George A. CUSTER
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George A. CUSTER : Homme et Légende

George Armstrong CUSTER est certainement le militaire le plus controversé de l'Histoire des Etats-Unis au XIXè siècle.

Le 6 juillet 1876, les grandes villes de l'Est s'éveillaient au son d'une terrible nouvelle : le général CUSTER et cinq compagnies du 7è de Cavalerie avaient été massacrés le 25 juin par les Indiens rebelles au bord d'une rivière du lointain Montana, la Little Big Horn. La Presse était déchaînée : était-ce là le résultat de la "Peace Policy" du Président Ulysses S. GRANT ?

La nouvelle, il est vrai, tombait mal. Deux jours avant son arrivée, le monde politique et la population entière avaient célébré unanimement le centième anniversaire de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis d'Amérique; l'euphorie avait été l'ordre du jour et l'on avait établi dans l'enthousiasme général le bilan de ce Centenaire, lequel incluait le complet succès de la conquête de l'Ouest. Et voici que des "sauvages" se permettaient, en cette heureuse conjoncture, de rappeler leur existence et de dévoiler les failles du système...

Comment, par exemple, plus de quinze mille "redskins" avaient-ils pû sortir des réserves et se balader dans la région des Black Hills sans qu'on n'eût été signalée leur "disparition" - sinon celle de trois mille d'entre eux ?

Il fallait évidemment trouver des responsables, et vite... 1876 était une année électorale et cette sanglante défaite constituait un argument en or pour l'opposition démocrate.
C'est dire si l'événement prit, dès les premiers articles, une dimension nationale au point que l'annonce de la déroute du général CROOK le 18 juin sur la Rosebud passa presque inaperçue lorsqu'elle fut connue peu après; il est vrai que cette dernière avait été moins cuisante et ne s'était pas soldée par l'annihilation de son armée, CROOK s'étant contenté de faire demi-tour pour refaire ses forces.

Pour le Pouvoir républicain comme pour l'Armée, il n'y avait aucun doute officiel : la défaite de CUSTER et du 7è de Cavalerie ne pouvait qu'avoir été glorieuse. Le mythe du "Last Stand" naissait, emblématique de toute résistance acharnée des courageux soldats américains face à un ennemi féroce et supérieur en nombre. Ici, Républicains et Démocrates étaient d'accord : nul n'avait intérêt à ce que le public sache que de jeunes recrues, dont la plupart ne savaient même pas tirer, étaient mortes en pleine panique - ainsi que la position des corps l'indiquait clairement - faute d'avoir pû déserter ! L'honneur de l'Armée et de la Nation exigeait une version héroïque des faits, éventuellement doublée de l'une ou l'autre traîtrise....

L'opinion se partagea en "pro-Custer" et "anti-Custer"; on accusa le major RENO qui sera radié honteusement pour lâcheté en 1880, et dans une moindre mesure le capitaine BENTEEN : les deux officiers avaient en effet survécu au "massacre" après une résistance de deux jours... à cinq kilomètres de la colline sur laquelle CUSTER avait rencontré son destin.

La légende, attisée sinon créée par Elizabeth BACON CUSTER veuve du héros des Grandes Plaines, allait rivaliser avec l'histoire non seulement à travers les recherches des "spécialistes" tel Frederick WHITTAKER dont le "A complete life of General George A. Custer" parut en 1876 même, mais aussi à travers des peintures, des lithographies, des "dime novels",... Elle s'épanouit ensuite au cinéma dès 1909 avec "Custer's Last Stand/On the Little Big Horn" de William SELIG.

Il fallut attendre la mort de la veuve du bouillant général en 1933 pour que les auteurs "révisionnistes" se révèlent en-dehors des cénacles (les rapports militaires, par ailleurs divergents, étaient restés secrets); en 1934, Frederic V. VAN DE WATER publiait son "Glory-Hunter: A Life of General CUSTER". Cette tentative de mettre au point une version moins romantique et idéalisée de la vie et de la mort du "Chasseur de Gloire" resta sans lendemain immédiat et si le film de Raoul WALSH "They Died With Their Boots On" réalisé en 1941 nous montrait Errol FLYNN célébrant la Gloire du soldat, c'était d'abord pour nous brosser un portrait positif du "boy general" et faire de sa mort face à CRAZY HORSE un exemple d'abnégation et de courage.

