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Liste critiques Ciné N-Q

 


La Neuvième Porte

(1999) Réalisé par Roman Polanski, Avec Johnny Depp, Frank Langella, Lena Ulin, Emmanuelle Seignier

Par PALPLATHUNE:

La Neuvième porte, c’est le grand retour de Polanski au fantastique, un retour d’autant plus attendu que cette union avait déjà donné deux oeuvres magnifiques: Le bal des vampires et Rosemary’s baby. Or ce dernier remonte à 1968, cela fait donc plus de 30 ans que le réalisateur polonais n’a plus touché au genre. Et quand on regarde la qualité des films qui suivirent, on ne peut que le regretter. Mais bon, trêve de negnets, la neuvième porte est là, ouvrons la et jetons-y un coup d’oeil. Oups pardon, c’était la porte d’à côté !
Dean Corso est un expert en livres rares à mi-chemin entre le détective et le rat de bibliothèque, mais à la réputation douteuse. Il est contacté par Boris Balkan, un riche collectionneur expert en satanisme. Ce dernier s’est en effet porté acquéreur d’un livre des « neuf portes du royaume des ombres », qui permettrait d’invoquer le diable lui-même, et qui n’existe qu’en trois exemplaires. Corso est donc chargé de consulter les deux autres pour vérifier l’authenticité de celui de Balkan et accessoirement en percer le secret. Mais cette tâche va bien vite se révéler beaucoup plus dangereuse que prévu.
Une chose est sûre, Polanski sait filmer. Il compose ses plans avec une précision d’horloger, trouve toujours l’angle ou la caméra appropriée. Sur le plan technique, La neuvième porte est inattaquable. Épaulé par Darius Kandji, chaque scène baigne dans le climat approprié avec un double sens constant. Ainsi le caractère de chaque possesseur du livre est éclairé par son environnement: technologique et glacé pour le froid Balkan ou pauvre mais chaleureux pour le sceptique Fangas. De l’excellent travail. La musique de Wojciech Kilar (le compositeur du Dracula de Coppola) permet aussi, malgré une trop grande répétition des même thèmes, d’installer l’ambiance mystérieuse et mystique appropriée. Car tout comme Rosemary’s baby, La neuvième porte est un film d’ambiance au mysticisme cependant plus marqué et qui met parfaitement en valeur l’attraction exercée par le savoir contenu dans les vieux livres (mise en valeur comparable à celle de l’excellent nom de la rose). De même que son illustre prédécesseur, La neuvième porte n’hésite pas aussi à aller à contre-courant des clichés du genre, preuve en est cette cérémonie sataniste « désamorcée » par Balkan qui en condamne le ridicule. Tous ces éléments sont à mettre au crédit du film, mais ils ne suffisent pas à masquer une faiblesse du scénario: sa trop grande prévisibilité. Même si Polanski parvient à entretenir une ambiance chargée de mystère et de suspense, on sait beaucoup trop vite les tenants et les aboutissants sur l’implication de chaque personnage et la solution de l’énigme du livre. Pire, on a le sentiment que la fin a été bouclée en catastrophe. En effet, si le plan final est judicieux, la façon dont Corso apprend le pourquoi de l’échec de Balkan et la manière dont il récupère la 9ème gravure semble « torchée ». En fait, il manque au scénario un retournement de situation ou un coup de théâtre qui scotcherait le spectateur dans son fauteuil (comme on en trouve dans Angel Heart, par exemple). C’est dommage étant donné les riches possibilités contenues dans l’idée de départ. Notons tout de même quelques questions laissées sans réponse, incarnées par le personnage d’Emmanuelle Seignier, et la finesse troublante du jeu de l’ensemble du casting.

Un film à voir, donc, et qui prouve malgré ces défauts que l’Europe peut se défendre dans le domaine du fantastique. Une neuvième porte sera toujours meilleure que n’importe quel Wishmaster.

 


La Neuvième Porte (The Ninth Gate)

France/Espagne, 1999
Produit par Roman Polanski, Inaki Nunez, Antonio Cardenal et Alain Vannier pour RP Productions, Orly Films et BAC Films
Réalisé par Roman Polanski
avec Johnny Depp (Dean Corso), Franck Langella, Emmanuelle Seigner...

Par Francesco: mince alors !
Adapté du roman El Club Dumas, d'Arturo Perez-Reverte, ce film nous met sur les traces d'un bouquin écrit par nul autre que Satan lui-même. Youpi. Johnny Depp joue un enquêteur un brin cynique et un héros qui ne prend sa réelle importance que bien plus tard. Tout y est : le look noir, la barbiche taillée au poil près, les petites lunettes rondes... A lui seul, il contribue largement à l'ambiance. La réalisation aussi est impeccable, c'est du Polanski soigné. Et les gros défauts de ce film sont d'abord Emmanuelle Seigner, qui dégage autant de mystère qu'un flan au caramel, et la fin, légèrement foireuse et convenue.
Mais il y a aussi, en cerise sur le gâteau, un air de famille très bien entretenu avec Tintin, c'est peut-être ce qui explique la simplicité de la trame narrative (Hergé n'a jamais été doué pour les récits croisés). La similitude entre les trois bouquins et le « secret » de la Licorne (ou du bouc, c'est selon) saute trop rapidement aux yeux, et les libraires jumeaux ont quasiment le même tic de langage que les Dupondt. Cela vaut presque la redoutable reconstitution du restaurant « Le Klow » dans Dieu seul me voit de Bruno Podalydès.


New Rose Hotel

USA, 1999
Réalisé par Abel Ferrara
avec Asia Argento (Sandii), Christopher Walken, Willem Dafoe (Fox)...

Par Francesco: ronfl

On pourrait dire que l'adaptation est excellente, puisque le film de Ferrara est aussi ennuyeux que la nouvelle du même nom écrite par William Gibson. La méthode employée pour gâcher l'histoire et endormir le lecteur ou le spectateur n'est cependant pas la même. Les trois acteurs sont géniaux, parfaits dans leur interprétation. Le seul (gros) problème est que Ferrara nous passe trois fois le même film, sans vraiment changer les points de vue et sans grande raison. De plus, celui qui n'a pas lu la nouvelle n'a pas la moindre idée de ce qui se déroule sous ses yeux. Tout cela est dommage, car le potentiel de l'histoire aurait fait un court-métrage très réussi.


