Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!
NOUVELLE ETUDE DES GLYPHES DE KAOLAO
par le Professeur Robert Erasmus Sweepstake
Le système scriptural Kaolaon, ou Kaolan, Khaolon ou de Kaolao, selon les différentes appellations que l'on lui donne,
reste parmi les moins étudiés et les plus mystérieux qui soient. Reflète-t-il une forme inconnue d'une langue ancienne
déjà recensée mais restant indéchiffrée, ou marque-t-il la découverte d'une nouvelle langue encore ignorée et remontant
à la nuit des temps ?
Des glyphes de Schwizpstach aux chiffres kaolaons.
Découvert pour la première fois par le docteur
Sigismund Ruthegard Schwipzstach en 1697
sur un bâton gravé (Fig.1) d'un petit archipel
isolé d'Océanie, les glyphes de kaolao ont
longtemps été rattachés au groupe linguistique
mélanésien pour de simples raisons géographiques.
Certaines langues dans ces contrées ne sont
usitées que par de petits groupes de 300 ou
400 individus, à l'intérieur desquels on rencontre
encore des sous-groupes de dialectes parlés
par quelques dizaines d'individus seulement.
Il a dès lors paru naturel au docteur Schwipstake
de conclure - un peu vite sans doute - que les
signes qu'il avait découverts sur les pierres
gravées d'une île sans nom appartenaient à un
de ces nombreux dialectes tombés dans
l'oubli, mais indubitablement apparentés
aux langages environnants.

Pendant près de deux siècles, les glyphes
kaolaons restèrent pratiquement ignorés,
jusqu'en 1829 lorsque le linguiste britannique
Wilson Williamson s'y intéressa à nouveau
lors d'un voyage au Mexique où il fit
la découverte de signes identiques gravés
sur une roche (Fig.2), gravures que l'on sait
aujourd'hui remonter à plus 3000 ans avant J.C..
Les signes Kaolaons furent alors rattachés
au système d'écriture nahuatl des Aztèques,
et pour la première fois fut évoquée l'hypothèse
qu'il s'agissait en réalité de caractères numéraires
de système quinaire. On note également
une similitude graphique intéressante avec
la numération archaïque des prêtres maya
(Fig. 3) "Sir Wilson Williamson, explique
l'Italien Dameo Colas en 1858, commit une
erreur d'autant plus pardonnable qu'il nous
ouvrait de nouvelles voies de recherches".
Au cours des décennies qui suivirent
et nonobstant l'extrême distance géographique
qui séparait les différents sites de découverte,
Dameo Colas s'efforça successivement
d'apparenter les glyphes Kaolaons aux chiffres
hiéroglyphiques trouvés sur une statue
à Hiérakonpolis et remontant à 2800 av. J.C.,
puis au système numéraire chinois de comptabilité
utilisant l'échiquier à jonchets (1795) (Fig. 4),
puis enfin au système archaïque sumérien,
avant de revenir à son hypothèse égyptienne
lorsque de nouveaux glyphes kaolaon furent
découverts en Mauritanie par le missionnaire
français Colin Moleau (1872). Les glyphes
de Moleau (Fig.5) présentaient l'étonnante
particularité d'avoir été gravés dans de petits
fragments de silex taillés en pièces de formes
arrondies de quelques centimètres de diamètre.
Le pasteur Moleau émit l'hypothèse qu'il pouvait
s'agir de pièces de monnaie ou d'une sorte
de jeu pouvant ressembler aux osselets ou aux
dominos. Au milieu du siècle, les rares linguistes
qui se penchaient encore sur la question
apparentaient alors les glyphes kaolaons aux
langues peul, wolof, sérère, kulango et bobo
parlées en Afrique de l'ouest.

