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Le site archéologique préhistorique de Price DdEa-3.


Essayer de se représenter un site archéologique datant de 1'ère paléo-indienne, il y a environ 8 000 ans, est quelque peu difficile et requiert quelques références bien établies dans le temps ou des indicateurs d'époque. Les sites les plus connus sont peut-être les pyramides égyptiennes, qui remontent à quelques 4 600 ans avant aujourd'hui. Plus de 110 de ces pyramides ont été construites, quoique les plus anciennes versions n'étaient pas des pyramides comme nous les connaissons habituellement, mais plutôt des bas tombeaux, auxquels des niveaux supplémentaires avaient été graduellement ajoutés pour donner l'aspect de marches. Ces monuments ont été construits presque 4 000 ans avant l'emplacement de Price. Mais on s'éloigne de notre sujet.

Un peu plus proche de nous, la calotte glacière a recouvert le continent nord-américain, depuis 1,8 millions d'années, jusqu' a il y a environ 15 000 ans. Malheureusement ou peut-être heureusement pour nous, cela n'a pas laisse beaucoup de monuments durables, comme marqueurs de période, mais on constate une abondance d'évidences de son passage et de sa disparition, telle que le terrasse de Mi'hmaq, que j'ai mentionnée dans mon premier écrit, y compris de nombreux glaciers irréguliers et d'autres marqueurs géomorphologiques.

Les outils archéologiques trouvés sur le site de Price sont des versions améliorées remontant a l’ère de Clovis, une culture préhistorique native-américaine, qui est apparue la première fois, dans l'histoire archéologique, il y a environ 13 500 ans dans l'état du Nouveau Mexique.

Le temps que la calotte glacière appalachienne recule et qu'elle disparaisse par la suite, il y a environ 15, 000 ans, les indigènes nomades s'étaient répandus vers le nord et dans notre secteur. Ils ont apporté avec eux des connaissances acquises depuis des milliers d'années, connaissances requises pour la survie subarctique. Ils n'étaient peut-être pas les géologues ou archéologues d'aujourd'hui, mais ils avaient certainement appris comment sélectionner les meilleurs matériaux lithiques bruts pour façonner tous les outils dont ils avaient besoin pour vivre au quotidien. Je veux mentionner que ces mêmes indigènes étaient des navigateurs compétents, capables d'utiliser le soleil, la lune et les étoiles pour naviguer vers des endroits bien éloignes, sans carte ou autre aide.

Notre connaissance de l'archéologie récente postcoloniale remonte à environ 150 années. Les émigrants et les colons, après le déboisement et le labourage de la terre, le long de la rivière Mitis, ont découvert de nombreux artefacts qu'ils ont identifies. Comme ils ne connaissaient pas la signification ou l'importance préhistorique de ces objets, ceux-ci ont été oublies avec le temps. En 1970, I’ archéologue Jean-Yves Ross a reçu du fils d'Edelbert Caron, qui a possède la ferme du côté ouest des chutes de la rivière Mitis, plusieurs artefacts, façonnés en chert (composé des cristaux microscopiques de quartz), trouvés sur la terre en labour. Tandis que cela était documenté dans un rapport officiel, peu d'efforts semblent avoir été mis dans d'autres recherches sur le terrain.

En 1972, 1'Abbe Roland, un archéologue amateur de Sainte-Anne-des-Monts, visitant l'emplacement des Caron, a fait quelques puits de sondage et a trouvé plus d'une centaine d'artefacts, qu'il a documentés dans son rapport. De nombreux autres rapports, incluant ceux mentionnés auparavant, ont couvert la période jusqu'en 1986, alors que Pierre Desrosiers a fait une inspection visuelle du secteur, mais sans ajouter beaucoup aux connaissances archéologiques existantes.

A 1'automne de 1995, Hydro-Québec avait commencé à installer des clôtures métalliques pour des motifs de sécurité, le long des deux rives de la rivière Mitis, prés de Price, quand le bulldozer utilisé pour décaper la terre, a dégage des douzaines d'artefacts prés de la surface. Dans cette situation, Hydro-Québec avait l'obligation légale et morale de cesser le projet, pour permettre une évaluation archéologique. Cependant les clôtures ont été installées peu après, car elles touchaient seulement les limites extérieures du site archéologique.

Habituellement, une recherche archéologique comporte 5 étapes de base:

1. La préparation des études potentielles, incluant l'examen systématique des cartes, des photos aériennes, des rapports de terrain non publiés, des rapports dûment publiés et autres documents.