La Nuit des Morts-Vivants

1968, de George Romero

Par Francesco:

Le film dérape très bizarrement, au beau milieu d'un cimetière et d'une scène de ménage. La femme en restera prostrée pour le reste du film, jusqu'à ce que son défunt mari en fasse son repas... Puis c'est le huis-clos dans une maison isolée, la conquête (et le partage) de l'espace vital, en attendant le jour et les secours. Le spectateur n'a pas plus d'explication au phénomène que les personnages qui écoutent les bulletins d'alerte à la radio. Un seul survit jusqu'à l'aube : le noir, plus rationnel qui, entendant les vivants au matin, oublie toute précaution et tombe, une balle dans la tête.
Ça pourrait presque être une pièce de théâtre. Les protagonistes passent par toutes les émotions humaines, notamment les plus mauvaises. Le comique n'est pas absent non plus : les morts-vivants sont parfaitement grotesques et effrayants puisqu'ils n'ont qu'un but : manger du vivant !


2001, L'odyssée de l'espace

(1968) Réalisé par Stanley Kubrick.

Par Palplathune:

Imaginez l'appréhension de l'humble critique amateur qui se retrouve à devoir chroniquer un monument comme 2001. Car 2001 est une de ces œuvres, comme quasiment tous les Kubrick, qui a marqué le cinéma et donné ses lettres de noblesse à la SF sur le grand écran. Nul besoin de préciser l'envergure de l'impact sur le spectateur (toujours valable aujourd'hui) qui ressort de la vision du film des images plein les yeux et des questions plein la tête mais ayant trouvé une définition à l'expression chef d'œuvre. L'histoire se divise en quatre tableaux. Le premier nous montre l'aube de l'humanité et la vie d'une tribu d'anthropoïdes dont l'existence est changée par l'irruption d'un mystérieux monolithe noir. Le deuxième situé dans un futur proche nous amène sur la Lune où a été trouvé un nouveau monolithe. Le troisième est le voyage de quelques astronautes vers Jupiter et les problèmes qu'ils connaissent avec HAL 9000, le super-ordinateur gérant le vaisseau. Enfin, le quatrième segment fait pénétrer Bowman dans le fameux monolithe.
Ce qu'il y a de bien avec Kubrick, c'est que quel que soit le sujet de ses films, il est toujours soutenu par une réalisation technique parfaite. Chaque plan est une merveille visuelle, extrêmement élaborée, où l'on reconnaît continuellement sa patte (plans longs, travellings recherchés ou longs zooms arrières, tout l'inverse d'un Michael Bay, quoi !). L'usage de la musique pour soutenir les scènes s'avère aussi très judicieux, son utilisation du " beau Danube bleu " est maintenant légendaire (même si pour cela il refusa une très bonne partition d'Alex North). Notons aussi que 2001 est un des rares films de SF à respecter la réalité des voyages spatiaux : pas de sons dans l'espace, pas de réacteurs toujours allumés…
Mais il faut plus que ça pour obtenir un chef d'œuvre. Or le scénario de Kubrick et Arthur C. Clarke, le célèbre auteur de SF, est d'une ambition rarement égalée au cinéma et dans la SF : raconter l'humanité. Cependant, le fait d'avoir lu ou non le livre a tendance à changer l'interprétation qu'on peut donner au film ( car tout grand film est sujet à de nombreuses interprétations). Ainsi, la lecture de 2001 et de ses suites ne fait apparaître dans le film " que " l'influence des extra-terrestres sur le développement humain à travers le temps et tend à tout rationaliser. Or la vision du film sans ces sources auxquelles se raccrocher permet des analyses plus larges. Si l'influence des extra-terrestres demeure en filigrane, Kubrick nous révèle (encore une fois) sa vision de la nature humaine. Le prologue nous montre en effet les premiers représentants de l'espèce découvrir l'usage d'os, très vite notre ancêtre s'en sert pour tuer un de ses rivaux. Dans un enchaînement célèbre, l'os fait place à un astronef futuriste. Os et astronef ne sont que des outils, des instruments dont l'utilisation dépend toujours de l'être humain et qui finira par être la même : l'exercice d'un pouvoir (celui de tuer dans le prologue) sur son prochain. Le passage avec HAL illustre cette idée à la perfection : ce super-ordinateur création de l'homme va lui aussi réussir à accéder à une certaine humanité, par le biais de l'expression de sentiments " I'm afraid, Dave " ou bien la chanson pour enfants), et par conséquent chercher à asservir et tuer ses rivaux (les astronautes) qui gênent la bonne marche de sa mission. Cette vision de la nature humaine peut apparaître pessimiste, mais Kubrick se permet tout de même une touche d'optimisme dans sa conclusion. Bowman est en effet aspiré par le monolithe : il accède alors à l'immensité de l'espace mais plus encore, il est témoin de la création de la vie dans son échelle la plus grande. Logiquement, il est ensuite le témoin de la vie à une échelle beaucoup plus réduite : l'échelle individuelle, c'est-à-dire sa propre vie. Cette double prise de conscience permet d'accéder à une nouvelle humanité : la naissance d'une nouvelle race meilleure, capable d'embrasser la galaxie.
Ce n'est évidemment là qu'une interprétation parmi tant d'autres. 2001 est en effet un de ces films qui peuvent alimenter les discussions d'une soirée entre amis pour en déterminer le sens. Et c'est normal, car il est un des rares, si ce n'est le seul, à pouvoir être qualifié de film philosophique. Par conséquent, il est indispensable à votre culture.


Forbiden planet (planète interdite)

(1956) Réalisé par Fred McLeod Wilcox, Avec Walter Pidgeon, Anne Francis, Leslie Nielsen, Warren Stevens et Robby le robot.

 

Par MAESTRO: Planète Interdite, un des premiers films de SF tournés en couleur, est généralement considéré comme un classique. A nous de revenir sur cette caractérisation pour la comprendre et, pourquoi pas, la revoir.

