Autres sons de cloche
En cherchant un peu à la bibliothèque de
municipale de St Quentin, j'ai retrouvé le n°1
de la Revue Mensuelle : " La vie
normale" du 1er juin 1903 qui
apporte quelques éléments sérieux sur
l'histoire de notre dormeuse.
Cette Revue scientifique, nous apprend qu'à au
bout de quelques mois, Marguerite Boyenval est
réduite à l'état de squelette. Elle devient
phtisique (tuberculeuse) et c'est ce que nous
décrit son médecin traitant :
"
..la malade perdit du sang par la
bouche et par le nez
."
La vie normale de signaler un autre élément.
" Il faut l'opérer d'un abcès au bras et,
à cette occasion on constate des vives
douleurs."
Et de poursuivre (en contradiction avec le
médecin traitant) :
" Elle meurt le 27 mai 1903, sans avoir pu
s'exprimer autrement que par des monosyllabes
sans intérêt
.."
Une mère exclusive
Après la mort de Marguerite Boyenval, la mère
de la malade s'oppose à l'autopsie.
La vie normale, donne d'ailleurs d'autres
précisions sur l'attitude de cette mère pendant
les vingt ans de la maladie de sa fille et
signale que le professeur Bégeois assai la
suggestion pendant que Marguerite est consciente
Monsieur le docteur Voisin, exprime la
même opinion, comme d'ailleurs Monsieur le
Docteur Paul Parnz, professeur de l'Ecole de
Psychologie qui se montre convaincu d'agir sur la
malade par la suggestion pratique avec
persévérance dans un dans un milieu apte à ne
pas contrarier les efforts du médecin
.
Mais précise " la vie normale". La
mère de Marguerite Boyenval s'est toujours
opposée à un examen approfondi de sa fille.
Elle s'est opposée à son transfert prévu à La
Salpétrière, ou une thérapeutique longuement
étudiée aurait hâté le dénouement de cette
aventure dans les conditions les plus favorables.
Que faut-il penser de cette surveillance jalouse,
qui a certainement privé la malade d'une chance
très réelle de guérison ?
Un amour éclairé n'eut-il pas accepté, avec
reconnaissance, la plus faible lueur d'espoir,
surtout à partir du moment où la tuberculose
est venue aggraver encore le pronostic ?
et ses raisons d'agir
Continuant son réquisitoire, "La vie
normale" poursuit :
" Et en effet, si on cherche pour quelles
raisons la mère de Marguerite Boyenval craignait
l'immixtion des savants dans les affaires de la
famille, on en trouve plusieurs :
1er L'instruction judiciaire,
suspendue pendant toute la durée du sommeil
cataleptique n'est pas close.
2e Le sommeil de ce genre, déjà
providentiel sur le plan judiciaire, était
rapidement venu, grâce aux offrandes des
visiteurs, augmenter, dans une notable
proportion, les revenus de la famille.
3e Il eût été pénible à la mère
peut-être de se priver d'un élément de
notoriété, qui représentait, par ailleurs,
tant d'avantages pratiques."
Je vous laisse la conclusion
Je ne pense pas qu'il ne soit nécessaire de
conclure. Je vous ai donné tout les éléments
de cette affaire, qui débutait il y a cent ans
par une histoire d'amour, (ou sans doute de
séduction). Il ne faut pas oublier qu'a cette
époque du 19e siècle, la fille
séduite et enceinte était l'opprobre de la
société. Elle était montrée du doigt et
l'enfant, s'il vivait était un bâtard. Elevé
par sa mère, il serait l'enfant sans père, que
les autres enfants du village se chargeraient de
mettre au ban de la société. (Cet âge est sans
pitié !) Mais s'il était abandonné à
l'Assistance Publique, il irait grossir l'armée
des orphelinats et serait peut-être placé à la
campagne. Chez une nourrice comme il y avait
tant, à élever des Parigots .
L' affaire Marguerite Boyenval avait pris une
autre voie. Elle avait caché sa grossesse et
accouché d'un enfant mort
.. La justice des
hommes s'était mise en branle. Pas contre le
séducteur, responsable au premier chef de ce
drame, mais contre la pauvre fille séduite, qui
seule devait payer
C'était la loi du siècle.
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