La seconde moitié du 19ème siècle et la période
du tournant du siècle fut féconde en découvertes
nombreuses de traces archéologiques Kaolaons
en différentes régions du globe qui remirent
en question la parenté des glyphes de Kaolao
avec un groupe linguistique précis. Le naturaliste
italien Giovanni Guglielmezzo témoigne dans
ses récits de la découverte d'une peinture rupestre
représentant un glyphe Kaolao en 1884 dans
le Canyon de Chelly, au Nouveau Mexique
(Fig. 6). Sensiblement à la même période,
l'explorateur allemand Hanz d'Ass rapporta
de ses voyages dans les régions australes une
dent de morse (Fig. 7) et un oeuf fossilisé
(Fig. 8) gravés de glyphes identiques, trouvés
sur l'île de Paques. D'autres vestiges d'origine
inconnue (Fig. 9 et Fig. 10) attestent
de la présence d'une influence kaolao
dans de nombreuses autres régions du globe.

Mais ce n'est qu'en 1911 que ces glyphes -
jusqu'alors dénommés "glyphes de Schwipzstach"
dans les codex qui en faisaient mention -
prirent le nom de kaolao, kaolaon, khaolao,
ou encore khaolan, à l'initiative de madame
Letizia Anna Muñoz de las Fuentes de los Palomos
qui découvrit lors d'un voyage aux Petites Antilles
deux statuettes précolombiennes représentant
vraisemblablement des ours d'origine arawak
gravés des mêmes glyphes (Fig. 11 et Fig.12) .
Poursuivant son voyage, elle se lança sur
les traces du docteur Schwipzstach dans l'intention
de retrouver l'île qu'il avait abordé plus de deux
siècles auparavant. Si elle ne pu jamais avoir
la certitude d'avoir retrouvé l'île du docteur
Schwipzstach, elle rapporta cependant
de son expédition le nom "Kaolao", plusieurs
fois mentionné par les anciens sur un vaste territoire
s'étendant des archipels polynésiens jusqu'en
Nouvelle Calédonie, en passant par les îles Fidji.
Ainsi revenue aux sources, elle confirma
l'hypothèse du système numéraire quinaire utilisé
en houaïlou, l'une des plus importante langue -
parlée par environ 5000 personnes - en Mélanésie,
et plus particulièrement en Nouvelle Calédonie.
Mais avant d'en conclure trop rapidement
à l'appartenance des glyphes Kaolao au groupe
malayo-polynésien, on notera l'extraordinaire ressemblance entre la statuette arawak rapportée
par Letizia Muñoz et celle trouvée par l'aventurier
Al Roque dans le nord de l'Alaska en 1917 (Fig. 13).
Fig. 1 : le bâton de Schwipzstach, première mention de glyphes kaolao en 1697.
Fig. 2 : les glyphes de Kaolao découverts en 1829 au Mexique dateraint de plus de 3000 ans.
Fig. 4 :système de numeration chinoise archaïque, tel qu'utilisé dans les échiquiers à jonchets.
Fig. 5 : les cailloux du pasteur Moleau, découverts en Mauritanie en 1872.
Fig. 3 : Système numéraire archaïque des prêtres maya qui inspirèrent l'intuition de Wilson Williamson sur
le sens possible des glyphes de Kaolao.
A noter que les chiffres maya peuvent
se lire indifféremment à la verticale ou
à l'horizontale, ce qui malheureusement contribua à nous laisser présupposer qu'il en était de même des glyphes Kaolao.
Fig. 6 : un glyphe kaolao découvert en 1884 par le naturaliste Giovanni Guglielmezzo dans un troglodyte du Canyon de Chelly en pays Navajo au Nouveau Mexique. La présence d'une peinture représentant une main à proximité du glyphe a longtemps laissé supposer que le glyphe représenté ici correspondait au chiffre 5.
Fig. 8 : gravures kaolao sur un oeuf fossilisé de près d'1,5 m de long. Découvert en 1889 par Hanz D'Ass sur l'île de Paques.
Fig. 10 : stèle dite "de Cecchi", d'origine inconnue, gravée de deux glyphes (ou 3) de kaolao. Détail intéressant : la pierre plate représentée sur le dessus de la stèle avait probablement pour fonction de pivoter sur un axe central creusé dans la stèle.
Fig. 12 : Autre statuette précolombienne trouvée par Letizia Munoz sur le même site de fouilles que la Fig.11. "Probablement une divinité arawak d'origine améridienne", précise madame Munoz dans ses notes, "assez grossière de facture, et représentant une espèce d'ursidé inconnue dans ces régions, à moins qu'il ne s'agisse d'un rongeur".
Fig. 7 : une très intéressante suite de glyphes de Kaolao gravée sur une dent de orse, rapporté des terres austales
