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For those with the romance language on your tongues and in your hearts,
here is a work for you to sink your teeth into.




Un Train, un Parfum

By Emmanuel Fleurence



Elle m’a demandé si elle pouvait s’asseoir. Je l’ai à peine regardé. Je ne
voulait pas donner l’impression d’insister. J’ai juste remarqué ses yeux
bleus, des cheveux blonds, et un sourire. J’ai dit : « oui, bien sûr. » Elle
s’est installée à mes côtés, puis très vite s’est mise à travailler.
Le train était bondé. Elle aurait pu s’installer ailleurs, avec un autre,
mais pas toute seule. Moi j’étais fatigué. J’avais branché mon walkman et
j’écoutais les yeux fermés. Et cette odeur, ce parfum était là. C’était
délicieux. Je m’imaginais qu’il était mien. Pas « mon » parfum, mais celui
de mon aimée. Attention, je n’imaginais pas que c’était elle, non. En fait,
je n’y plaçais pas vraiment quelqu’un. Juste ce sentiment magique d’un
sentiment partagé. On aurait pu être en voiture, n’importe où, dans un lit,
anéantis par un moment grandiose. Béat, proche de l’engourdissement,
j’aurais senti ce parfum. Du moins pas ce parfum en particulier, mais un
parfum aimé. Celui qui, j’en ai honte, aurait voulu dire que j’avais, que je
« possédais » quelqu’un à moi. Mais aussi que j’appartenais à quelqu’un. En
un parfum, elle m’a fait connaître un sentiment que j’avais oublié : celui
de l’intimité. Pourtant nous n’étions pas intimes. Mais nous avons partagés
un peu d’espace, un peu de chaleur. Et si l’air que l’on respire est le même
pour tous, celui-ci l’était particulièrement, nous étions si proches.
Je sais que le train arrivera, elle se lèvera puis s’en ira. Moi je
retournerai dans ma solitude, et elle dans sa certitude de n’avoir rien
manqué. Mais en attendant, je voudrais la remercier pour ce que, sans le
savoir, elle m’a donné : cette illusion d’être entourée, ce parfum tant
désiré.

Et une partie de moi ne peut s’empêcher de fredonner, un air par lequel je me
sens concerné, une vielle chanson, un vieux 45 tours, chipé à mes parents et
qui m’a toujours fait rêvé. Un air de Georges Brassens qui disait comme ça :
« Un pt’it coin d’paradis,
Contre un coin d’parapluie,
Elle avait quelque chose d’un ange... »


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