sur Internet ce que d'autre ont fait avant moi par écrit dans des ouvrages maintenant introuvable. Retracer l'histoire d'un village, d'un canton n'est pas chose aisée. Il faut beaucoup de patience de courage et une passion sans limite pour remettre à jour des événements du passé qu peu de gens connaissent.
Peu de nos concitoyens, hormis quelques ferrus d'histoire et d'ésotèrisme, s'arrèteront sur ces quelques lignes. Cet intérêt pour Gaillon, petite bourgade de Normandie dans le département de l'Eure, doit être inscrit dans les gènes car de ce que l'on m'a raconté sur mon grand-père maternel, l'ayant peu connu, j'en ai conclu que cet aïeul était d'une érudition extrême, connaissant "sur le bout des doigts" son histoire locale.
Il faut, sans conteste, tirer un remarquable coup de chapeau à des hommes comme Mr Roland Roche, Mr Alphonse Georges Poulain et Mr Germain Vilain qui, à leur époque et en toute humilité, ont su mettre à la porter du lecteur leur Savoir. Ces quelques pages sur une ville que j'affectionne particulièrement leurs sont dédiées.
Histoire
Pour Gaillon, première commune du canton qui a un assé glorieux surtout par son château, nous ne pouvons que nous incliner devant les laborieuses recherches faites par M. Roland Roche (Gaillon à travers les âges) qui donnent un récit plus complet.
Gaillon est bâti à 59 m d'altitude du niveau de la mer. A la guerre de 1870 la population se composait de 3 217 habitants.
Le nom de Gaillon provient d'une petite forteresse qui fut bâtie par les Romains sur le flanc de la colline dominant la vallée (éperon barré) pour contenir les futures attaques; ils la nommèrent Castiliorum, Castilio, et par la suite Gaillon.
A cette époque toute cette partie de la Gaule Celtique était occupé par les Aulerques (Aulerci Eburovices) et par Les Velocasses.
Au temps mérovingien, c'est-à-dire au Ve et VIe siècle de notre ère, quand cette partie du territoire était l'ancienne Neustrie, Gaillon, Aubevoye et Saint-Aubin formaient une unique paroisse sous l'invocation de Saint-Aubin et se groupèrent sur la colline voisine du château.
Les Normands, avec à leur tête le Chef Viking Rollon qui venait d'être chassé, des Etats que possédaient son père, par un roi Danois, émigrèrent et abordèrent les côtes de la Neustrie en 876, ravageant tout sur leur passage. Plus tard, vers le Xe siècle, la fortersse de Gaillon devint le chef-lieu d'une chatellerie qui fut annexée au comté d'Evreux avec les mêmes seigneurs.
En 1025 Gaillon est cité pour la première fois sur une charte de Richard 11 en faveur de Saint-Ouen.
En 1082, à l'occasion de la prise d'habit religieux par Albérade, sa fille, il donna au couvent de Caen une terre à Gaillon.
En 1174, Hubert de Gaillon, intendant des vignes de la vallée de la Seine à Aubevoye, et Aubert de Gaillon furent témoins de différentes chartes en faveur des abbayes du Bec et de la Noë. 1.'année suivante l'abbaye des Noë reçut de Simon, comte d'Evreux, trois muids de vin à prendre sur les vignes de Gaillon.
Philippe-Auguste profitant de la captivité de Richard- Coeur-de-Lion que l'empereur d'Allemagne retenait prisonnier, se jeta sur la Normandie et s'empara du château de Gaillon où commandait Geoffroy de Barquet, et dont il confia la garde au fameux routier I.ambert Cadoc qui était à sa solde et qui lui avait rendu de grands services. Richard, rendu à la liberté, accourut en Normandie pour reprendre les places dont le roi de France s'était emparé. Après des chances diverses, une trève fut conclue au Vaudreuil au mois de juillet 1194 et adjugea Gaillon à la France. Malgré cette cession qui fut confirmée en janvier 1196 dans un traité fait à Louviers, Richard-Coeur-de-Lion vint mettre le siège devant le château de Gaillon. Tandis qu'il examinait les abords du château, Cadoc le blessa d'une flèche tirée du haut de la forteresse qui l'atteignit à l'épaule et le força à se retrancher pendant un mois.
