Au début du XVIIIe siècle, Mary Read fut une célèbre pirate. Elle est née à Londres vers 1680. Sa mère aurait eu une aventure après la disparition de son mari, un officier de marine. Pour continuer à toucher sa pension, elle dissimule la mort de son fils aîné, le seul héritier légitime, et fait passer sa fille adultérine pour l'enfant disparu. Mary, élevée comme un garçon, ne s'est jamais habillée autrement qu'en homme. Fait à peine croyable, elle sert même comme fantassin dans un régiment d'infanterie lors d'une campagne dans les Flandres, puis épouse un autre soldat. Tous deux quittent l'armée, et tiennent une modeste taverne, The Three Horseshoes , en Hollande. Mais, devenue veuve, Mary reprend la mer. Elle fait voile vers les Indes occidentales, les Antilles britanniques, lorsque sa route croise celle d'Ann Bonny.

Il est peu probable que la présence de deux femmes à bord, le pire des maléfices pour un marin, soit restée longtemps ignorée de l'équipage. Leur bravoure au combat et leur cruauté sans égale leur ont, sans doute, valu le respect et la crainte de leurs compagnons sans foi ni loi. Lorsqu'en octobre 1720, le navire de Rackam(Calico Jack), surpris à l'ancre, tombe aux mains du capitaine Bonnet, ancien pirate lui-même, chargé par le gouverneur de la Jamaïque de capturer le brigantin et son équipage, seules les deux femmes se battent furieusement : les hommes, fins saouls, se cachent dans la cale. On raconte que, de rage, Mary décharge ses pistolets sur eux et en blesse un grand nombre avant d'être maîtrisée. Ann Bonny et Mary Read, ayant avoué être des femmes, sont jugées lors d'un second procès séparé, après que la bande de Rackam a été pendue. Condamnées malgré tout à la potence, elles échappent l'une et l'autre à la corde en raison de leur état. Mary meurt en prison, emportée par la fièvre en 1721. Ann Bonny, quant à elle, disparaît mystérieusement des rapports officiels après avoir été graciée. Nul ne sait ce qu'elle devint. Ann Bonny et Mary Read hantent encore les archives coloniales de l'Amirauté britannique de la Jamaïque où leurs carrières respectives de femmes-pirates sont consignées. Et reviennent parfois errer en mer des Caraïbes...

Mary eut une vie mouvementée de celle qui bâillonna ses seins et remisa ses jupons pour manier le pistolet. Femme palimpseste aux noms et prénoms empruntés à des hommes disparus - son frère et son mari -, elle frappe, fend et tue tout ce qui se présente au bout de son coutelas comme pour démontrer qu'elle est égale, voire supérieure, à ses alter ego masculins. L'Anglaise Mary Read sait que le seul moyen d'échapper à la misère et de vivre ses rêves d'or est de se travestir en homme. Elle a un certain esprit chevaleresque, tout en faisant preuve de férocité dans les combats.

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