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Le vote de Jack Lang ouvre une nouvelle crise au PS

Personne, parmi les socialistes, n'avait imaginé ce scénario : la réforme constitutionnelle adoptée par une voix d'avance. Personne et surtout pas Jack Lang qui, il y a quelques jours encore, assurait qu'il n'avait pas décidé s'il serait ou non présent à Versailles le 21 juillet, qu'il hésitait entre l'abstention et le oui et que son vote était "secondaire". Le député PS du Pas-de-Calais était bien présent au Congrès. Il a voté le texte comme il l'avait, le matin même, revendiqué dans Libération, et il a été le seul socialiste à le faire. Du coup, c'est l'hallali.

Jack LangUn bureau national devait se tenir mardi 22 juillet mais d'ores et déjà les couteaux sont tirés. Le PS vit au grand jour une crise, une de plus. Julien Dray évoque "la honte que doit porter Jack Lang d'avoir fait gagner Nicolas Sarkozy". "Ses électeurs ne doivent pas être fiers de l'avoir comme député", ajoute le député de l'Essonne. Ségolène Royal parle de "trahison", cite François Mitterrand – "sur le chemin de la trahison, il n'y a que le fleuve de la honte à traverser" –, et prévient : "A l'avenir, ce type de manquement à la probité politique ne sera plus admis au Parti socialiste."

Le numéro un du PS, François Hollande, met l'accent sur "le vrai sujet, Nicolas Sarkozy, qui pensait claironner un triomphe et qui est obligé de défendre une victoire à l'arraché" mais ajoute dans Le Parisien : "La voix de Jack Lang n'était pas nécessaire. Raison de plus pour qu'il ne l'apporte pas. A lui de tirer toutes les conclusions de ce qu'il vient de faire."

"combatif"

"J'ai ma logique, se défend en retour Jack Lang. Celle d'un homme qui entend juger un texte sur son contenu réel." Se disant plus "serein" et "combatif" que jamais, l'ex vice-président de la commission Balladur, qui revendique d'avoir largement inspiré le texte, précise au "Monde" qu'il "ne change pas d'avis en fonction des résultats d'un vote". Il fait remarquer – comme M. Hollande – que le texte a été adopté "par deux voix de majorité et non pas une seule". Il se "réjouit" de l'adoption de la réforme et déclare : "Je n'ai aucune leçon de socialisme à recevoir et il n'appartient à personne de décider si je dois faire ou non partie de tel ou tel cénacle."

M. Lang se dit d'autant plus serein qu'il est moins isolé qu'il n'y paraît. Depuis un an la révision constitutionnelle divise le PS. Face à ceux qui jouent l'opposition systématique à Nicolas Sarkozy, d'autres comme Christophe Caresche, député de Paris, Manuel Valls (Essonne), Gaétan Gorce (Nièvre), Jean-Marie Le Guen (Paris) estiment que la révision constitutionnelle comporte des avancées démocratiques dont il convient de se saisir.

Par discipline de groupe, ils ont voté contre la réforme mais leur intime conviction les portait à voter pour : "La position de Jack Lang est celle que nous aurions aimé pouvoir tenir", confiait Christophe Caresche au "Monde" quelques minutes avant l'annonce des résultats du vote.

Dans un nouveau texte publié par Le Monde, les quatre députés regrettent "l'occasion manquée pour le Parti socialiste" et s'interrogent sur "la pertinence" de sa stratégie. Avec dix autres députés, ils avaient déjà signé le 23 mai dernier une première tribune, appelant le PS à nouer un "compromis" sur la réforme constitutionnelle. A quatre mois du congrès de Reims, la meilleure façon de s'opposer à Nicolas Sarkozy reste pour le PS un sujet éminemment conflictuel.