Pendant le siège du château-Gaillard, aux Andelys, au mois d'août 1203, Philippe-Auguste vint quelques fois à Gaillon surveiller les opérations militaires. Pour récompenser Cadoc de ses services il lui donna la chatellerie de Gaillon, puis en 1217, lui ajouta le fief de Tosny dont il avait déjà la jouissance pendant toute sa vie avec la terre de Jean-de l'Isle dans la région du Vaudreuil et Sainte-Anastasie dans le bailli d'Evreux; par cet acte, le roi donna le domaine entier de la chatellerie de Gaillon. En 1220, Cadoc paraït être tombé dans la disgrâce du roi auquel il devait des sommes considérables pour lesquelles il fut obligé de fournir des cautions ; la dette, énorme, était de l4 200 livres. Ne pouvant payer, i1 fut mis en prison où il resta jusqu'en 1227 lorsqu'il promit au roi tout ce qu'il avait reçu, y compris la chatellerie de Gaillon. A partir de cette époque il n'est plus fait mention de Cadoc.
En 1262, le roi Saint-Louis céda à Eude-Rigaud, archevêque de Rouen, le château et le bourg de Gaillon la tour et le village de Noë avec le droit de présenter aux prébendes, en échange du vivier et des moulins que les archevêques possédaient à Rouen et la somme de 4000 livres yue le prélat paya au roi à Nevers au mois de juillet 1262. L'échange fut écrit en double et il est dit yue Saint-Aubin était l'église mère de Gaillon et Aubevoye.
En 1264, Eude-Rigaud vint souvent à Gaillon où il reçut le roi Saint-Louis et en 1268 le cardinal-évêque d'Albane, légat du Saint-Siège. Le 30 novembre 1269, Eude-Rïgaud visita pour la dernière fois le château de Gaillon avant son départ pour la croisade. De 1263 à 1269, il a séjourné 130 jours à Gaillon. Philippe d'Alençon, archevêque de Rouen occupa son manoir de Gaillon du mois d'avril au mois de mai 1368. En l381, le roi Charles VI octroya à l'archevêque Guillaume de l'Estrange certains droits yue les vendanges de Gaillon pour l'approvisionnement de son château et ordonna que les hommes de la chatellerie ne vendraient leurs vins qu'autant que l'archevêque aurait sa provision.
Gaillon, vers 1369, est cité comme "ville close" avec ses vingt-six feux, alors que Vernon, " ville fermée ", en comptait deux cent cinquante.
Au mois de mars 1388, Guillaume de l'Estrange étant mort en son château de Gaillon, son corps fut transporté en bateau à Rouen par la Seine.
En 1404, on fit venir une statue de Saint-Michel que l'on placa au-dessus de la porte du château. En l423, le duc de Bedford, régent du royaume de France pour le roi d'Angleterre demanda des secours aux Etats pour prendre Gaillon ; la garnison anglaise de Pont-de-l'Arche fut employée au siège de cette ville : le 7 mai 1424 ordre fut donné au capitaine anglais du Château-Gaillard des Andelys d'envoyer huit hommes d'armes et dix-huit archers pour concourir au siège de Gaillon où ils restèrent pendant deux mois ; le duc de Bedford fit assiéger le château qui était à l'archevêque de Rouen et qui était tenu par les gens du roi Charles ; le château fut tant battu par les machines des assiégeants qu'à la fin les assiégés se rendirent et la forteresse démantelée.
En l424, Jean Chevrot, vicaire général archidiacre de Besançon au nom de Jean de la Rochetaillée archevêque de Rouen, obtint du roi d'Angleterre à la suite de nombreuses démarches que le castel de Gaillon demeurât sans être abattu.
En I433, Gaillon, était dans l'état le plus triste ; les terres étaient en friche et une partie des maisons en ruine ; pendant 1es années 1438-1439 les habitants n'ayant ni de quoi vivre ni les moyens de labourer les terres quittèrent le pays et d'autres moururent de faim ; cet état de choses se prolongea pendant toute l'occupation anglaise.