Les années d'après-guerre virent apparaître des récits cinématographiques bien moins positifs; toutefois le nom même de CUSTER n'était évoqué ni dans "Fort Apache" de John FORD en 1948, ni dans "The Last Frontier" d'Anthony MANN en 1956, ni dans "The Glory Guys" d'Arnold LAVEN en 1965; le général apparaissait fugitivement dans "Bugles in the Afternoon" de Roy ROWLAND en 1952 et cédait la vedette au cheval Comanche et au capitaine KEOGH dans la production Walt DISNEY "Tonka" de Lewis R. FOSTER en 1956.
"Custer of the West" de Robert SIODMAK en 1967 et la mini série télévisée "Custer" des années 1967-1968 étaient globalement favorables au personnage et il fallut attendre l'adaptation cinématographique de "Little Big Man", le roman épique écrit par Thomas BERGER en 1964, par le cinéaste "révisionniste" Arthur PENN en 1970 (il avait déjà revu le mythe de BILLY THE KID en 1958 dans son remarquable "Left-Handed Gun") pour que CUSTER soit présenté comme un mégalomane irresponsable; remarquons toutefois que ce traitement n'était pas réservé à ce seul personnage dans le roman iconoclaste, et que le portrait donné par PENN et son acteur Richard MULLIGAN était passablement éloigné du modèle proposé par BERGER.

En 1971, Loyd J. OVERFIELD II réunit et publia "The Little Big Horn, 1876: The Official Communications, Documents and Reports...", qui permettait au lecteur de mieux approcher la réalité officielle.
A l'occasion du centenaire de la bataille, Brian W. DIPPIE publiait en 1976 "Custer's Last Stand: The anatomy of an American Myth", une analyse critique de la mythologie custérienne. "Custer and the Little Big Horn: A Psychobiographical Inquiry" de Charles K. HOFLING constituait, en 1981, une intéressante analyse psychologique. Il en était de même en 1988 pour "Cavalier in Buckskin: George Armstrong Custer and the Western Military Frontier" de l'historien Robert M. UTLEY.

Cependant, en 1990, si le téléfilm "Son of the Morning Star" de Mike ROBE d'apr s le roman historique d'Evan S. CONNELL "Son of the Morning Star: Custer and the Little Bighorn" nous offrait un CUSTER plus humain; il restait néanmoins solidement enraciné dans sa mythologie.

Les années 90, et particulièrement en 1997, de nombreux ouvrages de chercheurs universitaires se sont efforcé de nous présenter des visions plus réalistes et, par conséquent, nuancées de la bataille de Little Big Horn et des motivations de George Armstrong CUSTER. Citons : "The Custer Reader", une anthologie d'articles réunis par Paul Andrew HUTTON en 1992, "Archaeology, History, and Custer's Last Battle: The Little Big Horn Reexamined", la remarquable thèse de doctorat de Richard Allan FOX Jr publiée en 1993; "With Custer on the Little Bighorn: The first - and only - eyewitness account ever written" de William O. TAYLOR, découvert et publié par Greg MARTIN en 1996; "Touched by Fire: The Life, Death, and Mythic Afterlife of George Armonstrong Custer" par Louise BARNETT la même année; et "Custer and the Battle of the Little Bighorn: An Encyclopedia" de Thom HATCH en 1997.

Ces mêmes années ont vu la publication d'ouvrages fondamentaux nous rapportant les récits des Indiens. Signalons : "Lakota Recollections of the Custer Fight: New Sources of Indian-Military History" de Richard G. HARDORFF en 1991, "Lakota and Cheyenne: Indian Views of the Great Sioux War, 1876-1877" de Jerome A. GREENE et "Killing Custer: The battle of the Little Bighorn and the fate of the plains Indians" de James WELSH et Paul STEKLER en 1994; "Lakota Noon: The Indian Narrative of Custer's Defeat" de Gregory F. MICHNO en 1997; "The Arikara Narrative of Custer's Campaign and Battle of the Little Bighorn" d'Orin G. LIBBY en 1998; "Cheyenne Memories of the Custer Fight" (1998) et "Hokahey! A Good Day to Die! The Indian Casualties of the Custer Fight" (1999) tous deux compilés par Richard G. HARDORFF.

Il est désormais possible de faire la part des choses entre mythes et réalité.

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BIBLIOGRAPHIE GENERALE :

(Celle qui concerne la bataille de Little Big Horn se trouve sur la page qui lui est spécialement consacrée)

1. Paul Andrew HUTTON (ed.) : The Custer Reader. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, 1993. 585p. (dont deux illustrations ci-dessous)

2. W.A. GRAHAM (ed.) : The Custer Myth. STACKPOOLE BOOKS/ Custer Library, 1995. 413p.

3. Robert M. UTLEY : Custer and the Great Controversy: The Origin and Development of a Legend. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, 1998. 172p.