Une des choses qui frappent rapidement le spectateur, à la vision du film, c’est la qualité des effets spéciaux. Les matte paintings en couleurs sont convaincants, même si le décor de la planète Altaïr 4 reste assez conventionnel (sable et arrêtes rocheuses découpées); les déplacements et l’atterrissage du vaisseau spatial annoncent ceux utilisés dans la série télévisée Les envahisseurs; surtout, les apparitions du «monstre» sont indirectement bien mises en valeur, par la modification du champ électrique qui protège le vaisseau et les tirs de désintégrateurs, ou par la déformation des portes métalliques du complexe souterrain. Le combat entre celui-ci et l’équipage est d’ailleurs marquant. Dommage, en revanche, que les éclairages du film soient parfois vacillants.

Les personnages et leurs dialogues sont par contre bien marqués dans leur temps: un jargon technique pseudo-scientifique (pour le pilotage de l’astronef, ou la construction de l’émetteur), préfigurant celui de Star Trek; un cuisinier à peine dégrossi de sa campagne, qui semble tout droit sorti des films de guerre de l’époque, et qui se partage la vedette comique avec Robby le robot (et non, Leslie Nielsen était encore un acteur sérieux !), mécanique plutôt poussive, et qui illustre à merveille le décalage pouvant exister entre le cinéma et la littérature de SF (Asimov avait alors déjà décrit ses robots humanoïdes). De même, l’affiche du film -qui n’a que peu de rapport avec l’intrigue- évoque les couvertures des pulps américains des années 30, avec Robby -remplaçant le sempiternel monstre- qui tient dans ses bras l’héroïne, bien sûr évanouie ! A signaler, d’ailleurs, que devant le succès dont il fit l’objet, Robby connut une carrière au-delà de ce film, dans d’autres longs métrages ou dans des séries télévisées...

Plus désagréable, les relations entre Altaira, la seule femme de la planète, et le commandant, en particulier, sont empreintes d’un machisme prononcé; en gros, les vêtements légers qu’elle porte (aujourd’hui, ils sont courants l’été) ne peuvent que la rendre responsable d’un viol éventuel, vu que les membres de l’équipage sont restés abstinents pendant un an de voyage !! Le seul à paraître plus intelligent est le docteur, qui connaîtra d’ailleurs une fin typique d’un intellectuel... De la même manière, Altaira, qui a passé toute son enfance sur Altaïr 4, sans a priori avoir été «initiée» à la place de la femme dans la morale conservatrice américaine de l’époque, apparaît comme préoccupée surtout par ses tuniques et son apparence... à moins que son père, le professeur Morbius, malgré toute son intelligence (accrue grâce aux appareillages extra-terrestres) ne soit guère devenu émancipé ! Et bien sûr, on a droit à la sempiternelle histoire cucu d’amour pseudo-romantique entre Altaira et rien moins que le commandant, évidemment ! Enfin, l’allusion aux religions comme garde-fous de la barbarie est à la fois grossière et datée.

L’histoire, quant à elle, commence de façon somme toute assez classique. Une mission en provenance de la Terre part vers Altaïr 4, pour essayer d’élucider la disparition, il y a plusieurs années, du vaisseau d’exploration Béllérophon. Arrivé sur place, l’équipage se voit opposé une fin de non-recevoir par le professeur Morbius, le philologue de la première expédition. L’astronef terrestre se pose néanmoins, et rencontre alors le professeur dans sa villa, où il habite avec sa fille et Robby pour les servir.

Le film démarre vraiment avec les non-dits de Morbius (le personnage de loin le plus intéressant, humaniste torturé) sur la disparition de ses compagnons d’équipage, puis avec son exposé sur la civilisation des Krells, le peuple qui habita Altaïr 4 et explora l’univers durant un million d’années, avant de disparaître pour une raison inconnue il y a 200 000 ans. le thème, classique, est cependant bien traité, avec certaines idées intéressantes: leur musique (qui anticipe un peu sur le travail de Goldsmith pour La planète des singes); la forme des portes (une pyramide) qui ne peut que nous suggérer l’apparence des mystérieux Krells; leur complexe souterrain, qui s’étale sur des dizaines de km2 et des milliers d’étages, est frappant, d’autant que cet aspect colossal est très bien rendu par la comparaison avec les chétives silhouettes humaines; par conséquent, l’énergie qu’il recèle est phénoménale -capable de détruire une planète-, bien qu’elle soit (limite du niveau technologique atteint dans les années 50) nucléaire; et enfin, la machine mentale constitue le summum de l’évolution Krell, concrétisation de leur dernier rêve, celui d’une civilisation non-mécanique, et contient la solution et de la disparition de l’espèce extra-terrestre, et des agressions mystérieuses... Une habile illustration des ressources du subconscient freudien. Mais le mieux reste encore de visionner ce classique de la SF au cinéma, éloge du progrès scientifique raisonné et raisonnable, qui, bien que marqué par son temps, demeure fort agréable


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Phase IV

(1973) Réalisé par Saul Bass, Avec Nigel Davenport (Dr. ernest D. Hobbs), Michael Murphy (James R. Lesko), Lynne Frederick (Kendra Eldridge).

Par Palplathune :
On pourrait résumer Phase IV en une formule lapidaire comme un « Starship Troopers scientifique » (hélas sans Denise Richards... Bouh!!). Pour aussi simpliste qu’elle soit, l’expression est assez juste. Mais voyons d’abord les faits (Aargh ! Ma formation juridique ressort).

Dans un obscur désert US, deux chercheurs étudient le comportement des fourmis. Ils ne vont pas tarder à constater le développement impressionnant de leur intelligence. La situation tournant vite à l’affrontement entre les deux races.