2. La reconnaissance, y compris les examens visuels, les puits de sondage sur les lieux qui ont été indiqués d'un potentiel archéologique élève ou modère.

3. L'excavation des emplacements choisis.

4. L'analyse de laboratoire, qui décrit, classifie, analyse et compare avec les données d'autres emplacements déjà excavés et décrits.

5. Et, pour finir, la publication, sous forme de monographie qui combine les données archéologiques, géologiques, géographiques et autres détails techniques permettant d'aboutir a une interprétation finale.

6. De temps en temps, un musée est construit pour présenter au public une exposition et une interprétation des artefacts rassemblés.

L'emplacement archéologique préhistorique de Price, en avril 2005, était dans une situation de sauvetage, à la veille d'être détruit, pour la construction d'une usine d'assainissement des eaux. Toutefois, après 35 ans de rapports et de creusage de puits de sondage, l'archéologue Jean-Yves Pintal a fait un examen complet et entier de la documentation avant de quitter Québec. Avec une autorisation valide du Ministère de la culture et des communications, pour faire les observations visuelles de surface et les puits de sondage, il est arrive avec son équipe de quatre techniciens, des étudiants de l'Université Laval a diverses étapes de leurs études académiques. Le 4 de mai, ils ont commencé par un examen visuel de la surface, quand un couteau biface d'une grandeur peu commune de 16,67cm a été localise a la surface d'un champ récemment labouré. Peu d'autres artefacts ont été trouves sur la surface ouverte, même avec I’établissement d'environ 200 puits de sondage.

J'ai demandé au technicien qui a trouvé ce couteau biface magnifique, combien de fois des artefacts d'une telle condition ont été trouvés. Il a estimé qu'un archéologue avec une carrière de 30 ans pourrait en trouver 2 ou 3 de cette qualité, s'il était chanceux, et même peut-être aucun.

A distance des champs labourés, ou le couteau biface a été trouve - tel que mentionné dans notre article précédent - 75 puits de sondage additionnels furent pratiqués sur la propriété d'Hydro-Québec, propriété couverte par une brousse se composant d'épinettes, de quelques cèdres, d'aulnes et de quelques arbustes, là depuis plus de 8,000 années. Les archéologues ont localisé quelques centaines d'objets témoins (artefacts), composés principalement d'éclats de taille et de quelques outils en chert et quartzite. L'opération de sondage terminée, ils sont retournes à Québec le 7 mai, ou une analyse approfondie fut effectuée sur les artefacts.

Les opérations préliminaires d'excavation ont débuté le 24 mai 2005. Ils ont commencé par installer des piquets de référence, a tous les deux mètres, relies avec de !a corde. Ils ont coupé les branches et quelques arbres qui empêchaient l’opération normale d'excavation.

Quand je suis arrivé le 24 mai, ils avaient commencé à excaver le premier site, à une profondeur d'environ 20 cm, atteignant ainsi le niveau du sable et du gravier déposé pendant la mer de Goldthwaite, il y a plus de 8 000 milles ans. Pendant les deux jours requis pour excaver le site, quelques centaines d'objets témoins et des outils ont été trouvés dans les deux couches créés par des dépôts de feuilles, de branches, d'herbe décomposée, etc., depuis l'ère de Goldthwaite.

Le deuxième site a fourni une richesse d'informations sur une grande variété d'outils, sur quelques milliers d'objets témoins et sur une dépression très curieuse, beaucoup plus profonde que le niveau normal de 20 cm qu'ils avaient excavé auparavant. L'équipe était exceptionnellement silencieuse, comme s'ils n'avaient noté aucun changement. Depuis le début de cette opération, j'avais généralement obtenu des descriptions relativement bonnes de chacune des opérations. J’ai trouvé ça bien étrange. Heureusement, j'avais été en contact avec quelques archéologues a travers le Canada et a partir du deuxième ou troisième courriel, j’avais reçu plusieurs suggestions ce sur quoi il pourrait s'avérer. Ma curiosité a du attendre quelques jours de plus, car I’archéologue était parti pour Québec pour affaires avec des ordres bien stricts a !'effet que personne n'excaverait ou que ce soit prés de cette dépression.