par l'explorateur allemand Hanz D'Ass.
Fig. 9 : pièce d'origine inconnue appartment à la collection Alvarez.
Fig. 11 : Statuette précolombienne exhumée en 1911 par Letizia Anna Munoz de las Fuentes de los Palomos lors d'un voyage dans les petites Antilles. Très probablement d'origine caraïbe ou arawak. On y note la prèsence de glyphes de kaolao jamias relevés avant cette date.
Fig. 13 : Statuette en os d'origine eskimo. Outre la présence de glyphes
de Kaolao, on notera la ressemblance frappante avec la statuette de la figure 11. La signification des glyphes figurant sur le ventre de la statuette reste à ce jour indéchiffrée, comme celle figurant sur le pendentif qui représente probablement une dent. Chiffres ou lettres? Il est possible que I'un comme l'autre soit représenté sur ce specimen visible au musée d'Anchorage.
Extension comparée du système quinaire et des glyphes kaolaons.
"Kao" - ou "xao" - signifiant grand en houaïlou, il est possible que le mot kaolao signifie "grand ancêtre"
(kao bao) ou "grand revenant", ou encore "grand père" (kao vao) ; le l pouvant être entendu n ou b ou v selon
les dialectes. Mais rien n'est moins sûr, "l'expression faciale reste identique, écrit Letizia Muñoz, quelle
que soit l'île où je pose la question et montre mes
dessins des glyphes de Schwipstake. Le vieillard
acquiesce en tendant une main ouverte vers le grand
large, semblant indiquer une destination vague
perdue sur l'océan et qui reste, où que je m'adresse, invisible aux yeux. Le plus probable reste que
kaolao est le nom d'une île lointaine abordée autrefois
en pirogue (pirogue se dit koa), probablement
désertée plusieurs décennies auparavant, comme
c'est encore le cas aujourd'hui sous la menace d'une
éruption volcanique, et que le souvenir de cette
île se transmet encore de générations en générations".
Si les glyphes mystérieux de l'île découverte
par le docteur Schwipzstach plus de 200 ans
auparavant avaient désormais trouvé leur nom,
il est cependant difficile de leur attribuer une origine géographique ou une appartenance à un groupe linguistique précis. Il est intéressant néanmoins
de noter que les régions du monde où des traces d'utilisation du système numéraire kaolaon ont été découvertes correspondent en grande partie aux
régions où sont encore utilisés des systèmes quinaires
dans le monde actuel (Fig. 14).
Le système quinaire, de base cinq au lieu de dix
comme c'est le cas dans notre système décimal,
est encore utilisé, ou a laissé des traces très nettes
dans le langage, en:
  - Afrique: en peul, en wolof, en sérère,
    mais aussi dans certaines langues mandé,
    krou ou voltaïques comme le kulango.
  - Amérique: en nahuatl et en otomi au Mexique,
    en arawak et en caraïbe, mais également
    en guarani en Amérique du Sud.
  - Océanie: en houaïlou et en api (Nouvelles Hébrides)
  - Asie: en khmer.
Si l'on a pas encore découvert de glyphes kaolao
en Asie, cela ne signifie pas pour autant que
l'influence kaolao n'a pas atteint l'Asie. Le khmer
pose aux linguistes une véritable énigme dans
le fait que les langues khmer différent très nettement
des langues qui lui sont géographiquement voisines.
La tendance des chercheurs d'aujourd'hui est
de l'apparenter aux langues malayo-polynésiennes, hypothèse qui pourrait confirmer un lien historique
entre l'Asie et l'Océanie.
A l'exception près du Cambodge donc, la carte
des traces archéologiques de glyphes kaolaon
recouvre pratiquement à l'identique la carte
de l'extension des systèmes numéraires quinaires.
La datation particulièrement ancienne
(plus de 3000 ans) de certaines pierres gravées
en même temps que l'extraordinaire stabilité
scripturale de ces glyphes d'un continent à l'autre
pourrait signifier que les chiffres kaolao sont parmi
les plus anciens que l'on ait découverts et que
la civilisation qui les utilisait a étendu son influence
à tous les continents - y compris aux Amériques
près de 5000 ans avant leur "découverte".
Fig. 14 : Extension comparée des systèmes numéraires quinaires et des traces archéologiques de glyphes kaolao (sur fond bleu).
 