Donc ici pas de grosses bébettes en images de synthèse, pas de fusillade titanesque, le film perd en spectaculaire ce qu’il gagne en réalisme et en intensité. Car si l’on peut considérer le film comme une réussite, c’est étonnamment grâce au « jeu d’acteurs » des fourmis (des vrais, hein ! Sans parler avec la voix de Woody Allen) et leur mise en valeur. On jurerait avoir affaire à une intelligence collective, organisée dans le seul but de la suprématie de sa race. Réellement impressionnant ! A ce titre, la scène de réunion des différents types de fourmis décidant de s’allier, ou bien celle où plusieurs fourmis se sacrifient pour permettre la création d’une nouvelle espèce résistante à l’insecticide sont de petits joyaux. Heureusement que ces séquences sont réussies, d’ailleurs, car on ne peut pas en dire autant de celle avec les deux scientifiques. Pourtant, elles sont signées Saul Bass (toutes les scènes avec les fourmis sont elles réalisées par ), l’auteur des génériques de nombreux Hitchcock. Les représentants de la race humaine ne semblent capables que de constater la supériorité des fourmis et leurs rares contre-attaques (insecticides, ultrasons) ne sont que des sursis à leur inévitable extermination. La réalisation illustrant platement ces moments. On ne sait pas vraiment si ces côtés « faiblards » des scènes avec les humains est volontaire ou non, mais il rend un peu difficile l’immersion dans le film. Dommage. Mais ce n’est pas insurmontable, loin de là. Quelques bonnes idées visuelles sont tout de même notables: le caractère « lunaire » du désert, de l’abri des scientifiques et des constructions des fourmis donnent un côté « fin du monde » à l’affrontement très intéressant. La fin est elle aussi appréciable pour son refus du spectaculaire à tout prix et sa volonté, affichée d’ailleurs durant tout le film, de crédibilité scientifique. Un film très intéressant donc, malgré son côté un peu opaque, qui mérite qu’on le redécouvre.

 


Prémonitions (In Dreams)

(1999, USA) De Neil Jordan.
Avec Annette Bening, Aidan Quinn, Stephen Rea, Robert Downey Jr., Paul Guilfoyle.
Scénario: Bruce Robinson, Neil Jordan.
Genre : Thriller fantastique

Par GOLDORAK: ?/20.

L'histoire :Fascinant, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier la scène d'introduction de ce film. Au fond de l'eau, dans les abysses profonds bleutés d'un lac américain se trouve pour l'éternité une petite ville des années cinquante (ceux qui ont répondu le Titanic avaient tous faux…) Ainsi suit-on avec enchantement le parcours de deux hommes grenouille dans les dédales d'une cité sous-marine abandonnée et inondée pour les besoins d'un barrage. Dés le début on se croit en plein rêve en train de planer avec eux à quelques mètres au-dessus du plancher d'un café US que n'auraient pas renié ni Richie, ni Fonzie ou encore à s'amuser à toucher le sommet de l'église. Finalement le périple s'achève après la découverte d'une petite sirène qui nous rappèle le théorème d'Archimède en Vologne, toute fillette trempée dans un liquide qui ne remonte pas au bout de vingt minutes et considérée comme perdue.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit, encore une histoire de méchant psycho qui cours après les petites filles… Et comme pendant à cette situation ce n'est pas un super flic, ni un agent secret, ni même encore un voyou au grand cœur qui nous et proposé, mais Claire (Annette Bening) quadra américaine qui possède une particularité c'est de voir des choses sur les disparitions des fillettes en rêve… Alors là, j'entends déjà les détracteurs me disant : « Mon bon monsieur, on a vu au moins autant de médiums aidant la police, que de mauvais acteurs dans les 7 Police Academy». Ici que nenni,

Neil Jordan nous montre les songes d'Annette non pas comme un don, mais plutôt comme une punition, dont elle ne comprend ni n'accepte les clefs. Il suffit d'ajouter à cela l'enlèvement et l'assassinat de sa fille pour que Claire perde complètement les pédales…Naviguant entre folie réelle et songes divinatoires obscurs, Annette se fait interner, après une colère aboutissant à une scène gore à base de compote de pomme (un inédit !!!).

Alors qu'elle a touché le fond et qu'elle est impuissante face aux visions horribles qui l'obsèdent, elle finit par comprendre petit à petit leurs significations : elle est connectée en rêve avec le tueur, et celui-ci lui fait revivre les évènements qu'il a lui-même subi. Le tueur à lui aussi été interné dans cet établissement, dans la même chambre que Claire, et comme il a réussi à s'évader, Claire guidée par ses songes prend le même chemin vers la liberté. Elle possède enfin les clefs pour comprendre ses prémonitions et elle décide de ne plus fuir, mais

d'affronter le monstre qui l'obsède… Heureusement son psychiatre, crédule jusqu'à maintenant, finit par comprendre (Miracle ! Un psychiatre vient de comprendre quelque chose…), que Claire n'est pas si folle et il décide de prévenir les autorités pour la retrouver, et éventuellement le Psycho nommé Vivan (Robert Downey « Chaplin » Junior) qui est en possession d'une nouvelle fillette.

Arrive donc le moment de la confrontation entre Claire et Vivian dans une vieille usine à cidre (la pomme étant le fil rouge du film (manger des pommes !!!)). Celui-ci est victime du syndrome petit Gregory car sa mère a tenté de le noyer dans le passé et que depuis il cherche à former une vraie famille avec l'élue de son subconscient avarié Claire et une petite fillette ricaine blonde (en fait, il ne cherche qu'a joué a papa-maman avec Annette, le salopârd). Même si Claire rentre dans le jeu ce n'est que pour mieux sauver la jeunette, et éventuellement mettre fin aux actions de l'affreux Vivian. La fin

de l'aventure se déroule sur le barrage en question plus haut, et même si Vivian est capturé, il a entraîné dans sa chute la pauvre Claire, qui choisit de rejoindre sa fille disparue dans les profondeurs du lac, et ainsi goûter au repos éternel tant mérité.

Cependant rien n'est fini pour Vivian qui, retour à la case départ, se retrouve interné, mais dorénavant c'est le fantôme de Claire qui chaque nuit viendra le hanter de la façon la plus violente dans ces rêves….