4. Edward Tabor LINENTHAL : Changing Images of the Warrior Hero in America: A History of Popular Symbolism. EDWIN MELLEN PRESS/ Studies in American Religion 6, 1982. 274p. (Part II: George A. Custer: Sacrificial Warrior of the West. pp. 19-30)

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1. general George A. CUSTER : My Life on the Plains. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, (1872-1874) 1966. 626p.

2. Elizabeth Bacon CUSTER : Boots and Saddles; or, Life in Dakota with General Custer. UNIVERSITY OF OKLAHOMA PRESS/ Western Frontier Library, (1885) 1961. 276p.

3. Idem : Following the Guidon. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Book, (1890) 1994. 346p.

4. Shirley A. LECKIE : Elizabeth Bacon Custer and the Making of a Myth. UNIVERSITY OF OKLAHOMA PRESS, 1993. 419p.

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1. Stephen E. AMBROSE : Crazy Horse and Custer: The parallel lives of two American warriors. NEW AMERICAN LIBRARY, 1986. 527p.

2. Louise BARNETT : Touched by Fire: The Life, Death, and Mythic Afterlife of George Armstrong Custer. HENRY HOLT AND COMPANY, 1996. 540p. (dont une illustration ci-dessous)

3. Jim DONOVAN : Custer and the Little Bighorn: The Man, the Mystery, the Myth. VOYAGEUR PRESS, 2001. 224p.

4. W. Donald HORN : Portrait of a General: George Armstrong Custer and the Battle of the Little Big Horn. SOUTHEAST PUBLICATIONS, 1998. 122p.

5. Jay MONAGHAN : Custer: Life of General George Armstrong Custer. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, 1971. 471p.

6. Robert M. UTLEY : Cavalier in Buckskin: George Armstrong Custer and the Western Military Frontier. UNIVERSITY OF OKLAHOMA PRESS, 1988. 226p.

7. Frederic F. VAN DE WATER : Glory-Hunter: A Life of General Custer. BOBBS-MERRILL COMPANY, 1934. 394p.

8. Jeffry D. WERT : Custer: The Controversial Life of George Armstrong Custer. TOUCHSTONE BOOK, 1997. 462p.

9. Frederick WHITTAKER : A Complete Life of General George A. Custer. 2 volumes. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, (1876)1993. 648p.

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1. Stan HOIG : The Battle of the Washita: The Sheridan-Custer Indian Campaign of 1867-1867. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, 1979. 268p.

2. Robert M. UTLEY (ed.) : Life in Custer's Cavalry: Diaries and Letters of Albert and Jennie Barnitz, 1867-1868. UNIVERSITY OF NEBRASKA PRESS/ Bison Books, 1987. 302p.

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FILMOGRAPHIE :

Plusieurs films, téléfilms, serials et une télésuite en deux épisodes mettent plus ou moins longuement en scène la silhouette chamarée du "Boy General"; l'ensemble fournit à notre analyse critique des portraits aux traits saillants mais contradictoires de cet homme peu ordinaire.

Dans la liste ci-dessous figurent quelques films - marqués d'une astérisque - où CUSTER n'apparaît pas, mais dont un personnage le calque dans son "attaque folle" et dans sa mort :

1909 :
Custer's Last Stand/ On the Little BigHorn - de Wil SELIG.

* * *

1912 :
a) The Massacre - de David W. GRIFFITH.

b)Custer's Last Fight - de Thomas Harper INCE.

* * *

1926 :
The Flaming Frontier - d'Edward SEDGWICK.

* * *

1936 :
a) Custer's Last Stand - d'Elmer CLIFTON (TVSerial).

b) The Plainsman - de Cecil B. DE MILLE.

Le véritable héros n'y est pas CUSTER mais Wild Bill HICKOCK (Gary COOPER), associé avec BUFFALO BILL, dans le cadre très général des campagnes militaires de notre "Boy General" contre les tribus des Plaines du Nord.

* * *

1941 :
They died with their boots on - de Raoul WALSH.

Combien regrettable est la platitude du titre français de ce chef d'oeuvre lyrique - "La charge fantastique" - alors que l'original est pratiquement une philosophie de l'existence justifiée par l' "action et la gloire" pour Custer qui prétend "mourir avec les bottes aux pieds" !