Les bases du système quinaire et le système numéraire kaolao:
Huit se dit walo en tagalog des Philippines, valu aux Samoa, va'u à Tahiti, valo à Madagascar, waru en Maori et walu à Hawaï. Outre l'impressionnant maintien d'un vocabulaire identique entre des populations insulaires séparées par des dizaines de milliers de kilomètres d'océan, couvrant un territoire qui va de la côte africaine au milieu de l'océan Pacifique, il est encore plus intéressant de noter la correspondance entre les chiffres et les parties du corps : cinq se dit rima en Maori, lima en Indonésie, lima aux Nouvelles Hébrides, et ce même vocable a le sens de main en tahit.
En effet, lorsque l'homme se mit en devoir de compter entre le 3ème millénaire
et le 1er millénaire avant notre ère, les premiers systèmes de numération archaïques comptaient en bâtons, ou en doigts. 1 était représenté par un bâton, 2 par deux bâtons, 3 par cinq bâtons, etc. Ce qui rendaient les choses difficiles pour appréhender les grands nombres : au-delà de 6, il devenait impossible de lire un chiffre du premier coup d'oeil. Ainsi sont apparus les systèmes numéraires, le plupart du temps calqués sur le corps humain : l'unité de base étant le 5 (une main), le 10 (deux mains) ou le 20 (tous les doigts d'un même corps), donnant naissance aux système quinaire (base 5), au système décimal (base 10) aujourd'hui le plus répandu dans le monde et au système vicésimal, ou vigésimal, (base 20).
Le système décimal romain : I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, dérive en réalité d'un système quinaire, le 5 (V) y apparaissant comme un nombre de base tout autant que le 10 (X) que l'on peut lire comme deux V en miroir, reliés par la base.
Le désaccord qui divise encore les linguistes sur l'interprétation des glyphes kaolao vient précisément de cette association naturelle et historique entre le système quinaire et la représentation d'un nombre de doigts ou de mains.
Ainsi, le glyphe: A01 qui visuellement pouvait évoquer une main levée fut-il longtemps traduit par un 5.
Et le glyphe: A02 qui visuellement pouvait évoquer un doigt, ou un bâton tel que les utilisaient les Sumériens, les Egyptiens, les Grecs ou même les Romains dans leurs premiers systèmes archaïques de numération, fut longtemps traduit par un 1.
Dès lors, le glyphe A03 était traduit par 10 : 2 "mains", et le glyphe A04 était traduit par 8, soit 1 main et 3 doigts, comme d'ailleurs le glyphe A05 - passant allègrement sur le fait qu'il fallait pour cela que la langue kaolao soit lisible de gauche à droite comme de droite à gauche, et partant, que le système kaolao ne pouvait pas connaître le positionnement des unités.
Mais la découverte des glyphes A06 , A07 , A08 , et A09 accolés aux précédents jeta la confusion dans l'interprétation de ce système qui jusqu'alors avait paru simple et archaïque, même si l'on s'efforça au départ d'ignorer le fait que ces 4 nouveaux glyphes apparaissaient sous deux formes différentes:

B01 et B02 furent longtemps supposés avoir le même sens et furent traduits
par le même chiffre. On supposa que le signe B03 représentait une base de 25 et que dès lors, les glyphes ci-dessus se lisaient 5 et 3+25, c'est à dire 28. Et l'on continuait à lire indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche les glyphes tels que B04 et B05 pour leur donner des traductions identiques.
Les traces archéologiques des chiffres kaolao restant rares, peu nombreux furent les linguistes qui s'essayèrent à résoudre cette contradiction, et la question tomba dans l'oubli.