L'avis :Neil Jordan nous a déjà souvent régalés de film fantastique aussi inventifs que troublant. Qui n'a pas écouté l'histoire du petit chaperon rouge de façon différente depuis la Compagnie des loups ; de même qui n'a pas eu envie d'être l'élève infortuné d'un Tom Cruise-Lestat le Vampire depuis avoir vu Entretien avec un Vampire. Ici encore Neil a réussi à installer un climat malsain au possible infligeant à son héroïne les souffrances de son don, qu'elle ne veut pas accepter, et en créant grâce à la photo splendide de Darius Khondji, une atmosphère déroutante qui prend le spectateur au dépourvue dans un monde familier dont il n'a cependant plus les repères classiques. Loin des révélations Psycho-Dramatico-Choc classique on s'interroge et on sombre petit à petit dans la psychose de Claire ne maîtrisant comme elle à aucun moment les clefs de l'énigme. Cependant la confrontation finale entre Claire et Vivian ne répond pas à tous les espoirs. En effet Robert-Vivian, n'est pas très crédible en Psycho Tendre-Cruel ne recherchant que la paix d'une vie de famille qu'il n'a pas eu, et son interprétation un peu too-much fait un peu disparaître du charme étrange dans lequel le film nous avais jusqu'alors plongé… Il reste le final sans concession avec la mort de l'héroïne, qui choisi le destin auquel ces prémonitions la destinaient acceptant de façon définitive ses rêves divinatoires. Quant au sort de Vivian hanté par les démons qu'il avait placé en Claire, c'est un bon exemple du contre-coup nécessaire que doit subir tout méchant ayant survécu à son héroïne…

En clair si vous voulez aller voir un Thiller Fantastique qui innove et fait fi de tous les clichés de ces prédécesseurs je ne peux que vous conseiller ce film.


Le Prince des Tenebres

(1987) Réalise par John Carpenter

Avec: Donald Pleasence (Pere Loomis), Jameson Parker (Brian), Victor Wong (Professeur Edward Birack), Lisa Blount (Catherine), Dennis Dun (Walter) …

Par Goldorak: 13/20

L’église nous ment, Jésus Christ est un extra terrestre, et Satan n’est que le pâle reflet de son créateur démoniaque enfermé depuis des millénaires dans une éprouvette gardée scrupuleusement par une secte religieuse occulte et secrète…

Voici les quelques vérités que nous assène brillamment John Carpenter dans son film le Prince des ténèbres.

Le générique met en place les personnages :

Un éminent prêtre reçoit le testament d’un vieux vicaire d’une église décrépie des quartiers pauvres de la ville. Ce funeste colis se compose d’une fort jolie clef et d’un message annonçant la libération d’une entité qui occasionnera la fin du monde tel que nous le connaissons.

Un professeur d’université spécialisé dans l’épistémiologie, affublé d’une poignée d’étudiants scientifiques qui reçoivent son enseignement avec diligence et sens commun.

La crypte où repose depuis des millénaires un cylindre étrange aux émanations verdâtres…

Le Point de départ est alors simple à deviner : Le prêtre fait appel au professeur et à sa bande d’érudits en devenir, pour prouver de façon scientifique la nature maléfique du cylindre. En résumé :

Ainsi c’est toute un clique de professeurs illustres, d’étudiants insouciants et de matériel scientifique varié qui investit l’église dans le but de percer le mystère qui entoure le tube…

 

Comme à son habitude Carpenter nous livre un film d’ambiance… Il laisse la tension s’installer progressivement et à mesure que le voile de l’énigme se lève, les événements deviennent de plus en plus étranges ( les clodos du coin semblent possédés, les insectes ont un activité anormale), et les premières victimes ne se font pas attendre, d’où l’équation :

 

De mêmes les folles révélations auxquelles nous sommes confrontés sont étayées par des scientifiques quelque peu perplexes. En effet qui ne serait pas désorienté à l’annonce de la possibilité de la télépathie retro-future par les particules non eutectiques à vitesse supraluminique, et cela n’est que l’entrée en la matière. Mais bien vite les étudiants vont comprendre, face à la défection d’une bonne partie de leurs effectif pour cause de possession que ce n’est pas l’équation de MICHALIS-MENTEN qui va pouvoir les sauver eux et à fortiori le reste du monde des forces du mal renaissantes. C’est donc à eux et au prêtre, désabusé face à un gros problème qui remet en cause sa foi, de contrecarrer les plans maléfiques…

Servis par de bon acteurs (dont beaucoup d’acteurs fétiches de Carpenter), soutenu par un bon scénario et de bons effets spéciaux (maquillage, bestioles etc…), et musique très carpanterienne, ce film tient le spectateur en haleine. Si on peut critiquer le côté un peu fumeux de certaines explications, et outre le fait que beaucoup de points d’ombre subsistent, le suspens est présent, l’ambiance est excellente et la conclusion très intéressante.

Encore une fois John nous a concocté un bon film.

 


Prince du Tibet

(1990) Réalisé par Welson Chim. 11/20

 

Par PALPLATHUNE: Voilà un film qui résume bien ce que peut faire de meilleur et de pire le cinéma de Hong Kong. A la base, on est en présence d’un remake déguisé du Golden Child d’Eddy Murphy (qui n’est pas une grande référence, pourtant).

Cela commence dans un temple tibétain où le grand lama local annonce sa mort et se réincarne dans un petit gosse. Un moine renégat souhaite sa mort pour permettre aux forces du mal de triompher, bla, bla, bla... Vous connaissez le principe. Après quelques combats, le marmot finit par tomber entre les mains d’un émigré chinois un peu simplet. Le duo va « s’incruster » chez une institutrice acariâtre de Hong Kong. S’ensuivent diverses péripéties puisque le gosse est recherché par les séides du moine félon. Heureusement ils peuvent compter sur l’aide d’une moine adepte du coup de tatane dans la poire.

Le meilleur du film se résume en un seul mot: les combats. Des chorégraphies magnifiques, rapides et parfaitement exécutés par des artistes martiaux confirmés (la virevoltante Cynthia Rothrock, le très efficace Lam Ching Ying, le clone de Jackie Chan Conan Lee dans le camp des gentils et un très impressionnant Tae kwen do man assisté d’un clone raté de David Bowie au grand écart facile pour les méchants). Pour les amateurs, c’est un véritable régal.

