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La Bulgarie, le seul pays allie à l'Allemagne nazie à avoir sauve des juifs
(France_Presse, 16-NOV-98)


SOFIA, 16 nov (AFP) - La Bulgarie a été durant la deuxième guerre mondiale le seul pays allié aux nazis à avoir sauvé des juifs, grâce à l'action d'un haut responsable bulgare à qui le parlement européen doit rendre hommage mardi. Un écrivain italien, Gabriele Nissim, a récemment publié un ouvrage rappelant aux Bulgares un épisode de leur histoire qu'ils avaient largement oublié: les efforts du vice-président du parlement bulgare Dimitar Pechev pour faire annuler un ordre de déportation de 48.000 juifs bulgares. Dimitar Pechev a eu vent d'un projet secret du gouvernement de déporter les juifs, et "a révélé à l'opinion publique ce projet de déportation en mars 1943", a expliqué à l'AFP Gabriele Nissim. "Dès lors, chacun dut se prononcer. Connaissant l'esprit de tolérance de la population et l'indignation qu'une déportation provoquerait, les communistes, le roi et l'Eglise chrétienne orthodoxe se sont déclarés en faveur des juifs", faisant capoter le projet, selon lui. "Pechev était un personnage européen et c'est pour cela que le parlement européen lui rend hommage", estime M. Nissim. L'action de Pechev a donné récemment lieu à des réunions commémoratives aux parlements italien et bulgare, qui seront suivies par une cérémonie au Parlement européen mardi à Strasbourg. Le 6 novembre, le président de la Knesset Dan Tihon participait à une cérémonie au parlement bulgare. "A l'école durant l'époque communiste, on nous apprenait que (le dictateur communiste) Todor Jivkov avait sauvé les juifs en organisant des protestations qui ont obligé le roi Boris III d'annuler le projet de déportation. Après la chute du communisme en 1989, on nous a dit que c'est le roi qui avait pris cette initiative", raconte Velitchka, une enseignante. Gabriele Nissim, écrivain italien d'origine juive, a entendu parler de Pechev par un responsable des archives israéliennnes, qui lui avait dit il y a deux ans: "sans Pechev, je ne serais pas vivant". Intrigué, il a recueilli des témoignages en Israel et en Bulgarie et a publié son livre à la mi-octobre. Pour Pechev, à qui les difficultés n'ont pas été épargnées, il s'agit d'une reconnaissance tardive. Cinq mois après son action en faveur des juifs, il a été destitué en août 1943 de son poste de vice-président du parlement sur initiative du Premier ministre fasciste Bogdan Filov. Après l'arrivée des communistes au pouvoir, le 9 septembre 1944, il a été condamné à 15 ans de prison et 20 députés ayant soutenu son action ont été condamnés à mort. Ils étaient tous accusés d'avoir collaboré avec le pouvoir fasciste et, paradoxalement, d'antisémitisme. Pechev a été grâcié en décembre 1945 sur demande d'un communiste dont il avait sauvé la vie à l'époque où il avait travaillé comme avocat. Oublié, il a vécu dans la pauvreté et est mort dans la misère en 1973.