C'est après avoir énoncé ce manifeste que, cherchant comment le concrétiser, CUSTER/FLYNN se retrouve face-à-face avec le lieutenant Butler - en réalité le Premier lieutenant d'origine canadienne William W. "Queen's Own" COOKE, connu pour ses splendides favoris ici ignorés; l'âme du 7è de Cavalerie sera cette chanson que Butler lui a jadis chantée pendant la Civil War, "Garryowen"; en une remarquable séquence cinématographique comptant douze plans, Raoul WALSH nous montre comment son héros reprend en mains la garnison de Fort Lincoln:

Plan 1: Le lieutenant Butler se place au piano et chante "Garryowen", peu à peu accompagné par les officiers;
Plan 2: Le morceau est repris par les sous-officiers, accompagnés d'un simple accordéon;
Plan 3: Un groupe de soldats poursuivent, avec un clairon solo;
Plan 4: Un groupe plus vaste embraye, avec des fifres et des tambours;
Plan 5: Reprise de l'air par la fanfare composée de fifres et de tambours, et panoramique vers le groupe des officiers au garde-à-vous;
Plan 6: Les cavaliers paradent sur la musique;
Plan 7: CUSTER et BUTLER sont pris en plan rapproché sur le groupe des officiers;
Plan 8: Les cavaliers poursuivent la parade; les fifres laissent la place à une fanfare plus vaste;
Plan 9: Elisabeth CUSTER regarde la parade, ravie de ce bel ordre;
Plan 10: La parade se poursuit, toujours plus martiale;
Plan 11: California Kid et les scouts regardent les cavaliers;
Plan 12: La parade se termine et un panneau annonce comment "Garryowen" a permis la mise en ordre de la région, alors que l'image nous montre le 7è de Cavalerie poursuivant des Indiens.

* * *

1948 :
* Fort Apache - de John FORD.

Le "Boy General" est "remplacé par un " Lt Colonel Owen Thursday" (Henry FONDA), personnage aigri qui ne pense qu'à mettre les Apaches au pas (la bataille de LBH, Montana, est en effet transposée au Nouveau Mexique contre COCHISE !).

* * *

1951 :
a) Warpath - de Byron HASKIN.

b) Little Big Horn - de Charles-Marquis WARREN.

* * *

1952 :
Bugles in the Afternoon - de Roy ROWLAND.

CUSTER n'y est qu'un personnage accessoire dans la lutte à mort entre deux officiers amoureux de la même femme. La défaite de L.B.H. n'est montrée que de loin et est annoncée, d'une manière hypersymbôlique, par la chute du fanion du 7è de Cavalerie à l'issue de la réunion préparatoire de TERRY, GIBBON et CUSTER.

* * *

1954 :
Sitting Bull - de Sidney SALKOW.

* * *

1956 :
Seventh Cavalry - de Joseph H. LEWIS.
* The Last Frontier - d'Anthony MANN.

* * *

1958 :
Tonka - de Lewis R. FOSTER.

La présence du “général” est presque aussi épisodique bien que le réalisateur ait pris le temps de le montrer comme un personnage très infatué de sa personne, attentif à son apparence et conduisant son contigent à la mort par pur souci de permettre à un journaliste d'écrire un beau morceau de gloire. Il nous apparaît intéressant de voir cette transformation du mythe sous le nom sinon sous le titre correct du colonel CUSTER dans une production destinée aux enfants (!).

* * *

1965 :
a) The Glory Guys - d'Arnold LAVEN.

b) The Great Sioux Massacre - de Sidney SALKOW.

* * *

1967 :
a) Custer (TLSérie)

b) Custer of the West - de Robert SIODMAK.

L'oeuvre présente un portrait nuancé de cette figure légendaire :

Le scénario nous montre d'abord CUSTER (Robert SHAW) chargeant à la tête de ses troupes (il dénombre une soixantaine de ces charges incensées pour le compte de Phil SHERIDAN, dans plusieurs dialogues au cours du film). En 1863 semble-t-il (et ce serait la première erreur historique d'une longue liste), SHERIDAN propose à son "poulain" une mission dans l'Ouest : envoyer les tribus indiennes dans leurs réserves respectives... CUSTER accepte, faute de mieux.