Mais ces combats, il faut les mériter, car ils sont séparés par d’insupportables scènes comiques. Même la pire comédie française, à côté, pourrait passer pour un modèle de finesse. Évidemment, elles sont complètement surjouées (la palme revenant à l’institutrice, qui ferait passer Clavier pour De Niro). Cet humour d’une lourdeur phénoménale aurait pourtant tendance à faire rire sur la fin: la fatigue ou l’overdose, je suppose. Un phénomène qui mériterait une enquête plus approfondie de nos deux spécialistes des affaires non classées, mais bon, je m’égare. Pour le reste, on sent le film assez fauché: les sbires du méchant sont toujours les quatre mêmes (dont deux seulement savent se battre), les quelques effets spéciaux sont très médiocres... Les décors sont soit réduits à la plus simple expression (nue, parc des quartiers les plus moches de Hong Kong, ça fait limite amateur) sont très kitsch (le temple tibétain). Et pour ceux qui s’attendent à une mise en valeur de la culture tibétaine ou des traditions bouddhistes, mieux vaut passer votre chemin.

Un film donc pour les amateurs de beaux combats Hong Kongais ou les pervers (si ça se trouve les scènes comiques prises au 36ème degré peuvent se révéler drôle, personnellement, je me suis arrêté au 35ème et ce n’était toujours pas suffisant). Mais dans les deux cas, je rappelle que la touche « avance rapide » de votre magnétoscope peut se révéler très salvatrice pour la santé mentale.


Le Projet Blair Witch

 

USA,1999

Réalise par Daniel Myrick et Eduardo Sanchez avec : Heather Donahue, Michael Williams, Joshua Leonard Scénario de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez.

Par GOLDORAK et MAESTRO :

Qui n’a jamais vécu ces instants superbes et haletants, lorsque tout jeune vous réussissiez pour la première fois à surmonter votre peur en traversant la cave sans allumer la lumière, par exemple ( Ou regarder Récrée A2 sans se cacher derrière le canapé devant les méchant monstres de Spectreman..).

C’est sur ce principe que trois jeunes étudiants Heather, Joshua et Michael décidèrent d’aller affronter le mythe de la sorcière de Blair dans la forêt de Black Hills, sous couvert d’un reportage sur la sorcellerie intitulé le Projet Blair Witch. Un an après leur disparition, le film de leur périple fut retrouvé…

Dans ce film point de Digital FX, Blue Screen et autres incrustations, pas plus de steady Cam, de camera sur rail et autres grues ; ici on voit tout camera sur l’œil et vue subjective en plein dans l’action, une action bien réelle. Si c’est sûrement par souci de faire un film avec un budget réduit et moyens techniques minimum que Myrick et Sanchez choisirent cette option, c’est aussi par souci de faire naître sous nos yeux un drame réel, qui d’après les conditions de tournage (un des acteurs a d’ailleurs failli abandonner au milieu du film), se voit aussi bien sur l’écran qu’en dehors. Ainsi, se servant de l’immersion du spectateur dans la quête de ces trois héros, les deux réalisateurs font surgir toutes les palettes d’émotions que bon nombre de films plus traditionnels n’arrivent pas à retranscrire, tout particulièrement dans le domaine de l’horreur.

Le choix de nous dire en introduction du film que nos trois protagonistes ont disparu à la suite de leur séjour en forêt, nous fait découvrir avec inquiétude la préparation du voyage et le moments de détente qui accompagnent la virée vers les bois de Black Hills. Si les personnages ont l’air détendu, tout comme le spectateur qui après avoir claqué 45Fr se sent plus léger (au moins de 45Fr) et prêt à un réconfort bien mérité (Je le rappelle pour 45Fr), on sent l’angoisse latente qu’ils éprouvent à vouloir combattre une croyance répandue qui leur a fait faire de nombreux cauchemars étant petit, et qui fera d’eux des vainqueurs grisés sur leurs peurs ancestrales et infantiles. De même, nous, les témoins passifs du drame, subissons ces instants avec tout le poids que le préambule laisse peser sur leur destin funeste.