Il y avait une porte à l'endroit actuel de la rue Pierre Brossolette, appelée autrefois rue du Moulin. Les fortifi cations, qui ont été démolies en 1434 ou 1436 par ordre du duc de Clarence, formaient l'enceinte avancée du château. Il ne reste rien de ces ouvrages militaires qu'une dépression de terrain aperçue à la sortie de la ville, à droite, en suivant le chemin de Gaillon à Saint-Julien-de-la-Liègue, marquant le tracé d'anciens fossés. Ce coin a pour nom Le Chef de la Ville.
En 1445, le bailli de Gisors étant venu à Gaillon, un dîner
lui fut offert ainsi qu'à sa suite.
Lorsque les anglais eurent été chassés de France et que la
paix commença à faire sentir ses bienfaits, Guillaume d'Estou-
teville pensa à réédifier le château , nottement la chapelle dédiée à St Georges, et résolut d'en faire une
résidence magnifique; ce fut lui qui en jeta 1es premiers
fondements en I454, et c'est au cardinal D'amboise que revient
la construction de l'ensemble du château.
En I498, les archevêques entretenaient une volière très
importante et les comptes constatent ce qui suit : quatre
boisseaux de froment pour les petits pigeons du colombier et
pour ceux que le fauconnier nourissait pour ses oiseaux, sept
paires d'oiseaux dans la mue du chastel nourris de poules, de
gigots de moutons, soignés dans leurs maladies par un
fauconnier yu'on fit venir de Marcoussi.
Dans les années suivantes figurent : soins donnés aux
hérons, aux perdrix, aux faisans, aux poules dindes, aux
outardes, aux cerfs, aux chevreuils, aux chiens. II y avait au
château 12 lévriers, 15 petits chiens courants et 11 épagneuls.
En 1501, Georges d'Amboise, archevêque de Rouen, rendit
un aveu ainsi conçu :
Du roi, notre sir tient et avoue tenir le château et la ville de
Gaillon, la tour et ville des Noë avec toutes les appartenances,
cours, usages de haute et basse justice et avec ce les dits
archevëques ont droit aux prébendes du dit Gaillon et sont
en la dite chatellerie, terre et seigneurie de Gaillon et des Noë,
terre labourable, moissons de vin, prés, bois, rente en revenus
et deniers en froments, blé, orge et avoine, noix, oiseaux,
oeufs, chapons, gelines, oies, pains, gerbes, prévôté, coutumes
de maille et de deniers, rentes, reliefs, treizième, four à baon,
moulins à baon, moute sèche, étoublage, service de vavasseur,
corvée de charrue, service de charrette, tassage en la grange,
ban de vin, pannage en la forêt de Saint-Aubin et autres, aide
de fief, allage, pêcherie en la paroisse de Notre-Dame de la
Garenne en la rivière de Seine.
Le fief de Tournebut en basse justice sur la paroisse
d'Aubevoye que tient à présent Louis de Pillois, le fief Cadoc
que tient Thibaud-Berthe, le fief des fourneaux que tient
Pierre de Saint-Paul, le fief des Rotoires, le quart de fief de
Montmartin que tient Jehan de Nëel.
Le château de Gaillon, véritable chef-d'oeuvre du style ogival uni à celui de la Renaissance et dont les premiers architectes étaient Jean Joconde Androuet du Cerceau et Jean Juste de Tour, fut continué par le cardinal Charles de Bourbon, achevé par Colbert, archevêque de Rouen.
Henri IV vint à Gaillon en 1591 et y revint en 1596.
Le 27 septembre 1605, le cardinal de Bourbon, deuxième du
nom, écrivit à son chapitre qu'il avait résigné son archevêché
au cardinal de Joyeuse ; sa lettre est datée de votre maison de
Gaillon; le 8 octobre suivant, le cardinal de Joyeuse arriva à
Gaillon où le chapitre de Rouen s'empressa de lui présenter
ses hommages.
Le 6 janvier 1616, François de Harlay, nouvel archevêque
de Rouen, partit de Gaillon pour aller prendre possession de
son siège. I1 revint bientôt à son palais qu'il ne cessa d'habiter.
En 1663, Monseigneur de Harley donna au chapitre de
Rouen la bibliothèque de Gaillon qu'il avait créée et qui
renfermait 13 000 volumes ; le chapitre envoya quatre chanoines
pour l'inventorier ; l'archevêque était absent mais le capitaine
les reçut honorablement.
