Jean Delcourt

Jean Delcourt est de ces rares artistes qu'il est impossible de remettre en question. La puissance, la grâce, la beauté et l'élégance des œuvres qu'il réalise sont d'une telle évidence que s'il n'avait pas existé, il aurait fallu l'inventer. Ses musiciens et choristes sont d'un tel réalisme qu'on croirait les entendre jouer et chanter.

Né en 1939 à Felenne, dans les Ardennes belges, ce fils de douanier voit sa vie marquée par le voyage. Après le Congo de 1949 à 1960, son contact avec de nombreuses cultures comme celles de la Suède, le Zaïre, l'Algérie, l'Irak, l'Egypte ou encore la Thaïlande et Taiwan l'a rendu tolérant et philosophe.

Peintre autodidacte, co-fondateur du groupe Phalanges aux Bons-Villers, c'est en 1985 qu'il change de voie pour la sculpture. Il construit sa propre fonderie et fréquente l'Académie de Beaux-Arts de Charleroi. En 1990, il cesse ses activités d'ingénieur pour se consacrer à son art.

En 1998, l'artiste crée un atelier de bronze dans la région de Gap, dans les Hautes-Alpes où il organise annuellement des stages de sculpture fonderie et réalise des fusions publiques. Depuis quelques années, il a repris son bâton de pèlerin pour des séjours de travail avec les bronziers du Burkina Faso.

Essentiellement figuratif, l'œuvre de Jean Delcourt est sans aucun doute influencé par ses voyages. " Le choc des cultures n'impose-t-il pas une vision enrichie, une sorte de disposition philosophique incluse dans l'acte de création ?" en dit Nicolas Poncelet dans une monographie consacrée à l'artiste.

Ce qu'il aime dans ses créations, c'est d'en être à la fois le concepteur et le réalisateur, comme il l'était pour la création d'usines à l'étranger. De son travail en acier forgé, soudé, ou en cire directe par plaques, il tire une remarquable expression de liberté et de légèreté. La liberté, à l'instar de celle qu'il tient à préserver dans sa tête et dans son corps, ce sportif passionné de parapente et de deltaplane la traduit dans la gestuelle de ses réalisations qui demeure une constante dans toute son œuvre. Le mouvement, c'est la vie.

Le geste se veut enveloppant, parfois ensorceleur, possessif ou tendrement protecteur, parfois empreint de sensualité chez la femme qui occupe un place importante au cœur de son œuvre.

A côté des créations de petites taille telles que celles que vous pouvez admirer en vitrine et qui peuvent être reproduites parfois jusqu'à une centaine d'exemplaires, il y a les réalisations selon la technique dite de la cire perdue qui sont des compositions uniques, ou presque. Car cette technique est loin d'être facile et dénuée de danger lorsqu'il s'agit de manipuler délicatement le creuset pour verser le liquide en fusion à l'intérieur du moule réfractaire.

Au sortir du moule, il y a parfois des surprises : le résultat ne correspond pas toujours au projet. Alors, il faut ciseler, brosser, ébarber, ébavurer, dénoyauter s'il y a lieu, avant d'enfin pouvoir appliquer la patine qui, bien souvent, relève du secret de fabrication de l'artiste.

Après l'avoir uni au verre, Jean Delcourt marie à présent le le bronze avec le bois mort. Rien d'étonnant quand on est natif d'une région de forêts. Ces bois secs recueillis au gré de ses promenades dans le sud de la France reprennent vie dans des compositions étonnantes auxquelles la matière ligneuse induit un mouvement singulier.

Quelques oeuvres