 
   
 
       
     
       
   
       
       
   
       
   
       
       
Essai d'interprétation nouvelle des chiffres kaolao
Je crois pour ma part que si la base numéraire du système kaolao est bien le 5, notre erreur de départ vient d'avoir trop vite interprété le glyphe C01 pour y voir une main, et y lire le chiffre 5, partant du présupposé qu'une langue ancienne était forcément primitive. J'avance l'hypothèse audacieuse, qui sans doute me vaudra les foudres de ceux de mes confrères qui daigneront me lire, que pour être archaïque le système numéraire kaolao était loin d'être primitif, que la civilisation qui l'utilisait maîtrisait parfaitement le système positionnel des symboles numériques - que l'on attribuait jusqu'ici aux Indiens et que l'on datait du 7ème siècle de l'ère chrétienne - et qu'il n'est donc pas anodin de les lire de droite à gauche ou de gauche à droite.
Mieux encore, je pense qu'ils maîtrisaient également la notion de zéro et qu'ils utilisaient les puissances d'exposant entier pour exprimer les grands nombres, invention attribuée jusqu'ici au mathématicien persan Ghiyat ad din Ghamshid
al Kashi et daté du 15ème siècle.

Pour autant, je ne remets pas en question le caractère symbolique des glyphes numéraires kaolao qui ne me semblent que peu devoir à un éventuel système numérique alphabétique. Si la base numéraire kaolao est bien le 5, il m'est apparu peut-être hasardeux de vouloir le rattacher exclusivement à la symbolique de la main. Le chiffre 5 est présent sur le modèle humain de multiples manières : 5 doigts certes, mais aussi 5 membres, 5 sens, 5 âges, etc. Je me pris à regarder les glyphes différemment, y cherchant le symbole de l'individu entier, et le trouvait dans le glyphe C02.
Ce point systématiquement placé au-dessus de la barre verticale n'évoquait-il pas plutôt une tête posée sur un corps debout qu'un doigt dressé ? Partant de là, il devenait très probable que le glyphe C03 représentait plutôt 5 fois 5, soit le nombre 25, ce qui modifia encore ma perspective : si mon hypothèse était exacte, cela signifiait que la civilisation qui utilisait ces glyphes, non seulement connaissait la multiplication (3000 ans avant J.C.?), mais l'utilisait couramment dans sa forme d'écriture des nombres - ce qui va bien au-delà des connaissances d'un individu occidental moyen qui a suivi des études : combien parmi nous liraient 7x7 pour 49 ou 9x9 pour 81?
Ainsi, le glyphe C04 devrait se lire 25x25, soit 625, plutôt que 10!
Posant l'hypothèse que les glyphes kaolao se lisaient de gauche à droite et de haut en bas - me fiant ainsi aux observations de madame Letizia Muñoz qui affirmait que les glyphes gravés qu'elle avait eus entre les mains avaient bien été réalisés partant de la gauche pour tailler vers la droite, et du haut pour tailler vers le bas - je cherchais alors d'autres glyphes, déclinés en 4 formes apparentées, pouvant représenter les chiffres unitaires 1,2,3 et 4.
Je m'intéressais alors de plus près aux glyphes C05 , C06 , C07 , et C08 qui pouvaient bien répondre à mes questions. Si l'écriture des chiffres kaolao relevait d'un principe idéographique permettant au lecteur d'en deviner le sens par intuition visuelle directe tout en n'hésitant pas à avoir recours à la multiplication, c'est sans aucun doute qu'il dérivait d'une logique considérablement moins simpliste que celle qui avait donné lieu à nos premiers bâtons dressés, laquelle s'était révélée limitée dans la mesure où elle ne permettait pas la représentation des ordres d'unités consécutifs. Les savants Chinois du IIème siècle avant J.C. s'étaient heurtés à ce problème et l'avaient résolu de manière ingénieuse en introduisant une deuxième forme de notation pour les unités simples, recourant à des signes analogues aux "bâtons" mais en les dessinant à l'horizontale. Il suffit parfois d'une astuce pour contourner des difficultés qui paraissent insurmontables. Et de fait, les écritures chinoises, japonaises et coréennes d'aujourd'hui utilisent toujours ces représentations de barres s'empilant les unes sur les autres pour noter les chiffres 1, 2 et 3.
Ainsi, selon mes observations, le système numéraire kaolao pourrait bien s'écrire - et se lire - comme suit (Fig. 15) :

Partant, je pense être en mesure d'affirmer sans me tromper que si le système numéraire de Kaolao tient compte de l'ordre de positionnement des unités, il devient totalement impossible d'ignorer l'ordonnancement successif des glyphes et de donner la même signification à des glyphes tels que C09 et C10, par exemple.