Le 20 janvier 1650, l'archevêque avait reçu au château Louis
XIV avec sa mère Anne d'Autriche et le cardinal Mazarin, venu
de Rouen pour pacifier la Normandie soulevée par la duchesse
de Longueville.
En 1671, Monseigneur de Harley, nommé archevêque de
Paris, est remplacé par Monseigneur de Médavy, ensuite par
Colbert et Arnaud Bazin de Bezons qui mourut à Gaillon ainsi
que son successeur Louis de la Vergne de Tressan, le 18 avril
1733.
En l'année 1737, Monseigneur de La Rochefoucault, évêque
d'Evreux, réunit le chapitre Saint-Antoine de Gaillon au
séminaire d'Evreux. C'est à la suite d'un différent entre lé
chapitre et les prêtres du séminaire d'Evreux que l'évêque prit
lâ décision de réserver les droits au chapitre, mais enlevait tous
ses dons, rente, revenus, lesquels devenaient propriété du
séminaire.
La chantrerie fut vendue en 1739 à M. Bisson qui devint
l'Auberge de l'Ecu de France. Cet immeuble est situé juste en
face de l'entrée de l'église de Gaillon appelée communément
cours Bourdon.
Au mois de juillet 1786, Louis XVI remit à l'archevêque de
La Roche-Foucaud au moment de son départ de Gaillon 2000
livres destinées aux hôpitaux de Rouen.
Le château devenu propriété nationale lors de la Révolution fut vendu à divers et en partie démantelé. En 1812, on y établit une maison centrale de détention ; d'immenses travaux ont modifié entièrement l'édifice ; il ne reste que le porche d'entrée, le beffroi de l'horloge, la grande galerie (de beaucoup postérieure) et un genre de souterrain connu sous le nom d'oubliette ; actuellement les Beaux-Arts font d'énormes travaux de restauration.
Pour aller de Paris à Rouen il fallait passer par Le Goulet, Saint-Pierre-la-Garenne, Bailly, Gailloncel, traverser Gaillon et monter à Sainte-Barbe le long du mur du château, chemin très difficile pour les véhicules de l'époque ; c'est juste en 1730 que le roi Louis XV fit construire la grande route (nationale 13 bis actuelle) ; de grands travaux eurent lieu à cette époque et cette grande voie allait donner un nouvel essor au commerce gaillonnais.
En bas de Gaillon, sur la place de la Fontaine actuelle, existait un bassin alimenté par les sources surplombant Gaillon ; ce bassin servait autrefois à abreuver les animaux et une petite fontaine où puisaient les habitants pour leurs besoins personnels fut supprimée pour le passage de cette route, ce qui fut cause de quelques querelles entre les habitants de Gaillon et l'autorité royale ; l'abreuvoir fut reconstruit près du moulin de l'Archevêque.
Dans les temps très reculés, le marché de Gaillon avait lieu le
vendredi ; voilà plus d'un siècle que la date a été avancée au
mardi ; dans ce temps-là ce n'était que les petits producteurs
locaux qui venaient proposer leurs fruits, légumes, oeufs,
crème, beurre, volailles ; en fin de matinée les grossistes
achetaient tout ce qui n'avait pas été vendu aux particuliers à
un prix inférieur ; ce genre de commerce n'existe plus à cause de
l'industrialisation de la région : il faut voir les centres agricoles
comme Gournay-en-Bray et Le Neubourg où ce genre de
marché est toujours en pratique.
I1 y avait aussi un marché aux veaux une fois par semaine. I1
se tenait sous les tilleuls derrière le Monument aux Morts ; il a
cessé à la guerre de 1914 ; les transports devenus plus faciles
les cultivateurs se rendirent à Louviers, Vernon, Les Andelys.
La foire aux gros animaux avait lieu une fois par an, le
Vendredi-Saint ; elle a disparu depuis très longtemps.
Une autre foire-exposition, qui n'a aucun rapport avec la
foire au gros bétail n'a duré que peu de temps ; la dernière eut
lieu en 1958.
Gaillon a, de tout temps, été un centre commercial et
artisanal comportant toutes sortes de métiers en rapport avec
les chevaux : bourreliers, charrons, maréchaux, location de
voitures. Pour se déplacer dans les communes environnantes il
n'y avait que la carriole à cheval qui était le taxi de nos jours.