Une fois dans la forêt ce sentiment se transforme. Faisant fi de l’inquiétude qui ne cesse de grandir, nous sommes dans le feu de l’action durant ces premiers moments exaltants qui ne nous semblent pas toujours aussi déterminants qu’ils ne le sont réellement, mais qui reflètent notre libération de l’angoisse accumulée jusqu’au pied de l’épreuve. Et comme toujours c’est dans ces moments de trop grande confiance ou d’insouciance que se tapit le drame. Que ce soit le doigt du destin ou un sens de l’orientation un peu défectueux, progressivement nous voici aussi perdus que nos compagnons, ne sachant pas si Heather se plante un peu sur le chemin ou si malgré sa maîtrise, il est inévitable de se perdre dans cette forêt maudite. Ainsi suite à l’excitation du début de la promenade et au fur et à mesure de la prise de conscience de la situation de paumée au milieu de bois maudit, les esprits s’échauffent…
Heureusement une première nuit de repos vient calmer le jeu et les angoisses. Le lendemain cependant, ils ne parviennent pas à retrouver la bonne route, mais tombent sur des endroits étranges .Heather, l’instigatrice de l’expédition, campe fermement sur ses positions de chef, se faisant rassurante au possible, et ne laissant pas transparaître son inquiétude, elle montre même une certaine fascination pour les découvertes étranges faites ( un champs de pierres empilées par des mains humaines, semblant ritualiser le lieu), qu’elle examine scrupuleusement ; elle tient ce qu’elle cherchait, et il lui semble que c’est leur condition de promeneurs egarés qui les mène vers les liens maléfiques, comme c’est toujours le cas dans les contes fantastiques de l’enfance (le petit poucet et ses fréres perdus dans la forêt rencontrent l’ogre, Hansel et Gretel rencontrent la sorciére etc…).
L’équilibre du groupe repose alors sur la complémentarité des trois amis face à la détresse croissante. Michael avoue sa peur et la matérialise le plus possible, il hurle, il est à bout et il le sait, Josh compatit face à cet état que lui même ressent, mais sa soumission envers Heather l’empêche de montrer sa peur. Heather, elle, mène le combat qu’elle avait choisi de conduire, et c’est sa détermination qui la pousse irationnellement vers l’inconnu qu’elle veut à tout prix rejoindre ; c’est cette résolution qui va les éloigner de leur voiture laissée à l’orée du bois, cette voiture qui symbolise sa situation/personnalité antérieure qu’elle ne veut connaître. La deuxième nuit n’apporte ni réconfort ni quiétude, elle scelle le destin des protagonistes qui savent qu’ils s’aventurent de plus en plus vers l’inconnu. Cette nuit s’accompagne de bruits étranges, inidentifiables, mais présents, et l’inquiétude du jour fait place à un sentiment d’inquiétude la nuit. Mais la barrière protectrice de la tente empêche la peur de pénétrer le groupe ; malgré cela c’est le coté rationnel de Heather qui la poussera à se glisser hors du cocon protecteur. Elle scrute la nuit, et cherche à trouver et à affronter les événements qui doivent forcement avoir une explication. Elle cherche quelque chose de tangibla à mettre sur la pellicule. Mais rien de tout cela n’est présent, encore moins l’envie de s’aventurer trop loin de la tente. Heather et les autres capitulent face à la nuit, leurs volonté dominée par la peur les cloue au seuil de leur abri. Le lendemain, tout redevient comme avant, et même si ils sont épuisés, perdus, et abattus, leur situation présente leur semble acceptable face à la crainte de la nuit. Cependant le dernier élément qui les rattachait à la situation initiale, à savoir la carte, a disparu…
Maintenant déconnectés de toute notion topographique, ils s’enfoncent de plus en plus dans la forêt, et au fur et à mesure les rôles s’inversent, Josh craque à son tour, toute la tension latente qu’il gardait au fond de lui pour faire bonne figure face aux ordres inconscients de Heather, véritable mère protectrice qui imposait une insouciance dont elle ne pouvait se persuader, finit par se répandre dans tout son être, le poussant dans une régression fœtale, avec un désespoir qui s’exprime à l’inverse de Michael par un isolement, une lamentation plaintive. Michael semble avoir reprit ses esprits et devient le mentor du groupe, soutenant Josh et affrontant Heather en essayant de lui faire prendre conscience de leur situation tragique. Pourtant Heather trouve ce qu’elle cherche, et ce sont des artefacts étranges (le ‘logo’ du film) suspendus aux arbres qui la consolident dans ses positions : Elle est sur le bon chemin, le chemin qui les rapproche de son but, celui d’arriver à la source de toute peur, arriver jusqu'à la source de la légende pour l’affronter et la vaincre. Mais avant cela ils doivent surmonter leurs faiblesses intérieures : Heather sa trop grande fierté, Michael son attitude trop passive et soumise, et Josh son attitude irrationnelle face au danger. Et dans un certains sens, seule Heather et Michael y arriveront. Après avoir effectué un 360° alors qu’il allait dans une seule direction ( Est-ce l’effet de ces lieux maléfiques qui fausse les repères rationnels, ou est-ce la volonté d’Heather de ne pas sortir de ce lieu sans avoir atteint le but qu’elle ne veut pas lâcher ?), Josh avoue avoir jeter la carte, cette carte devenue inutile car personne ne savait, ou ne voulait la lire correctement ; il brise ainsi l’ultime espoir qui subsistait, le semblant de réconfort que chacun cherchait, et qui était un prétexte pour ne pas reconnaître le caractère dramatique de la situation .
Dés lors, Michael sort de son désespoir passif, il se révolte face à la situation, il sort de l’influence castratrice de Heather pour exploser ; Heather face à ce renversement de situation commence à comprendre que sa folle quête, toute noble qu’elle soit, ne l’autorisait pas à disposer de Josh et de Michael comme elle l’a fait et de les entraîner sur une voie qu’elle leur avait imposée. Le jour finit par se coucher sur ce groupe en pleine mutation, aux rôles recomposés et aux esprits ayant évolué ; le chemin parcouru est déjà long et nos protagoniste ont déjà réussi grâce à toutes ces épreuves à franchir certaines étapes qui les ont conduit petit à petit à sortir de leur situation d’êtres encore immatures pour se découvrir. Et la menace de la nuit par le même mécanisme, devient de plus en plus palpable, et ce ne sont plus des bruits qui malménent nos amis, mais bien des êtres qui chahutent la tente, non pas pour y pénétrer (la tente reste toujours l’endroit familier protecteur et rassurant), mais pour pousser ses occupant à sortir. C’est effectivement ce qui se passe. Tout le monde sort, espérant enfin trouver au dehors une explication, quelque chose de palpable, quelque chose de rationnel auquel leur esprit pourra se confronter, contre lequel ils pourront se battre avec leurs connaissances. Ils veulent mettre un nom connu sur leur ‘adversaire’ pour pouvoir envisager une solution, ou imaginer une issue. Mais ils ne trouveront jamais ce qu’ils cherchent, et bien qu’en dehors de la tente ils ne trouvent d’explications à tout ceci. La peur a grandi, celle du spectateur aussi (ces scènes nocturnes, pleines de bruissements, de sons et de mouvements précipités nous ramènent à nos peurs ancestrales), elle n’est toujours pas identifiable, au fur et à mesure des nuits elle gagne en puissance, peut-être de façon inversement proportionnelle à la distance séparant les trois compagnons de sa source. Le lendemain matin, c’est la disparition de Michael qui inquiète le plus Heather et Josh. De nouveau recomposée, Heather n’a plus à jouer la comédie devant Michael, elle peut doucement laisser percer sa vraie nature devant Josh qui depuis longtemps n’est pas dupe et qui depuis longtemps a compris. Cette journée d’errance infructueuse se poursuit avec une nuit éclairée par les suppliques tonitruantes d’un torturé qui pourrait être Michael le disparu. Mais malgré les appels de Heather et de Josh, malgré leur course dans la nuit pour retrouver leur compagnon, ils n’arrivent toujours pas à trouver un semblant d’explication, un seul indice de rationnalité dans tout cela. Le lendemain, Heather retrouve au milieu des affaires éparpillés un morceau de chemise de Michael contenant des dents ensanglantées fraîchement extraites.
Elle choisit de ne pas le dire à Josh, regagnant une situation dominante, mais cette fois-ci elle a beaucoup de mal à assumer le choc, et elle s’enfonce de plus en plus dans le désespoir, elle laisse de plus en plus son orgueil de côté, elle avoue de plus en plus sa défaite… La nuit tombée elle décide d’affronter pour de bon sa peur et de ne pas se camoufler derrière l’enveloppe protectrice de la tente, et d’attendre passivement que les événements se passent ; elle décide ensuite avec Josh de scruter l’obscurité, de découvrir le mystère de ces lieux qui ne semble être visible que la nuit, lorsque tous les repères sont abolis, lorsque personne ne peut affirmer dans quel lieu il est, ni dans quelle forêt il est, dans quelle réalité il est… Mais avant d’entamer la dernière étape de leur voyage, la dernière chance de découvrir la source de tout, Heather décide de se confesser devant la camera : elle avoue son rôle dans l’affaire, elle met sa fierté de côte, pour avouer ses faiblesses, pour reconnaître qu’elle a consciemment envoyé deux personnes face à des dangers qu’elle seule connaissait, face à une situation qu’elle seule envisageait, face à un destin qu’elle seule avait construit ; elle avoue ses fautes conscientes et inconscientes…
Elle veut laisser une trace, une preuve de sa culpabilité qui dès lors devient sa seule certitude. Et grâce à cette culpabilité elle peut affronter tous les dangers qu’elle juge alors mérités amplement pour ces fautes. Quoi de plus acceptable pour un condamné jugé coupable que sa peine méritée ? N’a-t-on pas vu des criminels avouant leurs crimes, et suppliant les juges de les condamner à leur juste mesure ? Heather, par cet ultime trajet à travers la forêt, va au devant de son châtiment, elle réussit à surmonter sa peur, parce qu’elle a réussi à justifier le pourquoi de tout cela, et la perte de Michael fait partie de sa sentence… Ainsi guidés par des plaintes humaines, Josh et Heather découvrent une étrange demeure abandonnée. Ils savent que c’est la fin de leur voyage, ils savent qu’ils vont y trouver toutes les réponses… Ils savent que c’est dans cette maison que les crimes de la rumeur ont eu lieu, selon un rituel précis : le bourreau faisait mettre ses victimes face aux coins de la pièce pendant qu’il exécutait au milieu ses victimes, infligeant alors le summum de la peur : celle de savoir qu’un châtiment vous attend, celle de s’imaginer la sensation que procurera ce châtiment, celle de ne jamais savoir quand celui-ci aura lieu. C’est exactement cette même peur que ressentent alors Josh et Heather à mesure qu’ils s’approchent de la maison. Mais face à cette trop grande terreur ils préfèrent se jeter dans la gueule du loup plutôt que d’attendre que celui-ci vienne les cueillir. Qui pourrait dire comment il réagirait s’il se trouvait seul dans une maison fréquentée par un psychopathe muni de n’importe quel objet contondant, sachant que s’il reste dans sa cachette, tôt ou tard il sera découvert et subira un funeste sort ? Combien d’entre nous attendraient patiemment la mort, le moindre indice de notre découverte décuplant encore cette situation de stress ? Combien d’entre nous se jèteraient dans les bras du tueur pour que cette attente insoutenable cesse, et enfin combien d’entre nous auraient le courage d’affronter le tueur… ?