J’ai passé une moyenne de deux heures, chaque jour, observant I’opération, prenant des images numériques, quand quelque chose semblait intéressant. Le troisième jour, l'archéologue Jean-Yves Pintal, était de retour et a mis ses trois techniciens au travail au site suivant. Lui-même et sa technicienne d'expérience ont commence, bien soigneusement, a gratter et balayer les couches d'une manière entièrement différente de celle des journées précédentes. Un cercle foncé, d'environ 25cm de diamètre, est apparu dans les premiers centimètres au-dessous de la surface. Avec un soin et une attention peu communes, l'archéologue a excave l'intérieur du cercle sur quelques 40 cm de profondeur, quand il est arrivé au fond, ou au niveau de la mer de Goldthwaite. Pendant cette opération, quelques particules minuscules de charbon de bois, a peine évidentes a l’œil ni, ont été ramassées avec la truelle et déposées dans des sacs transparents, scellés et bien identifies. Plus tard, j'ai appris que c'était des échantillons potentiels de carbone-14, a être envoyés a un laboratoire pour I’analyse et la datation. Puisque les fosses de combustion sont simplement un trou ou une cavité dans la terre, créée pour empêcher les tisons et les charbons de se propager vers les côtés du tipi, ces fosses sont très fragiles et facilement endommagées ou entièrement détruites. Elles sont également très rares dans le secteur. Le site archéologique le plus proche vers l'ouest de Price est à Rimouski et, a l’est, passé Sainte-Anne-des-Monts, et aucun d'eux n'ont eu de fosse de combustion. Il y avait aussi des fragments minuscules d’os, probablement les restes de morses ou d'autres grands mammifères marins, dont on m'a dit qu'ils seraient envoyés a un autre laboratoire a Québec, pour obtenir les résultats, si tout allait biens, au bout de quelques années. La documentation habituelle, pour un site excavé d'un mètre carré, prenait normalement 15 ou 20 minutes au technicien. Cependant, l'excavation de la fosse de combustion a pris presque la demi-journée avec des mesures et des angles que je n'avais pas vus avant, plus au moins un pouce d'épaisseur de notes sur papier.

Les activités archéologiques demeurent généralement obscures et pratiquement interdites jusqu'a ce que l'excavation du site soit terminée, nettoyée et entièrement appropriée pour les photographies dans n'import e quel journal archéologique de taille. Mais pourquoi avais-je l’accès continu, avec pratiquement aucune restriction pendant l'opération entière, et la permission de prendre toutes les photos a ma guise?

Vers la fin de 2004, j'ai appris que la communauté de Métis était sur le point de rouvrir. Lors de la première rencontre, j'ai mentionne qu'un site archéologique, de potentiel patrimonial d'importance internationale, de l'ère du paléo-indien, existait sur leur seuil et qu'il était sur le point d'être détruit par excavation, pour l'installation d'une usine d'assainissement des eaux. En les avisant de l’éradication irréversible des preuves de leur ascendance et de la lignée d’une partie de la vie humaine d'un des plus anciens peuples du Québec, j'ai été sollicité pour représenter leurs intérêts devant tous intervenants concernas. Une fois que ces départements ont été mis au courant que notre communauté, de quelques 125 Métis, prenait a cœur la préservation de son héritage et ne pouvait être dupé avec quelques sacs de perles colorées, des promesses vides ou toute autre chose, ils furent modérèrent coopératifs. Comme nous ne pouvions pas arrêter l`excavation, nous avons réussi à obtenir que l'ouvrage soit fait par un des archéologues les plus reconnus au Québec. Les 10,300 objets témoins, incluant quelques 130 outils, sont préserves au Conservatoire Archéologique a Québec. Si nous réussissons à rassembler les fonds suffisants pour construire, administrer et mettre en valeur un musée moderne, digne de tenir ces objets témoins préhistoriques, notre but principal aura été accompli. Pendant le reste de l’opération, l’activité s'est stabilisée. Les sites 3 et 4 n'ont donné qu'une quantité modérée d'objets témoins et d'outils, certainement rien comme le deuxième site. Ma dernière journée fut le 11 juin, quand nous avons fait nos adieux. Tous les techniciens sont partis sur des nouveaux contrats le lundi suivant; en France, aux États-Unis et les deux autres a Québec, alors que l’archéologue avait d'autres sites à excaver. Cela a été une expérience très enrichissante, une occasion de rencontrer de nombreuses personnes dans des champs d'expertises divers. Si une occasion semblable se présente à nouveau, je serai là sans faute!


Par Gilbert R. Bossé, Métis-sur-Mer, QC.


Vous pouvez consulter de nombreuses autres détailles sur I'histoire de Métis a:


http://autochtone.bravehost.com/bibliography/index.html

http://www.angelfine.com/pg/MetisBeach/

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G.R.Bossé©2009