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L'Holocauste oublié

QUELQUES NOTIONS D'HISTOIRE IRAKIENNE

L'Irak -la Mésopotamie antique- est historiquement une terre d'invasions qui a été successivement occupée par une multitude de peuples. Pour se borner à l'ère chrétienne et rendre la compréhension plus simple, disons que, jusqu'au VIIème siècle, elle fut entre les mains des Perses (les Iraniens de nos jours). Au VIIème siècle, les Arabes envahissent le Proche Orient et en 636 lors de la fameuse bataille de Qadisiyah (qui sera récupérée par Saddam Hussein encore et toujours pendant son triste règne), les Arabes infligent aux Perses une déroute dont les uns et les autres se souviennent encore, quoique pour des raisons différentes.

Avec la domination musulmane, c'est la dynastie des Abbassides qui s'installe dans la région et fonde en 762 AD la ville de Bagdad.

La dynastie produira un des plus brutaux tyrans de tous les temps, le premier caliphe abbasside (750-754) qui s'appellera lui-même Abul-Abbas al-Saffah (celui qui verse le sang) et qui était un descendant d'un oncle de Mahomet. Il était shiite comme la majorité des Irakiens de nos jours et viendra au pouvoir en éliminant la dynastie ouméyyade et les membres de la secte shiite qui l'avaient soutenu. Saddam Hussein a dû s'inspirer de ses précédents.

Au Xème siècle, la ville compte plus d'un million d'habitants et rayonne d'une vie intellectuelle riche qui produit des savants, des poètes, des juristes et des philosophes. Mais cette ère de rayonnement et de prospérité va prendre brutalement fin au XIIIème siècle avec l'invasion mongole lorsque Hulagu Khan, petit-fils de Genghis, déferle sur la région et tue le caliphe (1258). Les Mongols pillent Bagdad, tranchent la tête des élites, mettent à sac toutes les infrastructures et détruisent toute trace de la culture abbasside. Le pouvoir local va peu à peu tomber entre les mains des tribus nomades et Bagdad va perdre le contrôle de la région jusqu'à la conquête ottomane au 16ème siêcle. Les Turcs toutefois vont peu s'intéresser à la région qui va devenir une sorte de terrain de jeux et d'affrontements entre Turcs et Perses pendant deux cents ans.

A la fin du XVIIIème siècle, la rive occidentale de l'Euphrate n'est même plus cultivée et les escarmouches continuelles avec les Perses (qui sont en majorité shiites) avaient fini par rendre les Turcs peu favorables aux Irakiens shiites (rappelons que Saddam Hussein est sunnite). La Turquie soutint donc les Irakiens sunnites plus citadins qui peu à peu prirent le contrôle de Bagdad et de la région. Telle sera la situation à la fin du XIXème siècle : la région sera une lointaine province ottomane, contrôlée par les Sunnites sous le regard plus ou moins bienveillant de la Turquie.

La Première Guerre mondiale va changer tout cela de façon radicale. L'empire ottoman, allié de l'empire allemand pendant la guerre, contrôlait jusqu'alors la totalité du Proche Orient, les rives orientales et occidentales de l'Arabie (pas encore saoudite), le Koweit et l'Irak actuels : il va être dépouillé de toutes ces possessions pour être réduit plus ou moins à ses frontières actuelles. Les accords secrets "Sykes-Picot" de 1916 entre Paris et Londres vont à coups de ciseaux et d'encre rouge déterminer de la façon la plus arbitraire et la plus idiote les frontières des pays qui sont aujourd'hui la Turquie, l'Irak, le Koweit et l'Arabie Saoudite. En 1920, les accords de San Remo officialiseront les clauses des accords de 1916 et faire notamment de l'Irak un pays sous mandat britannique.

En 1921, les Britanniques vont chercher le prince arabe hachémite Faisal et font de lui le premier souverain du nouvel Etat ainsi créé. Pour les irakiens, Faysal est un étranger, il a en outre eu le tort de prendre la parti des Britanniques contre les Ottomans pendant la guerre. Les Britanniques introduisent le roupie indienne comme devise locale, farcissent l'armée de cadres et officiers indiens et vont même pendant quelques années jusqu'à remplacer l'ancien Code civil ottoman par un succédané anglo-indien. Pour ajouter l'insulte à l'injure, l'année précédente, les Français avaient abandonné la province kurde autour de Mossoul aux Britanniques en échange d'une participation minoritaire dans l'Anglo-Iranian Oil Cy. : en 1921, le Traité de Sévres avait promis aux Kurdes la création d'un état autonome mais les Britanniques, devant la montée du nationalisme turc et les ambitions de Kemal Ataturk, firent marche arrière dans la fin des années 20 et l'état kurde indépendant ne fut jamais créé, pire ce qui devait le devenir fut intégré dans les frontières de la Turquie actuelle.

Les années 20 et le début des années 30 vont connaitre des affrontements incessants entre Kurdes de Mossoul, Shiites de Basra et Sunnites de Badgad. LA R.A.F. aura à intervenir à plusieurs reprises pour calmer les belligérants, parfois en rayant de la carte des villages entiers. Ce ne sera finalement qu'en 1932 que les Britanniques donneront son indépendance à un état gouverné par un souverain arabe honni des deux tiers de la population. Il meurt en 1933 non sans avoir laissé un testament politique qui contient notamment l'aveu suivant :

"Je dois dire - et mon coeur est empli de tristesse - qu'il n'y a toujours pas en Irak un peuple irakien, mais seulement une inimaginable masse d'être humains, dénués de toute idée patriotique, remplis de traditions religieuses et d'absurdités, reliés entre eux par aucun point commun, prêts à écouter le mal, enclin à l'anarchie, et constamment préparés à s'élever contre toute forme de gouvernement."

Faisal sera succédé par son fils Ghjazi, un jeune homme éduqué en Angleterre, peu brillant et plus porté sur les voitures de sport que sur l'amélioration du sort de son pays. Il finira par se tuer dans un accident de voiture à la veille de la guerre. Son fils Faysal II lui succède mais il est trop jeune pour gouverner. Pendant la guerre, certains Irakiens rejoindront la cause nazie par haine des Anglais et des souverains hachémites imposés. En 1941, un coup d'Etat militaire - qui avait un fort appui populaire- installa au pouvoir des militaires favorables aux Nazis mais les Britanniques les en chassèrent rapidement et exécutèrent, avec l'aide du régent, les coupables. La répression ne fit qu'ajouter de la haine vis à vis de la monarchie et de la puissance impérialiste qui la soutenait.

Après la guerre, la monarchie dut affronter deux décennies de soulèvements et de révoltes jusqu'au dernier d 'entre eux qui en 1958 renversa le régime mis en place par les Anglais.

Le mouvement commandé par le Brigadier-Général Abd al-Karim Qassim installa un régime dictatorial, abattit de sang froid les membres de la famille royale, fusilla le Régent dont le corps fut trainé dans les rues et s'en prit même à des hommes d'affaires occidentaux qui furent assassinés. De 1958 à 1963, date de la première et brève arrivée au pouvoir du parti BAAS, le pouvoir va tomber entre les mains de différentes factions militaires. Il faudra attendre 1969 toutefois pour que le Baas retrouve définitivement le pouvoir et prépare la route au plus formidable des tyrans que le Proche Orient ait connu, le tristement célèbre Saddam Hussein.

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