Dans tous les films il y a au moins une personne qui affronte le tueur et qui gagne, ne serait-ce que temporairement. Dans le projet blair witch, personne n’ose affronter le tueur, car personne ne sait qui il est, personne ne reste caché car la peur est trop intense et semble encore plus insoutenable que le châtiment lui même. Ici nos héros -car l’héroïsme au sens premier du terme, c’est affronter un destin inéluctable sachant que malgré tout nos efforts on ne pourra le changer, mais qu’en luttant contre celui-ci on gagnera une dimension humaine véritablement héroïque- courent vers le supplice, ils ont fini par se persuader que c’est la seule chose qu’ils méritent. En cela, ils se révèlent une fois de plus tragiquement humains… Heather parce que c’est sa quête et que c’est sa croisade, et qu’elle a entraîné deux personnes à leur perte, Josh parce qu’à aucun moment il n’a réellement eu confiance dans le succès de la quête d’Heather, et qu’il a tout fait, allant jusqu'à saboter l’espoir restant pour regagner une position dominante, avec comme seul credo l’appologie de l’échec. Ainsi, après être monté à l’étage de la maison, symbolisant leur situation initiale (le sommet, la clarté), étage où ils ne trouvent rien, ils finissent par descendre, car c’est là d’où viennent les cris ; ils s’aventurent en bas (le souterrain, le noir, le châtiment), ils ne prennent aucune précaution, ne se munissent d’aucune arme, sachant au fond d’eux que leur adversaire a déjà gagné, acceptant le châtiment comme le but ultime de leur quête contre leurs peurs et contre eux-même…

Le dernier plan montre la camera de Heather au sol fixant la silhouette floue de Josh face à un coin de la pièce, pendant que meurent des cris de souffrance mettant fin à cette épopée, qui a su en 90 minutes nous faire ressentir une palette émotionnelle incroyable et fascinante, revenir aux sources de la terreur sans en surcharger le film, mais au contraire en la distillant avec parcimonie. On est là plus proche de la technique suggestive d’un Lovecraft qu’aux effets plus faciles d’un King ou d’un cinéma d’horreur de série B. La gageure sera de voir si ce renouvellement d’approche formelle stimule des créations tout aussi surprenantes et questionnantes, ou si elle aboutira à un enième conformisme répétitif…


Le projet Blair Witch (The Blair Witch Project)

USA, 1999
Réalisé par Eduardo Sanchez et Daniel Myrick
avec Heather Donahue, Michael Williams, Joshua Leonard...

ParFrancesco: alala
L'idée de départ est alléchante : trois cinéastes (une réalisatrice, un cadreur et un preneur de son) partent dans la forêt de Blair faire un reportage sur la sorcière censée vivre ici-bas. Et les images qu'on voit sont tout ce qui reste d'eux.
En fait, le film est intégralement tourné par les acteurs, à la caméra vidéo et au super-8, dirigés de loin par deux réalisateurs qui s'occupent d'installer l'ambiance.
Ouais, tout ça c'est bien beau, mais ça ne fiche pas la trouille une minute tellement c'est gros. L'héroïne est proprement agaçante à commenter les scènes sans jamais s'arrêter. Quelques instants de silence (si peu) auraient amplement suffit à faire basculer l'histoire vers l'horreur pure.
Et puis bordel, qu'allaient-ils faire en balade au milieu de nulle part sans GPS, ni carte d'état-major, ni téléphone portable ?