Arrivant à son poste, il se heurte au capitaine BENTEEN (Jeffrey HUNTER) qui veut comprendre ces Indiens que CUSTER commence seulement à découvrir ce qui lui fait traiter son subordonné de "Croisé sentimental"; il affronte plus vertement encore son prédécesseur le major RENO (Ty HARDIN) dont il décèle l'alcoolisme, alors que lui-même a choisi de ne plus boire une goutte d'alcool depuis que, saoûl à West Point, il a fait honte à sa fiancée... L'origine apparemment futile de cette double inimitié est une des faiblesses d'un scénario quelque peu bâclé, qui ne s'attarde qu'à l'évolution des états d'âme du rôle titulaire; au moins, dès la dix-huitième minute du film, savons-nous à quoi nous en tenir.

C'est ici que se situe une scène de "drill" semblable à celles montrées par Raoul WALSH dans "They Died With Their Boots On" (1941) et "A Distant Trumpet" (1964) : devant le nombre élevé de "malades", CUSTER décide de rassembler ses hommes et officiers en tenue complète et charge normale d'un fantassin en campagne; il les mène personnellement, dans la même tenue, au trot à travers les fortifications; officiers et hommes tombent les uns après les autres; seul un sergent vétéran lui tient tête et Custer, épuisé, donne l'ordre de se disperser; le "général" s'est fait deux "amis", le sergent qui mourra pour lui et le spectateur impressionné et par sa rigueur - il n'exige de ses hommes que ce qu'il fait lui-même - et par sa faiblesse - il ne reste pas le dernier debout, deux caractéristiques qui l'humanisent à nos yeux.
Notons que ces troupes sont ici aguerries, non grâce à une chanson, mais selon les méthodes classiques des films d'instruction militaire.
Le 7è de Cavalerie peut entrer en campagne. Dès la première chasse aux Indiens rebelles, CUSTER montre sa faculté d'adaptation : un groupe de Cheyennes ayant entrepris de résister, il fait tonner le canon; le chef s'échappe avec un de ses hommes, ils grimprent au flanc d'une montagne, Custer ordonne au sergent de tirer à côté pour les intimider puis de tuer l'un d'eux; le chef arrive à gravir la parois et, soudain, un aigle s'envole du point atteint par l'Indien; le général réalise alors que les Cheyennes croient à la métamorphose de leur chef en oiseau et il ordonne au sergent de l'abattre; ceci fait, il lui affirme qu'il a bien descendu le chef...
Sur le chemin du retour, alors que RENO s'ébahit d'avoir vaincu les Cheyennes avec 260 hommes, CUSTER lui rétorque que Pizzare a conquis le Pérou avec 167 hommes seulement.

Phil SHERIDAN, son protecteur également désigné comme tel dans "They Died With Their Boots On", lui fait part de la nouvelle politique indienne du gouvernement : "Il n'y a de bon Indien qu'un Indien mort" (ce qui constitue une autre erreur historique d'importance, par rapport à la "Peace Policy" de GRANT) ! Il ordonne à son "tueur" d'exterminer un village cheyenne sur la Washita River. Custer attaque à l'aube et observe le massacre dans lequel il ne trempe pas personnellement; puis, il dicte une lettre à SHERIDAN, dans laquelle il lui annonce la réussite de l'opération menée sur des femmes et des enfants endormis et auxquels on avait omis d'enseigner la nouvelle politique; cette protestation modifie quelque peu le regard porté sur le personnage... qui n'a toutefois pas refusé d'obéir (il est vrai qu'il a fallu attendre les procès de Nuremberg pour que les hommes apprennent qu'il peut être légitime de désobéir); notons que par après, il fera fusiller un sergent (Robert RYAN) pour désertion, ce qui montre que Custer est d'abord un Soldat.

Il rencontre le chef cheyenne, mais lui dit qu'à ses yeux les Indiens ne sont qu'un peuple militairement vaincu; il laisse des mineurs révoltés quitter le fort, sachant qu'ils se rendront dans les Black Hills pour chercher de l'or, ce que fait également un peloton de cavaliers conduits par le sergent dont nous venons d'évoquer le sort.