Un métier très prospère en hiver était la vannerie; tous les
emballages étaient confectionnés en osier, depuis la hotte du
cultivateur vigneron jusqu'au panier pour la cueillette des fruits
et légumes, une très grosse quantité de paniers anglais avec
couvercle, ainsi yue des sièves étaient confectionnés en
prévision de la récolte des cerises à destination de l'Angleterre.
ll n'y eut que peu d'industrie; le plus ancienne était une
tannerie située à gauche en montant la côte du Pénitencier (ou
côte des Brosses) ; elle a fermé ses portes à la fin du XIXe siècle ;
en montant cette même côte, à droite, s'installa une fabrique de
brosses qui a été prospère pendant trois yuarts de siècle; elle a
occupé les bâtiments de la tannerie après la fermeture de celle-
ci; en 1920, une incendie a détruit la maison du directeur, les
bureaux et les magasins d'emballage. Dans les ateliers
mécaniques étaient fabriqués les brosses de choix en crin et en
soie; les balais et les brosses en coco et en chiendent étaient
faits à la main chez les particuliers. Dans toute la région de
Gaillon, de nombreuses petites gens ont été laissés à la suite de
la fermeture de l'usine vers 1935 ; actuellement, dans ce même
atelier, on fabriyue des appareils de radiologie.
Depuis le début de notre siècle jusqu'en 1950 il existait une
entreprise de scierie et charpente à la sortie de Gaillon à gauche
sur la route vers Paris.
La première course de côte sur une distance de 1000 mètres
organisée par le journal "L'Auto" eut lieu sur la côte Sainte-
Barbe à Gaillon. Elle eut un énorme succès ;1es performances
des voitures automobiles de cette époque ne nous paraissent
pas brillantes, mais il faut tenir compte des caractéristiques de
ces voitures, lesyuelles n'avaient qu'un cylindre et des roues en
bois avec des bandages de fer comme les voitures à chevaux ; on
ne connaissait pas encore les bandages en caoutchouc plein et
encore moins les pneumatiques gonflés à l'air; les routes
n'étaient pas goudronnées; elles étaient empierrées, ce qui ne
facilitait pas la vitesse. Le handicap qui a fait supprimer la
course était le départ arrêté ; les coureurs demandaient le
départ lancé, ce yui n'était pas possible à cause de la proximité
de Gaillon et du virage; le départ arrêté occasionnait souvent
des tête-à-yueue yui faisaient perdre du temps ; je me rappelle
qu'une de ces voitures est rentrée dans la foule; il y eut des
blessés pour les premières courses qui eurent lieu avant 1900.
Le départ de chaque voiture était donné au son du clairon et le
coureur avait déjà parcouru quelque distance quand les
chronométreurs postés à l'arrivée en haut de la côte entendaient
1e signal du départ. Un des premiers records connu de cette
période héroïque fut accompli par le coureur Willemin en une
minute seize secondes : c'était en 1899. Un autre coureur du
nom de 'I homas, champion de l'époque, a couvert la même
distance en vingt secondes : là, c'était en I920. Cette course de
côte qui avait une renommée européenne prit fin en 1927. Elle
attirait une foule considérable.
L'église de Gaillon est bâtie au pied du château sur une petite place en bordure de la route de Paris à Rouen, autrefois cette place et une certaine largeur de la route était occupée par le cimetière. A la Révolution, l'église était fermée au culte ; elle servait de maison du peuple ; elle ne fut rendue au culte qu'après la Terreur en 1795. C'est une petite église pour la commune qui s'accroït chaque jour. Elle est placée sous le vocable de Notre-Dame, construite en pierre de taille de grand appareil et constituée surtout par 1a massive tour carrée du clocher et couronnée par un enroulement architectural très à la mode aux XVlle et XV111e siècles. A l'intérieur, dans le choeur, deux statues en terre cuite, le Christ et Saint-Paul provenant du château et attribuées à Jean-Just, milieu du XV1e siècle de chaque côté de l'autel deux statues en bois XV11e de Sainte- Scholastique et Saint-Benoist, l'autel en marbre blanc surmonté du tabernacle et trois angelots de toute beauté du XV111e siècle proviennent de la chartreuse à Aubevoye; au-dessus de l'autel un christ en bois de la mêrne époque; tout ceci fait partie des objets classés.
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