J'avance donc l'hypothèse suivante :

Si D01 a bien, selon mon hypothèse, le sens de : 25 et 2, soit 27.

D02 , en revanche, pourrait avoir le sens de : 2 x 25, soit 50.

Mieux encore, je pense être en mesure d'affirmer que les Kaolaons utilisaient non seulement la multiplication mais aussi les puissances en exposant, selon un mode assez similaire au nôtre qui consiste à distinguer les chiffres de base et les exposants par leur taille relative, et qu'en conséquences les glyphes :

D03 et D04 auraient également des significations différentes.
D05 écrit de même taille que les autres glyphes garderait son sens d'unité. D06 écrit de taille inférieure et rattaché à la base de D07, prendrait le sens d'exposant.

D08 se lirait donc 252, soit 25 puissance 2 = 625.

Ainsi par exemple, les glyphes D09 se liraient-ils donc 2 x 252 = 1250

255, soit 9.765.625, s'écrirait alors D10

10.000.000 s'écriraient donc 255 et 15x253 , soit: D11

Le système numéraire de Kaolao, dont l'origine remonte, ainsi qu'on l'a déjà précisé, à plus de 3000 ans avant J.C. ou 5000 ans avant notre ère, aurait en fait une double base : une base quinaire (base 5, donc), ainsi qu'on l'avait très justement soupçonné jusqu'ici, mais également une base 25 (pour laquelle il reste il terme à inventer),
ce qui en l'espèce le rendrait unique.

Reste à identifier la civilisation qui a pu concevoir un système aussi avant-gardiste
à des périodes de l'histoire humaine où le monde entier comptait encore sur ses doigts...

 
 
   
   
       
     
       
     
       
   
 
  Fig. 15    
       
   
       
   
       
   
       
   
       
   
       
   
     
Conclusions:
Pour peu connus - et moins encore étudiés - qu'ils soient, les glyphes de Kaolao présentent sur beaucoup de points une véritable énigme, tant historique que géographique ainsi qu'on l'a vu plus haut, en même temps qu'un défi à notre système
de logique. Aucun de nous, si familier qu'il soit des chiffres, n'est préparé à compter
en utilisant couramment les systèmes de puissance, et moins encore à raisonner
sur une base de 25 (même si la base 5 nous reste accessible).

Moi-même, qui vit avec les chiffres kaolao depuis près de huit ans maintenant,
ai bien du mal à les étudier sans ordinateur, ou au moins un calculatrice puissante. Même si l'on suppose que ces chiffres étaient l'instrument d'une élite, de prêtres, d'astronomes ou de mathématiciens, d'une civilisation aujourd'hui disparue,
l'énigme n'en reste pas moins de taille. L'Histoire foisonne certes d'exemples
de civilisations disparues ayant atteint des niveaux de connaissances qui se sont
perdues à la suite d'invasions guerrières et que l'on a mis des siècles, voire des millénaires à retrouver (les Aztèques et l'astronomie par exemple écrasés
par l'invasion espagnole, ou les Egyptiens et la médecine mis à mal sous
le joug de l'empire romain), rien n'est donc impossible.
Même s'il n'y a rien de surprenant en soi dans le fait que les traces archéologiques
de cette civilisation soient plus présentes dans les régions du globe dites
"primitives", restées vierges des rouleaux compresseurs culturels des grandes civilisations de l'ère chrétienne, reste à expliquer cependant l'extraordinaire
expansion géographique de l'aura de cette civilisation disparue qui va des pôles jusqu'aux îles les plus reculées du Pacifique en passant par les côtes africaines
et mexicaines.