Il se heurte à son protecteur SHERIDAN, se faisant la conscience des Indiens dont il devine qu'ils choisiront un amer combat. Devant le Congrès, il proclame qu'il n'y a pas de problème Indien, mais seulement un problème Blanc - celui de la corruption.
Ecarté par l'administration du président GRANT, dont il a attaqué le ministre de la Guerre et le frère, il se voit confier de petites tâches par SHERIDAN, sur recommandation d'Elisabeth Custer : il voit ainsi un train blindé pourvu de mitrailleuses, cette machine à tuer l'effraye lui qui ne rêve que de combat chevaleresque d'homme à homme.
Il assiste à un spectacle à sa gloire, où un sosie vêtu de blanc chante les mérites du 7è de Cavalerie et de son chef; CUSTER décide de se saoûler pour affronter Sheridan; celui-ci le traite de "Gloryhunter", terme qui tombe singulièrement à plat compte tenu de ce que nous avons vu ! Le scénariste aurait-il voulu nous donner une anthologie custérienne ?
Le "général" obtient, grâce à la diplomatie d'Elisabeth, de retrouver son régiment.
Toute cette partie du film est plus symbolique de l'évolution mentale du Guerrier qu'historique (CUSTER ne fut "écarté" de son commandement que quelques semaines entre son témoignage devant la Commission sénatoriale et la campagne de 1876).

La bataille finale a peu à voir avec l'original, CUSTER s'efforçant même de l'éviter pour épargner des vies des deux côtés !

"Custer of the West" donne l'impression de justifier l'action militaire en territoire ennemi, même si les soldats agissent en doutant peu à peu - comme c'est le cas dans ce scénario pour Custer - du bien-fondé de leur mission, en condamnant les "vrais coupables" de la "mauvaise" guerre - à savoir les politiciens; n'oublions pas qu'en 1967, la guerre du Vietnam commence à devenir impopulaire, coûtant un nouveau mandat au président Lyndon JOHNSON.

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1970 :
Little Big Man - d'Arthur PENN.

Nous le voyons ici "en ridicule et abominable ganache (Robert MULLIGAN)" (NOTE: LOURCELLES, p.248) dans ce film très librement inspiré du roman homonyme de Thomas BERGER (1964).

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1991 :
Son of the Morning Star de Mike ROBE (TLF en 2 parties).

La télésuite "Son of the morning star", tirée du roman homonyme d'Evan S. CONNELL (1984), est le fruit d'un travail historique et documentaire évident et remarquable. Le personnage est nuancé et s'il est qualifié de "machine à tuer" par l'entourage du président Ulysses GRANT (dialogues français), il n'en possède pas moins certaines des qualités humaines - amour pour sa femme, compréhension de la mentalité indienne - que WALSH nous avait montrées en 1941 et que SIODMAK avait subtilement replacées en 1967.

La télésuite reprend par contre l'image d'un homme conscient de sa beauté physique et très attentif au soin de son "look" qui transpirait déjà dans le choix d'uniformes extravagants portés par Errol FLYNN en 1941, qu'on retrouvait dans "Tonka" de FOSTER en 1958, mais qui est particulièrement nette dans "Little Big Man" de PENN en 1970; dans la scène du bal à Washington qui précède l'attaque de John BROWN contre l'arsenal de "Santa Fe Trail" (Michael CURTIZ, 1940), Ronald REAGAN montrait déjà cette attention de Custer à son apparence.

Elle présente, en outre, l'intérêt de nous livrer en parallèle le point de vue indien, par l'intermédiaire d'une jeune Cheyenne, et celui des Américains à travers le récit d'Elisabeth "Libby" CUSTER-BACON, son épouse; l'ensemble est d'ailleurs une double biographie croisée de Custer et de Crazy Wolf, dans l'esprit de "Crazy Horse and Custer: The Parallel Lives of Two American Warriors" de Stephen E. AMBROSE; l'interprétation donnée ici de l'épouse aimante et inconditionnelle du "général" par Rosanna ARQUETTE est très semblable à celle qu'en donnait Olivia DE HAVILLAND dans le film de WALSH en 1941.

La reconstitution de la bataille de Little Big Horn est la plus fiable montrée jusqu'à présent sur les écrans.

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ILLUSTRATIONS :

1 + 2
3

1 = La construction d'une Image de légende (Louise BARNETT, page 1 du portfolio central)

2 = Le 9 octobre 1864, CUSTER affronte son camarade de West Point le Brigadier général Thomas ROSSER à Tom's Brook dans la vallée de la Shenandoah. Juste avant le début de la bataille, CUSTER s'avance entre les lignes et salue son adversaire. Quelques heures plus tard, il remporte une éclatante victoire sur les Sudistes. Le dessin est d' Alfred R. WAUD (tiré de CUSTER READER, p.86)

3 = Affiche du film de William SELIG (1909), le premier inspiré par la Légende de CUSTER et de sa dernière position à Little Big Horn (tiré de CUSTER READER, p.555)


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(page créée le dimanche 5 mars 2000)

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